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Brexit et Frexit sont dans un bateau ... qu’en pensent les militants du PCF ?

21 janvier 1793 : décapitation de Louis XVI.

lundi 21 janvier 2019 par Caroline Andréani

Ce qui est en train de se dérouler en Grand-Bretagne montre à l’évidence que la partie est loin d’être jouée. D’ici à ce que les chose trainent et que s’installe un faux semblant de Brexit qui ne remette pas en cause les obligations de l’U.E il n’y a qu’un pas. Quand à imaginer un Frexit, les choses restent encore plus problématiques. Rien n’illustre mieux cette idéologie que le récent « tweet » de Ian Brossat, tête de liste du PCF aux élections européennes, qui décidément commence bien mal sa campagne. Nous vous proposons la réponse de Caroline Andréani adhérente du réseau Faire Vivre le PCF, en réponse a cette déclaration de Ian Brossat.

Voici ce qu’écrit Ian Brossat : « Quand on voit à quel point la Grande-Bretagne galère avec le Brexit, on se dit que l’idée d’une sortie de l’UE serait une folie pour la France. Pas d’autre choix qu’une transformation profonde de l’Union européenne ». Étonnant de voir un dirigeant communiste invoquer l’esprit de madame Thacher en proclamant « qu’il n’y a pas d’autre choix ».

Voici le texte de Caroline Andréani.

En lisant le communiqué de Ian Brossat sur le Brexit, je suis partagée entre une profonde colère et un sentiment d’irréalité.

Ma colère porte sur le fond, plus que sur la forme, mais la forme elle-même interroge. Sur une question aussi cruciale que l’Union européenne, est-il pertinent de privilégier la réaction d’un seul individu, fut-il dirigeant national, sur une prise de position du secrétaire national ? Qu’en est-il de la réflexion et la discussion collective dans les instances du parti, à commencer par le Conseil national ? Le congrès a, me semble-t-il, acté que notre positionnement sur l’UE devait faire l’objet d’un réexamen. Quelle place est laissée au débat si un candidat à une élection tranche seul une question aussi centrale ? C’est la démocratie interne du parti qui est bafouée.

Quant au sentiment d’irréalité, je vous livre pêle-mêle quelques réflexions.

Les députés britanniques ont en effet massivement rejeté l’accord négocié par leur Première ministre. Mais pour quelles raisons ? Entre les rapports de forces au sein des conservateurs, les députés favorables au Brexit qui ne sont pas tous d’accord sur les termes de la sortie de l’UE, les travaillistes qui y voient l’occasion de se renforcer politiquement, les raisons sont multiples [1]. En dernière analyse, le fond du problème n’est-il pas, comme pour le vote des Français sur le TCE, que ces élus ne respectent pas le vote populaire ? N’avons-nous aucune appréciation sur cette question oh combien centrale ?

« Au vu de ces turpitudes, on se dit que l’idée d’une sortie de l’UE serait une folie pour la France » nous assène-t-on. À ce compte-là, il ne fallait pas faire de révolution en Octobre 1917, ni de grèves en 1936, ni résister en 1940, ni, ni, ni… [2].Puisque les maîtres de l’UE tentent par tous les moyens de briser les résistances populaires, autant accepter l’inacceptable ? Curieux positionnement pour un parti communiste.

La cerise sur le gâteau vient du TINA repris par notre candidat : il n’y a pas d’alternative hors de l’UE, donc restons dans le carcan européen… pour construire la rupture. C’est d’une logique imparable : puisque nous avons peur de ce qui pourrait arriver en sortant de l’UE, restons-y pour mener une « transformation profonde » de l’intérieur. Cela rappelle les vieilles antiennes trotskistes de l’entrisme. Jusqu’à présent, je n’ai pas vu que cela conduise à autre chose qu’au retournement de ceux qui prétendaient prendre le pouvoir de l’intérieur.

Il est urgent de réfléchir collectivement à notre positionnement sur l’Europe.

Ce qui se passe en Grande-Bretagne est l’expression de la pression des instances européennes sur un pays dont on criminalise le choix sorti des urnes. L’Union européenne a procédé de la même manière avec la Grèce, précipitant son peuple dans la misère, détruisant son économie, la forçant à brader ses services publics, ses entreprises nationales, jusqu’à des pans de son territoire vendus à l’encan.

Quant à l’appréciation sur l’intégration économique de la France qui empêcherait tout horizon de rupture, je crois qu’elle permettrait au contraire à la France de négocier bien mieux une éventuelle sortie.

Depuis « Bouge l’Europe » et le retournement « européophile » de nos instances dirigeantes, le parti s’interdit d’émettre l’hypothèse d’une sortie de l’UE ou de l’abandon de l’euro, qui seul permettrait la reprise en main de la politique économique de notre pays. Pire, ceux qui l’envisagent sont renvoyés au positionnement de Marine Le Pen.

Non seulement cette attitude est intellectuellement scandaleuse, mais elle revient à laisser le champ libre à l’extrême droite. Proposer de construire la rupture au sein de l’Union européenne comme seul champ d’intervention pour combattre l’UE – en d’autres temps, on parlait de « construire l’Europe sociale » – est une chimère, avec des conséquences politiques qui peuvent s’avérer désastreuses : jeter dans les bras de l’extrême droite une frange de l’électorat populaire qui n’en peut plus du carcan des politiques européennes ultralibérales.

Quant à notre positionnement – « Il n’y a donc pas d’autre choix qu’une transformation profonde de l’Union européenne, en rupture franche avec les logiques libérales et les traités qui les soutiennent » – il relève avant tout de l’incantation. Depuis le temps que le PCF a intégré le Parti de la gauche européenne, on ne voit pas quelles avancées ont été obtenues : ni transformation de l’UE, ni remise en cause des logiques libérales, et encore moins des traités européens. Au rythme de nos hypothétiques avancées, il faudra des siècles pour obtenir quoi que ce soit !

Le mouvement des gilets jaunes, issu d’une colère légitime après des décennies d’écrasement et de reculs sociaux, montre qu’il y a parfois des accélérations de l’histoire. Refusons le prêt-à-penser pro-européen et affrontons sereinement la question de l’Union européenne. Elle risque se poser rapidement, et dans des termes que nous n’aurons pas prévus.

Avec mon commentaire.

Non seulement je suis totalement d’accord avec la camarde Andréani, mais surtout, que serait devenue la France si nos ancêtres, voyant à quel point les britanniques « galéraient » sous le Blitz, avaient conclu que combattre les Allemands était une « folie » ?

On a envie de pleurer lorsqu’on pense que ce sont les héritiers du « parti des fusillés » qui tient ce genre de propos. Un parti qui se dit « révolutionnaire » mais qui craint les « galères ». A quand « la révolution sans effort » ?

Et ne croyez pas que c’est mieux ailleurs. S’il y a quelque chose qui réunit Bayrou et Marine Le Pen, Brossat et Hamon, Faure et Wauquiez, Dupont-Aignan et Jadot, Macron et Mélenchon, c’est la croyance que le salut viendra non pas de la reprise en main de nos affaires, mais de la « transformation profonde de l’Union européenne ».

Transformation qui, bien entendu sera indolore pour tout le monde sauf peut-être pour le « 1% », c’est-à-dire, l’autre. Tous ces personnages communient dans le rejet de la « galère » que serait une sortie de l’UE. Et c’est logique : cette « galère » terrorise, sans doute, les hautes couches intermédiaires, qui tiennent à leur statut et n’aiment l’effort que quand ce sont les autres qui le font. Remarquez, on a toujours le choix de voter pour l’UPR qui, elle, croit au « Frexit heureux » par la magie du droit…

Non décidément ces élections européennes sont un piège à ...

Pénichon Jean


[1Il faut aussi rajouter que les accords ont été négociés par T. May qui est contre le Brexit ! Ces accords ont donc mécontenté aussi bien les pro que les anti-Brexit... (note de P. Brula)

[2Comme notre camarade Said Bouamama a su le dire lors de la dernière AG de l’ANC : le premier Frexit fut la tête coupée de Louis XVI, alors que la France était entourée de gouvernements monarchistes...

   

Messages

  • 1. Brexit et Frexit sont dans un bateau ... qu’en pensent les militants du PCF ?
    22 janvier 2019, 16:49 - par RICHARD PALAO


    il semble que le PCF soit. atteint du syndrome de la peur du vide , cette pathologie découle de la perte de repères idéologiques et de l abandon

    de la boussole marxiste , le PCF n est plus un parti communiste , son partie pris humaniste l a converti en une ONG qui tente en vain de soigner les effets dévastateur du capitalisme mondialisé et financiarise sans s attaquer aux causes ...
    le problème c est qu aujourd’hui aucune organisation n est en mesure d assurer la relève et de reprendre le flambeau du communisme , le mérite de l ANC est de ne pas céder au découragement et de s atteler à l ouvrage en application du principe de classe : seules les batailles qui ne sont pas menées sont perdues d avance ...

    richard PALAO

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