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« Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. »

vendredi 15 février 2019 par Jean Penichon

Eric Arthur Blair dit George Orwell, écrivain, essayiste et journaliste britannique.1903-1950

Dans La ferme des animaux (première parution en 1945)
La Ferme des Animaux, tout le monde le sait, est un texte politique. Une attaque en règle contre l’URSS stalinienne. Et s’il y avait besoin d’une preuve de son efficacité, le manuscrit ne trouvera pas d’éditeur pendant plus d’un an, entre février 1944, date de fin de son écriture, et août 1945, où il sera enfin publié.Il faut dire qu’il fut un temps, pendant la Seconde Guerre Mondiale, où il ne fallait pas contrarier l’immense camarade.

Le texte se présente comme une fable. Il en a toutes les caractéristiques : la brièveté (100 pages), les animaux qui parlent et qui représentent des humains, et même la morale.

Nous sommes donc dans La Ferme du Manoir, qui appartient à Mr Jones, mais où les animaux se réunissent en secret pour écouter les enseignements d’un cochon, Sage-L’Ancien. On sent alors toute la rancœur qui nait dune situation d’injustice, où les animaux ne sont pas traités à la hauteur de leur tâche. Les revendications pour la création d’une république des Animaux paraissent alors on ne peut plus légitimes. Mais Sage va mourir et ses successeurs cochons vont prendre sa suite, instaurant une doctrine (L’Animalisme) et (un peu au hasard) parvenant à faire une révolution qui va jeter dehors les humains. Désormais, La Ferme du Manoir s’appelle Ferme des Animaux. Les animaux y sont libres et vont montrer de quoi ils sont capables.

Petit à petit, la liberté et surtout l’égalité des animaux vont se restreindre, au profit des seuls cochons et de leurs alliés, les molosses qui constituent les forces de l’ordre.

Les allusions à l’histoire soviétique sont transparentes et la fable insiste sur la transformation de l’idéal révolutionnaire en état totalitaire. Au fil des pages, les animaux, de libres, deviennent quasiment des esclaves. Mais des esclaves heureux de l’être, car la propagande leur répète sans cesse que tout va pour le mieux, que tout est mieux qu’avant, et les chiffres montrent bien que les rations de nourriture augmentent sans cesse.

Orwell insiste surtout sur l’hypocrisie des dirigeants, qui prétendent soutenir les idéaux révolutionnaires alors qu’ils les trahissent sans cesse. Et finalement, l’état décrit à la conclusion du livre est pire que ce qu’il y avait avant.

Dans ce cadre, j’aime beaucoup l’analyse qui est faite de la propagande, à travers le personnage de Brille-Babil. Il a l’art de convaincre les autres animaux (qui sont maintenus dans un analphabétisme bien utile aux dirigeants) et surtout il contourne la vérité historique et la déforme progressivement pour la faire rentrer dans les idéaux du régime. Ainsi, les fameux Sept Commandements des débuts de la Révolution sont arrangés petit à petit pour qu’ils puissent justifier les dérives des dirigeants. La création, de toute pièce, d’un terrifiant ennemi extérieur permet aussi de faire avaler tout et n’importe quoi à des populations crédules (et de plus en plus affamées).

Il y a deux erreurs à ne pas faire au sujet de ce livre.

La première serait de faire de cette fable un texte "réactionnaire" bêtement anti-coco. D’autant plus que si la critique se focalise sur l’URSS stalinienne, elle n’épargne pas les autres pays alentours. Les humains (représentant les démocraties européennes) sont sévèrement attaqués : lâches, hypocrites, préoccupés par leurs seuls intérêts, ils ne comprennent pas ce qui se passe dans la Ferme et surtout, alors qu’ils passent leur temps à critiquer les animaux, ils s’en servent quand même quand leurs objectifs le réclament.

La seconde serait de penser que l’interprétation se limite à l’URSS des années 40. Il est, en effet, très intéressant de lire ce livre à la lumière de nos "démocraties" occidentales de ce début de XXIème siècle. L’écart entre le discours des dirigeants et leur attitude, le cynisme de ceux qui ont vraiment le pouvoir, le rôle des médias, le rôle de la police dans un processus de "pacification" des foules, la nécessité d’une terreur répressive pour faire taire les velléités de protestations et faire de bons petits citoyens qui feront leur travail sans rechigner, la création d’un ennemi dont on rappellera l’existence à intervalles réguliers, etc.

Êtes-vous sûrs que vous n’êtes pas des animaux ?

SanFelice

   

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