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Juan Branco, Contre Macron, Divergences, 2019

lundi 25 février 2019 par ingirumimus

Voilà un petit ouvrage qui tombe à pic et qui explique pourquoi finalement le gouvernement et le président ne s’en sortent pas. C’est un écrit au vitriol comme on dit. Il présente plusieurs aspects différents. Il reprend et détaille tout d’abord comment Macron a été fabriqué de toutes pièces par les grands milliardaires, Niel et Arnault principalement. Ensuite se sont joints à eux Bolloré, puis Lagardère. Ces quatre milliardaires détiennent la quasi-totalité de la presse et des médias. Ce qui explique comment Macron a pu faire l’objet d’une couverture médiatique sans précédent dans notre pays.

Cette épisode, détaillé par Branco, appelle deux remarques :

- la première est que la France est un pays où la quasi-totalité des médias est sous-contrôle, et on comprend mieux pourquoi les milliardaires investissent dans ce secteur peu rentable en apparence. Si la politique macronienne a été faite pour les riches, c’est parce que ceux sont eux qui ont mis en place cette marionnette ;

- la seconde remarque porte sur le rôle inattendu de Mimi Marchand, la sulfureuse dealeuse qui aurait rencontré Niel en prison – celui-ci y purgeant une peine pour proxénétisme[1]. On voit apparaître là une curieuse collusion entre l’oligarchie financière et une sorte de pègre qui ne dit pas son nom. Cette Mimi Marchand est le chef d’orchestre de la mise en scène du couple Macron. Branco signale au passage que Paris Match qui appartient à Lagardère ne consacra pas moins de 29 couvertures à Macron !

D’autres avaient détaillé cette collusion, comptabilisant les unes de journaux qui aidèrent considérablement Macron dans son ascension, alors même qu’il n’était rien[2]. Mais tous s’y sont mis, Libération de Drahi, L’obs d’Henry Hermand. Ce dernier assurant le train de vie fastueux du couple Macron le temps qu’on le formate pour devenir président. Le fait que Macron soit un produit fabriqué par les milliardaires, explique finalement une grande partie de l’échec du petit banquier devenu président. Il n’a en effet aucune culture politique, ne comprend rien à la démocratie et agit à partir de schémas aussi ridicules qu’obsessionnels. Le pire est sans doute que les journalistes n’aient pas un minimum de lucidité sur ce qu’ils sont devenus, des larbins attitrés du pouvoir. La France est maintenant classée au 33ème rang en ce qui concerne la liberté de la presse, loin derrière le Ghana, la Namibie ou l’Afrique du Sud. Cela explique indirectement pourquoi les gilets jaunes crachent régulièrement sur les journalistes. L’ouvrage n’épargne rien ni personne et dénonce même les étranges collusion d’Edwy Plenel, trop condescendant avec le président. Juan Branco étend son analyse d’ailleurs aussi au monde de l’édition et montre assez bien comment celui-ci est également tenu par des milliardaires.

La délinquante Mimi Marchand posant dans le bureau de Macron

Branco effectue aussi une analyse de la sociologie du couple Macron. Il montre que l’ambitieuse épouse du petit président enseignait dans un lycée privé très huppé, et que c’est par là qu’elle rentra en contact avec la famille Arnault. Il y a donc bien une collusion entre les milliardaires et ceux qui aspirent à les servir pour mieux se servir eux-mêmes. On l’a dit plusieurs fois ici, Macron n’a strictement aucune idée politique, juste abaisser les impôts pour les plus riches et suivre les recommandations de Bruxelles. Branco, comme moi, doute d’ailleurs de l’intelligence et de la culture de Macron, n’a-t-il pas échoué deux fois au concours de l’ENS ?

La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à Gabriel Attal. C’est passionnant. En effet Attal n’est rien, rien du tout, il n’a jamais travaillé et n’a aucune compétence en rien. Arriviste aux dents qui rayent le parquet, il est passé de la droite dure sarkozyste – droite décomplexée disait-on en ce temps – au socialisme hollandais en devenant un obscur quelque chose auprès de Marisol Touraine, puis en virant de bord pour rejoindre Macron. Fils de bonne famille, il revendiqua même un instant une particule, il représente parfaitement l’arrogance des macroniens : bons à rien mauvais à tout, ils sont là pour se servir. Au passage Branco décrit comment les formes de la scolarisation à la française – pour le médiocre Attal c’est le passage par l’Ecole Alsacienne – travaillent à la reproduction d’une élite préformatée. C’est justement dans ces formes de scolarisation réservées aux enfants de la haute bourgeoisie que les réseaux se constituent. Macron est lui aussi un enfant de la haute bourgeoisie passé par La Providence, une école gérée par les jésuites, mais réservée aux bonnes familles de la province. Il y a donc une sorte d’endogamie dans l’élevage de ces individus qui explique pour partie la dégénérescence de ce personnel politique absolument nihiliste qui ne croit à rien d’autre qu’en lui-même.

Branco dévoile non seulement ce qu’on savait déjà mais le jeu des compromissions et des apparentements de cette caste sans honneur et aussi cupide qu’arrogante. Ces gens là n’ont aucun sens de l’Etat bien évidemment et quand on leur donne des postes de responsabilité ils ne savent qu’en faire, se reposant sur leurs collaborateurs qui sont pourtant aussi incompétents et arrivistes qu’eux-mêmes ! Branco n’épargne personne et révèle les mœurs étranges de la Macronie, notamment sur les couples homosexuels qui entourent le président de la République. Si on était méchant, on se demanderait bien pourquoi ce lobby homosexuel est autant surreprésenté ! On verra bien les réactions à ces révélations, mais il ne m’étonnerait pas que Branco soit taxé d’homophobe assez rapidement ! Le plus probable est que les journaux mis en cause par Branco feront le silence sur son livre. C’est que Branco connait très bien le petit monde dont il parle : il en a fait lui-même partie, il a été de l’Ecole Alsacienne et de Sciences Po, comme Gabriel Attal qui a été diplômé de cette boutique que par la complaisance de Richard Descoings[3]

L’ensemble donne l’image de la Macronie qui fonctionne comme un gang, une sorte de mafia au service de l’oligarchie. Attal, Griveaux et d’autres comme Castaner et même le petit président viennent du PS, mais d’autres comme Attal – qui a eu les deux casquette – Darmanin ou Philippe viennent de l’UMP. C’est comme si la Macronie avait ramassé tout ce qu’il y a de plus pourri dans l’UMPS pour construire le parti de la dernière chance pour sauver l’oligarchie. C’est bien pour cela que la décomposition de l’Etat a atteint un degré inattendu sous Macron : plus rien ne fonctionne. En lisant Branco on pourrait se dire que ce qui se passe depuis le début du mois de novembre, ce n’est pas une crise des gilets jaunes, mais une décomposition accélérée du système. Certes la France n’est pas le seul pays atteint de ce syndrome, et il est probable que cela est l’ultime conséquence de la crise de 2008 qui n’a jamais été résolue autrement que dans une fuite en avant. On aurait tort de regarder la décomposition du système politique seulement du point de vue français. C’est seulement que chez nous le processus est juste un peu plus avancé.

Pour terminer on fera deux petits reproches à Juan Branco : d’abord il n’explore pas le passage de Macron chez les Youngs leaders, comme Philippe et comme Juppé par exemple. Cela a une signification. Le second est que sa plume s’égare un peu parfois et qu’on s’y perd dans la description de ses réseaux qui mettent la France en coupe réglée. Mais l’ensemble, difficilement réfutable, est très riche d’enseignements, de quoi nourrir le combat contre cette oligarchie prédatrice qui détruit tout sur son passage et qui nous mène tout droit à la guerre civile. L’ouvrage a du souffle et décrit clairement ce qu’est la lutte des classes quand elle est menée par l’oligarchie, mais en creux il montre aussi quelles sont les limites de cette stratégie. On conclura en disant que Macron et sa bande n’ont pas les moyens intellectuels de leur projet.


Voir en ligne : n-girum-imus.blogg.org

   

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