Notre-Dame : et nous.

Hier, 15 avril 2019, nous avait été annoncé depuis un mois comme l’événement majeur : le monarque Macron allait enfin dévoiler à ses sujets les décisions qu’il avait prises. Nous n’en attendions rien, sinon un nouveau baratin grandiloquent et quelques mesurettes en forme de sparadrap sur un cancer.

Il a dû remballer son discours, face à la tragédie de l’incendie accidentel de ce joyau qu’est pour Nous Notre Dame. Et j’entends déjà certains de nos amis nous dire avec délectation : "Vous confirmez nos soupçons de collusion avec la réaction cléricale, vous vous joignez à l’unanimité hypocrite, à Macron dénonçant aussitôt le drame national, et aux capitalistes Bernard Arnault et Pineau-Valencienne qui annoncent ensemble un don de 300 millions d’euros ( dégrevés d’impôt ) pour reconstruire le chef d’œuvre".

Et il est vrai que les médias ressassant à longueur de journée ces deux hypocrisies poursuivent leur sale travail de décervelage libéral habituel. Macron ne manquera pas d’utiliser cet incendie pour nous prêcher la soumission à ses" réformes " destructrices des conquêtes sociales. Quant à Messieurs Pineau et Arnault, les plus riches de France et d’ailleurs grâce au fruit du travail de millions de prolétaires de France et d’ailleurs, faut il leur rappeler que si leur don est énorme par rapport au SMIC, Il est minime rapporté aux profits qu’ils engrangent.

Est ce dire que nous ne sommes pas touchés par cette catastrophe accidentelle ? Au contraire, car la destruction par le feu de huit siècles d’histoire du peuple de France est un drame qu’il faudra bien expliquer, et réparer. Et nous sommes de ce peuple de France, dont l’histoire blessée est la nôtre, plus que celle de Macron, de Pineau ou d’Arnault, qui s’évertuent à détruire la Nation française et ses conquêtes sociales, au profit de leurs dividendes et d’un mondialisme hypocrite, d’inspiration états-unienne ou " Européenne."

Oui, ce drame incongru est Notre drame, et pas seulement celui de la minorité de catholiques pratiquants comme s’évertuent à le répéter nos télévisions. Car, avec tout le respect que nous avons pour leur croyance, Nous, qui ne partageons avec eux que l’espoir de plus d’égalité entre les hommes et les peuples, nous leur disons que Notre Dame évoque bien plus que leurs dogmes.

Ce grand vaisseau de pierre aujourd’hui mutilé, s’il fut décidé et utilisé par des Grands Seigneurs de l’Église et du Trône, n’aurait pas existé sans le travail des dizaines de milliers de " Gens de Rien " qui l’ont construit, carriers et portefaix, architectes et sculpteurs, maçons et charpentiers, ouvriers et artisans, durant les 800 ans de son histoire.

Elle ne fut pas que la "Maison de Dieu" en une époque où tous étaient croyants. Elle fut dès le Moyen Âge la "Maison du Peuple ", où chacun venait lors des assemblées communales s’exprimer, où les plus malmenés par la vie venaient se consoler en se confiant à Marie, douce Mère du Christ. Car, comme disait Marx, avant d’être l’opium du peuple, la religion ( et surtout le culte marial en pays catholiques ) fut " le soupir de la créature accablée, exploitée."

Et c’est aussi sur le parvis de Notre Dame qu’étaient représentés les "Mystères", que fut donc inventé le Théâtre français.

Et ce sont les cloches de la même cathédrale qui sonnèrent pour la ville et pour le Monde en juin 1944, les Jours Heureux de l’insurrection populaire victorieuse contre les Nazis.

Et ce sont hier des pompiers de toute l’Ile de France qui ont, au péril de leur vie, sauve la nef et les tours de la cathédrale.

Voilà ce que nous, communistes, avons vu brûler dans Notre Dame. Mais les Jours Heureux reviendront, et le chef d’œuvre sera restauré, nous y veillerons.