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On ne parle plus que de ça... Pourquoi tant d’hommages ?

vendredi 27 septembre 2019 par Jean Penichon

Jacques Chirac est mort. Nous comprenons bien évidemment la douleur, sincère, de ses proches et de sa famille en deuil. Mais c’est drôle comme l’ennemi politique d’hier peux devenir fréquentable lorsqu’il a disparu !
L’ensemble des journalistes, la totalité des forces politiques représentées à l’assemblée rendent ces jours-ci un hommage appuyé à l’homme politique Jacques Chirac à qui on découvre des qualités que nous ne lui connaissions pas [1].
« Ce n’est pas le moment de faire de la politique, il faut respecter le temps du deuil », disent-ils toutefois, comme si cette déferlante pro-Chirac n’était pas elle-même très politique. Nous avons cependant compris le message et, en vertu de cette étrange trêve, nous devrions mettre de côté notre appréciation de la vie et de l’œuvre de Jacques Chirac.

Si Jacques Chirac existe, c’est pour ce qu’il a fait de son vivant et pas de ce que l’on dit après sa mort.
Avec l’amnésie collective diffusée le voilà qui devient tout ce qu’il n’a jamais été.

Un champion de la lutte contre la pauvreté en oubliant ses déclarations du 19 juin 1991, sur « le bruit et l’odeur » des étrangers, illustration précoce de la reprise par la droite dite « républicaine » des thématiques les plus nauséabondes du Front national.

Un chevalier blanc de la défense des valeurs de la République en passant sous silence les actions de ses ministres de l’intérieur, Charles Pasqua, Jean-Louis Debré, Nicolas Sarkozy, de leurs politiques répressives et racistes, du sort réservé aux sans-papiers de Saint-Bernard en 1996 ou de l’assassinat de Malik Oussekine en 1986. Ils ne reviendrons pas plus sur ses politiques favorables aux ultra-riches [2] avec la privatisations de 65 groupes industriels et financiers et la suppression de l’ISF en 1986, ni sur sa politique destructrices pour les salariés avec la suppression de l’autorisation administrative de licenciement en 1986, le plan Juppé de 1995, et la réforme des retraites en 2003...

Et bien sûr, personne n’aborde la face cachée du personnage et le voilà absout de toutes les affaires qui lui ont valu de fréquenter la justice de notre pays (emplois fictifs, marchés publics, HLM, faux électeurs, frais de bouche, voyages, etc.), un comportement symptomatique d’une certaine idée de la politique qui est loin d’avoir disparue ces temps-ci. Donc silence !

Et nous n’entendons pas non plus parler de la reprise des essais nucléaires en 1995, cette aberration écologique, cette fuite en avant militariste et symbolique d’une attitude néocoloniale à l’égard de la Polynésie. Pas plus que n’est jamais aborder le massacre de la grotte d’Ouvéa, en mai 1988, au cours duquel 19 indépendantistes kanaks furent tués lors d’un sanglant assaut ordonné par Jacques Chirac, alors Premier ministre.

Et qui pour nous expliquer sa participation active à l’entretien des réseaux de la Françafrique, illustrée notamment par ses belles amitiés avec les dictateurs comme Omar Bongo, Blaise Compaoré ou Denis Sassou Nguesso.

Au lieu d’encenser un bon soldat du capitalisme à longueurs d’antennes, occupons nous plutôt des vivants menacés par la pollution à Rouen ou ailleurs, par le chômage, par la fin des services publics, par la destruction des retraites, par les atteintes aux libertés de manifester, par le blocage des salaires, par les prix agricoles ridicules, par le machisme qui violente et qui tue, par le libéralisme qui presse la planète et les humains comme des citrons et leur prend plus qu’ils ne peuvent donner...

Mais dans notre paysage médiatico-politique actuel, tout vaut mieux que d’aborder les questions de la vraie vie. Il faut dire qu’ils n’y vivent pas, eux, dans la vraie vie !


[1Pierre Laurent, ancien secrétaire national du PCF, sort de sa réserve pour un propos insignifiant à l’image du personnage : "Un adversaire politique intransigeant et respectueux. Je salue avec émotion la disparition d’un homme qui a marqué la vie politique de notre pays"

[2comme quoi c’est inscrit dans les gènes des serviteurs du Capitalisme

   

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