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Dossier fascisme (1) : Quand l’arbre cache la forêt

mardi 19 novembre 2019 par Jean Pénichon (ANC)

Cela m’a sauté aux yeux en 2002, lors du deuxième tour des élections présidentielles entre Chirac et Le Pen. J’ai commencé à chercher ce qui faisait la vraie différence entre l’un et l’autre. Et depuis à chaque présidentielle (Sarkozy, puis Hollande et enfin Macron) on a eu droit au même refrain lors du deuxième tour : « deux France face à face » titrait même le Figaro après celui de 2017.
Est-ce bien si certain ?
Depuis quelque temps, et sur le thème du retour aux années 30, se développe un débat sur le fascisme.
Précisément, posons la question : qu’est-ce que le fascisme ?

Je vais tenter d’expliquer pourquoi selon moi le fascisme n’est pas une simple possibilité à venir avec le RN, mais qu’il est déjà là, et, sans doute, depuis longtemps déjà ; non pas une possibilité, mais une dimension souterraine de notre « République » qui s’auto-désigne pourtant comme une « démocratie ».

Si je devais définir le fascisme je dirais qu’il est défini par :

  • Violence institutionnelle ou légale (Police et armée aux ordres)
  • Idéologie matraquée par une propagande quotidienne (médias aux ordres)
  • Racisme ou xénophobie et création d’un bouc émissaire (juifs puis musulmans)
  • Respect formel de l’État de droit (jugements aux ordres pour les gilets jaunes)
  • Démultiplication de la surveillance voire des services secrets, des polices parallèles

Inutile d’ajouter que le fascisme est d’essence capitaliste et porte en lui l’impérialisme et les guerres grandes pourvoyeuses de profits juteux.
De plus, il se caractérise par la tentative acharnée et permanente d’effacer « l’idée même de communisme », qui de la Libération à mai 68 a survécu dans de nombreuses têtes. (Voir les dernières décisions de l’U.E sur l’amalgame totalitaire.)

Et le fascisme n’est-il pas devenu le vecteur de la répression violente non seulement « anti-communiste », mais anti-syndicale, anti-ouvrière, etc.
Ne voyons-nous pas cela ressurgir au Brésil ? Mais également dans tous les pays « autoritaires », comme la Turquie, par exemple.

Si nous nous replongeons dans l’histoire récente de notre pays, nous découvrons vite que les traits que nous venons d’évoquer, n’ont rien d’exceptionnels et qu’ils décrivent un ensemble de réalités, ensemble qui s’est prolongé bien après-guerre, c’est-à-dire après la défaite supposée (et surtout proclamée) du fascisme.

Ce fascisme, qui a perduré au Portugal et qui survit encore en Espagne. Qui s’adapte actuellement au libéralisme forcené au Brésil, et qui réapparait dans certains pays Baltes, la Pologne et la Hongrie et qui vient de sévir sans vergogne en Bolivie.

En ce qui concerne la France le dernier livre d’Annie Lacroix-Riz sur "La non-épuration en France : de 1943 aux années 1950" nous démontre la permanence des acteurs de cet état de fait. Nous n’avons aucune leçon à donner à qui que ce soit sur ce terrain-là.

La violence est à la base de l’ordre, de la mise en ordre.

Notre société se caractérise par une « guerre civile » ininterrompue, la lutte de classe et je dirais que cela remonte à la chute de Robespierre et au coup d’État des bourgeois Thermidoriens. La bourgeoisie a tellement eu peur qu’elle s’est ficelé une sorte de « démocratie » entravant toute possibilité de prise du pouvoir par le peuple autrement que par une révolution violente.

Et ceux qui réclament l’ordre d’abord, l’obéissance avant tout, justifient les violences d’État. Violences modulables depuis la menace, jusqu’à l’intervention policière et judiciaire et jusqu’au déferlement, état de siège, état d’urgence, couvre-feu, etc…

La violence, donc, qui semble un trait caractéristique du fascisme est bien présente chez nous ; ne citons que les grandes dates de l’histoire française : 1848, 1871, 2018. La violence légitime de l’institution (qui cherche à se maintenir), voilà le socle du fascisme, voilà ce qui rend le fascisme insubmersible, sans une véritable insurrection de masse et le blocage total de l’économie comme en 68.

La légitimation et la propagande, la légitimation par la propagande.

Le gouvernement autoritaire, ou à tendance autocratique monarchiste ou technocratique, énonce toujours que SON action, SA discipline, SA répression, SON contrôle, sont légitimes. Et cette légitimité s’appuie sur un immense appareil de propagande ; appareillage dont l’objectif est de faire croire que l’ordre établi est le seul possible.

Nul besoin ici de rappeler le contrôle absolu que tiennent les grands médias français dans ce domaine. Ils sont même capables de fabriquer un président et de dire ensuite qu’il a été élu, donc légitime. Mais, Macron est-il légitime, lui qui a été élu par deux français sur dix ?

La radio et la télé sont là pour empêcher toute réflexion (mais pour vendre du cerveau disponible) et la pratique de l’enfumage et du mensonge désinhibé (les vraies fausses Fake News) représentent un outil formidable de contrôle et d’interdiction de penser autrement que ne le décide le gouvernement et le capitalisme mondialisé qui possèdent justement ces médias [1].

Le mensonge, le bagout publicitaire (point n’est besoin d’aller chercher Goebbels quand on a Trump ou Zemour), le secret, le bidonnage… sont l’apanage des états répressifs.
Regardons l’empilement des « lois » (scélérates) pour protéger le secret des affaires : n’est-ce pas une échelle pour accéder au fascisme ? Circulez, il-y-a rien à voir !

Un signe indubitable de la pénétration générale de l’esprit fasciste est bien selon moi, l’accoutumance à la surveillance ; n’importe quel vigile peut exiger une fouille complète ; ne parlons même pas des aéroports et de la paranoïa qui y règne.
À propos de paranoïa, qui s’inquiète vraiment de la mise en place de la surveillance électronique permanente avec reconnaissance faciale ? N’est-ce pas ce que le fascisme souhaitait ? Eh bien les Gafa l’ont fait et Macron va les utiliser !

Quelle dictature ne résulte pas d’élections ou ne s’appuie pas sur des élections après les avoir, ou non, remises en cause ?
Entre la soi-disant démocratie ou la république ploutocrate avec ses technocrates corrompus, et le dit fascisme historique, il n’y a pas de différence de nature, il n’y a qu’une différence de degrés dans le chemin vers l’autoritarisme.

Pour moi, il n’y a jamais eu de véritable démocratie, sauf lors de quelques épisodes révolutionnaires.

Le fascisme que nous devons combattre est donc bien présent autour de nous. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à dénoncer les hystéries du RN, mais nous devons aussi balayer devant la porte de notre République et appeler un « chat » un « chat » et Macron un factotum d’un ordre capitaliste autoritaire fascisant.

« Macron est peut-être libéral, au sens économique, certainement pas au sens politique – c’est un technocrate narcissique – il n’est certainement pas « démocrate » : son libéralisme est anti-démocratique (comme tout libéralisme économique).
Macron n’est pas un bouclier qui protégerait du fascisme, c’est un versaillais autoritaire qui joue de la PEUR, manipule la PEUR, comme la peur du fascisme fantasmé (puisqu’il est déjà là !) pour mieux cacher la pulsion autoritaire (et infantile) qui mène le gouvernement Macron à droite toute et vers la droite la plus extrême (toujours le conseil sarkozyste de « braconner » dans les terriers les plus glauques du racisme).
S’il y a donc une « possibilité du fascisme », elle se tient, armée, devant nous, dans la bande des technocrates allumés. »
(Jacques Fradin)

Pour conclure je dirais que la lutte contre le fascisme passe avant tout par la dénonciation de l’ordre capitaliste néo-libéral, car, pour paraphraser une maxime célèbre, « le capitalisme porte en lui le fascisme comme la nuée porte l’orage » (Merci Jaurès).
Et à ne traiter que le RN de fasciste, on en oublie parfois que nous vivons déjà dans une société « proto-fasciste » et que l’arbre RN ne doit pas cacher la forêt des grands groupe capitalistes prêt à tout pour conserver leur pouvoir : la Bolivie en étant le dernier exemple en date !


[1À ce sujet, concernant les Sri-Lanka, comparez l’article de Jean-Pierre Page et celui de l’AFP : http://ancommunistes.org/spip.php?article1682

   

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