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Enseigner l’histoire ou la falsifier ?

vendredi 6 décembre 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Sous l’impulsion de la France, 23 États acceptent de créer un Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe. Dans ses ambitions, cette institution veut « favoriser le renforcement d’une conscience européenne commune ».
Le politique veut-il se servir de l’école et de l’histoire pour promouvoir et propager son projet ?
Derrière la fondation de l’Observatoire, ne se cacherait-il pas, finalement, la volonté d’imposer une vision unique de l’histoire européenne, avec une vérité qui serait enseignée dans nos établissements ?
Lire ce qu’en pense l’un des historien de l’ANC : Francis Arzalier.

Le peuple français a réussi à conquérir un système éducatif gratuit et laïque, qui a permis d’éradiquer l’analphabétisme d’il y a trois siècles, et qui devrait être capable d’apporter à chacun de ses enfants un minimum de connaissances et de raisonnement. Mais les pouvoirs d’état conservateurs ont toujours professé une méfiance absolue pour deux matières enseignées aux écoles de France :
- la Philosophie, parce que son but est d’apprendre à raisonner et à douter.
- l’Histoire, parce qu’elle apporte connaissance critique du passé, dont les leçons sont rarement à l’avantage des Puissants.

Les dirigeants autoritaires de l’Empire Napoléonien et ceux du Maréchal Pétain sont allés jusqu’à l’interdiction de ces enseignements. Les politiciens libéraux qui forment la Cour de Macron, plus hypocritement, envisagent de manipuler la transmission de l’Histoire, en formatant ce qu’en diront les enseignants sur les sujets qu’ils jugent essentiels.

À l’initiative du fédéraliste assumé et ex-eurodéputé Les Républicains Alain Lamassoure, et de la secrétaire d’État chargée des Affaires européennes Amélie de Montchalin, la France a convaincu 23 États de l’Union Européenne de décider la création d’un Observatoire de l’enseignement de l’histoire en Europe, pour " favoriser le renforcement d’une conscience européenne commune".

Les citoyens français ayant révélé leur peu d’attachement à l’UE lors du référendum sur la Constitution européenne, et des scrutins suivants, il s’agit de convaincre leurs enfants que la Nation française est obsolète, et doit faire place à la supranationalité, autour des bureaucrates de Bruxelles et des banquiers de Francfort.

Comme expliqué dans la présentation, l’Observatoire « permettra de partager et de diffuser des bonnes pratiques en matière d’enseignement de l’histoire ». Autrement dit, d’indiquer aux enseignants des écoles primaires et secondaires de France la bonne façon de dire l’Histoire aux enfants, telle qu’on la conçoit dans les officines de l’UE.

Formidable régression, alors que statutairement, les seuls juges des contenus pédagogiques sont les Inspecteurs qualifiés de l’Éducation et que leur formation relève de l’université et non du Pouvoir politique !

Il s’agira, nous dit cette présentation, de réaliser « un état des lieux » de l’enseignement de l’histoire européenne au sein des pays, pour ensuite « promouvoir les pratiques encourageant un enseignement de l’histoire conforme aux valeurs du Conseil de l’Europe ».

Car ne jouons pas sur les mots : l’Europe dont elle parle n’est pas ce continent formé de multiples nations et cultures, mais de ces 23 pays inclus par leurs "élites " dans l’Union Européenne supranationale, qui, grâce à l’OTAN, organise une véritable coalition contre la Russie. Et pourtant Moscou et Minsk sont en Europe, autant que Londres ou Paris !

L’Europe de l’Atlantique à l’Oural (dixit le général De Gaulle...)

Les" valeurs du Conseil de l’Europe" dont ils veulent imprégner l’enseignement de l’Histoire sont celles en usage a l’UE, qui vient il y a peu de temps d’en donner une illustration malsaine : la majorité des députés au Parlement de Bruxelles, d’extrème Droite, de Droite Conservatrice, Sociaux-démocrates et Écologistes confondus, ont voté pour la suppression des monuments, des noms de rues, évoquant le Nazisme et le communisme. Car pour ces libéraux coalisés dans La Défense du Capitalisme transnational, les deux se valent, étant tous deux responsables au même titre des horreurs de la Deuxième Guerre Mondiale ! !

Alors que tout historien débutant sait que ce sont les Nazis qui ont envahi l’URSS après la France et non l’inverse, et qu’ils n’ont pu être vaincus en 1945 que grâce aux 20 millions de morts soviétiques, et aux Résistances souvent animées par les Communistes ! !

C’est dire si ces "Eurocrates" sont qualifiés pour donner conseils et directives aux professeurs en charge d’enseigner l’Histoire ! !

Cette présentation énonce d’ailleurs une interprétation de l’histoire fort discutable : « Au XXe siècle, une vision biaisée de l’histoire, nourrie par des discours bellicistes, a contribué à l’expansion des nationalismes et aux pires guerres que notre continent ait connues. » c’est négliger la responsabilité première des Impérialismes, français, allemand, britannique, etc…qui ont déclenché les massacres en 1914, puis en 1939-41, pour disposer de marchés et de territoires.

Amélie de Montchalin [1] affirme, dans une vidéo d’explication, que beaucoup « des enfants, des adolescents, des lycéens d’aujourd’hui n’apprennent pas l’histoire de l’Europe, l’histoire de la réconciliation européenne ».

C’est une contre-vérité, qui ne montre que son ignorance en la matière : au contraire, on peut regretter que l’Histoire enseignée en France a l’école élémentaire au collège et au lycée, soit encore trop " européocentrée", qu’elle aborde l’Histoire de l’Amérique et de l’Afrique comme si elle avait débuté avec les conquêtes coloniales européennes, qu’elle occulte trop souvent le formidable essor de civilisation de la Chine et du Monde Musulman durant ce qui fut en Europe le Moyen Âge féodal.
Et de se concentrer trop sur les Monarchies et les conflits intra-européens.

À l’entendre, avant l’UE, il n’y aurait eu que nationalismes, conflits, guerres, et paix depuis qu’elle existe.

  • - Faut-il lui rappeler que c’est durant et à cause de l’Union Européenne que la Yougoslavie socialiste a explosé en petites entités d’un nationalisme féroce, ce qui a entraîné des guerres épouvantables, au détriment de peuples croates, serbes, slovènes, Albanais, etc ?
  • - Faut-il occulter que les ingérences de puissances membres de l’UE et de leur allié États-unien ont entraîné nombre de conflits nationalistes meurtriers dans les décombres de l’ex-URSS, au détriment des peuples de Géorgie, d’Arménie, d’Ukraine.

Partout, l’Union européenne et son corollaire militaire l’OTAN, ont suscité, voire financé et armé les nationalismes xénophobes à leur profit. Et ils font de même aujourd’hui avec les Nationalistes xénophobes des Pays Baltes, de Hongrie, de Pologne, tout en prétendant hypocritement les morigéner.

Le mantra de l’Observatoire : "l’Europe c’est la paix", est la pire des contre-vérités historiques.

Le 5 Décembre, des milliers d’enseignants français ont à juste titre fait grève et manifesté pour défendre leurs retraites menacées par Macron et ses ministres.

A cette nouvelle agression, cette prétention de les utiliser comme propagandistes de l’UE, de leur dicter une version trafiquée de l’histoire à transmettre aux élèves dont ils ont la charge, on peut espérer les voir massivement protester à nouveau. C’est leur mission au service des Citoyens qui est en cause.

Francis Arzalier, historien, professeur (retraité) de l’Institut de Formation des Maîtres de Picardie.


[1Amélie de Montchalin, Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée des Affaires européennes.

   

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