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Bernie Sanders, les élections américaines et la victoire très probable de Trump !

jeudi 5 mars 2020 par Jean-Pierre Page et Bernard Gerbier

Nous avons besoin de mieux déchiffrer, le grand cirque pseudo-démocratique de la désignation du candidat démocrate qui affrontera Trump lors des prochaines élections présidentielles américaine. Notre camarade Jean-Pierre Page s’y est collé avec un commentaire de Bernard Gerbier. À rebours des élucubrations des médias aux ordres une autre manière d’aborder la réalité de ces pantomimes. Même si l’on perçoit les prémisses d’un mouvement progressiste aux USA, avec les élections surprises de femmes progressistes, issues des minorité, à la Chambre des représentants, nous savons tous qu’une hirondelle ne fait pas le printemps.(NDLR)

1-Il est clair que Sanders avait contre lui l’establishment démocrate, wall street, les néo con, l’AIPAC, mais cela ne faisait pas de Sanders le nouvel apôtre du socialisme, et de la révolution à venir. Ceux qui pensaient qu’il serait le moindre mal social démocrate en sont une nouvelle fois pour leurs frais, comme précédemment avec Corbyn.

Cela dit, Sanders n’avait pas beaucoup de choix !

- Pour gagner ou pour le moins faire un bon score, il devait impérativement, ce qu’il a fait, mettre de l’eau dans son vin tout en maintenant des engagements sans aller trop loin sur le plan social : couverture médicale, éducation avec l’annulation de l’endettement étudiant, revendications sociétales en faveur des "minorités", et un discours "anti richesses excessives", pas quand même jusqu’à mettre en cause le Capital.

Par contre, sur l’international il est resté dans la ligne avec quelques petites nuances (voir son interview au New York Times, Cuba est une dictature mais qui a eu des résultats dans son programme d’alphabétisation, mise en cause de la Russie, menaces contre l’Iran !!!) toutefois la politique étrangère est un sujet dont l’importance est relative aux yeux des américains pour qui le monde extérieur au-delà de leurs frontières c’est l’inconnue et parfois la barbarie, comme dans l’antiquité.

Les américains dans leur grande masse (qu’ils votent démocrates ou républicains) sont convaincus de la mission quasi divine des USA sur la terre. Cela leur suffit pour admettre toutes les agressions et les ingérences, puisque c’est pour le bien de dieu et les intérêts de dieu et de l’Amérique sont les mêmes. "in God we trust". Ceux qui se réclament de la gauche pensent eux et la main sur le cœur qu’ils ont pour rôle de réparer les dégâts commis par leur gouvernement. C’est très sympathique et morale, mais ça s’arrête là !

- Si Sanders se radicalisait il prenait le risque de se couper de la masse des électeurs qui aux USA font la différence par leur vote entre l’un ou l’autre des candidats, c’est-à-dire ceux qui par dessus tout ont peur d’un début de rupture avec un système qu’ils critiquent par ailleurs mais qui même dans l’incertitude du lendemain est à leurs yeux le moindre mal.

En fait l’enjeu pour Sanders c’est de préparer l’avenir (il a 78 ans et c’est sa dernière élection) et il faudra bien ouvrir une perspective. Pour cela, il faut rompre avec le système électoral US et faire le choix de la radicalité. L’enjeu à mes yeux ce n’était pas tant l’élection ou non de Sanders mais de savoir si sa candidature pourrait éventuellement ouvrir la voie à une alternative au système politique sur lequel les États-Unis ont toujours vécu, mais qui aujourd’hui est en crise profonde. L’existence et le soutien de masse à sa candidature en a été la preuve qu’il y a de fortes attentes. Mais de fortes attentes cela ne suffit pas !

2-Il y a des gens qui aux USA se réclament d’une gauche de justice sociale, qui conteste les inégalités, et le règne de l’argent roi, le racisme, les guerres, mais qui sont incapable de traduire ça politiquement de manière cohérente avec un programme qui afficherait clairement son caractère anticapitaliste et anti impérialisme.

Souvent, une partie d’entre eux et par opportunisme admirent les luttes de classes, mais ils les aiment ailleurs. C’est à leurs yeux très exotiques et ça fait rêver. Quand nous étions là bas récemment il y avait beaucoup de curiosité et d’enthousiasme sur les gilets jaunes et les grèves en France, de romantisme aussi, mais personne ne se posait la question d’un mouvement populaire aux USA qui au lieu de s’identifier exclusivement à Sanders s’émanciperait et s’identifierait aux capacités du peuple à se faire entendre et à assumer le pouvoir par lui même et pour lui même sans délégation à qui que ce soit. On pense tout simplement que cette vision est parfaitement utopique au nom d’un pragmatisme qui lui est très américain...

3- La "goche" aux USA on la trouve essentiellement dans les milieux universitaires, parmi ceux qui sont éduqués, ceux qui aiment afficher leur marxisme de salon mais qui ne se poseront jamais à quelques exceptions près
la question de savoir comment on peut partager ça avec les travailleurs dans les entreprises. Au fond les seuls qui font ce travail d’éducation populaire ce sont ces jeunes et moins jeunes militants que l’on trouve dans certains milieux syndicaux à travers par exemple Labor Notes qui n’est pas une confédération syndicale mais une organisation très ouverte et flexible qui depuis depuis 30 ans a une activité de masse dans le monde du travail à travers les luttes sociales de celui-ci.

Ils ont commencé à mettre en œuvre le rôle de "la double besogne"( lutte pour les besoins immédiats et lutte pour le changement de société). Toutefois, et pour l’heure, ils en sont à soutenir ce qui à leurs yeux est le plus radical, c’est à dire Sanders. Après cette expérience des primaires démocrates même si elles ne sont pas achevé et après ce nouvel échec, il faut espérer que ces militants vont continuer à se développer, rompre progressivement avec les illusions, les milieux protégés et l’ impuissance de la "goche tendance fashion week".

4-Des choses et des consciences bougent, on comprend mieux qu’aux USA le capitalisme à deux partis et les travailleurs aucun. Seulement, et comme chez nous d’ailleurs on ne peut pas construire l’alternative sans un travail patient et continu parmi les exploités, les travailleurs hier pauvres sans emploi aujourd’hui pauvre avec emploi, pour que ces derniers comprennent leurs intérêts de classe à s’unir, s’organiser et agir collectivement.

C’est dire que la route est encore longue, mais pas sans opportunités ni progrès possibles. Je pense que le Capital aux USA et comme c’est l’usage à maintenant deux fers au feu ! Trump qui a une base de masse populaire et anti establishment mais qui a un côté parfois imprévisible, Biden qui dans la continuité d’Obama permettra la mise en œuvre de ce qu’Hillary Clinton n’a pu faire, c’est à dire une politique internationale très agressive à l’égard de la Russie, de la Chine, de l’Iran.
Comme la dernière fois, une partie des électeurs Sanders voteront pour Trump ou s’abstiendront. Comme d’habitude démocrates et républicains passeront des "deals" pour s’assurer le contrôle des deux chambres (Congrès et Sénat).

5- Comme disait Lampedusa "tout doit changer pour que tout reste identique" ce que les américains pourraient traduire par."business as usual" ! [1]

JPP.


Excellent papier informé et nuancé qui fait le point sans succomber ni à l’idéalisme romantique, ni au matérialisme pessimiste. Oui, les choses bougent mais pas toutes forcément dans le bon sens.

Personnellement, j’en viens à penser que Trump va de toute manière gagner (car il est indéniable que sa politique a amélioré le sort des classes populaires) et que, pour nous Européens de gauche ou pas, c’est le mieux car sa politique étrangère est la moins pire que mènera le futur Président des États-Unis, Trump, Biden et Sanders compris.

Oui, nous sommes entrés dans une période longue de bouleversements géo-économiques et donc géo-politiques avec les risques associés qui sont énormes et peuvent être plus que dramatiques. Et, pour moi (mais je peux me tromper !!), les dirigeants du monde entier ont compris qu’il était capable d’actions militaires très dures (notamment au M.O.) mais qu’il avait notamment des limites (pas d’intervention directe au Venezuela, en Iran et de moins en Syrie et Irak et pas en Libye).

Si Mao était encore vivant, il le qualifierait certainement de « tigre de papier ». Par contre, les déclarations de Sanders sur sa capacité à frapper l’Iran ou à durcir l’affrontement avec la Russie m’ont clairement refroidi sur le bonhomme. Certes, je sais bien qu’en période électorale, toutes les déclarations ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais je ne suis pas près d’oublier certains aspects de la politique de Mitterrand et de certains autres socio-démocrates aux manettes pour ne pas parler de l’arraisonnement de l’avion d’un chef d’État en exercice (Morales pour ceux qui l’aurait oublié) par Hollande.

La France a ainsi à son palmarès les deux premiers piratages de l’air de l’Histoire (le premier, c’est l’avion qui transportait les dirigeants du FLN). Donc, Biden, on sait que ce sera pire que Trump car il n’a pas d’autre solution pour tenter de maintenir l’hégémonie US que d’accroître la tension internationale.

Et Sanders, pour moi, il sera tellement harcelé sur les questions intérieures avec peu de soutien populaire sur les questions internationales qu’il lâchera à coup sûr et nous fera entrer dans une période d’aventure absolue.

BG


[1la vente continue

   

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