Macron, les municipales et la gestion du coronavirus

On se souvient les déclarations de Buzyn en janvier dernier selon lesquelles notre pays était à l’abri d’une épidémie de coronavirus. C’était le 20 janvier, et elle était encore ministre de la santé. Non seulement ces gens sont des incapables, mais ils refusent avec obstination les gens plus compétents qu’eux. Par exemple, Macron nous dit que « fermer les frontières ne sert à rien, car le coronavirus n’a pas de passeport ». C’est trois fois incohérent :

 d’abord parce que la fermeture des frontières n’est pas destinée à arrêter le virus, mais les porteurs de virus ;

 ensuite parce qu’il propose une fermeture des frontières de l’Union européenne, mais si c’est efficace de fermer les frontières de l’Europe, c’est donc aussi efficace de fermer les frontières entre la France et l’Italie qui est le principal foyer d’infection à notre porte ;

 enfin parce que les autres dirigeants européens sont moins stupides que Macron, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, ayant fermé leurs frontières avec nous nos frontières sont fermées de fait. De même la fermeture des lignes entre les pays africains, avec les États-Unis, ferment de fait les frontières de la France !

Ces annonces sont tardives et incomplètes. On rappelle que le 25 février, alors que le désastre était déjà là en Italie, le gouvernement français complètement irresponsable a autorisé l’arrivée de 3000 supporters en provenance de Turin pour venir déconner dans un stade de 50 000 personnes. Cela a sûrement accéléré la diffusion du coronavirus dans la région. L’exemple italien aurait dû inciter le gouvernement français – qui par la voix de l’inénarrable Sibeth Ndiaye – se permet de critiquer le gouvernement italien.

Mais sans doute le plus grave est que depuis que Macron est ministre de l’économie, puis malencontreusement élu à la fonction de président, il a tout fait pour massacrer le service public et plus particulièrement l’hôpital. Depuis 2013 on a fermé 17500 lits, et tout le monde sait que nous ne pourrons plus faire face à une augmentation des hospitalisations pour cause de coronavirus [1].
Et ça fait pratiquement un an que les personnels hospitaliers protestent contre cette politique austéritaire. Mais Macron et le méchant barbu de Matignon, n’ont jamais rien voulu entendre. Confondant entêtement imbécile et volonté politique, ils veulent poursuivre leur néfaste action contre vents et marées.
Mais la réalité les rattrape par le cou.
Par la force des choses, l’austérité c’est bien fini. Il va bien falloir que le gouvernement revienne sur ses imbécilités comptables à propos de l’Hôpital. La réforme des allocations chômage destinée à gratter quelques ronds sur le dos des chômeurs a été repoussée. Et probablement il faudra aussi renoncer à la réforme des retraites, comme on a renoncé à la privatisation d’ADP. Remarquez que chaque fois qu’un gouvernement veut aller trop loin dans ce sens il y a une crise qui l’en empêche. Sarkozy aussi voulait cette réforme, il dut renoncer en 2008 pour cause de crise des subprimes.

La bourse plonge et l’économie est KO debout. Le CAC40 a perdu plus de 40% en en quinze jour, entre le 1er mars et le 15 mars. Les Gilets jaunes ont échoué à engager la grève générale, mais la voilà, le coronavirus l’a installée, elle est partie pour durer. Plus rien ne fonctionne en France. La Grande dépression est devant nous. L’incohérence macronienne a atteint un niveau inédit dans l’histoire de la République.
Par exemple, contre toute attente, Macron et Phillipe ont voulu maintenir les municipales les 15 et 22 mars. L’abstention a été record, plus d’un Français sur deux sont restés chez eux [2]. Mais comme les choses s’accélèrent on avance que le second tour devrait être reporté. Sauf que si on reporte le second tour, il va falloir annuler le premier ! Ces élections municipales sont tellement bizarres que c’est ce vers quoi on s’achemine [3]. Mais rien n’est sûr parce que Macron ne sait jamais trop ce qu’il doit faire et de ce fait prend des décisions intempestives et mal pensées qui lui retombent systématiquement sur le coin de la gueule !

Dans ces conditions, les candidats LREM ont été sanctionnés. Paris sera probablement à Hidalgo, Buzyn n’a pas fait illusion, même Dati dont les médias vantaient le dynamisme, n’a pas fait le poids [4]. Le score d’Hidalgo est un camoufler aux instituts de sondage et à la presse main stream qui depuis des mois font une campagne continue de dénigrement envers la maire de Paris. A Marseille l’inénarrable Yvon Berland, macronien de service, a ramassé une veste, et pire encore c’est la liste de gauche emmenée par Rubirola qui est en tête [5], c’est elle qui pourrait tourner la page Gaudin. A Lyon, la débilité des LREM est sans fond. Présentant deux listes concurrentes pour la mairie, ils sont devancés tous les deux par l’écologiste Grégory Doucet [6]. Le sinistre Edouard Philippe au Havre sera contraint à un second tour, perdant au passage 10 points de pourcentage, mais s’il est arrivé en tête du scrutin, son issue est incertaine.

A la confusion, les macroniens ont ajouté la honte. On peut d’ores et déjà parler d’une défaite cinglante du parti macronien [7]. C’est une raison de plus qui va sans doute pousser Macron à annuler le second tour. Mais c’est à double tranchant, car s’il évite ainsi la défaite humiliante provisoirement, il ne pourra pas empêcher les Français d’y voir une incohérence supplémentaire, pourquoi en effet faire le premier tour si c’est pour annuler le second ? Les données du problème sont connues depuis bien avant le 15 mars. Plus le temps passe, et plus l’amateurisme du gouvernement apparait comme une évidence.

En attendant, les Français, comme ailleurs dans le reste du monde, se calfeutrent. Ce lundi, tous les magasins sont fermés, sauf les pharmacies, les commerces de bouche et les banques. Les villes sont mortes complétement, plus de terrasses de café, plus de restaurants ouverts. Dans cette ambiance de fin du monde, la grève générale est tout à fait réussie. Et d’une pierre deux coups, le niveau de la pollution a chuté complètement ! Selon un article du Monde, notre ineffable journal de référence, en s’arrêtant de travailler la Chine a certes des morts en plus pour cause de coronavirus, mais aussi des morts en moins pour cause de dépollution !! Il nous dit même que le bilan du coronavirus serait très positif de ce point de vue !

Autrement dit le coronavirus est l’ami des hommes et des bêtes, le ferme soutien des revendications des travailleurs qui veulent travailler moins et consommer moins. Que va-t-on faire si le confinement dure ? Il faudra bien s’occuper, les occupations qui ne coutent pas cher sont peu nombreuses. Faire l’amour, à condition d’avoir une partenaire sans coronavirus, lire, regarder des films, cuisiner. Se promener pédestrement loin de la ville emboucanée de miasmes néfastes. C’est la décroissance qui nous attend ! Les ennemis de la croissance n’y sont pas arrivés, mais le coronavirus l’a fait ! Peut-être sera-ce le début d’une nouvelle forme de vie sur cette terre.

En quelques mois le coronavirus a puni sèchement la surconsommation, interdit le tourisme, fait baisser la pollution. Et de fait il nous oblige à sortir de l’austérité, Merkel l’a annoncé, l’obsession de l’équilibre budgétaire c’est fini, les frontières sont fermées, c’est la fin concrète de la mondialisation [8]. Mais on comprend aussi que la politique austéritaire en Europe a complètement échoué, qu’elle était erronée dans ses principes mêmes, non seulement elle n’a pas amené la croissance et le plein emploi, mais elle a détruit aussi l’hôpital public, entrainant un désastre sanitaire dont on n’a pas fini de payer le prix en nombre de morts.

En France on nous annonce indirectement qu’il va falloir trier les malades, les urgences n’ayant plus de capacité pour les accueillir [9] . Et cette mauvaise nouvelle est rapportée par le journal de Bernard Arnault, Les échos. Les personnels hospitaliers, peu appuyés par les pouvoirs publics, se débrouillent avec les moyens du bord, et leur dévouement habituel, mais c’est une tendance qui si elle montre que les politicards ne servent à rien de positif, montre que les saignées constantes et répétées de l’hôpital ont des conséquences dramatiques.

Deux rappels : le 20 janvier Agnès Buzyn ministre de la santé, toujours avec l’air pincé et condescendant de celle qui sait, nous expliquait que ceux qui demandaient à prendre des précautions pour se protéger de la pandémie, étaient des simples d’esprits. Le risque de contagion est « quasi-nul » disait-elle. Le couple maudit Trogneux-Macron n’a pas de chance avec le théâtre. Quand il ne va pas aux Bouffes du Nord pour s’en faire chasser comme un malpropre, il se rend au théâtre Antoine pour y voir une niaiserie Par le bout du nez, avec François Berléand et François-Xavier Demaison, deux acteurs macroniens, bien sûr. Rien que le titre de la pièce te donne le vomi. Mais c’était le 6 mars dernier, et le but était au contraire d’encourager les Français à sortir et à s’amuser !

Il est difficile de faire plus stupide.
Les macroniens comme on le voit sont des optimistes forcenés et croient qu’ils vont toujours se relever des coups qu’ils reçoivent. « Il faudra, bien-sûr après tout cela, organiser les commissions d’enquête qui s’imposent, et demander des comptes à ceux qui n’ont pas su se servir à temps de l’extincteur. Il faudra aussi dénombrer tous les morts qu’on aurait pu éviter… D’ici là, à l’instar des médecins qui craignent désormais un tsunami de malades venant submerger notre système hospitalier, il nous reste à tenir bon... »

C’est dire qu’il faudra juger, Macron, Philippe, Buzyn et Véron, et les condamner pour leur inaction criminelle. Qui croyez-vous qui dise cela ? Mélenchon ? De dangereux Gilets jaunes ? Non, c’est Pierre Lellouche, ancien ministre de droite, façon UMP, dans les colonnes de Marianne [10]. Une fois n’est pas coutume on lui donne entièrement raison.

Le coronavirus a entraîné aussi une accélération de la décomposition de l’Union européenne. Celle-ci était déjà bien entamée avec le Brexit, mais voilà que le coronavirus démontre que la gestion de la crise est impossible depuis Bruxelles, les États font face, seuls, à leur responsabilité. Tant que ce n’était que l’Italie qui était touchée, les dirigeants Boches et Français rigolaient doucement. Mais maintenant c’est moins drôle car c’est toute l’Europe qui est atteinte, et nous voyons qu’elle n’est pas capable du fait de la lourdeur de ses institutions qui ne sont faites que pour le marché et le profit, la croissance et le commerce, de faire face à une pandémie.

On a parlé d’égoïsme, mais en réalité l’Europe institutionnelle ne peut pas exister autrement, elle a fondé son existence sur le dogme bienfaiteur de la concurrence [11]. N’est-ce pas la Commission européenne qui, depuis Bruxelles a poussé à la roue pour détruire l’hôpital public ? Je rappelle que ces dernières années l’Italie a fermé, pour équilibrer son budget, des milliers de lits d’hôpitaux. Tandis que la présidente de la Commission européenne se discréditait un peu plus en réclamant qu’on garde, au nom des traités européens qui sont supérieurs à tout [12], les frontières ouvertes, Merkel décidait toute seule la fermeture, montrant qu’au fond la souveraineté nationale, même mise à mal par les traités européens, est supérieure au « machin » européen !

Mais le comble est sans doute que les Italiens débordés par le nombre de malades et de décès n’aient été aidés, ni par la France, ni par l’Allemagne, mais seulement par la Chine [13], la Chine qui a pourtant comme on le sait ses propres problèmes et ses difficultés.

Équipe médicale chinoise arrivant en Italie

Et puis Macron a parlé. Passons sur son maquillage qui sert sans doute à masquer la grisaille de son teint, passons aussi sur les incongruités habituelles : « Tous les voyages entre les pays européens et l’Union européenne seront suspendus ». Phrase des plus étranges qui laisse entendre que les pays européens ne font pas partie de l’Union européenne, ou encore que l’Union européenne ne compte aucun pays européen comme membre ! Comme c’était prévisible, le second tour des élections municipales sera reporté, mais on ne sait pas à quelle date, ni surtout si le premier tour, catastrophique pour son parti sera annulé.

Sans donner plus de précision, il a dit que les mesures de confinement seraient étendues, et que les amendes pleuvraient sur les récalcitrants. Mais on a le droit de sortir pour faire des courses, pour recharger le frigo, ou aller travailler.

En attendant, hier soir circulaient des images de l’armée pénétrant en masse dans Paris, sans qu’on sache exactement pourquoi y faire.
Faire régner l’ordre ?
Juste avant les mesures avancées par Macron, on a vu les Parisiens fuir leur ville en masse pour éviter le confinement, s’en allant prendre des trains bondés pour porter leur coronavirus ailleurs où on en manquerait.
Macron a répété qu’il s’agissait d’une guerre, et les images le prouvent, l’exode également. Il se pourrait que le coronavirus ait finalement eu raison des manifestations qu’on connait depuis le début du malheureux quinquennat du président fou.

Les loups sont rentrés dans Paris (air connu !)