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Confinement : qui va payer la note ?

mercredi 18 mars 2020 par Philippe Arnaud

Les remarques ci-après sont des remarques d’observation "par défaut". Je veux dire par là des observations sur ce qui n’a pas été dit, ou sur ce qui a été tu - involontairement ou à dessein - par les médias. Qu’est-ce qui a été tu, qu’est-ce qui n’a pas été dit ?

1. D’abord, la contradiction entre, d’une part, les précautions imposées pour organiser le scrutin de dimanche, et, d’autre part, le maintien même [je souligne] de ce scrutin. Cette contradiction était d’ailleurs patente à plusieurs niveaux :

1.1. Le fait que les électeurs les plus assidus étaient souvent les plus âgés, c’est-à-dire, précisément, les personnes "à risques" (c’est-à-dire les plus fragiles face à l’épidémie).

1.2. Le fait qu’au moins à Tours - où je réside - une énorme proportion de présidents et d’assesseurs étaient des gens de plus de 60 ans ! Je m’en suis rendu compte en allant à une séance d’information à la mairie le mardi précédant l’élection : la salle (bourrée à craquer...) ressemblait à un Ehpad. On s’en est aperçu lorsque la cheffe de service (une jeune quadragénaire) conjura - innocemment - les présidents et assesseurs de veiller sur les personnes âgées... de plus de 65 ou 70 ans. Dans la salle, il y eut alors un énorme brouhaha, avec des rires étouffés et un murmure qui courut : "Mais on est tous dans ce cas-là !". [Au passage, on peut se demander pourquoi on trouve aussi peu de citoyens en dessous de 50 ans pour tenir un bureau : si, dimanche, aucun sexagénaire - ou plus - ne s’était porté volontaire pour organiser les opérations de vote, le scrutin - à Tours au moins - n’aurait jamais eu lieu...].

1.3. Les conditions de remise en mairie des pièces du scrutin (procès-verbaux, feuilles de comptage, registres de signatures, liste des cartes remises, etc.). Alors que, durant la journée, on demande aux électeurs de se laver les mains, de se tenir derrière une ligne blanche, d’utiliser leur stylo ; qu’on prescrit aux membres du bureau de ne toucher ni aux pièces d’identité ni aux cartes d’électeur, que, le soir, les scrutateurs doivent être assis à un mètre les uns des autres et aller se laver les mains toutes les 10 minutes (j’avais mis mon chronomètre), au moment de remettre les dossiers en mairie, on fait tout le contraire ! Là, on se retrouve à 100 ou 150, à faire la queue entre trois quarts d’heure et une heure, tassés comme des anchois, à se parler à 30 centimètres les uns des autres. Et je ne parle pas des malheureux fonctionnaires de la mairie, tenus d’inhaler pendant deux ou trois heures les miasmes (potentiellement pestiférés) de leurs concitoyens et aînés...

Lorsque les journalistes, dans les médias, répétaient docilement que les opérations de vote ne présentaient aucun danger à condition [je souligne] de bien se conformer aux prescriptions, cela revient au même que si un journaliste disait que la guerre ne présente aucun danger à condition de prendre des précautions...

2. Ensuite, ce qui n’a pas été dit, c’est sur quoi, une fois la crise passée, tout cela débouchera. En effet, entre les divers moratoires (sur les impôts, les cotisations URSSAF, les factures), le paiement des salaires des gens qui ne travaillent, les commandes de matériel médical, les heures supplémentaires, la facture va s’élever - dixit le ministre de l’économie - au moins à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Il va y avoir des déficits énormes, à tous les niveaux, qui se répercuteront sur les comptes publics : de l’État, des collectivités locales, de la Sécurité Sociale. Comment tout cela va-t-il être apuré ? Il n’y a que deux solutions, exactement contraires :

  • - Soit l’État procède comme il a souvent procédé dans le passé : en annulant unilatéralement sa dette, par exemple lors de la banqueroute de Law, en 1720, ou de la banqueroute des deux tiers en 1797, ou comme le fit la jeune République bolchevique en refusant d’honorer les dettes du régime tsariste. Après tout, l’Allemagne n’a jamais payé l’intégralité de sa dette, ni après la Première Guerre mondiale ni après la Seconde [Et on peut aussi évoquer le cas où l’État envoyait carrément ses créanciers à l’échafaud, comme Philippe le Bel avec les Templiers ou François Ier avec Semblançay]. Et, malgré cela, malgré ces annulations de dettes qui font hurler les néo-libéraux, le monde n’en a pas moins continué à tourner. Et peut-être même mieux...
  • - Soit, au contraire, l’État, appliquant la Stratégie du choc, développé par Naomi Klein, profite de ce traumatisme pour faire payer à la population française (mais pas à n’importe quelle population, c’est-à-dire pas à celle des hyper-privilégiés - mais, à l’inverse, à celle des classes moyennes et populaires, soit à plus de 80 % des gens) la facture de cet endettement : soit en élevant les impôts indirects, soit en taillant dans les dépenses de santé, d’éducation ou en passant les dépenses sociales à la tronçonneuse, soit en vendant au privé de larges pans du patrimoine national. Que ce patrimoine soit physique (les aéroports, les ports, les chemins de fer, les routes, les centrales d’énergie, les réseaux d’énergie, d’adduction d’eau...) ou immatériel (la Sécurité Sociale, l’Éducation nationale, les retraites...), soit en combinant les deux. Mais osera-t-il le faire ?

Je vous saurais gré de vos remarques, précisions, rectifications et critiques.

   

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