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Le cauchemar vegan

mercredi 8 avril 2020 par Francis Arzalier (ANC)

Vegan : un mot que les Français moyens ignoraient il y a quelques années, préoccupés qu’ils étaient, ces loosers, de leurs fins de mois difficiles. Jusqu’au jour, fort récent, ou nos supermarchés, temples modernes ou la foule qui ne va plus fréquenter Dieu dans les églises, conflue, très religieusement, faire ses provisions de bouffe et d’espoir quotidien, y ont découvert un " marché". Ils ont alors ouvert des rayons qualifiés " vegan", comme d’autres plus loin sont voués au " bio", aux produits périmés à l’usage des pauvres, ou aux accras martiniquais. Le commun des citoyens français a alors découvert cette étrange tribu, qui faisait profession de ne manger ni viande ni poisson, et pour certains de refuser les œufs, le lait, et le cuir.

1/ Certes, ils ne sont que quelques trois pour cent selon les plus récents sondages (?). Car nos concitoyens, mal dégrossis heureusement d’une culture ou la cuisine de la viande, le fromage, et le vin, marquent depuis des milliers d’années les jours de fête, sont abonnés, faute de mieux, au "poulet aux hormones" (comme le chantait Jean Ferrat) quand ils ne peuvent se payer un bon repas, côte de charolais, magret de canard, ou gigot d’agneau. Cela aussi fait partie de la Nation française, réunissant cassoulet et potée, enrichie de couscous et autres paellas, parce que nous fûmes heureusement terre d’immigration.

2/ En fait, et c’est heureux, la majorité des Français, finalement plus tolérants que Marine Le Pen ne le croit, considérait avec quelques sourires, que cette minorité hurluberlue en valait bien une autre, que s’ils étaient assez idiots pour se priver des plaisirs que nous laisse une vie dégradée, ils étaient bien libres de le faire, à condition de ne pas l’imposer aux voisins. Nos lois françaises, et c’est heureux, laissent encore toute liberté de pratique a des minorités de tout ordre, sexuelles, philosophiques ou religieuses, aussi incongrues que les travestis, ou les Évangélistes, même si le flot des procès médiatiques sans preuve de ces récentes années relève souvent plus de l’intolérance chronique en usage aux USA que de l’égalité des sexes prétextée.

Nos concitoyens acceptent donc massivement avec bonhommie de voir quelques-uns se gaver de produits exclusivement végétaux, pour rester minces (?), pour éviter la souffrance animale (?), ou protéger l’atmosphère des pets de vaches et de leur méthane (?). Comme d’autres se vêtent en bonzes et pratiquent le lit à clous ou la salsa.
C’est là affaire de Bobos, de mode snob venue d’outre Atlantique, pas de quoi fouetter un chat ni un cochon, ni de nous couper l’appétit devant une côte de bœuf...

3/ Les citoyens lambda furent tout de même un peu désarçonnés quand les médias leur annoncèrent que quelques fanatiques vegan français, dignes émules des Talibans d’autres cieux, avaient délibérément saccagé des boucheries et molesté des charcutiers. Mais cet avatar ponctuel fut très vite oublié, et les badauds continuèrent chaque année d’aller en famille se régaler au Salon de l’agriculture, accompagnés de leurs élus venus flatter le cul des vaches.
Car cette France paysanne, disparue des campagnes peuplées aujourd’hui essentiellement de salariés motorisés, chassés des métropoles aux loyers élevés, est encore un mythe français répandu. La prolifération des discours culinaires ou la viande et les fromages règnent dans Les médias en est la preuve.

4/ Je dois reconnaître humblement que je faisais partie de cette majorité de Français que l’apparition des Vegan n’inquiétaient guère. Jusqu’à la découverte de l’enquête publiée par le journaliste Gilles Luneau " Steak barbare ", sous-titré " hold-up vegan sur nos assiettes " (ed. l’Aube. Fondation J.Jaurès). 360 pages de faits et de chiffres, et d’interviews de responsables des entreprises concernées. Un dossier très argumenté, et convaincant, même si on peut ne pas partager les affinités politiques de l’auteur, proche des Verts et sociaux-démocrates "europeistes" (la fondation J Jaurès s’en réclame). Son travail n’en est pas moins très convaincant.

5/ A la lecture, on découvre que cette minorité Vegan n’est que le sommet émergé d’une offensive économique d’envergure mondiale, dont le cœur se situe parmi les dirigeants du Capitalisme états-unien très branché sur la " révolution numérique ", l’intelligence artificielle et la biotechnologie, notamment dans la " Silicon Valley ", proche de San Francisco, en Californie.
Au 15 novembre 2019, on compte 490 entreprises concurrentes, mais convergeant vers le même objectif, inventer, produire et vendre des produits protéines qui ne soient plus fournis par l’élevage et l’agriculture ; des "ersatz" de " produits laitiers ", œufs", "viandes", à base de végétaux manipulés par la chimie cellulaire, et " viandes cultivées" à partir de cellules souches multipliées. On dénombre au 15 novembre 317 entreprises consacrées aux substituts à base de plantes, et 58 à celles utilisant des cultures de cellules souches.

6/ Quatorze milliards d’investissements rassemblés en deux ans !
Une telle somme à un sens : la logique du capitalisme est que tout investissement présente un risque, mais on ne le fait pas si on n’en escompte pas raisonnablement des profits. Il s’agit d’un énorme marché potentiel. Le think-tank AT Kearney prévoit ainsi que les besoins mondiaux en protéines seront couverts en 2050 par 25 pour cent de "viande" d’origine végétale et 35 pour cent de " viande" cultivée à partir de cellules- souche.

Dans cette ruée folle des investisseurs, les premiers sont les représentants du Capitalise majeur, celui des USA, et notamment les " futuristes" californiens, férus de technologie avancée plus que les pétroliers qui ont partie liée avec Trump ; les plus grosses fortunes du Globe, Jeff Bezos, d’Amazon, et ses 131 millions de dollars, Bill Gates, de Google, et ses 96 millions…
Des multinationales de l’alimentaire comme Cargill (une des sociétés contrôlant depuis Minneapolis le marché mondial des céréales, avec ses 134 millions de dollars de chiffre d’affaires) participent au capital de Memphis Meat, avec Gates et Richard Branson ; Danone a créé pour être de cette ruée Vegan sa filiale Danone North America.

Sont aussi sur les rangs, pour ce pactole escompté des sociétés capitalistes mondialisées supplétives ou concurrentes, d’Europe ou d’ailleurs, le Suisse Nestlé, l’Israëlien Aleph Farms, d’autres sises aux Pays Bas, ou contrôlées par un milliardaire chinois de Hong Kong, etc…

Car il s’agit bien d’une ruée mondiale, comme vient le confirmer l’enquête d’Antenne 2 (Envoyé spécial du 18/3/2020) auprès de l’entreprise qui réalise déjà en Israël des " steaks" végétaux grâce à une imprimante 3D : il eut été surprenant que la tête de pont nord-américaine formée par les colons israéliens au Moyen Orient ne soit pas de cette offensive planétaire du Capitalisme mondialisé.

7/ Les résultats sont pour l’instant embryonnaires, et rarement commercialisables à cause d’un prix de revient trop élevé. On trouve jusqu’à présent dans les grandes surfaces commerciales du " lait " de soja, et quelques " "steaks" végétaux : la filière de " viande cultivée" n’en est encore qu’à produire un steak haché très coûteux en laboratoire.

Mais les dirigeants de l’offensive envisagent sérieusement sa commercialisation des 2020.

8/ Cela représentera un véritable bouleversement de l’économie et de la société mondiale, d’abord par la quasi-disparition des animaux d’élevage et des humains qui, depuis la "révolution néolithique" il y a 10 000 ans sont devenus leurs compagnons quotidiens. Cette éradication sociale programmée s’appuie sur une idéologie, une philosophie même, qui pour être rudimentaire et souvent mensongère, n’en est pas moins efficace par son moralisme : dénonciation de la souffrance animale, des conséquences écologiques néfastes de l’élevage massif en usines à viande, de la disparition des forêts au profit de cultures de défrichement comme en Amazonie, etc…

Remarquons que la plupart de ces faits, justes en partie, ne sont pas le fait des sociétés paysannes séculaires, mais de l’industrialisation capitaliste récente de l’agriculture et de l’élevage, avec son obsédante quête de profits, qui a conduit à la monstruosité des usines de " minerai-viande" de volailles ou de bovins, à l’usage intensif et destructeur d’antibiotiques ou d’engrais chimiques, etc.

Cette mutation capitaliste de l’agriculture et de l’élevage, réalisée en France au détriment des exploitations familiales en trois quarts de siècle, sous l’égide de l’Union Européenne et avec malheureusement le soutien de la FNSEA, ne sera pas stoppée par l’offensive vegan, mais au contraire renforcée dans son asservissement aux règles du capitalisme, pour lequel le profit immédiat est le seul objectif, la technologie étant mise au service exclusif des rendements, et de la marge bénéficiaire.

Le céréalier affairiste actuel de la Beauce épuise les sols qu’il gave de pesticides et d’engrais, le fabriquant futur de " viande cultivée " en laboratoire devra produire au sein de véritables gouffres énergétiques, grâce à des manipulations chimiques pas toujours sans danger pour le consommateur. Sans parler de saveurs et de gastronomie, dimensions réelles de la culture nationale française, même si elle a été grignotée par l’invasion obèse des MacDo.
La disparition programmée des territoires consacrés jusqu’ici à l’agriculture et à l’élevage ne sera en aucun cas leur "restitution à la nature", comme le prétendent ses sectateurs. Dans les campagnes actuelles du Massif Central dépeuplées de leurs familles paysannes d’autrefois, les espaces forestiers ne se sont pas accrus, ils se sont dégradés faute d’entretien par agriculteurs et éleveurs.

9/ Une authentique paysannerie pratiquant une agriculture et un élevage raisonnés, non-spéculatifs, organisés autour d’objectifs nationaux de service public, et d’autosuffisance alimentaire, est la seule garantie de protection à long terme des paysages et de l’environnement.
D’autant plus que le rêve ultra-libéral d’une société où la nourriture se réduirait à l’ingestion de protéines mettrait au service exclusif de l’impérialisme nord-américain et ses alliés-supplétifs occidentaux chaque peuple, réduit au statut de consommateur de produits inventés et fabriqués ailleurs.

Certains états, comme l’Arabie Saoudite, où Singapour, ont un territoire réduit ou en grande partie désertique. On peut dès lors comprendre qu’ils envisagent de produire les protéines nécessaires à une population croissante grâce aux technologies de culture hors sol ou d’autres plus artificielles encore.
Il serait aberrant qu’il en soit de même dans des pays comme la France, dont les sols et les climats sont particulièrement favorables à l’agriculture et l’élevage. A fortiori si cette évolution se fait par l’éradication des exploitations paysannes encore bien présentes dans notre pays, et qui seront nécessaires pour construire l’indépendance alimentaire de la Nation, débarrassée de la sujétion aux multinationales, qui sont un rouage essentiel de l’Impérialisme.

10/ S’il le fallait, la crise pandémique du printemps 2020 est venue confirmer à quel point l’économie alimentaire actuelle est fragile, parce que de plus en plus dépendante d’importations liées aux choix de multinationales, et non aux contraintes climatiques ou de terroir.
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Ne sous estimons pas ce cauchemar vegan ; il est une des dimensions du Capitalisme et de l’Impérialisme à combattre.

   

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