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Trump face au coronavirus ou la débacle du système de santé américain

C’est ce que veut Macron pour la France (NDLR)

dimanche 12 avril 2020 par ingirumimus

Si au milieu du mois de mars Trump semblait bénéficier d’une embellie dans les sondages pour cause de coronavirus, celle-ci a été de courte durée. On remarque d’ailleurs que dès que les présidents tiennent des discours offensifs et rassembleurs, ils voient leur cote remonter. C’est aussi le cas pour Macron. Mais Trump qui n’a que peu d’idées de ce qu’il doit faire, a ensuite dérapé. D’abord en tergiversant – lui aussi – sur les mesures à prendre. Or comme on l’a dit, tergiverser dans cette affaire ce sont des milliers de vie qui sont détruites. Je ne rappellerai pas son imbécillité lorsqu’il avait affirmé il y a quelques semaines qu’avec la chaleur du mois d’avril, le coronavirus serait passé de vie à trépas. Mais tandis que les morts s’empilaient – aujourd’hui le nombre de morts aux Etats-Unis est le plus élevé du monde – il martelait qu’il fallait continuait à faire tourner la boutique et le profit [1]. C’est d’ailleurs la logique des libéraux, Macron, Trump ou encore l’Union européenne, d’abord l’économie, ensuite, si on a le temps on s’occupera des morts.

Le docteur Fauci a ainsi tenu la dragée haute à Trump, lui indiquant par des voies détournées ce qu’il aurait fallu faire. Le nombre des morts aux USA a maintenant et officiellement dépassé les 20 000 le 12 avril 2020. Mais plus encore que le nombre c’est la vitesse de progression de la pandémie qui inquiète dans ce pays.

Le docteur Fauci face à l’irresponsabilité trumpienne

On a vu que les États-Unis à l’instar d’un pays en voie de développement commençaient à installer un hôpital de campagne en plein Central Park ! L’évidence d’un sous-équipement hospitalier dans ce pays, sautait aux yeux de tous, marquant ainsi une distance sérieuse entre richesse et monnaie. Les Américains ont vu clairement que face à la calamité du coronavirus, il valait mieux être Coréen !

Comme le montre le graphique ci-dessus, la progression du COVID-19 dans le monde assure que les États-Unis se dirigent à grande vitesse vers un triste record, celui du plus grand nombre de cas et celui du plus grand nombre de décès. C’est une défaite en rase campagne du système sanitaire américain, ce système que de Sarkozy-l’Américain à Macron on cherche à copier et à imposer parce que des fonds vautours se déplacent sur ce terrain à conquérir et d’une grande rentabilité. Évidemment avant que cette salade du coronavirus prenne le devant de la scène, la bataille pour la présidentielle américaine tournait autour de la question du financement de la santé publique, avec en gros trois positions :

  • – la première celle de Trump, laisser-faire, laisser-passer. La croissance et les assurances privées suffiront, laissant le choix aux individus de se couvrir ou non. Cette position apparaît intenable, non seulement à cause du nombre de morts, mais parce qu’elle montre que les Etats, comme la Californie ou New York entrent en rébellion contre elle, relativisant les pouvoirs centraux dans l’exercice de leur fonction.
  • – la seconde est la position "centriste" de Joe Biden qui admet une couverture sanitaire générale à minima. Malgré tout il a un avantage sur Trump, c’est que sa position peut s’ouvrir à des solutions de type Sanders.
  • – la troisième est celle de Bernie Sanders favorable à un financement national de type Sécurité sociale à la française, avant que ce modèle ne soit détruit par les politiciens. Il a eu malheureusement raison trop tôt, et maintenant le nombre de délégués démocrates pour la Convention ne lui est pas favorable. Il est probable que si le coronavirus avait produit aux USA ses ravages deux mois plus tôt, il aurait davantage obtenu de délégués.

Un hôpital provisoire monté au cœur de Central Park

Mais la position de Trump est intenable d’un autre point de vu. L’absurdité de la politique étrangère trumpiste et généralement celle des Républicains, qui, comme chez nous LREM sont le parti de l’idiotie et de la concussion, est apparue au grand jour avec la livraison de respirateurs russes livrés aux USA [2]. Non seulement cela prouvait une grande défaillance de ce pays, incapable d’autonomie nationale en matière médicale, mais en outre, c’est une entreprise russe sous embargo qui livrait ce matériel !
Dans le même temps Trump refusait qu’on aide un peu l’Iran, même pour des raisons sanitaires. Et puis, le taux de chômage dont Trump était si fier est en train d’exploser. C’est environ 16 millions de chômeurs supplémentaires en trois semaines, avec évidemment de nombreux salariés qui ont une couverture sociale des plus ténues.

Autrement dit la déconfiture de l’économie américaine est le pendant de son absence d’État social. Comme on le voit, que ce soit en France, aux États-Unis ou dans l’Union européenne, les néolibéraux ne sont pas capables de gouverner par temps de crise.

C’était vrai en 1929, c’était encore vrai en 2008, et cela reste le cas aujourd’hui. On dit qu’aux États-Unis le nombre de morts au final sera compris entre 100 000 et 240 000 pour cause de coronavirus. Trump a dit que si ce chiffre restait entre 100 000 et 200 000, « on » aura fait du bon boulot. On se rassure comme on peut. Mais les Américains ne pardonneraient pas une telle débâcle à celui qui semble se contenter de si peu. Les Américains, et même les économistes américains vont redécouvrir que la santé est un bien public indivisible !

Il apparaît que si la collectivité refuse de soigner les plus démunis, cela a nécessairement un coût sur l’ensemble des « corps sains ». La pandémie le démontre, si on refuse de soigner tout le monde et qu’on ne soigne que les nantis, les biens portants seront par la force des choses – par la force des échanges commerciaux, devrais-je dire – contaminés à leur tour, plongeant le pays dans le chaos. Il vient donc que la santé publique est non seulement un élément décisif de la richesse de la nation, mais encore plus une nécessité collective, les prêches évangélistes n’y changeront rien [3].

Kenneth Copeland à la télévision américaine, le 11 mars 2020

Ces guignols sont les premiers soutiens de Trump qui leur a fait allégeance, s’ils soulignent l’arriération mentale d’une partie de la population américaine, il ne faut pas oublier que celle-ci est instruite, mais surtout qu’elle est pragmatique. Autrement dit, on croit à ce qui marche, et donc on croit plus à la chloroquine qu’aux prières. Et ce que les Américains voient en premier lieu, c’est la misère éclatante de leur système de santé, les morts enterrés dans des fosses communes dans l’urgence. Ils ont peur d’en être victimes.

Contrairement à ce qu’on pense généralement de loin, les Américains ne sont pas trumpistes, et depuis au minimum la crise de 2008, ils se méfient aussi bien des banquiers que des politiciens. Cela s’explique par le fait que depuis qu’il a été élu, Trump n’a jamais eu une cote au-dessus de 50%, même si elle avait remonté un petit peu le mois dernier, avant que la réalité n’explose à la figure des Américains qui, se croyant bénis des Dieux, se pensaient également indemnisés contre le coronavirus. Mais les républicains sentant qu’ils sont en train de perdre la main, tentent d’aller dans le sens d’une relance de l’économie à tout prix, quitte, nous disent-ils, à sacrifier les séniors qui sont, comme l’hôpital un coût insupportable pour leurs profits [4]. En trois semaines les États-Unis ont vu arriver près de 17 millions de chômeurs en plus [5]. Le taux de chômage est officiellement au-dessus de 10%.

Cette affaire bouleverse les plans de Trump pour sa réélection. Ceux qui comptait sur le coronavirus pour le présenter comme un chef de guerre vainqueur doivent déchanter. Joe Biden qui est maintenant le candidat démocrate est en train de s’envoler dans les sondages. Ce n’est pas tant que sa candidature soit enthousiasmante, mais les Américains en sont au "tout sauf Trump" qui est vu comme un vrai clown [6].

Mais au-delà, il y a des changements très importants. Des États comme la Californie ou New York sont entrés en opposition directe avec Trump. Ce n’est pas encore une sécession, mais presque. Ils ont pris par exemple des mesures de confinement, admettant qu’il valait mieux sauver des vies que cette chose abstraite qu’on appelle « économie », un mot douteux pour camoufler celui de « profit ».

Trump martelait depuis des mois que le faible chômage officiel était sa grande œuvre. Mais même de cette victoire douteuse le voilà privé. Quel que soit l’angle sous lequel on contemple cette affaire, on voit que le chômage se joint à la crise sanitaire pour critiquer en acte la voie choisie. C’est d’autant plus évident que la pseudo-baisse du chômage n’a pu être obtenue par Trump qu’à l’aide d’un creusement extravagant des déficits public et commercial. C’est la triple peine, on a le délabrement de la santé publique, plus le chômage de masse, plus la dette publique et privée à laquelle il faudra bien s’atteler un jour, soit pour la payer – on ne voit pas comment – soit pour la faire disparaître, provoquant forcément la ruine des rentiers et un changement de modèle économique.

Sondages pour les présidentielles USA, 9 avril 2020 – il s’agit de la moyenne des sondages

L’Amérique est entrée de plein pied dans l’ère de la dépendance médicamenteuse. En effet, alors qu’elle s’apprête à introduire massivement les traitements à la chloroquine, l’Inde a rechigné à exporter « son » produit vers les pays occidentaux, préférant garder le fameux médicament pour elle-même. Trump a fait les gros yeux, menaçant ce pays de représailles féroces s’il n’obtempérait pas. Il a tenté ainsi de masquer sa faiblesse, car tout le monde a compris que la « grande » Amérique en était à mendier le précieux produit [7]. C’est l’aveu d’un échec complet qui prouve encore plus que le nombre de cas de malades atteints du coronavirus que la situation sanitaire aux États-Unis est désastreuse.

Certes ce n’est pas seulement l’échec de Trump, c’est plus généralement la preuve des dégâts de la mondialisation et des politiques néo-libérales de destruction des biens publics, la France et tous les pays occidentaux qui ont délocalisé leurs productions de médicaments pour des raisons d’économies de bouts de chandelle se trouve sur le même bateau. Ce mini conflit qui tient plus du spectacle que d’autre chose, illustre l’idée que la mondialisation n’est pas heureuse et ne saurait pas l’être.

En tous les cas elle a eu pour conséquence d’affaiblir les États-Unis et de démontrer que les rodomontades de Trump sur l’idée d’une indépendance économique vis-à-vis du reste du monde, était une simple fanfaronnade qui n’était pas suivi d’effets. En attendant, les États-Unis sont entrés dans une phase où le rythme des morts supplémentaires est officiellement de 2000 par jour, soit 60 000 par mois ! Et ça pourrait s’accélérer encore un peu dans les jours à venir.

Trump a commencé à tenter le contrefeu en accusant l’OMS de tous les maux, mais quelle que soit l’opinion qu’on a sur l’OMS, on ne voit pas en quoi sa critique pourrait bien masquer les lacunes de la politique sanitaire américaine elle-même [8]. Trump n’ayant jamais écouté les recommandations des organismes multilatéraux, on ne voit pas en quoi ceux-ci pourraient être responsables de quoi que ce soit sur le sol américain.

Certes on peut dire que l’OMS ne sert à rien, ou à pas grand-chose, c’est vrai, mais la responsabilité des politiques sanitaires reste du ressort des États nationaux. L’ennui c’est que les Américains savent que Trump et son équipé ont été alertés dès le mois de janvier des périls, et ils n’ont rien fait pour tenter d’anticiper la pandémie [9]. On se retrouve dans le même cas de figure que Macron, pour des raisons compliquées à comprendre les dirigeants ont joué la montre. Peut-être Trump croyait-il que le coronavirus ne s’arrêterait pas en Amérique et passerait son chemin ?

On ne sait pas comment les Américains vont réagir, mais tout indique qu’ils sont prêts à des révisions déchirantes par rapport à leur modèle économique et social. Des changements de comportement sont déjà notés [10]. En effet, la pseudo activité récente de l’économie américaine est tirée essentiellement par le crédit. Les ménages s’endettent pour continuer à consommer, les déficits de l’État et du commerce international se creusent et les entreprises empruntent des sommes folles. La preuve qu’un tel système ne tient pas debout, c’est que dès qu’il y a une crise un peu violente, tout s’écroule comme un château de cartes.

Trump constatait, effaré, que le pays entier n’était pas capable de produire médicaments et matériel médical en quantité suffisante et qu’il dépendait du bon vouloir de la Chine et de l’Inde. Beaucoup pensent que le coronavirus est une critique en acte de la mondialisation. Je partage cette idée, sauf qu’il n’est pas certain que cette critique soit suffisante pour en finir avec elle. Même si le souhait du plan grand-nombre dans le monde va dans ce sens.

Des imbéciles comme Yuval Noah Harari mondialement célèbre pour le vide sidéral de sa pensée, vient de pondre un pensum dans Le monde daté du 7 avril, intitulé La coopération est le véritable antidote à l’épidémie. Après s’être félicité que la mondialisation ait finalement rendu les épidémies moins mortelles, il est content, ne se rendant même pas compte qu’il compare des périodes foncièrement différentes sur le plan démographique et donc différentes dans la diffusion des pandémies, l’idiot considère que la coopération est nécessaire.
Mais de quoi parle-t-il ?
De quelle coopération parle-t-il ?

Et bien tout simplement d’une gouvernance mondiale, et donc d’un renforcement de la mondialisation dans sa forme bureaucratique à tous les étages de la vie sociale et économique : une bureaucratisation des lois du marché si on veut. Ces thèses d’une banalité affligeante qui ressortent du catéchisme mondialiste, sont évidemment démenties dans les faits par les pays asiatiques qui ont le mieux géré la crise, partant de leur propre réalité nationale et sans attendre les indications de l’OMS ou d’autres boutiques de ce style.

L’intérêt de ce genre d’écrit, est totalement nul, mais il a pourtant un sens, celui de nous indiquer clairement que le libéralisme n’a aucune intention de céder la place à des formes plus humaines d’organisation sociale et économique et qu’au contraire il va chercher à se renforcer par la répression s’il le faut.

Les textes en gras sont de la rédaction de l’ANC ;NDLR)


Voir en ligne : http://in-girum-imus.blogg.org/trum...

   

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