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Extrêmes Droites et cauchemar de Noël

vendredi 29 décembre 2017

Par Francis Arzalier de l’ANC

Au printemps 2017, nos princes des médias fabricants d’opinion ne cessaient de prêcher la dangerosité du FN : il fallait selon eux élire Macron President pour éviter l’enfer de Marine Le Pen.

Aujourd’hui que c’est fait, à la grande satisfaction du CAC 40, les mêmes nous serinent qu’il n’y a plus de danger d’extrême droite en France, le FN étant selon eux en pleine déconfiture dans un pays enfin En Marche vers son avenir.

La réalité est toute autre. Certes le FN se recompose, avec l’éviction du " Gaulliste " anti-UE et anti-Euro Phillipot, mais c’est surtout une façon de gommer les aspects "de gauche" de son programme à la présidentielle, qui lui acquirent quelques voix, mais déplaisaient fort au grand Patronat, très entiché de l’Europe mondialiste et du "Grand Marché capitaliste". Jamais, nulle part, un parti d’extrême droite n’est parvenu au pouvoir seulement par les urnes, sans le soutien actif, en monnaies sonnante et trébuchante des Grands Maîtres de la Banque et de l’Industrie, et certains dirigeants au FN le savent bien.

Les Nazis durent pour l’obtenir en 1933 éliminer leurs bandes SA, coupables aux yeux des Thyssen et autres milliardaires allemands non d’avoir assassine des ouvriers communistes dans les rues, mais de persister à agiter des slogans anticapitalistes. L’éviction des nationalistes genre Phillipot par un FN recentré fera couler moins de sang que la "Nuit des Longs Couteaux", mais il a les mêmes motivations politiciennes. Ce "recentrage idéologique" ne rendit pas la meute hitlerienne moins dangereuse, mais plus efficace, un Front National relooke, voire renommé, susceptible de s’allier à une Droite "Républicaine" convertie à ses "valeurs" autoritaires et xénophobes sous la houlette de Vauquier, peut être tout aussi néfaste que les nostalgies pétainistes de la famille Le Pen.

L’avenir dira ce qu’il advient de cette recomposition des Droites et Extrêmes Droites françaises. En tout cas, il serait imprudent de les sous-estimer : elles continuent d’influencer des dizaines de millions de citoyens français, parmi lesquels de trop nombreux salariés, égarés par leurs discours racistes et xénophobes. Ils attribuent ainsi tous les maux qu’ils subissent à des boucs émissaires, immigrés, Arabes, musulmans, etc. Le chômage et l’exploitation, l’insécurité et l’état désastreux des services publics, deviennent à leurs yeux une calamité dont les décideurs économiques et politiques sont absous, quels que soient leurs milliards de profits, et leurs privilèges.

Peu importe finalement l’organisation politicienne qui les porte : les idéologies d’extrême droite ont toutes le même objectif, empêcher la conscience de classe de la masse des exploités, détourner leur colère contre des minorités qui ne sont pas responsables de leur exploitation, Juifs autrefois, basanés aujourd’hui. C’est toujours en 2018 la base du recrutement commun au FN et à la Droite dite classique, " Républicaine ".

Ce thème continu d’être dominant au FN, a tous les niveaux, les exemples locaux abondent.

En grande banlieue parisienne, dans la ville de Taverny dont la mairesse Portelli fut porte-parole du candidat de la Droite Fillon en 2017, l’opposant " bleu marine " au conseil municipal est l’architecte Simonnot, ami déclaré du Père Le Pen, mais dont les divergences affichées avec la fille ne l’empêchent pas de signer " Simonnot.fn " . De sa belle propriété qui domine les hauts de la ville et ses bas quartiers où réussissent à végéter quelques îlots " basanés ", il clame fièrement dans le bulletin municipal :

" christianophobie, ça suffit !

Jour après jour, la déchristianisation de notre pays s’intensifie tandis que son islamisme progresse...Pendant que nos dirigeants tolèrent des prières de rue, laissent ouvertes les mosquées salafistes, financent les constructions de mosquées, généralisent la viande halal, ils ne cessent d’attaquer le Christianisme sans lequel pourtant notre pays n’existerait pas. Certes, la France est laïque, mais la France est chrétienne. Par le baptême de son roi Clovis en 496 la France est même devenue la fille aînée de l’Eglise, et c’est cette chrétienté qui l’a construite et façonnée. A l’approche de la divine fête de Noël, ayons à cœur de défendre nos traditions françaises et chrétiennes, qui sont le cœur et la racine même de notre identité nationale. Alexandre Simonnot ".

Une proclamation digne d’une anthologie des délires xénophobes d’une certaine Extrême Droite française ! Et qui relève de l’intégrisme, cette manipulation politicienne des sentiments religieux, qu’ils soient musulmans ou catholiques. Une "identité française" réduite aux descendants de Clovis et refusée aux petits fils d’Africains morts pour libérer le territoire du nazisme !

A l’autre bout de l’Hexagone, Robert Ménard, le maire " bleu marine" de Béziers, incarne en spécialiste des " coups médiatiques ", une autre sensibilité d’extrême droite, lorgnant vers la Droite classique. Il multiplie les décisions et les campagnes d’affiches provocatrices, au risque de démêlés avec les tribunaux : l’essentiel est de flatter la xénophobie, par exemple en imposant délibérément une crèche au sein de la mairie. La Crèche de Noël n’est pas en soi une atteinte à la laïcité : De nombreux agnostiques français en font une chez eux, qui exprime leurs nostalgies heureuses de l’enfance. Mais l’imposer malgré la loi qui l’interdit dans la " Maison commune", c’est suggérer délibérément que certains Français qui ne se reconnaissent pas dans cette culture catholique, en sont exclus, ou n’y sont qu’invités...il s’agit, bien sûr, tout le monde le sait, de ces musulmans issus de "nos" anciennes colonies, accusés de manger "nos" emplois, "nos" places à l’hôpital, "nos" aides sociales, etc.

Cette vision d’une "identité française" définie par l’exclusion est propagée aussi par Vauquiez, le nouveau responsable des " Républicains ". Il ne cesse de se dire depuis son fief électoral du Puy en Velay, qu’il présente en "cité de pèlerinages", le défenseur attitré des " racines chrétiennes de la France et de l’Europe ". Même allusifs, ces appels répétés à la xénophobie "identitaire" ne sont pas innocents : ils sont le signe d’une possible alliance entre Droites et Extrêmes Droites, sur la base de l’égoïsme nationaliste et de l’idéologie " libérale" de régression sociale et d’inégalités. L’idéologie est identique, seules s’opposent les concurrences pour le leader-ship et les postes.

Il est impossible de prévoir si cette coalition des Droites réussira à s’imposer dans le futur. Pour l’instant, le Capital se satisfait très bien de l’enfumage temporaire réussi par Macron et son équipe, qui rassemblent Gauche, Droite et Centre sous le drapeau de l’ultra-liberalisme et de la manipulation médiatique de l’opinion : dans le récent sondage BVA pour La Tribune, la popularité du Président est repartie à la hausse, et dépasserait en décembre 50/100. En grand ordonnateur de l’anesthésie sociale, Macron a jusqu’à présent bien joué le rôle pour lequel les maîtres du CAC 40 l’avaient choisi et fait élire. C’est pourquoi la mouvance Macronienne est pour l’instant le danger politique essentiel à combattre. Mais nous ne devons en aucun cas sous-estimer la dangerosité des Droites et Extrêmes Droites, de leur discours xénophobe très efficace pour asphyxier les luttes sociales.

D’autant que ce vent de xénophobie parcourt toute l’Europe, d’Est en Ouest, et vient d’amener par exemple l’accession récente de l’Extrême Droite au pouvoir en Autriche, avec la Droite conservatrice. Nos médias ont bien sûr fait mine de s’indigner de cette "atteinte aux valeurs de l’Union Européenne", en oubliant trois réalités essentielles :

  • 1 il y a déjà longtemps que des pays membres de l’UE sont dirigés par des gouvernants d’Extrême Droite, en Pologne, en Hongrie, aux pays baltes, en Ukraine...
  • 2 certains de ces dirigeants sont parvenus au pouvoir grâce à l’UE, et s’y maintiennent malgré quelques discours moralisateurs à Bruxelles grâce à elle, L’Union Européenne, machine de guerre économique et politique au service du Capitalisme mondialisé, a des pratiques souvent contraires aux principes droits-de-l’hommistes qu’elle proclame. Les a t’on entendu protester contre l’emprisonnement actuel des Communistes polonais ?
  • 3 D’autant que l’ouverture délibérée des frontières par une UE férue de "laissez faire" libéral, organisée pour provoquer la baisse des salaires et la hausse du prix des denrées, est le meilleur aliment de la xénophobie..

Dans ces domaines, les droits des travailleurs ne seront défendus que par eux-mêmes, en toute lucidité.

FRANCIS ARZALIER - 25/12/2017

   

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