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Daniel Cohen, Philippe Aghion, Patrick Artus... Emmanuel Macron régale ses économistes préférés à l’Elysée

samedi 16 mai 2020 par Jack Dion

Dix économistes ont été conviés à déjeuner ce 15 mai avec le Président de la République pour évoquer la crise et ses conséquences. Signe commun à ces invités de marque : un attachement indéfectible au néolibéralisme. C’est la garantie d’un repas agréable et d’une digestion facile.

Emmanuel Macron a invité des économistes à déjeuner à l’Élysée sur un thème des plus actuels : « Penser les conséquences économiques et sociales de la crise ». La pertinence du sujet n’échappera à personne, surtout quand on se pique, à l’instar du Président de la République, de vouloir sortir des sentiers battus par l’idéologiquement correct. A ceux qui auraient pu croire à une telle conversion, on suggère de consulter la liste des invités du Château, car elle laisse un brin pantois.

Qui donc est venu phosphorer entre le fromage et le dessert pour préparer le jour d’après ?
Daniel Cohen, professeur, habitué des colonnes de L’Obs et des plateaux télévisés ;
Philippe Aghion, du Cercle des économistes et du carré macronien ;
Patrick Artus, chef économiste chez Natixis et membre du Cercle des économistes ;
Gilbert Cette, l’orthodoxie faite homme ;
Benoît Coeuré, dirigeant du pôle innovation à la Banque des règlements internationaux, ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) ;
Elie Cohen, europhile enthousiaste et médiatique ;
Jean Pisany-Ferry, tête pensante du programme d’Emmanuel Macron pour la présidentielle de 2017, membre du Cercle des économistes ;
Philippe Martin, président délégué du Conseil d’analyse économique qui conseille Édouard Philippe ; Jean-Luc Tavernier, directeur de l’Institut National de la Statistique ;
et enfin Laurence Boone, seule femme invitée, ancienne conseillère de François Hollande à l’Élysée, chef économiste à l’OCDE, membre du Cercle des économistes.
Fin de la blague.

Entre-soi élitiste

Au seul énoncé d’un tel panel, on hésite entre l’éclat de rire et le coup de gueule. Il est difficile de faire plus monocolore que cet aéropage de macroniens enthousiastes ou réservés, fans d’un néocapitalisme à peine modéré et adeptes de l’entre-soi élitiste.

Certes, ce ne sont pas des clones. Il y a des partisans avoués du modèle anglo-saxon et des accros honteux d’une social-démocratie qui ne sait plus où elle habite. Leurs points de vue sont respectables. Ils ne sont pas toujours d’accord sur tout. Certains d’entre eux osent parfois se distinguer (mais pas trop). Mais il est significatif de n’inviter qu’eux, comme si toute voix dissonante était forcément dissidente et qu’il fallait l’exclure d’office de ce cercle de la raison.

Ceux qui se sont trompés à peu près SUR tout

Cette bande des dix est demeurée inerte face aux dérives du néolibéralisme. A de rares nuances près, ils ont jugé la mondialisation inéluctable, salué le libre-échangisme ravageur, encouragé la circulation des capitaux, salué les traités européens qui ont coulé dans le marbre une orthodoxie volant aujourd’hui en éclat, encouragé le dumping social, fustigé le « coût du travail », dénié tout besoin de protectionnisme et de gestes barrières pour se protéger de la finance, dénoncé l’archaïsme de la nationalisation, tiré à boulets rouges sur l’État, et méprisé ceux qui osent contester leur Bible.

Bref, ils se sont trompés à peu près sur tout, ce qui leur permet d’avoir leur rond de serviette dans les aréopages de la Nomenklatura qui fait la pluie et le beau temps (surtout la pluie). Aujourd’hui, on leur déroule le tapis rouge à l’Élysée pour leur demander conseil, en prenant bien soin de ne pas glisser un intrus parmi eux, qu’il s’agisse d’un économiste atterré, d’un membre d’Attac ou d’une quelconque ONG, voire d’un représentant du monde syndical, où l’on trouve aussi des personnes ayant qualité pour émettre un avis sur la crise et les moyens d’en sortir. Même la CFDT de Laurent Berger, pourtant si complaisante, n’a pas eu droit à un strapontin en reconnaissance des services rendus à la macronie, cette caste qui n’a même pas le sens des bonnes manières.

Pas de prise de bec

Non, pour être invité à l’Élysée, il faut forcément être un inconditionnel de la chronique matinale de Dominique Seux sur France-Inter, qui doit faire se retourner feu Bernard Marris dans sa tombe. C’est un peu comme si on réunissait des climatosceptiques pour envisager les conséquences du productivisme aveugle, des pyromanes pour assurer la formation des pompiers, ou des rebouteux pour soigner les malades du coronavirus.

L’avantage d’une telle option, c’est qu’elle assure la quiétude d’un repas. Nul risque de prise de bec, d’apostrophe inconsidérée ou de polémique échevelée. Vu qu’il n’y a aucune distanciation idéologique entre les membres de cette belle équipe, on peut mettre bas les masques et jouer cartes sur tables, sans risque d’être mis en quarantaine. Voilà qui garantit une digestion aisée. Merci pour eux.


Voir en ligne : https://www.marianne.net/debattons/...

   

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