Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Voir aussi > Rues, monuments et crimes coloniaux à Marseille

Rues, monuments et crimes coloniaux à Marseille

samedi 20 juin 2020 par Alain Castan

Dans le monde, dans chaque ville marquée par des symboles du racisme et du colonialisme on déboulonne les statues et on débaptise les rues. Marseille est une ville coloniale qui regorge de tels symboles. Ville coloniale déchue, dirigée depuis longtemps par une bourgeoisie mercantile, affairiste, mafieuse, imprévoyante et irresponsable. Elle en porte toujours les stigmates : monuments, noms de rue, parcs, façades d’immeubles, de compagnies maritimes, de banques coloniales… qui témoignent des « splendeurs » passées de l’empire colonial mais aussi plus directement des crimes coloniaux.

En l’honneur des "héros" de la conquête sanglante de l’Algérie

Il y a à Marseille des enfants et leurs parents, des enseignants et du personnel des écoles, qui vont chaque jour à l’École Bugeaud, située dans le 3ème arrondissement, au fond de la rue... Bugeaud, à côté de la caserne du Muy. Sans que cela semble-t-il ne suscite la moindre protestation.

Bugeaud écrivait le 18 janvier 1843 au général de la Moricière : « Plus d’indulgence, plus de crédulité dans les promesses. Dévastations, poursuite acharnée jusqu’à ce qu’on me livre les arsenaux, les chevaux et même quelques otages de marque... Les otages sont un moyen de plus, nous l’emploierons, mais je compte avant tout sur la guerre active et la destruction des récoltes et des vergers... Nous attaquerons aussi souvent que nous le pourrons pour empêcher Abd el Kader de faire des progrès et ruiner quelques unes des tribus les plus hostiles ou les plus félonnes. »

Le 24 janvier il écrit au même : « J’espère qu’après votre heureuse razzia le temps, quoique souvent mauvais, vous aura permis de pousser en avant et de tomber sur ces populations que vous avez si souvent mis en fuite et que vous finirez par détruire, sinon par la force du moins par la famine et les autres misères. » Bugeaud déclare dans un discours à la Chambre le 24 janvier 1845 : « J’entrerai dans vos montagnes ; je brûlerai vos villages et vos moissons ; je couperai vos arbres fruitiers, et alors ne vous en prenez qu’à vous seuls. »


Tout à côté se trouve la rue Cavaignac qui utilisa pour la première fois le 11 juin 1844 la pratique des enfumades. Plusieurs centaines de Sbéhas, sont ainsi asphyxiés dans les grottes où ils se sont réfugiés. Bugeaud, admiratif déclare alors « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Enfumez-les à outrance comme des renards. » . Ce qui fut fait le 18 juin 1845 dans les grottes du Dahra où fut exterminée toute une tribu, hommes, femmes et enfants, entre 700 et 1200 personnes selon les estimations.

Citons également le Monument des « Mobiles, en haut de la Canebière sur lequel se trouve une inscription, plutôt inattendue en ce lieu, peu remarquée et peu connue des générations de militants qui se rassemblent, ici, au départ des manifestations. Ce monument est destiné, en effet, à commémorer la mémoire des habitants des Bouches-du-Rhône enrôlés et morts dans la guerre de 1870-71. On pourrait croire, donc, qu’il s’agit uniquement de la guerre contre les Prussiens.

Sur l’une de ses faces est rendu hommage au 45ème régiment de marche formé par les gardes mobiles des Bouches-du-Rhône chargé de réprimer, en 1871, « l’insurrection arabe de la province de Constantine », c’est à dire la grande révolte populaire partie de Kabylie dont le cheik El Mokrani avait pris la tête.

Cette répression fit plusieurs dizaines de milliers de victimes, des centaines de Kabyles furent déportés à Cayenne et en Nouvelle-Calédonie, des villages entiers furent brulés et rasés, 450 000 hectares de terres furent confisquées et distribuées à de nouveaux colons.

Après la seconde guerre mondiale, un certain nombre de plaques furent rajoutées sur le monument pour rendre hommage à la contribution de certaines communautés à la libération de Marseille (Grecs, Arméniens, Juifs combattants de la Résistance).
Dans les années 1960 et 70 enfin ce fut le tour de plaques à la mémoire des victimes civiles européennes et des harkis morts pendant la guerre, aux soldats morts en Afrique du Nord entre 1952 et 1962, aux soldats du corps expéditionnaire français en Indochine.

Vous n’y trouverez pas mention de la contribution des régiments de Tirailleurs algériens et de Tabors marocains qui, aux côtés des combattants de la Résistance ont libéré Marseille, déboulant du boulevard de la Libération (alors boulevard de la Madeleine), juste derrière le monument. Plusieurs centaines de soldats marocains, algériens et tunisiens ont pourtant perdu la vie ou ont été blessés dans ces combats.

On pourrait parler encore de la rue d’Isly

La bataille d’Isly du 14 août 1844, près d’Isly à la frontière algéro-marocaine, est le dernier affrontement de l’expédition de la France contre l’armée marocaine. Le Maroc déclara la guerre à la France pour empêcher que la France ne colonise l’Algérie en dépit du traité de la Tafna - et se solde par une victoire de l’armée française commandée par le maréchal Bugeaud.
Et puis :

La fusillade de la rue d’Isly, appelée aussi le massacre de la rue d’Isly (aujourd’hui rue Larbi Ben M’Hidi), a eu lieu le 26 mars 1962 devant la Grande Poste de la rue d’Isly (dont le nom commémore la bataille homonyme) à Alger.

Ou de la rue Mazagran : Mazagran est une ville de l’ouest de l’Algérie, près de Mostaganem.Elle est surtout connue pour le combat qui s’y déroula, la bataille de Mazagran, lors de la conquête de l’Algérie, qui eut lieu en février 1840.

Et bien d’autres encore, il y aurait de quoi fournir un bel annuaire colonial.

Les expositions coloniales de 1906 et 1922 : Parc Chanot et l’Escalier monumental de la Gare Saint Charles


Parc Chanot où se déroulèrent les deux expositions coloniales (1906 et 1922) et de l’escalier monumental de la Gare St Charles prévu pour l’exposition de 1922 mais inauguré seulement en... 1925 avec ses bas reliefs ouvertement colonialistes et racistes.

Les colonies d’Afrique, vue de face

Les colonies d’Afrique, vue de dos

Les colonies d’Asie

Les photographies sont d’Alain Castan


Voir en ligne : http://www.courtechel-transit.org/2...

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?