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L’âge de l’informatique ?

samedi 15 août 2020 par Francis Arzalier (ANC)

Les historiens ont eu longtemps coutume de nommer les périodes successives du parcours des sociétés humaines en fonction des outils utilisés. La raison en est simple, on a cru longtemps que seuls les humains étaient capables d’en fabriquer, et pas les animaux, ce que les biologistes contemporains savent faux.
Peu importe, on continue souvent dans nos petites écoles de décrire la Préhistoire comme la succession de l’âge de pierre taillée, suivie de l’âge de pierre polie, puis de l’âge de bronze, elle-même suivie de l’âge de fer...un découpage chronologique simpliste qu’on retrouve à l’époque contemporaine, puisque la Révolution industrielle du XIXeme siècle est souvent qualifiée d’âge de la machine à vapeur. Des définitions sommaires qui ignorent le contexte économique, social, politique et géo-politique qui les accompagnait en France : le Capitalisme, les luttes de classes entre bourgeoisie et prolétariat, la République parlementaire, l’Impérialisme colonial, etc…

Réduisant l’histoire à la mutation des techniques, la plupart de nos communicants actuels affirment que la société Française de ce nouveau XXIeme siècle est l’âge de l’informatique, et un examen superficiel semble leur donner raison, puisque tous les mois apparaît une grande et bouleversante nouveauté technologique (fibre, 5G, etc…), que les pékins moyens que nous sommes (consommateurs plutôt que citoyens) sont sommés de mettre en place, sous peine de passer pour d’obtus passéistes, et surtout de se retrouver avec un appareil qui ne marche plus.

Ainsi s’est mis en place, et les contraintes sanitaires de 2020 ont fort accéléré cette dérive, un monde qui devient peu à peu invivable pour la majorité des Français : administrations et Entreprises privées qu’on ne peut contacter que par un répondeur ou un message anonyme et bien souvent obscur ; des machines que la plupart des utilisateurs maîtrisent d’autant moins que les modes d’emploi sont généralement incompréhensibles, issues de traductions malhabiles.

Confrontés à ces situations dont le ridicule le dispute à l’absurde, nombreux sont parmi nous qui multiplient les colères impuissantes, contre cette technologie qui transforme la vie quotidienne en épreuves, réduit chaque jour un peu plus nos libertés d’agir et de penser. Dernier exemple en date de ces obligations, la directive européenne qui oblige tout client d’une banque à faire usage simultané d’Internet et d’un téléphone portable pour pouvoir consulter son compte bancaire. En oubliant à l’occasion que des pans entiers du territoire national ne disposent pas de couverture informatique, ni de réseau pour les téléphones portables !

Et certes les Français n’ont pas tort, de rechigner à cette vie absurde, ou le moindre geste quotidien doit être " connecté ", déshumanisé, surveillé. Mais sa colère est impuissante, improductive, si elle s’en prend aux machines toujours plus sophistiquées qui nous pourrissent l’existence au lieu de l’améliorer, et non à ceux qui les multiplient et les mettent en place à leur profit, décideurs de l’état libéral, maîtres de l’économie capitaliste, technocrates et communicants à leur service.

Car derrière chaque nouveauté technologique mise en service, se cache un ou des décideurs, et ses ou leurs intérêts matériels ou idéologiques.

Les exemples le démontrant fourmillent :
-  Quand les administrations ou les entreprises commerciales remplacent les préposés par des répondeurs anonymes ou des calculatrices que le client doit manipuler lui-même, la décision ne relève pas de la fatalité technologique, mais de la volonté d’accroître les bénéfices en supprimant des emplois.
-  Quand les services d’État ou les entreprises privées incitent les clients potentiels à adopter la Fibre ou la 5G, quitte à devoir changer d’ordinateur, quand les téléviseurs performants nécessitent pour fonctionner un décodeur qui exige un changement régulier de carte-puce, c’est une "logique d’entreprise" qui en est cause, la logique du capital qui n’est investi que pour produire le plus de profit possible.

Les découvertes technologiques ne sont pas en cause, nous en connaissons tous qui ont été à l’origine de progrès sociaux, ne serait-ce que dans nos cuisines ou nos buanderies. Mais l’usage qu’en font les capitalistes ou les gouvernants libéraux qu’ils inspirent, aboutit toujours, si les citoyens ne s’y opposent pas, aux reculs sociaux, à renforcer l’exploitation et la répression politique.

C’est bien ce qui se passe en France en ce début de XXI ieme siècle, dans le contexte de la contre-révolution libérale, qui submerge les mentalités françaises, depuis 20 ou 30 ans. Car le plus ennuyeux n’est pas que le Capital et ses fidèles utilisent les progrès technologiques à leur profit, cela relève de leur logique naturelle. Plus grave est qu’ils ont réussi grâce aux médias et à l’école, a imprégner une masse de gens de l’absurde croyance que tout changement technologique est un progrès en général. Comme si la découverte de la radioactivité n’avait pas à la fois permis l’électricité nucléaire et la bombe atomique !

Nous devons combattre sans états d’âmes cette nouvelle "religion technologique" pour ce qu’elle est, un des dogmes essentiels de la vulgate libérale, qui, sous son verbiage "moderniste", "jeune", "à la mode", est une nouvelle version des antiques conservatismes politiques et sociaux.

   

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