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Cuba : Pour plus de socialisme contre le coup d’État en douceur

jeudi 10 décembre 2020 par Karima Oliva Bello

Ce ne sont pas des jeunes porteurs d’un projet de société meilleure, qu’ils ont eux-mêmes conçu avant de le mener à bien. Ils n’ont aucune orientation politique digne de ce nom ; ce ne sont que des instruments du programme à travers lequel les États-Unis prétendent détruire la Révolution. Ils n’ont même pas fait de véritable grève de la faim : ce n’était pas nécessaire pour le show politique.
Que s’est-il donc passé là-bas ? La farce de San Isidro, de très mauvaise facture, a été la tentative des États-Unis d’amorcer un coup d’État en douceur à Cuba. Impossible de voir les choses autrement.

Je sais que tous ceux qui demandent aujourd’hui un dialogue à la suite des événements qui ont eu lieu ne sont pas payés par les États-Unis. À ce stade, se mêlent des demandes de diverses natures. Il est clair qu’à Cuba nous ne pensons pas tous de la même façon. Je suis persuadée que les institutions et les organisations doivent être revitalisées en tant qu’espaces de dialogue et de participation politique effective, ce n’est pas la première fois que je le dis.

Ils doivent accueillir un débat systématique sur la réalité cubaine contemporaine – qui est difficile – avec un sens critique. Nous voyons déjà comment l’on tire parti des déficiences et des formalismes. C’est sûr, nous devons avoir des échanges, nous devons communiquer plus et mieux.

Mais cela ne doit pas nous amener à soutenir sans discernement un coup d’État contre la Révolution. Nous devons avoir ce dialogue dans un autre cadre, dans d’autres conditions. Ce scénario-là, nous ne devrions pas le cautionner, aussi bonnes que soient nos intentions.

Si nous souhaitons un horizon meilleur pour notre pays, ce n’est pas en nous associant à cette action menée dans le quartier San Isidro que nous y parviendrons. N’attendons pas un pays plus prospère, plus équitable, plus démocratique et plus juste à partir de la déstabilisation que le groupe de San Isidro a voulu provoquer. L’Histoire montre que le seul objectif d’actions de ce type est d’instaurer un régime conforme aux intérêts du capitalisme étasunien, et les intérêts du capitalisme étasunien sont ceux de l’exploitation et de la spoliation.

Si le conflit s’intensifiait, et que venait à triompher un programme putschiste, les conquêtes sociales dont nous jouissons aujourd’hui seraient balayées pour mettre en route la privatisation, sans scrupules, de tout ce qui pourrait être privatisé, y compris l’éducation et la santé. Les conditions d’emploi de la majorité seraient d’une précarité désastreuse.

Le trafic de drogue, et tout ce qui offre des possibilités de profit aux élites économiques qui s’imposeront au pouvoir, se développeront de manière exponentielle et les conditions de sécurité que l’on connaît aujourd’hui disparaîtront.

Un secteur de la population accroîtra ses revenus et améliorera ses conditions de vie, c’est bien cela qui va produire, mais au prix de la pauvreté de la grande majorité. La plupart des petites affaires privées seront balayées par les grandes sociétés transnationales. Les secteurs qui se trouvent actuellement dans des conditions défavorables verront une aggravation extrême de leurs conditions systémiques de vulnérabilité.

Nous pouvons dire cela parce que c’est ce qui s’est passé après la chute du camp socialiste en Europe de l’Est, même si toute la propagande occidentale s’est efforcée d’omettre ces « détails ». Nous pouvons dire cela parce que c’est la nature du capitalisme dans toute la région, même si la propagande ne cherche qu’à nous vendre l’idée que le capitalisme est une comédie hollywoodienne.

Le discours sur davantage de démocratie, de dialogue, de société plus ouverte, sans l’engagement explicite de défendre la continuité du socialisme, même si nous avons peine à le croire, vend une idée de progrès et de bien-être totalement incompatible avec le capitalisme servile qui fait partie du changement de régime qu’ils sont en train de concocter.

Ceux qui ont soutenu le mouvement de San Isidro se joignent, intentionnellement ou non, qu’ils le veuillent ou non, à la fabrication d’une explosion sociale contre le gouvernement socialiste de Cuba.

C’est pour cette raison qu’il est important de savoir discerner ce que l’on veut vraiment, et de se démarquer : toutes les voix ne s’élèvent pas pour la même chose. S’il en est certains qui souhaitent un dialogue, mais pas nécessairement la chute du système, s’il n’y a pas d’identification avec le mouvement autoproclamé, il est important de le légitimer et de marquer la différence, afin que leur protestation ne soit pas capitalisée par ceux qui veulent faire feu de tout bois, dans un moment aussi sensible que celui que nous vivons.

Un groupe de médias numériques qui a émergé durant le gouvernement d’Obama, qui a investi dans la construction d’une contre-révolution d’un nouveau genre, met en place des matrices d’opinion pour détruire la Révolution, et préparer les conditions subjectives pour le changement du système politique sur l’Île.

Il est faux de croire que le capitalisme garantira de meilleures conditions de démocratie et d’équité que le socialisme. C’est une illusion, il suffit de regarder le monde pour s’en rendre compte.

Notre socialisme a d’importantes questions à résoudre, dans des conditions très défavorables, en raison d’un blocus imposé par les véritables patrons du groupuscule de San Isidro : la durabilité économique, et en même temps, gagner la bataille contre les inégalités sociales, en approfondissant l’équité et en améliorant les conditions de vie des secteurs les plus vulnérables et de tous les Cubains. Mais avancer dans cette direction, à l’unisson, dans les deux sens, est impensable dans le capitalisme.

Nous devons, entre nous tous, faire un meilleur socialisme, ne pas abandonner la voie de sa construction. Nous ne pouvons pas capituler face à ceux qui, de la manière la plus malhonnête possible, ont vendu l’avenir de la nation.

Il est vrai que le blocus est un fardeau trop hostile, qui épuise, et nous pourrions même nous lasser de le mentionner, mais son existence est extrêmement injuste et cela prouve à quel point nous avons été proches de la construction d’une alternative à ce monde inégal et ultra-hégémonique, dans lequel la majorité de la population meurt sans jouir des droits dont nous avons tous bénéficié, pour le simple fait d’être nés dans un système socialiste.

Ne faisons pas comme si ces droits étaient évidents : ce furent des conquêtes de la Révolution. La Révolution cubaine a placé la dignité de la vie au cœur du système politique de la nation, et c’est cela qui est en jeu aujourd’hui. Nous devons refonder le pacte collectif pour la défense du socialisme.

Quant à ceux qui souhaitent un retour à un système qui signifierait la précarité la plus brutale en matière de droits et de conditions de vie pour la majorité des Cubains, peu importe leurs beaux et grands discours sur la démocratie et les libertés, nous devons les prendre pour ce qu’ils ne sont pas. Ils sont faux !

Considérons que c’est le même discours avec lequel ceux qui le financent ont envahi le monde entier, en en faisant un espace plus misérable, seulement à des fins de profit. Les bombes ne sont pas tombées au nom de l’oppression, mais précisément au nom de la démocratie et de la liberté.

Demandons-nous s’ils représentent vraiment nos intérêts. Je crois qu’il n’y a rien de plus légitime que de souhaiter que la société change pour le mieux, mais sans sacrifier les réussites concrètes déjà garanties par le socialisme. Et nous avons le droit de défendre ce désir, nous tous qui voulons le défendre face aux menaces qui surgiraient en cours de route.

Ne méconnaissons pas l’Histoire. Cette heure est une heure de définitions. Ne nous laissons pas arracher cette Révolution ! N’abandonnons pas cette Révolution, mise entre nos mains par des femmes et des hommes d’une telle stature morale face au scénario corrompu et si souvent répété d’un coup d’État en douceur !

Certains que nous apprécions beaucoup se tromperont et soutiendront le dénommé mouvement San Isidro, en pensant que c’est la voie légitime pour le dialogue. Nous, nous ne pouvons pas nous tromper. Le dialogue est nécessaire ; la voie est erronée. Nous ne négocions pas le socialisme ; l’abandon de la Révolution, nous ne le négocions pas, sinon nous entrerions dans l’une des pages les plus tristes de notre Histoire du fait de ce qui viendrait ensuite.

Ni silencieux, ni léthargiques, ni confus, ni fermés au dialogue entre nous, sans aucun mercenariat.

Nous ne voulons ni coup d’État en douceur à Cuba ni doctrine de choc pour nous. Nous ne voulons pas redevenir l’arrière-cour des États-Unis.

Dignité ! Souveraineté ! Socialisme !
Le temps est venu pour nous de reprendre entre nos mains le cours de l’Histoire !

source : http://fr.granma.cu/cuba/2020-12-09/pour-plus-de-socialisme-contre-le-coup-detat-en-douceur


Voir en ligne : http://mouvementcommuniste.over-blo...


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.

   

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