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Ce que l’OLP doit vraiment changer

vendredi 2 février 2018

Un point de vue palestinien par Hani Al-Masri dans Orient XXI.

Plus d’un mois après la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël par le président Donald Trump, la réunion du Conseil central de l’OLP, si elle a permis d’exprimer la colère palestinienne, n’a pas débouché sur un changement de politique. Or, il s’agit désormais d’abandonner les anciennes stratégies de négociation pour une nouvelle voie, fondée sur le rassemblement démocratique et sans exclusive de toutes les tendances politiques et sociales palestiniennes au sein d’une OLP à reconstruire.

Le Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) s’est tenu près de quarante jours après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’entamer le processus de transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers la ville sainte. ll est allé jusqu’au refus de recevoir le vice-président américain Mike Pence lors de sa visite dans la région et de voir l’administration américaine continuer de jouer le rôle de parrain et d’intermédiaire dans le processus politique.

Malgré tout, les signes ne manquent pas pour montrer qu’il n’existe pas de réelle intention d’imprimer un nouveau cours à la politique palestinienne et qu’on persiste à miser sur la possibilité d’améliorer les anciennes conditions. On peut citer à cet effet l’absence d’un appel à réunion immédiate du Conseil central après la décision de Trump, et le fait que le comité exécutif de l’OLP ne se soit réuni qu’à la veille de la tenue du Conseil central. En outre, la structure dirigeante provisoire de l’OLP, formée après « l’accord du Caire » de 2011 n’a pas non plus été convoquée. Or, elle est censée assumer la direction de l’OLP durant une phase transitoire se terminant par la tenue d’un Conseil national palestinien (CNP) d’unification. Cette structure intègre le comité exécutif de l’OLP, les secrétaires généraux des partis et des factions, parties prenantes ou non au sein de l’OLP, y compris le Fatah, Hamas, le président du Conseil national palestinien (CNP) et des personnalités indépendantes.

Par ailleurs, le Conseil central ne s’est pas tenu hors de Palestine : ni au Liban — où le président du Parlement libanais avait pourtant affiché sa disponibilité — ni au Caire. La réunion qui s’est déroulée à Ramallah n’a pas été connectée avec Gaza et Beyrouth pour permettre la participation des membres du Conseil central interdits d’entrée par les autorités d’occupation. Et il ne s’agit pas seulement des dirigeants des factions intégrées à l’OLP comme Nayef Hawathmeh, le secrétaire général du Front populaire de la libération de Palestine (FPLP) et Ahmed Jibril, secrétaire général du FPLP-CG (FPLP-commandement général). Il y a également Ramadhan Challah, secrétaire général du Djihad islamique et Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas.

« La gifle du siècle »

Ces faits sont révélateurs. La direction palestinienne, et à sa tête le président Mahmoud Abbas, en dépit de sa colère contre la décision américaine, de sa conviction de plus en plus grande que le présumé « processus de paix » est une impasse, que le « deal du siècle » n’est que la « gifle du siècle » (que nous « n’accepterons pas », a insisté Mahmoud Abbas dans son discours à l’ouverture du Conseil central) n’est pas prête à emprunter une autre voie. Sa lecture de la situation locale, arabe, régionale et internationale est erronée. Elle ne parie pas sur le peuple palestinien, sur son attachement à poursuivre la lutte pour ses droits et pour réaliser ses objectifs. Elle ne compte pas sur le large rejet arabe et international de la décision américaine. Les États-Unis se sont retrouvés isolés au Conseil de sécurité comme à l’Assemblée générale des Nations unies. Ils ont suscité un rejet de la part de la Ligue arabe, de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et aussi de l’opinion publique dans le monde.

La direction palestinienne occulte toutes ces prises de position — tout en s’en félicitant par ailleurs matin et soir — et ne cherche pas à construire dessus. Elle ne croit pas à la possibilité de construire une alternative au processus de solution négociée. Sa position s’est ainsi limitée au rejet du parrainage américain des négociations. Elle reste attachée à l’ancien processus tout en réclamant la fin du monopole américain. Elle a tout juste exprimé sa « préférence » que le processus reprenne à travers une conférence internationale et dans un cadre multilatéral sur le modèle des « 5 +1 » qui a abouti à l’accord sur le programme nucléaire iranien.

Le fait qu’Abbas ait laissé la porte entrouverte à la reprise du même processus est conforté par d’autres signes. La direction palestinienne s’est ainsi abstenue d’accorder la priorité à la réalisation de l’unité palestinienne sur une base de lutte, alors que cela apparaît comme une réponse efficace aux dangers inhérents à la mise en œuvre des derniers plans américano-israéliens qui visaient à liquider la cause palestinienne.

Signe également qu’aucune nouvelle voie n’est prise, le consul général américain a été invité à assister à l’ouverture de la réunion du Conseil central. Les liens avec les Américains sont loin d’être rompus, ainsi que le montre le retour du représentant de l’OLP à Washington, au motif qu’il allait s’occuper des relations avec des forces et des mouvements associatifs américains non gouvernementaux.

La suite de l’article Ici.

Hani Al-Masri : Directeur de Masarat, le Centre palestinien pour la recherche sur les politiques et les études stratégiques.

Légende de la photo :

7 décembre 2017. Manifestation de colère à Ramallah après la déclaration de Donald Trump sur Jérusalem. (stopthewall.org)

   

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