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Voter aux élections de juin 2021 ! Mais pour qui ?

lundi 7 juin 2021 par Francis Arzalier (ANC)

(Contribution personnelle).
Les 20 et 27 juin ont lieu dans toute la France les élections régionales et départementales, qu’on disait autrefois cantonales, permettant de renouveler les Assemblées départementales, et les Assemblées régionales. Elles se déroulent dans des conditions inédites, aggravées par les deux "Années Covid."

Dérives droitières

L’océan de discrédit et de désaffection du système électoral menace de tout engloutir, soit dans l’abstention qui est une façon de laisser décider les gouvernants à notre place, soit dans la haine xénophobe et la panique sécuritaire, portées par l’extrême-Droite et ses imitateurs-concurrents, de Macron à Darmanin, de Zemmour à Bertrand.

Faut-t-il le rappeler ? Les sondages pré-électorauxles plus récents annoncent des scores nationaux infimes pour la Gauche qui se veut anti-capitaliste (Mélenchon-FI peinant à dépasser 10/100 , Roussel du PCF 2/100 !).

Certes, ce sont des chiffres nationaux, qui seront largement contredits dans des scrutins locaux, dans lesquels la popularité des élus sortants joue différemment. Il n’en reste pas moins que ce sont les signes inquiétants du glissement vers les options de toutes les Droites de l’opinion française, puisque chacun des candidats, Macron et Marine Le Pen dépassent largement 25/100 chacun, et leur outsider de l’UMP Bertrand les suit de peu, ce qui fait un total largement majoritaire pour les soutiens du Capital, auxquels on peut ajouter les prétendants de la Gauche libérale et impérialiste, PS et Verts !

En fin de siècle dernier, Mitterrand et Jospin avaient réussi à discréditer le PCF, avec la collaboration naïve de la plupart de ses dirigeants, Hollande a poursuivi la mise à mort et détruit ce faisant le PS. Et Macron est venu parachever ce champ de ruines des partis, qui servaient depuis 150 ans d’ossature démocratique à la République Française.

Le seul parti que ces irresponsables, de Mitterrand il y a 40 ans à Macron aujourd’hui, ont choyé pour s’en faire un piédestal électoral, est le FN ou RN, au point de l’amener en 2021 aux portes du pouvoir d’État. La bourgeoisie française, en cela, a suivi l’exemple de son modèle Étatsunien : les USA ont cultivé dès 1980 le djihadisme comme arme de combat contre les Communistes Afghans et l’URSS, et l’ont rendu suffisamment puissant pour qu’en 2001 Il détruise les tours de Manhattan, et essaime au Moyen Orient sous le nom de DAECH.

Les bourgeoisies dirigeantes, en France, aux USA et partout ailleurs et en tout temps, n’ont jamais hésité à jouer avec l’extrême droite, la portant au pouvoir quand elles le jugent nécessaire, ou à se servir d’elle pour effrayer (voir Macron), tout en reprenant à l’occasion son argumentation xénophobe (le même Macron).

À l’issue de ce demi-siècle de collusion des Libéraux avec les fascistes français, le bilan est en tout cas dramatique. Les organismes de sondage annoncent tous la présence de Marine Le Pen au second tour des Présidentielles, et un résultat final serré. Mais le plus grave est la progression annoncée de l’influence du RN parmi l’électorat ouvrier français (chiffres de la Fondation Jean Jaurès, d’inspiration Socialiste) : 17% d’intentions de votes FN parmi les ouvriers en 1987, devenus 21% en 95, 23% en 2000, et fléchissant à 16% en 2007.
Et une forte croissance ensuite, 33% en 2012, et 43%en 2017 !
Même si ces chiffres sont discutables, la tendance depuis 2007 ne peut que nous inquiéter.

Nous n’avons pas le droit de laisser s’aggraver cette course à l’abîme, qui amène les mécontentements justifiés de tous ceux qui n’ont que leur travail pour vivre à l’impuissance, et notre Nation à une dérive idéologique de plus en plus fascisante, autoritaire, donc destructrice des acquis sociaux et des libertés publiques et individuelles.

Réaffirmons d’abord que le suffrage universel fut une de ces conquêtes, et que nous déplorons qu’il soit de plus en plus travesti, et truqué.

Nous voulons lors des prochains scrutins, régionales et départementales, parce qu’ils vont déterminer l’avenir de la France et de ses citoyens, exercer notre droit et voter.
Mais nous ne tomberons pas dans le piège habituellement tendu par nos communicants de la vérité officielle, en participant au petit jeu pipé, qui consiste à débattre des qualités et des défauts de tel ou tel candidat déclaré, médiatisé ou pas.

X ou Y, PCF ou FI, PS ou Verts, en Marche, UMP ou RN : le candidat finalement importe peu, seul son programme entraînera notre adhésion le jour du vote, ou nous amènera à n’en choisir aucun.

Quelques critères de choix rationnels.

1 / Éliminer les tenants et complices du pouvoir macronien.

La France d’aujourd’hui, va sortir de "l’année du Covid" plus dévastée que jamais par les choix ultra-libéraux de ceux qui nous gouvernent : chômage croissant, destruction des libertés et des services publics, des conquêtes sociales, au profit des actionnaires du privé et de la bourgeoisie possédante. Il est donc hors de questions de favoriser par notre vote la réélection des partisans de Macron et de ses alliés-concurrents, LREM et Droites diverses, qui partagent les mêmes croyances libérales, et ne s’opposent que pour les strapontins du Pouvoir local et régional.

Ils sont tous complices de la politique inspirée de l’Union Européenne, qui réduit drastiquement les financements d’État aux collectivités locales, et menace l’existence même des assemblées élues départementales et communales, au profit de décideurs technocrates de grandes Régions et Métropoles Urbaines.

2 / Interdire au RN d’accéder aux commandes locales et régionales.

Aucune complaisance pour l’Extrême-Droite, qui incarne tout ce que nous avons combattu, l’héritier direct du Pétainisme et de l’OAS. Les hommes de Macron continuent à les utiliser, comme Ils l’ont fait en 2017 pour rassembler les électeurs apeurés.

Le RN est un danger réel, sauf qu’ils oublient de préciser que c’est leur politique qui l’a amené à ce niveau dans les sondages !

Il serait donc infantile de compter sur un vote Macron pour combattre le RN, ou criminel de lui préférer un bulletin Le Pen, encore teint du sang des victimes des Fascismes, pour combattre Macron. Il ne saurait être question pour nous d’imiter notre Président, en reprenant à notre compte les discours sécuritaires ou xénophobes du RN, sous prétexte de "reconquérir le vote ouvrier". Nous devons, plus que jamais, le dénoncer, tout faire pour convaincre les salariés dupés de ses mensonges racistes, anti-musulmans, anti-immigrés, anti-quartiers populaires.

3 / Le retour de " l’union des gauches " n’est pas la solution.

Nous sortons d’une période de trente ans qui a laissé les forces anti-capitalistes en lambeaux,
Parce-qu’elle a sous le vocable d’union de la gauche, par électoralisme et goût du pouvoir, national ou local, trahi tous ses engagements et les revendications des prolétaires, non possesseurs du capital.
Il sera donc hors de question pour nous de voter pour une coalition électoraliste de ce genre, marchepied sans principes vers des sièges au sein des Assemblées Départementales ou Régionales. Constatons d’emblée que ces coalitions contre-nature sont présentes dans bien des Régions, incluant des partis (Socialiste ou Verts) convertis aux dogmes du Libéralisme et aux vertus de l’Impérialisme. Il serait irrationnel de voter pour le retour à un passé néfaste.

4/ Communistes, nous voudrions pouvoir voter pour un programme compatible avec notre idéal, allant dans le sens d’une société future socialiste, bâtie sur l’intérêt des travailleurs et non du capital, sur les services publics et non les multinationales capitalistes et les profits de leurs actionnaires.

Nous ne rêvons pas : Nous n’attendons pas d’un programme électoral qu’il propose demain une société Socialiste. Une élection n’aura jamais ce pouvoir. Il faudra pour cette Révolution sociale des luttes nombreuses et massives, sous des formes diverses : grèves, manifestations, etc… portées par la majorité des citoyens français.

Mais nous savons aussi que les luttes permettent d’arracher à l’État bourgeois et aux Capitalistes des conquêtes sociales et politiques. Et que les Assemblées Départementales et Régionales qui seront élues les 20 et 27 juin, auront des décisions lourdes de conséquences à prendre dans plusieurs domaines essentiels de notre vie quotidienne : aide sociale, santé, enseignement, culture et sport, transports, emploi, construction et aménagement du territoire.

Nous sommes en droit d’exiger d’un candidat quelques engagements programmatiques dans chacun de ces domaines, pas un catalogue de vagues promesses illusoires. Mais des objectifs de lutte que le candidat, s’il est élu, s’engagera à soutenir, avec ses électeurs. Des engagements programmatiques en faveur de ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre.

  • I / Aide sociale :
  • C’est une des tâches essentielles des départements, qui sont confrontés à la baisse régulière des dotations d’État, alors que les besoins ont été multipliés par les " Années Covid " : l’aide alimentaire a cru de 30%, et les demandes de RSA de 25% en moyenne. Un candidat départemental devrait dans la crise sociale actuelle considérer comme prioritaire l’aide aux plus déshérités, chômeurs sans droits, SDF, vieillards isolés, etc. Et s’efforcer de développer au maximum les structures publiques d’aide sociale, EHPADs à des tarifs accessibles, centres d’accueil de mineurs et femmes menacés, etc…
  • II / Santé
  • Dans ce secteur encore, la période exige un développement sans précédent des services publics de diagnostic, de soins, et de prévention : maisons de santé, dispensaires, CCAS, etc… Un engagement concret contre la désertification médicale, qui, contrairement à ce que disent les médias, ne touche pas que les zones rurales, mais sévit dans les banlieues d’Ile de France et d’autres métropoles.
    Et les élus doivent apporter un soutien concret des personnels hospitaliers du secteur, en lutte pour leurs conditions de travail, effectifs, et contre les suppressions de lits programmées pour des raisons comptables, et non de santé publique.
  • III / Enseignement
  • Les Régions ayant en charge les lycées, et les Départements les collèges, doivent soutenir le fonctionnement et la création des établissements publics nécessaires à proximité notamment des quartiers populaires.
  • IV / Culture et Sport
  • Régions et Départements doivent financer les activités culturelles et artistiques, notamment par le biais de la vie associative, mais aussi les équipements publics nécessaires à ces activités (musées, théâtres et cinémas, bibliothèques, piscines et stades). En veillant à ce que leur lieu d’implantation et les tarifs pratiqués facilitent l’accès aux moins fortunés. Et en favorisant aussi les liens entre acteurs culturels et public scolaire ou des EHPADs, plutôt que le sport-spectacle commercialisé.
  • V / Transports
  • Les Collectivités locales jouent un rôle d’autant plus important en la matière que la SNCF livrée par l’État, dans le cadre de l’UE, à la concurrence du privé, cherche à se débarrasser des lignes ferroviaires jugées non-rentables, obligeant ainsi les Régions à les financer pour assurer leur survie (TER, RER Ile de France).
    La première riposte d’un élu régional doit être un engagement permanent contre la privatisation des transports en France, qui doivent être ou redevenir un service public, quels que soient les décisions de l’Union Européenne. Et dans cette optique, une lutte constante pour le maintien et le développement des transports publics (train, tramway, cars, et personnel d’entretien et de service aux usagers) nécessaires aux déplacements quotidiens des localités aux bassins d’emploi, ruraux et urbains, notamment de banlieues à banlieues.
    C’est le seul moyen " écologique " sérieux de lutter contre l’asphyxie automobile grandissante (croissance exponentielle des embouteillages et des parkings submergés en périphérie des métropoles depuis deux ans). La solution à long terme ne pouvant venir que d’une mutation de l’aménagement du territoire, rapprochant les zones d’habitation et les zones d’emploi, de plus en plus éloignées aujourd’hui.
  • VI / Emploi
  • Régions et Départements doivent lutter contre le démantèlement des industries locales menacées par les délocalisations décidées par les Capitalistes, soutenir concrètement les luttes des salariés, et s’engager y compris financièrement pour la création d’emplois. Mais aucune aide ne doit être apportée à une création d’entreprise sans engagement des gestionnaires en matière d’emploi et de progrès social.
    Toujours avec l’objectif de rapprocher zones d’emploi et d’habitat.
  • VII /Logement et Construction
  • Dans la même optique, les élus locaux doivent s’engager contre toutes les formes de spéculation immobilières et locatives, qui vident les métropoles urbaines de leurs populations aux revenus modestes, obligeant les salariés, notamment ouvriers, à aller vivre de plus en plus loin. Ainsi, des quartiers urbains de plus en plus réservés à la bourgeoisie s’opposent à ceux des périphéries, ghettos de pauvreté, démunis de services publics, gangrenés par la drogue et la délinquance.

Le rôle des élus face à ce drame social est de peser au maximum en sens inverse :

  • A /En aidant à l’implantation de services publics dans les villages et quartiers populaires et à la défense de ceux existants, écoles et collèges, bureaux de poste et perceptions, cafés, restaurants et autres lieux de sociabilité.
  • B/ En obtenant pour eux le personnel nécessaire, travailleurs sociaux, animateurs sportifs et culturels, policiers de proximité plus que de répression, seuls capables de combattre efficacement trafics de drogue et insécurité quotidienne.
  • C/ En freinant la hausse des loyers et du prix des terrains grâce au droit de préemption, et par l’affectation de terrains proches des centres-villes et des zones d’emplois à des ensembles immobiliers à loyers modérés.
  • D/ Une démarche opposée à celle pratiquée par les élus actuels de proches banlieues parisiennes, qui densifient à l’envi leur espace, y multipliant les "résidences de standing" baptisées "éco-quartiers" pour attirer les " classes moyennes " chassées des métropoles. (d’où le virage à droite de départements comme le Val d’Oise ou la Seine Saint Denis).
  • VII / Réaménagement du territoire
  • Les engagements précédents en matière d’emploi, de logement, et de transports, convergent vers le ré-aménagement de l’urbanisme français, "Métropolisé" par le Capitalisme au profit des classes bourgeoises et au détriment des classes populaires. Sans s’illusionner sur les pouvoirs des collectivités territoriales, car les changements essentiels relèvent des lois et des décisions de l’État national (blocage du prix des loyers et des terrains à bâtir).
    Mais Il n’est pas interdit aux élus locaux de peser en faveur des revendications nationales, y compris en faveur de la paix et contre l’Impérialisme.

L’ANC n’a pas vocation à donner à ses amis et à ses adhérents des consignes de vote, mais ses militants, notamment ceux qui ont accumulé quelque expérience d’élu communiste, s’honorent d’élaborer des propositions qui devraient aider chacun de nos lecteurs à choisir un candidat qui en assume au moins une partie, ou le moins néfaste dans le cadre biseauté de la loi électorale française.
Ou, dans le pire des cas, si aucun candidat ne déroge aux dogmes libéraux, à aller mettre dans l’urne un bulletin-siglé ANC, qui exprimera publiquement sa réprobation, et ses convictions communistes.

   

Messages

  • 1. Voter aux élections de juin 2021 ! Mais pour qui ?
    8 juin 2021, 14:05 - par RICHARD PALAO


    FRANCIS dresse un constat implacable mais tout à fait réaliste de la situation de notre pays à la veille des élections régionale et départementales et dresse la liste des engagements qui devraient être proposés par les partis de gauche ...force est constatée qu’ aucun ne fait de telles propositions alors pour ma part n’ayant pas vocation à faire figure de cocu perpétuel , J’ irais mettre un bulletin ANC dans l’urne ...

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