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La géo-sémiotique des droits de l’Homme ou révolutionner l’Humanisme !

mercredi 16 juin 2021 par Fernando Buen Abad

Le droit n’est pas le même pour les personnes qui n’ont jamais connu la justice sociale. Dans chaque territoire, ce sont les conditions objectives qui déterminent la conscience et la pratique des droits de l’Homme, quel que soit le nombre d’organisations spécialisées actives. Là où règnent l’analphabétisme, la faim, le chômage et l’insalubrité, que signifie la Charte des droits de l’Homme ? Peu ou rien du tout

Le droit n’est pas le même pour les personnes qui n’ont jamais connu la justice sociale.
Dans chaque territoire, ce sont les conditions objectives qui déterminent la conscience et la pratique des droits de l’Homme, quel que soit le nombre d’organisations spécialisées actives.

Là où règnent l’analphabétisme, la faim, le chômage et l’insalubrité, que signifie la Charte des droits de l’Homme ?
Peu ou rien du tout.
La défense des droits conquis par l’humanité ne saurait être réduite à un discours démagogique pour agrémenter le verbiage réformiste ou la philanthropie de marché qui pullulent.

Il n’y a pas de défense de l’humanité qui vaille si elle n’est qu’une illusion – sans territoire – de « bonnes intentions ». Les territoires ne sont pas seulement de la géographie, ce sont de l’histoire et du « sens », des goûts et des odeurs..., générés par la lutte des classes qui habitent tous les rapports sociaux et toutes les échelles émotionnelles et symboliques.

Les droits humains ne peuvent pas être invoqués indépendamment du territoire et des tensions sémantiques des « terroirs ». Là où tout n’est que corruption, humiliation et mépris du peuple, le discours sur les droits de l’Homme n’est que discours de salon ou tromperie des bureaucrates.
En dépit de l’importance historique et la valeur de la Charte des droits de l’Homme en tant qu’outil pour s’opposer au projet nazi-fasciste qui rôdait au moment de sa naissance le 10 décembre 1948.

Là où les peuples originels sont durement affectés par toutes les aberrations et privations imposées par les bourgeoisies nationales, là où le harcèlement policier, militaire et idéologique s’acharne contre les autochtones et les paysans pour usurper leur terre, leur identité et leur dignité..., les droits de l’Homme ne signifient, paradoxalement, que verbiage ennemi et idéologie bourgeoise.

Le territoire pèse sur le sens.

Là où les travailleurs sont victimes de la triple extorsion des patrons, de l’impôt et du syndicat, là où le salaire pèse comme un cercueil aliénant, là où la vie s’en va et le temps se consume, en échange de salaires de misère et d’une inflation obscène, parler de droits de l’Homme est tout simplement grotesque si l’on ne propose pas de véritables instruments de transformation concrète au lieu d’idylles fuyantes.
C’est la réalité qui détermine la conscience des droits de l’Homme.

Sémantique en crise.

Aussi, ne succombons pas aux tentations idéalistes d’une Déclaration des droits humains qui n’aurait pas les « pieds sur terre » et la sémantique de la réalité. Car le ridicule est sans retour. Inutile de construire des sanctuaires ou des sermons pour un quelconque fanatisme snob à propos de droits qui ne signifient rien ou qui, en tout cas, signifient une pensée qui n’est pas la nôtre ou qui appartient à une idéologie ennemie conçue pour vaincre nos espoirs, nos luttes et nos programmes de transformation révolutionnaire.

Et il est essentiel que l’ensemble de la Déclaration des droits de l’Homme soit réexaminé à travers l’optique et l’analyse qu’exige le caractère individualiste des droits, en l’opposant à son caractère social incontournable et, par définition, politique.

C’est un débat obligatoire, c’est un sujet historique en suspens, qui traverse les décennies à la recherche d’une consonance sémiotique territoriale, c’est-à-dire géo-sémiotique, dans laquelle le pouvoir critique des droits de l’Homme dans les territoires deviendra visible, de même que la nécessité d’une Charte humaniste révolutionnaire capable de révolutionner l’humanisme.
Dans ces conditions, il est désormais indispensable que toute analyse traverse, dans le détail, l’univers des caisses de résonance sémantiques que possède tout postulat qui a pour prétention de concerner la généralité des êtres humains, la généralité de leurs problèmes historiques et l’urgence d’une praxis transformatrice.

Géo-sémiotique signifie ici l’effort théorique et pratique pour caractériser le réseau complexe, divers et dynamique de la dialectique du sens, les lois générales de son développement, dans chaque territoire. Le réseau complexe, et souvent interconnecté, des significations avec lesquelles s’organise le comportement quotidien de classe des peuples, ses fondements philosophiques et ses expressions morales et éthiques.

Partant du principe que toute action est précédée d’un ensemble de notions sur la réalité, et sur ce que cette idée se propose dans l’avenir, la géo-sémiotique s’enracine dans la nécessité de caractériser aussi, localement, les modes de production du sens et les relations de production du sens, dans les conditions concrètes dans lesquelles ils se développent.

Il ne s’agit pas d’une catégorie ésotérique pour rendre encore plus incompréhensible la sémiotique et sa responsabilité en tant qu’instrument de lutte contre l’idéologie de la classe dominante. Au contraire, il s’agit d’enrichir les instruments de l’action ou de la praxis scientifique pour faciliter son essor dans les réalités concrètes de chaque peuple.

Toutes les tâches qui sont nécessaires dans la lutte quotidienne pour l’émancipation du sens ont, face à la Charte des droits de l’Homme, un défi d’urgence critique qui engage, de manière multidisciplinaire, quiconque entend contribuer à orienter les luttes émancipatrices vers une opposition à l’humanisme des formes dogmatiques, mécanistes ou schématiques avec lesquelles on prétend résoudre non seulement les problèmes humains de notre temps mais aussi l’idée d’un droit séparé du principe urgent de la justice sociale.

Ainsi, l’initiative de révolutionner l’humanisme afin de confronter les champs sémantiques des droits humains au champ politique de la justice sociale qui reste à construire prend un nouveau sens. Car il est clair que là où toutes les difficultés humaines sont exacerbées et enfermées dans des impasses, la notion même d’humain, l’idée même de justice, perd son sens.

C’est en tout cas le rêve de l’idéologie de la classe dominante, de nous dépouiller de toute notion et de toute pratique humaniste susceptible de nous garantir des orientations concrètes, que ce soit sur le terrain de la philosophie ou dans les scénarios les plus urgents de sa praxis immédiate.
C’est le sens du non-sens.

Révolutionner la Charte des droits de l’Homme n’est pas une utopie de plus quand la pandémie a mis à nu la cruauté bourgeoise qui accapare les vaccins au rythme du marché et de la cruauté capitaliste.

Révolutionner l’humanisme implique de produire des outils qui montrent en permanence le visage de nos peuples stupéfaits qui voient, avec désespoir et rage, le retard de leur droit aux vaccins ; qui voient le retard du droit à l’éducation, à la nutrition, au travail, au logement et à la culture émancipée.

Le droit de « vivre en vivant et non en survivant » dans les conditions immorales dans lesquelles on « vit » sous le capitalisme.

Révolutionner l’humanisme des droits de l’Homme implique de combattre l’illusionnisme philanthropique par une déclaration d’action concrète contre les sociétés divisées en classes où règne l’inhumanité du mode de production dominant et des relations de production aliénantes, avec toutes leurs significations. Leurs moyens et leurs manières.

Photo  : en Colombie, nous nous tuons à la tâche Photo : EFE

source : http://fr.granma.cu/mundo/2021-06-15/la-geo-semiotique-des-droits-de-lhomme


Voir en ligne : http://mouvementcommuniste.over-blo...

   

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