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Introduction de la première partie de l’AG du 19 juin 2021

dimanche 20 juin 2021 par Charles Hoareau

Au vu de la situation actuelle, de l’effondrement pathétique des forces qui se réclament de la gauche, du désert politique et idéologique de notre camp et surtout dans ce contexte des responsabilités de l’ANC, c’est essentiellement sur nos tâches et notre organisation au service de celles-ci que va porter cette introduction. L’opinion du bureau c’est qu’alors qu’il y a un grand accord sur les orientations, que nous enregistrons chaque semaine des adhésions et des rentrées de cotisations. Juste quelques mots donc sur la situation.
Je ne surprendrai personne en disant que le monde, le pays vont mal.

Partout l’impérialisme est à l’offensive à croire que nous sommes arrivés à ce fameux stade suprême dont parlait un certain Lénine. Les menaces de guerre fusent de tous côtés et la mainmise sur l’information est telle que même le corps militant a du mal à toutes les identifier :
- Menaces contre la Chine et la Russie avec un OTAN plus agressif que jamais
- Menaces contre la Biélorussie
- Interventions de la France et de l’UE en Afrique
- Nouvelles menaces contre la Syrie
- Soutien inconditionnel à Israël dont la politique colonialiste et d’apartheid enflamme la région
- Blocus contre Cuba et impérialisme US en Amérique du Sud.

Concernant la Chine il est évident que se joue pour les états-Unis tout à la fois la fin du dollar comme seule monnaie référence pour les échanges commerciaux, un multilatéralisme qui mette fin à l’hégémonie économique, des renversements même partiels d’alliance tel que le montre l’accord ASEAN (30% du PIB mondial) signé par 15 pays dont le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et même l’Australie, pourtant tous 4 étant censés être partenaires privilégiés de l’oncle Sam.

Il se joue en fait, la fin de la domination du capitalisme américain, la Chine devenant un partenaire que l’on ne peut plus rejeter en bloc (sauf pour Macron) témoin le projet OBOR (ou nouvelle route de la soie) en cours de réalisation qui concerne 68 pays, 4,4 milliards d’habitants et 40% du PIB mondial.

Ce n’est évidemment pas d’aujourd’hui que des guerres mettent la planète à feu et à sens aux quatre coins du globe, mais en ce début de 21ème siècle cela prend un tour particulièrement inquiétant pour la stabilité du monde.

Pourtant dans ce contexte lourd de menaces, des peuples, et particulièrement leur jeunesse est en lutte, en rébellion et dénonce l’impérialisme et le capitalisme son corollaire.

C’est particulièrement vrai en Afrique qu’il s’agisse du Mali, du Gabon, du Bénin, du Sénégal, mais aussi en Amérique du Sud où l’espoir se lève à nouveau, dans la foulée de la Bolivie, au Pérou, au Chili…et même en Colombie, ce marchepied de l’impérialisme yankee, le peuple résiste malgré les massacres.

C’est vrai en Algérie où le peuple poursuit son Hirak avec une détermination qu’il faut saluer, c’est vrai en Asie où le peuple de Corée poursuit son combat pour la réunification, en Birmanie, en Inde…mais aussi plus près de chez nous en Grèce et en Europe où des foyers de résistance s’expriment.

Ils s’expriment malgré la pandémie et l’utilisation qu’en fait le capital qui voit là une occasion inattendue de restaurer son taux de profit, modifier en profondeur le process de production en particulier avec le télétravail et la numérisation de la vente, s’attaquer aux libertés et possibilités de contestation de l’ordre établi.

C’est particulièrement vrai en France où la situation est des plus complexes.
On a d’un côté un rouleau compresseur libéral qui continue et veut amplifier ses reconquêtes sur 170 ans d’existence du mouvement ouvrier, et de l’autre un mouvement qui semble atone et tétanisé.

  • - Au niveau des organisations politiques un plan de relance voté à l’unanimité, tout comme le plan du capitalisme ouest européen, incroyables positions qui resteront dans l’histoire comme l’alignement des forces dites progressistes sur les choix capitalistes. Les deux cumulés représentant pour chaque personne en France un endettement de 67 ans.
  • Une loi séparatisme dont 40% des articles ont été votés à l’unanimité eux aussi, un carcan de l’union européenne qui n’apparait pas dépassable, tout au plus auquel il est demandé d’être moins mafieux, des alliances électorales déplorables qui paraissent en plus à contre-courant de stratégies présidentielles au point de rendre tout cela illisible et de provoquer un refus de vote record.
  • - Au plan syndical une confédération CGT qui signe des textes, sans consultation, qui vont totalement à l’encontre des luttes dans l’énergie ou chez les portuaires, un syndicalisme rassemblé qui profite au syndicalisme d’accompagnement dans un pays où le désert syndical ne se dément pas, tout cela militant pour de nouvelles fractures dans un syndicalisme et surtout une classe ouvrière qui n’ont pas besoin de ça dans un pays où la misère continue de s’étendre et où le summum, le nec plus ultra de la solution pour en sortir pour toutes ces forces syndicales et politiques réunies, c’est le RSA jeunes, mesure que naguère entre autres la CGT combattait…
  • Cela s’ajoutant, pour les uns et les autres, et malgré quelques réactions sporadiques semblant coupées du réel comme le 12 juin, à un recul devant la fascisation des idées, témoin la dernière manifestation policière à l’appel d’une organisation d’extrême droite, faisant suite à toute une série de reculs ou de refus d’affronter, de la tristement fameuse manif au nom de « je suis Charlie » derrière Netanyahu et Erdogan au refus de s’engager dans BDS en passant par le refus de mener bataille pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Il y a filiation et continuité…
  • La filiation avec la prise de possession des moyens de production des moyens de production et d’échange est elle rompue puisque selon un autre mot qui risque de rester dans l’histoire les kolkhoz c’est fini, place à la sécurité sociale professionnelle qui est la fin de l’égalité et du droit collectif au profit d’un droit individuel qui ne remet pas en cause les logiques de recomposition actuelles du capital au dépend de la sécurité de l’emploi.

Pourtant dans ce contexte morose il y a aussi des motifs d’espérer au plan national sans faire la politique de l’autruche.

Il y a, au plan syndical, le rassemblement du 20 mai à la centrale de Gardanne, où plus de 1000 travailleuses et travailleurs ont affirmé leur volonté de se situer dans une dynamique de lutte des classes, rassemblement tellement fort que la direction confédérale de la CGT a bien été obligée d’en parler et qui n’est certainement pas étranger à la décision du tribunal administratif de suspendre le PSE du groupe.

Il y a les luttes tenaces qui se mènent dans l’énergie, la chimie, le spectacle, la grande distribution, les services publics, chez les chômeurs...

Il y a des lieux, où la résistance s’affirme comme, par exemple l’UL CGT du 18ème à Paris et notons qu’à chaque fois on retrouve au cœur de ces mobilisations des membres de l’ANC, cela dit sans cocorico, mais comme étant la preuve que si on offre une perspective politique et une stratégie de lutte déterminée, les têtes se redressent et la lutte s’affirme et avec elle l’espoir. L’exemple de Paris 18ème est d’ailleurs éclairant et doit nous renseigner sur notre stratégie.

Il y a maintenant deux ans que, lors d’une réunion nationale, nous nous sommes interrogés sur la meilleure manière de développer notre implantation sur la RP. Nous avions alors choisi de porter tous nos efforts, non sur une diffusion tous azimuts que nous n’avions pas les moyens de faire au vu de la faiblesse de nos effectifs, mais de choisir une cible et de nous y accrocher.

Deux ans plus tard, démonstration est faite de la justesse de cette stratégie qui nous permet d’être visibles et efficaces dans les luttes en aidant le mouvement syndical à se renforcer et mener l’action comme par exemple contre la fermeture des hôpitaux à un endroit précis mais aussi de diffuser sur place aux alentours nos propositions de perspective politique.

Un moment décisif

Ce constat est d’autant plus important dans la période que nous traversons et celle que nous nous apprêtons à vivre. Sans être devins, et au-delà même du résultat électoral de telle ou telle force ou personnalité, il est évident que nous vivons la période de la fascisation des idées.

Pas seulement du fait du score de l’extrême droite mais du fait de la diffusion de ses idées dans l’ensemble de la société y compris dans des forces que l’on pensait imperméables à son discours.
Comment expliquer autrement le vote de la loi séparatisme autrement qu’en se disant que des digues se sont rompues ?
Comment expliquer l’épisode de la manif avec Alliance qui n’est pas due à une erreur isolée mais depuis justifiée à longueur de réseaux sociaux par des membres du PCF qui en viennent à avoir un discours sécuritaire digne des pires réactionnaires parce que totalement coupé des questions de classe qu’il pose ?

Et ce n’est pas le fait que la CGT police se coupe en deux suite à cet événement qui va nous faire dire le contraire ! Comme il m’est arrivé de le dire à des camarades qui tentaient désespérément de justifier : il n’était pas possible de faire une initiative commune FI, PCF, CGT, LDH, SAF, SM, MRAP, FUIQP et autres ?

Là le clivage droite gauche aurait eu du sens ! Ce serait d’ailleurs une initiative dont nous pourrions pu prendre l’initiative : elle intégrerait la question sociale, celle du racisme et des violences policières qui sont une cause d’insécurité jamais citée et qui ont pourtant fait près de 800 morts en 50 ans soit plus d’un mort par mois, sans compter bien sûr les mutilations et autres violences ordinaires dont sont la cible les militantes et militants du social, les habitantes et habitants des quartiers populaires et ce d’autant plus qu’ils sont d’origine étrangère.

On peut dire la même chose de l’épisode de la déclaration sur les réfugiés qui n’est pas un dérapage verbal sur une chaîne où il faut tout de même accepter d’aller, mais bien une position dans la lignée de celle défendue par certains à la CGT : régularisation par le travail sinon rien et de ce fait abandon de la notion d’universalité du droit qui donne entre autres à la France le devoir d’accueil.

Dans ces conditions, continuer à parler de négriers qui inciteraient une partie de la jeunesse des pays du sud à s’expatrier, n’a aucun sens et montre tout à la fois le refus (ou la méconnaissance) de la réalité et la fuite en avant devant son caractère dérangeant.

Les populations fuient les bombes que nous avons vendues à ceux qui les larguent et des pays pillés par l’effet conjugué des accords léonins toujours en vigueur, de la servitude monétaire et les multinationales. Réfugiés ou immigrés, il est plus juste de parler de déportés économiques du capitalisme international que de se réfugier derrière le rôle prétendument dominant et quasi exclusif de passeurs qui ne font que profiter d’une situation dont ils ne sont pas la cause.

Si comme le porte notre dernière expression, nous pensons être confrontés à la fascisation des idées, cela nous donne un nouveau rôle.

L’histoire nous l’apprend : les socio-démocrates ont toujours reculé devant le fascisme.

Dans tous les pays du monde, c’est une force révolutionnaire organisée du Brésil des années 70, au Chili d’Allende, qui a été à la pointe du combat.
C’est le défi qui est posé à l’ANC : ne pas se contenter de notre progression modeste et régulière de nos effectifs, de la richesse de nos échanges soit au travers de nos sites soit au travers de nos soirées du Cercle Manouchian, mais avoir une stratégie d’organisation, de développement, de conquêtes afin de mener la bataille des idées contre le capital.

Nous ne gagnerons pas contre le fascisme avec un club de discussion ou avec un mouvement d’idées si pétri d’utopies révolutionnaires soit-il, mais avec une organisation révolutionnaire qu’il reste à bâtir.

Il ne suffit pas d’avoir un courant de sympathie grandissant, il faut des guerriers et des guerrières car la guerre ne se gagne pas avec des absents.

Cela veut dire progresser en masse, en diffusion des idées et en organisation.

Cela suppose une stratégie dont les grandes lignes pourraient être :

-* - Articulation du politique avec les luttes associatives et syndicales. C’est sans doute sur ce point que nous sommes le plus à l’aise.

  • - Plans de travail réguliers, précis et rigoureux d’adresse à la population. Cela relève pour l’essentiel de ce qui nous reste à construire. Choisir un quartier, une entreprise par antenne territoriale que celle-ci soit organisée ou consiste simplement en une concentration de quelques camarades.
  • - Politique de cadres qui tienne compte de la nécessaire répartition des rôles en tenant compte des nécessités internes (organisation, propagande, formation) mais aussi des coopérations à bâtir avec le mouvement syndical et associatif et à la nécessaire prise en compte des responsabilités que les camarades ont en dehors du politique. Il nous faut de ce point de vue poser la question des animateurs et animatrices régionaux et de leur rôle effectif.
  • - Développer nos partenariats avec des associations amies comme nous avons commencé à le faire avec La Révolution en Marche, BDS ou le collectif national pour la libération Georges Abdallah. Cela suppose des camarades affectés à ce travail.
  • - Développer nos contacts à l’international comme nous le faisons avec nos camarades de Corée du sud, de Bolivie, de Colombie, d’Afrique en ayant un regard particulier sur le mouvement communiste international ce qui nous demande certainement d’avoir des camarades dédiés plus particulièrement à ces questions.
  • - Enfin tout cela passe par une véritable coordination et impulsion nationales qui passe par des rencontres où les camarades s’engagent dans la durée et la régularité ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Notre sentiment est que si nous partageons pour l’essentiel l’analyse de la situation, notre assemblée de ce jour devrait débattre essentiellement des six points d’organisation développés afin de faire faire à l’ANC le bond qualitatif dont notre pays, orphelin d’organisation révolutionnaire de masse a impérativement besoin.


Matinée studieuse (avec une dizaine de camarades par Zoom) suivie par la manifestation pour la libération de Georges Abdallah...

Poursuivie par une soirée spectacle chez nos amis de la troupe Jôlie Môme.

Reprise des travaux dimanche matin à 9 h 30 ...
À suivre.

   

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