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Conférence panafricaine du 10 juillet : un très grand succès !

vendredi 16 juillet 2021 par ANC

Tant par le nombre de participantes et de participants que par le contenu des débats, cette rencontre à laquelle l’ANC s’honore d’avoir participé, a été un très grand succès.

Salle pleine à Paris (plus de 120 participantes et participants
+ de 20 000 connexions à l’international
+ de 2000 partages
Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Conformément au programme annoncé les interventions et débats se sont enchainés à un rythme très soutenu et la densité était telle qu’inévitablement la journée a terminé avec du retard malgré une pause repas tardive et écourtée...ce dont ne s’est plaint aucun protagoniste tant les contenus étaient riches.

La DUP publiera bientôt une synthèse des échanges où se sont succédés Marie-Josée NGOMO, Guy Marius SAGNA, Nicolas AGBOHOU, Mireille MENGUE-MOTO (en remplacement de Nathalie YAMB qui a envoyé à la conférence un message vidéo de soutien et de salut), Salmone AZIZ FALL et Charles HOAREAU. Ardiouma SIRIMA concluant cette journée qui aura des suites et sans doute dès cet octobre avec le contre-sommet prévu à Montpellier.

A noter, outre la participation de Vincent KAPENGA secrétaire général de la CPT de la République Démocratique du Congo au nom de la FSM dont il est membre du conseil présidentiel, la présence d’une forte délégation du KKE, le parti communiste grec. Etaient également présentes ou excusées des délégations de la JC du Rhône et des Bouches du Rhône, du PCRF, du RC et de Afrique en lutte, plus bien sûr des représentants des associations membres de la DUP.

Ci-après l’intervention faite par Charles HOAREAU au nom de l’ANC

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Intervention Conférence Panafricaine 10 juillet 2021

Le rôle du mouvement anti impérialiste ici aujourd’hui.

Tout d’abord c’est un grand honneur pour l’ANC d’être invitée à s’exprimer à cette conférence. C’est un honneur, parce que si notre combat sur ces questions est constant depuis notre création en 2016, il est encore modeste au vu de nos effectifs et de la jeunesse de notre organisation. Intervenir auprès des premiers concernés est une forme de reconnaissance de celui-ci. En même temps il est significatif à nos yeux de la démarche engagée par la DUP. Faire en sorte que les africains soient toujours maitres de leurs axes et moyens de lutte, sans nationalisme aucun et avec un vrai souci internationaliste d’alliance avec les forces du monde qui œuvrent dans le même sens. Comme j’étais amené à le dire à la coordination de la DUP, ce qui guide l’ANC dans sa démarche c’est un proverbe africain : « ce que tu fais pour l’autre, si tu le fais sans lui, tu le fais contre lui. » C’est donc en ayant cela en tête que j’aborde cette partie qui m’est dévolue.

Tout d’abord deux éléments qu’il me semble important de préciser :

- Le mouvement anticolonialiste et anti impérialiste est aussi vieux que la colonisation elle-même. Les exemples sont nombreux dans l’histoire comme l’ont montré les écrits de David Monciaud ou de Saïd Bouamama. Les tentatives de remplir les manuels scolaires tant en France qu’en Afrique d’histoire de gentils noirs reconnaissants envers les blancs qui venaient leur apporter la civilisation sont des foutaises qui font partie de la bataille idéologique que mènent les nations dominantes. Cela leur a permis, sans remonter aux croisades, d’effacer des mémoires les crimes contre l’humanité, du Nord au Sud de l’Afrique des Bugeaud, Cavaignac, Voulet-Chanoine, Faidherbe, Gallieni, Bordis-Desbordes, Griblin, Briand et autres massacreurs au Cameroun, à Madagascar, à Thiaroye ou ailleurs…la liste est bien trop longue pour tous les citer. Sans parler de tous les chefs d’état assassinés dans la foulée de la pseudo indépendance.

Qui sait même que si officiellement la guerre d’Algérie a duré 4 ans, la résistance armée, elle, a duré plus de 100 ans ? L’esclavage puis la colonisation, se sont faites dans le sang parce que les peuples d’Afrique n’ont jamais accepté leur domination. De ce fait de nombreux massacres parsèment l’histoire de la colonisation, du Moyen Âge à aujourd’hui. Cette longue succession de massacres et de volonté de domination française et occidentale, leur justification, a eu entre autres pour effet de fausser pour des générations les relations entre les peuples, l’un se croyant toujours supérieur, l’autre refusant cet état de fait. Il n’y a qu’à lire par exemple Les bouts de bois de Dieu de Sembene Ousmane pour s’en convaincre. Donc ce n’est pas d’aujourd’hui que les peuples d’Afrique résistent à l’impérialisme, ils n’ont attendu personne pour le faire et n’ont de ce fait de leçon à recevoir de personne. Et il me semble important d’insister sur ce point en distinguant bien sûr les peuples des appareils d’état. Ce dont ils ont besoin c’est du soutien de toutes celles et tous ceux qui dans le monde s’opposent aux oppressions en commençant par leur action auprès du colonisateur qui les gouverne et qu’ils élisent. Les peuples d’Afrique ont besoin de soutien, pas de guidance. Ils ont besoin de soutien comme les peuples du Nord ont besoin des peuples du Sud car ce sont les mêmes qui les exploitent. De part et d’autre des mers les peuples ont les mêmes ennemis comme l’illustre le film algérien « ‘L’aube des damnés » montrant le rôle d’Ho Chi Minh dans l’unification des peuples colonisés. De ce point de vue nous devons être solidaires de la Palestine, peuple colonisé et chassé de ses terres par Israël, cette création faite au nom du sionisme, interprétation d’une religion par des forces européennes qui voulaient se débarrasser des juifs en Europe et construire un « foyer national juif », enclave occidentale au milieu des pays arabes. Il n’y a qu’à lire Shlomo Sand pour comprendre qu’il n’y a pas de peuple juif. Les noirs en Israël ont beau être juifs ils n’en sont pas moins victimes du racisme.

- Comme Aziz Fall je pense que l’extension de la colonisation est inséparable du développement du capitalisme. De ce point de vue, le peuple Haïtien a contribué grandement à changer le cours de l’histoire. C’est sa victoire contre l’armée napoléonienne qui a fait prendre conscience aux nations esclavagistes que l’esclavage ne tiendrait pas et qu’il fallait changer les choses. Non pas pour des raisons humanitaires, sinon il n’y aurait pas eu les chambres à gaz en Algérie, les massacres au Cameroun, au Tchad, à Madagascar mais parce que, suite à la révolution industrielle, le développement de l’industrie capitaliste imposait le recours à de grandes quantités de matières premières alors qu’à l’esclavage condamné par l’histoire et pas assez rentable pour les libéraux comme l’écrivirent Adam Smith ou Mirabeau, il fallait substituer la colonisation et ce fut donc le 2ème empire colonial.
On ne peut donc pas lutter contre l’impérialisme sans lutter contre le système qui l’a fait naître, le capitalisme.

Ces deux éléments doivent me semble-t-il guider notre action : l’impérialisme n’est pas qu’une question de mentalités même si le capitalisme a aussi façonné celles-ci et qu’il nous faille prendre en compte cet aspect car il fait partie de la justification idéologique aux exactions des puissances occidentales. Il est une nécessité historique économique et les états souverains sont obstacle à cela.
Voici ci-après quelques pistes de réflexion qui ne sont surtout pas un catalogue auquel nous devrions obligatoirement nous référer mais une contribution personnelle à la réflexion commune sur ce que nous pourrions entreprendre ensemble pour continuer ici le combat commun.

En premier informer

Bien sûr c’est la 1ère tâche tant nombre de personnes y compris dans la jeunesse en particulier celle de France qui n’a pas d’origine ou de lien avec l’Afrique méconnaît la situation. Quant à celle qui vient d’Afrique, si elle a par son expérience familiale, conscience de cette situation de domination, il n’est pas sûr qu’elle en connaisse tous les rouages et surtout l’importance de son rôle et ses possibilités d’intervention.

- Les conférences. Celle d’aujourd’hui n’est qu’un (presque) premier pas. Elle peut (et doit ?) être déclinée dans un maximum de villes de France avec toujours la même configuration : des représentantes et représentants du mouvement panafricaniste et des militantes et militants de France. Mais cela ne suffira pas tant le risque est grand que ne viennent à ces assemblées que les convaincu-e-s.

- Aller à la rencontre des premières et premiers concernés. Pourquoi ne pas se donner un plan de travail en direction des foyers de travailleurs, des quartiers populaires où l’immigration y est parqués dans des ghettos qui s’apparentent aux bantoustans ? Une étude avait montré lors de l’élection présidentielle de 2007 à quel point cette dimension était visible au moment des consultations électorales françaises. Cela ne s’est pas démenti depuis.

- Parler des 54 pays d’Afrique. Bien sûr il ne s’agit ni d’ignorer les particularités propres à chaque peuple, ni de nier les spécificités héritées pour une part de la colonisation qu’elle soit francophone, anglophone, hispanophone, lusitanophone, germanique, italienne, belge ou hollandaise mais de montrer ce qui dans l’histoire unit les peuples d’Afrique soumis à ces colonisations.

- Montrer le rôle du grand capital. Nous parlons souvent des gouvernements à juste titre, mais souvent moins des multinationales au service desquelles les pouvoirs occidentaux sont. L’affaire de PFIZER au Nigéria, cette même firme qui aujourd’hui s’enrichit grâce à un vaccin que les puissances occidentales sponsorisent et qui par le passé s’est servi de la population nigériane comme cobaye faisant en cela des milliers de victimes et le soutien constat dont a bénéficié la firme de la part du gouvernement américain est révélatrice. Tant que des intérêts privés guideront les choix de production et d’exploitation des richesses du monde, les peuples en feront les frais et le grand capital fera tout pour les opposer.

- Rencontrer les syndicats des multinationales. Les syndicalistes de France ne sont pas toujours informés des activités de leur entreprise à l’étranger. Une information commune ouvrirait la voie à des pistes d’action. La CGT à ORANGE en s’inscrivant dans la campagne BDS a participé à ce que l’entreprise stoppe son partenariat avec Israël. N’avons-nous pas là des pistes de travail en commun pour faire le tour des syndicats des multinationales françaises pour que cesse le pillage ? TOTAL, BOLLORE, THALES, ASCOMA…là aussi la liste est très longue d’entreprises qui emploient des milliers de travailleurs et de travailleuses des deux côtés de la Méditerranée. De ce point de vue la participation de la FSM à nos travaux, qui vient de réunir des représentants de 13 pays africains francophones, est un gage de confiance pour l’avenir et un appui sérieux à notre combat. Cela ouvre aussi des perspectives de travail avec l’OUSA et la CISA.

- Organiser des soirées culturelles. Autour de films comme Bamako, La constance du jardinier ou Le cauchemar de Darwin par exemple, en faisant appel à des musiciens africains, des écrivains, la culture est un moyen universel de communication.

Approfondir la réflexion sur les questions de géopolitique

Quand on voit les dernières manifestations au Mali devant l’ambassade de Russie pour lui demander d’intervenir, quand on voit le projet OBOR mis en œuvre par la Chine ou les accords qu’elle signe avec les chefs d’états africains et en contrepartie le rôle des fondations allemandes en dehors du cadre de l’UE et en concurrence avec celle-ci, le rôle de l’UE justement ou celui des USA, il me semble qu’il y a besoin d’approfondir notre réflexion commune. C’est dans ce domaine là que rentre la réflexion de quelles institutions et de quelles structures étatiques les africains ont besoin et c’est à eux qu’il convient d’en décider. C’est de toute façon une démarche en opposition avec la doctrine de destruction des états prônée par Israël et les soutiens de l’impérialisme en Afrique, de l’Irak au Mali, de la Syrie au Soudan.

Peser dans le débat politique et agir au plus près

Une fois la désinformation vaincue, le premier et plus gros obstacle que nous avons à franchir ensemble c’est celui du sentiment d’impuissance qui décourage toute action. Il nous faut donc faire mesurer tous les actes qui pèsent et font reculer idéologiquement, économiquement et politiquement l’impérialisme. De ce point de vue il n’y a pas de petite lutte.

- Ça prend la forme, par exemple, du soutien à la lutte des résidents du foyer ADOMA ZOCCOLA à Marseille qui s’opposent à la suppression des cuisines collectives où ils mangent par village faisant vivre ainsi la solidarité avec ceux qui sont sans travail. C’est une lutte à la fois contre des considérations budgétaires mais aussi contre un mépris néocolonial.

- Ce sont toutes les luttes communes dans les entreprises que l’on peut envisager au sein des groupes déjà cités pour que cesse le pillage et cela commence par l’augmentation des salaires des personnels africains mais aussi le respect de la souveraineté, la mise en œuvre de procédures respectueuses de l’environnement et partout faire monter l’exigence de l’appropriation sociale par les peuples concernés. Il nous faut mesurer que c’est en portant le fer au cœur du capital, là où il fait son profit, que nous toucherons le politique. N’est ce pas la grève générale en Tunisie qui a été l’élément déterminant de la chute de Benali ?

- La bataille de soutien auprès de l’opinion publique pour des jumelages chaque fois que des collectivités africaines les demandent. Enjeux économiques locaux mais aussi culturels afin que les peuples arrivent à trouver le chemin de la compréhension commune et en finir avec le racisme, fusse-t-il cordial comme dirait Léonora MIANO.

- Action auprès des pouvoirs publics pour la mise en œuvre de projets, mutuellement avantageux et portés par les populations concernées. De ce point de vue par exemple, celui porté naguère par Solidarité Afrique pour la région du fleuve Sénégal, projet porteur d’emplois en Afrique et en France, mériterait d’être réactivé et porté massivement.

- Organiser au moins annuellement une manifestation contre la servitude monétaire devant les sièges de fabrication du Franc CFA.

- Agir pour que les rues et lieux publics de France qui portent les noms de tortionnaires soient renommés. C’est ce qui vient de se faire à Marseille où le maire, suite à une campagne commune, a déclaré « découvrir » le rôle qu’avait joué Bugeaud l’inventeur de la technique des chambres à gaz que les nazis perfectionneront plus tard. Il ne s’agit pas seulement du « devoir de mémoire » souvent invoqué ni de sortir de leur contexte historique les événements du passé, mais d’enrichir la connaissance pour que les générations futures puissent ensemble construire un avenir commun en ayant opéré une sorte d’opération « vérité et réconciliation » à la manière de ce qui a été fait en Afrique du Sud sous Mandela.

- Porter aux forces politiques et syndicales françaises qui se disent de notre camp, un manifeste de ce que nous voulons et en pesant pour que ces forces prennent parti, non pas par une déclaration de principe mais par une bataille constante et d’ampleur sur le sujet.

- Soutien aux sans-papiers. C’est un devoir d’humanité. Bien sûr c’est agir sur les conséquences et non sur les causes, mais nous devons le faire car ce sont des déportés économiques du capitalisme international.

- Informer simultanément des luttes qui se mènent an Afrique. On pourrait ouvrir une tribune sur les publications de l’ANC co-administrées par la DUP.

- Envisager la création de comité régionaux d’animation composés comme pour la conférence de militantes et militants français et africains. Ces comités pourraient impulser localement les propositions ci-dessus et seraient coordonnés au plan national.

- Un contre-sommet colonial. Toutes ces propositions permettraient de faire vivre, avant et après celui-ci, un contre-sommet que nous ferions à Montpellier en octobre prochain aux dates du sommet France-Afrique prévu par le gouvernement Macron en direction de la société civile terme élégant pour désigner le capital à l’œuvre en Afrique.

-  Un livre porteur d’avenir. Pour finir nous avons bien avancé sur la rédaction d’un livre commun qui devrait faire date, dont le titre reste à définir mais qui sera co-écrit par une 20aine d’auteures et d’auteurs engagés pour l’avenir d’une Afrique unie et souveraine.


En médaillon une pause photo d’après conférence

   

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