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Histoire critique des communistes d’Espagne depuis la fin du Franquisme(1978)

jeudi 19 août 2021 par ANC

Le site internet " hojas de debate " ( " feuilles de débat " ) animé par nos camarades d’Espagne, a publié récemment une longue analyse intitulée " LE PCE ET LA RÉFORME POLITIQUE DE 1978 ".
Elle retrace en fait l’histoire des Communistes d’Espagne et les crises-dérives qui ont secoué leurs organisations politiques et syndicales au cours du dernier demi-siècle. Même si le contexte historique et politique est profondément différent entre France et Espagne, cette histoire fut parallèle à la nôtre, et elle est pleine d’enseignements pour nous. C’est pourquoi l’ANC a réalisé un résumé traduit de ce document, et le publie après relecture par les auteurs.
Francis Arzalier, pour l’ANC

LE PCE ET LA RÉFORME POLITIQUE DE 1978

( Le décès de Franco en 1975 marque la fin de la dictature née de la victoire militaire des "Nationaux " en 1936, et le passage à la monarchie parlementaire sous la houlette de Don Juan Carlos. Le " Parti Communiste d’Espagne " est légalisé en 1977, comme les autres partis politiques du pays, après 39 ans de combats clandestins. NOTE DU TRADUCTEUR ).

Lors de leur congrès de 1954, les militants du PCE avaient précisé ses objectifs de luttes de classe et de masse pour en finir pacifiquement avec la dictature et rétablir un régime démocratique. Ils ont notamment joué un rôle essentiel en créant et animant les Commissions Ouvrières (CCOO), mouvement syndical de lutte à l’inverse des syndicats verticaux franquistes, qui organisaient la collaboration des salariés et du patronat.

Ces luttes par le biais des CCOO, liant revendications sociales et politiques, remportèrent d’importants succès durant les deux dernières décennies de franquisme : dès 1958, la dictature a été contrainte de légaliser la négociation collective. Et en1966, les élections au sein même des syndicats verticaux officiels donnaient la majorité aux candidats soutenus par les CCOO, malgré la répression.
( 9 000 condamnés à la prison de 1963 à 1977 ).

Dans cette optique, le PCE proposait dès 1956 une politique appelée de " réconciliation nationale ", décrite comme " la réconciliation des enfants de l’Espagne qui s’étaient affrontés dans la Guerre Civile ", ce qui ne niait pas les antagonismes de classe ; mais peu à peu, des tendances " interclassistes " se sont développées au sein du parti, jusqu’à devenir dominantes avec le Secrétaire général Santiago Carrillo, qui prônait en objectif " le passage pacifique et graduel au socialisme" [1].

En 1974, la" Junte démocratique d’Espagne " regroupe une coalition de partis, syndicats et associations d’opposition au franquisme. Elle est très hétéroclite, et va jusqu’à inclure des monarchistes libéraux liés à Don Juan (le père de Juan Carlos et fils du dernier roi d’Espagne, Alphonse XIII, démis en 1931 avec la proclamation de la II République espagnole) ou liés à l’Opus Dei [2]. Ce qui l’amène à définir la " DEMOCRATIE " comme " la libre concertation entre les forces nationales et régionales de la production".

Dès 1976, Carrillo transforme le PCE par la suppression des cellules sur le lieu de travail, et la fin du centralisme démocratique comme mode de fonctionnement interne. Lors du processus de légalisation, les dirigeants du PCE s’efforcent de se démarquer de " l’ancien Communisme ", " emporté par le vent de l’histoire ".

" Les statuts de la nouvelle organisation abandonnent les concepts et les principes qui faisaient partie de l’ADN du PCE depuis sa constitution : parmi ceux-ci, le caractère de Parti de la Classe ouvrière, le marxisme-léninisme comme base idéologique du PCE, la direction collective, l’internationalisme prolétarien, le renversement du Capitalisme et le Communisme comme objectif final des Communistes, et la cellule sur les lieux de travail, noyaux fondamentaux de la contradiction entre capital et travail." [3].
Pour l’Impérialisme mondial et l’oligarchie post-franquiste, il était fondamental de détruire le PCE.

Cela se réalisera avec la collaboration [4] des courants " eurocommunistes ", qui ont renoncé à la République, au syndicalisme de classe, etc.
Ces dérives ont suscité d’importantes résistances chez les militants fidèles au marxisme-léninisme, dans des régions aussi diverses que les Canaries, l’Andalousie, Madrid, etc. Les dirigeants " eurocommunistes " y ont répondu par des expulsions du Parti, ou la marginalisation des opposants, qui n’ont pas été en mesure de modifier le cours des événements.

C’est dans ce contexte-là qu’est né le régime de 1978, approuvé par la coalition quadripartite des nationalismes basque et catalan, de la Social-démocratie (PSOE), l’eurocommunisme du PCE de Carrillo, et les résidus du franquisme constitués en Droite parlementaire. Les Pactes ( dits de la Moncloa ) de 1978 stipulent le pluralisme syndical, la monarchie bourbonienne, le maintient les privilèges de l’Eglise catholique et de l’oligarchie terrienne et financière, et l’appareil d’Etat hérité de la dictature. La loi d’amnistie pour les prisonniers politiques (1977) garantissait aussi l’impunité totale des crimes du franquisme.

La proposition d’une rupture démocratique qui rendrait possible un nouveau régime républicain a été abandonnée par la direction du PCE. Celle-ci a aussi pesé dans le sens de la transformation des CCOO vers un syndicalisme de " concertation sociale " : ce fut une régression lourde de conséquences pour la classe ouvrière espagnole.
La Constitution de 1978 reconnaît comme " droit citoyen " la propriété privée et l’héritage, la liberté d’entreprise dans le cadre d’une économie de marché. Les Pactes de la Moncloa préfiguraient une " Démocratie " assurée par " un climat de coopération responsable ", c’est à dire la collaboration de classe.

Ce fut le début d’une mutation économique au détriment des salariés : le nombre de chômeurs passant de 500 000 à 3 000 000 de travailleurs, et un gigantesque pillage du patrimoine industriel et dans d’autres secteurs économiques par les privatisations ( Repsol, Telefonica, Endesa, Seat, Ar-gentaria, Tabacalera, Retevision, Iberia, Hispasat, etc. ) au détriment des services publics. Elle a été réalisée par les gouvernements successifs de Droite ( PP ) et du PSOE.
La résistance à ces mesures fut forte : selon des données officielles, 8 834 100 grévistes en 1976,
8 900 000 en 1977, 8 555 200 en 1979, 8 265 100 en 1980.
Mais ses dérivés ont fait des ravages sur le PCE : les 201 000 militants d’avril 1978 sont devenus 84 652 en décembre de la même année. Ils ne sont plus aujourd’hui que 6 000.

Même déclin sur le plan électoral : en 1977, le PCE remporte 20 sièges et 1 709 890 suffrages, et atteint 23 sièges et 1 938 487 suffrages en 1979. Mais il dégringole en 1982 à 4 sièges et 846 515 voix.
Le PCE en crise remplace Carrillo par Gerardo Iglesias, et les partisans du premier créent un " Parti des Travailleurs d’Espagne-Unité communiste ", qui fondra rapidement au profit du PSOE.

En 1984, divers groupes communistes dits " pro-soviétiques " donnent naissance au Parti Communiste des Peuples d’Espagne ( PCPE ) et à son organisation de jeunesse ( CJC), A l’issue de son congrès de 1989, 8 000 de ses militants, dont la plupart de ses permanents ont rejoint le PCE, mais le PCPE a continué avec une nouvelle direction. À partir de 1986, le PCE se fond lors des élections dans le cadre de Izquierda unida ( Gauche Unie ) ou, après 2015, sous l’égide de la nouvelle formation Podemos. Bien qu’il soit toujours officiellement reconnu par l’Etat comme parti politique, son poids est minime, même si 80/100 des délégués de son congrès de 2017 y ont voté le rétablissement du marxisme-léninisme et l’autonomie du PCE vis-à-vis de la Gauche Unie.

Mais, malgré cette majorité, la direction du PCE fut élue de " façon consensuelle ", et comporte une majorité d’opportunistes décidés à perpétuer les pratiques anciennes. Ce sont donc en quelque sorte les représentants des 20/100 des délégués au congrès qui dominent complètement la direction du Parti, Comité central et Secrétariat.
Le XXIème congrès du PCE vient d’être convoqué par sa direction pour " le premier semestre 2022 " mais sans donner pour l’instant les dates précises.


[1parallèlement à l’évolution du PCF et du PCI vers ce qu’on nomma quelques années après "l’eurocommunisme". NOTE DU TRADUCTEUR

[2sorte de secte politico-religieuse fortement ramifiée dans les milieux économiques et financiers N T

[3traduction intégrale. N T

[4consciente ou inconsciente NT

   

Messages

  • 1. HISTOIRE CRITIQUE DES COMMUNISTES D’ESPAGNE DEPUIS LA FIN DU FRANQUISME (1978)
    19 août 2021, 09:26 - par RICHARD PALAO


    Il me paraît important de préciser qu à son 20 ème congrès, le PCE à vote pour la sortie de l U E et de l Euro alors que le PCF continue de nous promettre une Europe sociale...

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