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Paris exige une politique européenne agressive après la signature du traité AUKUS contre la Chine

mercredi 13 octobre 2021 par Alex Lantier

En traitant de la politique internationale de l’UE, on doit commencer par poser la question si l’UE a une vraie vision et une vraie politique internationale. Car elle est divisée sur les questions internationales et, en plus, les élites politiques et économiques des pays de l’UE sont partout pénétrées par des agents d’influence US. Dans ce contexte flou, il y a une affirmation en tant que puissance tendant vers l’autonomie en Allemagne.
Et on ne sait du coup pas très bien :

1. Si la France a une ligne claire face a l’Allemagne, et aussi face aux USA, tant nous avons assisté a des louvoiements successifs suivis d’actes de soumission qui remontent a la dernière partie de la présidence Chirac.
2. Si la France, quand elle tient un discours de fermeté et/ou d’affirmation de son propre impérialisme, est réellement soutenue par l’Allemagne, a fortiori par le reste des pays de l’UE encore plus liés aux USA.

Dans la situation actuelle marquée par un danger de guerre mondiale grandissant lié au renforcement du complexe militaro-industriel US, on aimerait savoir si la France pèse réellement en faveur d’une retenue et si la crise publique de la France avec l’AUKUS débouchera sur de nouveaux rapports de force inter-impérialistes.
Pour le moment, à Paris, on semble être toujours dans le "en même temps". (BD-ANC)

Pour nous aider à y réfléchir, nous vous proposons l’article Alex Lantier.

Paris exige une politique européenne agressive après la signature du traité AUKUS contre la Chine

Après la répudiation soudaine par l’Australie d’un contrat de sous-marins de 56
milliards d’euros avec la France alors qu’elle a fait son alliance AUKUS avec le Royaume-Uni et les États-Unis contre la Chine, le président français Emmanuel Macron intensifie les appels à une politique militaire indépendante de l’Union européenne (UE).[Lire l’article : L’Europe devra se passer de l’OTAN et avoir sa propre armée.]

Lors du sommet européen du 5 octobre au château de Brdo, près de Ljubljana, en Slovénie, Emmanuel Macron a rappelé la signature du traité AUKUS et le retrait humiliant des États-Unis d’Afghanistan en août. Tout en appelant à une "clarification et un réengagement" de Washington dans l’alliance de l’OTAN, il a ajouté : "Mais nous devons être clairs avec nous-mêmes sur ce que nous voulons pour nous-mêmes, nos frontières, notre sécurité et notre indépendance énergétique, industrielle, technologique et militaire."

Macron a clairement indiqué que la signature du traité AUKUS avait causé des dommages durables aux relations de l’UE avec l’Amérique. "Il faut être réaliste sur les décisions qui ont été prises par nos alliés. Il y a des choix qui ont été faits dont je ne peux pas dire qu’ils étaient des signes de respect [pour] la France ou l’Europe", a déclaré Macron. Il a déclaré que l’objectif de l’UE au sommet de Ljubljana était de "continuer à travailler de bonne foi avec ses partenaires et alliés historiques, mais aussi d’accroître son indépendance et sa souveraineté."

Cela signifie que, même si les pays de l’UE insistent sur le fait qu’ils n’ont pas l’argent nécessaire aux politiques de santé publique essentielles pour éradiquer le coronavirus et stopper la pandémie de COVID-19, les principales puissances de l’UE s’engagent à augmenter massivement les dépenses militaires pour servir leurs ambitions géopolitiques. Berlin et Paris, qui assureront la présidence tournante de l’Union européenne pendant six mois au début de l’année 2022, ont fait pression de manière agressive en faveur d’un renforcement des capacités militaires de l’UE.

Le sommet de Ljubljana a souligné que les menaces américaines à l’encontre de la Chine intensifient les tensions entre les États-Unis et l’UE et les mouvements agressifs des puissances impérialistes européennes dans les Balkans et en Méditerranée.

Le même jour, juste avant d’arriver au sommet, Macron avait reçu à Paris le secrétaire d’État américain Antony Blinken, pour des entretiens sur l’amélioration des relations franco-américaines.

Avant l’arrivée de Blinken, Macron a clairement indiqué que la visite de ce dernier ne résoudrait pas à elle seule la crise de l’AUKUS. Il a déclaré : "Nous sommes obligés de constater que, depuis un peu plus de 10 ans, les États-Unis d’abord se concentrent davantage sur eux-mêmes et sur le recentrage de leurs intérêts stratégiques sur la Chine et le Pacifique. C’est leur droit, c’est leur propre souveraineté. Et je respecte la souveraineté populaire, mais là aussi, nous serions naïfs, ou plutôt nous commettrions une terrible erreur, si nous n’en tirions pas nos propres conclusions."

Après trois décennies de guerres menées par les États-Unis, le déclenchement d’une troisième guerre mondiale, qui serait menée avec des armes nucléaires, est un danger imminent et concret.

"C’est une crise qui est appelée à durer, dont nous ne pourrons sortir que par des actions concrètes", a déclaré au Monde un responsable français anonyme.

M. Blinken a également rencontré son homologue français, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, mais aucune conférence de presse conjointe n’a eu lieu. Expliquant cette décision inhabituelle, un fonctionnaire français a sèchement déclaré : "Les deux ministres s’exprimeront lorsqu’ils auront quelque chose à dire".

Macron devrait avoir un entretien téléphonique avec Biden au milieu du mois, avant de le rencontrer en personne lors du sommet du G-20 des 30 et 31 octobre à Rome.

La débâcle de décennies d’escalade des guerres d’agression menées par les États-Unis en Irak, en Afghanistan et à travers le Moyen-Orient et l’Asie centrale n’a pas résolu mais a intensifié les conflits internationaux et le danger de guerre.
Trente ans après la "dissolution stalinienne de l’Union soviétique" en 1991, qui a privé les puissances de l’OTAN d’un ennemi commun, les tensions entre les États-Unis et l’Union européenne sont profondes et croissantes. Le retrait des États-Unis d’Afghanistan, qui laisse un vide en Asie centrale, intensifie les rivalités entre grandes puissances en Eurasie et le risque d’une nouvelle guerre menée par les États-Unis.

Après que Washington et l’UE se soient affrontés au sujet des tentatives américaines d’armer les milices ukrainiennes d’extrême droite en vue d’une guerre avec la Russie en 2014-2015, on constate toutefois une opposition croissante dans les cercles dirigeants de l’UE aux menaces de guerre américaines contre la Chine.
Dans un briefing intitulé "La ’troisième voie’ indo-pacifique de la France", le groupe de réflexion de la Fondation Carnegie pour la paix internationale souligne les différences entre Washington et les puissances de l’UE révélées par le traité AUKUS.

"Malgré les déclarations sur le ralliement de pays démocratiques partageant les mêmes idées, l’administration Biden n’a pas su anticiper la réaction de la France. Cela aura des conséquences négatives à long terme sur l’image des États-Unis et sur les relations transatlantiques, déjà mises à mal par la présidence de Donald Trump", écrit-il, ajoutant : "Le sentiment est de plus en plus fort - y compris chez le voisin allemand de la France - que le nouvel accent mis par Washington sur le Pacifique n’est pas conforme aux intérêts de l’UE."

Le groupe de réflexion de l’Institut français des relations internationales (IFRI) a critiqué l’escalade du danger de guerre, y compris nucléaire, provoquée par le traité AUKUS visant la Chine.

L’IFRI a averti que la signature de "l’AUKUS pourrait déclencher une course aux armements (nucléaires) et que cette initiative exacerbe dangereusement les tensions en Asie de l’Est". Il a cité l’Indonésie, la Malaisie et Singapour, ainsi que la Thaïlande, le Laos et le Cambodge, parmi les puissances régionales irritées par l’accord AUKUS.
Il cite les déclarations du gouvernement indonésien, qui s’est dit "profondément préoccupé par la poursuite de la course aux armements et de la projection de puissance dans la région", et appelle l’Australie à "maintenir son engagement en faveur de la paix, de la stabilité et de la sécurité régionales."

Soulignant la position de la France dans la région indo-pacifique via ses possessions insulaires telles que la Réunion ou la Nouvelle-Calédonie, l’IFRI conclut : "La France n’est pas le seul pays de la région indo-pacifique qui ne veut pas suivre aveuglément et inconditionnellement les États-Unis sur leur chemin risqué contre la Chine."

L’incitation à la guerre et aux conflits entre grandes puissances n’est toutefois pas seulement le produit des politiques étrangères agressives des États-Unis, mais, plus fondamentalement, du système capitaliste d’État-nation lui-même. Les méthodes géopolitiques des puissances impérialistes de l’UE ne sont pas fondamentalement différentes de la politique plus ouvertement agressive de Washington.

Avec les forces militaires plus limitées mais néanmoins substantielles dont elles disposent, elles ont défini une politique de consolidation de leur influence stratégique dans la périphérie méridionale et orientale de l’Europe. Cela inclut des initiatives visant à absorber les anciens États yougoslaves bombardés par Washington et les puissances de l’UE lors de la guerre de l’OTAN en Yougoslavie en 1999, à armer la Grèce contre la Turquie et à intensifier la guerre néocoloniale de la France dans le pays africain du Mali.

Le sommet de Ljubljana a appelé à préparer "l’élargissement" de l’UE à l’ex-Yougoslavie. Le communiqué du sommet a déclaré : "L’UE réaffirme son soutien sans équivoque à la perspective européenne des Balkans occidentaux."

Après le sommet, le président serbe Aleksandar Vucic a laissé entendre que la Serbie ne serait probablement pas en mesure de rejoindre l’UE sans reconnaître au préalable la république sécessionniste du Kosovo, qui a déclaré unilatéralement son indépendance avec le soutien de l’OTAN en 2008. M. Vucic a déclaré : "Si les problèmes avec Pristina [la capitale du Kosovo] ne sont pas résolus, la Serbie ne pourra pas rejoindre l’UE."

Néanmoins, les puissances européennes ont multiplié les appels à une intervention agressive. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a déclaré que l’élargissement de l’UE aux anciennes républiques yougoslaves était critique sur le plan géopolitique. "Si l’Union européenne n’offre pas de véritable perspective à cette région, nous devons être conscients que d’autres superpuissances - la Chine, la Russie ou la Turquie - y joueront un rôle plus important. La région appartient géographiquement à l’Europe, et elle a besoin d’une perspective européenne", a déclaré M. Kurz.

La France a également annoncé un accord de 3 milliards d’euros pour vendre trois frégates navales à la Grèce dans le cadre de son conflit permanent avec la Turquie dans la mer Égée et la Méditerranée orientale.
Cette vente, critiquée par la Turquie comme une menace pour "la paix et la stabilité régionales", a été ratifiée hier par le parlement grec.
L’accord engagerait également les forces armées grecques à envoyer des forces dans la guerre française au Mali et dans toute la région du Sahel.

   

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