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Nouvelles du Mali

dimanche 2 janvier 2022 par Monde Afrique et Bassirou Diara

À propos de L’incarcération d’Oumar Mariko, « le Mélenchon malien » et Le feuilleton Wagner : une guerre froide larvée.
Situation complexe et certainement contradictoire au Mali car on doit d’un côté prendre en compte le conflit entre le gouvernement malien et les puissances occidentales et néo-coloniales, à propos par exemple de la coopération Mali-Russie ou Mali-Chine, et d’un autre, la répression en interne inacceptable de la part d’un gouvernement militaire entouré de pays CEDEAO ayant des gouvernements souvent fort peu recommandables car directement tributaires de maîtres coloniaux.
Ensuite, je ne qualifierais pas non plus Mariko de "Melenchon malien" car on peut penser ce qu’on veut de Melenchon, mais Mariko a démontré au cours de ses activités un courage que Melenchon n’a jamais eu à démontrer, et les analyses de Mariko sont en général bien plus élaborées que celles de Melenchon.
(BD-ANC)

L’incarcération d’Oumar Mariko, « le Mélenchon malien »

Oumar Mariko, leader du parti de gauche Sadi (voir son portrait ci dessous), a été jeté dans les geôles de Bamako, le 6 décembre dernier, pour « propos injurieux » à l’encontre du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga.

Pour cet opposant considéré comme le « Mélenchon malien » c’est un retour aux sources, puisqu’il avait connu la prison sous le régime autoritaire et militaire de Moussa Traoré. Cette incarcération est un mauvais signal donné par les autorités de transition pourtant déjà bien à la peine sur beaucoup d’autres fronts.

Règlement de vieux comptes

Avec l’arrivée au pouvoir de Choguel Maïga, les vieilles fractures maliennes ressurgissent. Le contentieux entre le Premier ministre et Oumar Mariko, deux hommes de la même génération, date des années 1980. Pendant que le premier soutenait un mouvement de jeunes favorable au parti unique de Moussa Traoré, le second était à la tête de l’Union des élèves et étudiants du Mali et chantait les louanges de Modibo Keïta, père de l’indépendance.

C’est encore lui qui fut le fer de lance de la jeunesse qui a renversé le dictateur lors des journées du 22 au 26 mars 1991.

Pour les deux sexagénaires, la vie repasse les plats. L’un est au sommet de l’État, l’autre derrière les barreaux pour une sombre histoire d’audio piraté et publié sur les réseaux sociaux. Ironie de l’histoire, Oumar Mariko répliquait à un long aparté de Choguel Maïga, lui aussi piraté et diffusé sur les messageries privées.

Un emprisonnement qui ne passe pas

Depuis leur arrivée au pouvoir, les autorités de transition ont multiplié les arrestations d’anciens dignitaires, comme celle de l’ex Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, et celles-ci ont toutes été accueillies dans l’indifférence générale. Ce n’est pas le cas de celle d’Oumar Mariko qui ne cesse de faire des vagues.

Tous les partis politiques maliens, y compris, ceux opposés au parti Sadi, ont publié des communiqués de soutien. Défenseur du peuple, des paysans, de la veuve et de l’orphelin, le leader de la gauche malienne engrange aussi de nombreux soutiens dans le monde rural, qui a bruyamment manifesté sa désapprobation.

D’après une source à la maison d’arrêt, le tribun jouit également de la solidarité de ses 200 compagnons de cellule qui bénéficient de cours de marxisme en accéléré se transformant parfois en véritables meeting au sein de la prison !

Enfin, la futilité du motif de l’arrestation d’Oumar Mariko a été un électrochoc pour certains Maliens qui soutenaient jusque-là aveuglement les autorités de transition. Les colonels au pouvoir n’ont rien a gagné dans cette affaire et c’est un bien mauvais calcul de leur part que d’avoir permis au Premier ministre de régler ses vieux comptes.

Vent mauvais contre la démocratie

Après le dernier sommet de la Cedeao qui a maintenu des sanctions et en a promis de nouvelles après le 1er janvier 2022 si le gouvernement n’était pas en mesure d’annoncer un chronogramme précis pour l’élection présidentielle, la junte a plus que jamais besoin de soutien populaire.
En effet, depuis son arrivée au pouvoir, elle n’a engrangé aucun succès, tant sur le front politique que social ou sécuritaire. Son seul exploit consiste à avoir réussi à se maintenir au palais de Koulouba contre vents et marées et surtout contre la volonté de la France et de certains chefs d’État d’Afrique de l’Ouest.

« Transition ne rime pas avec chasse aux sorcières et répression judiciaire » Maitre Baya Selle

Alors si le Mali doit faire partie de la longue liste des pays d’Afrique de l’Ouest en état de régression démocratique, le bilan de la junte sera définitivement désastreux… A l’instar, par exemple du Bénin, qui vient d’infliger une peine de 20 ans à l’opposante Reckya Madougou ; ou encore du Togo qui compte à ce jour 116 prisonniers politique… S’agissant du Mali, l’avocat Balla Seye n’hésite pas à parler de « terreur judiciaire ».

Oumar Mariko sera fixé sur son sort le fin décembre date à laquelle le tribunal appréciera la demande de mise en liberté provisoire déposée par ses avocats. D’ici là, Comme Mondafrique le rapportait le 14 décembre, le président français se sera rendu à Bamako le 20 décembre pour y rencontrer le président Assimi Goïta, une visite sous haute tension puisqu’il sera question de « l’affaire Wagner » (lire article ci-dessous) et du retour de l’ordre constitutionnel au Mali avec l’organisation de l’élection présidentielle.

Emmanuel Macron demandera-t-il la libération d’Oumar Mariko ?
À n’en point douter, Jean-Luc Mélenchon qui a déjà demandé l’élargissement du leader de Sadi ne manquera pas de revenir à la charge.

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La rédaction de Mondafrique, publié le 15 décembre 2021.


Le feuilleton Wagner : une guerre froide larvée

Depuis sept mois maintenant, les populations maliennes vivent un psychodrame, ayant comme trait caractéristique, l’arrivée ou pas, d’un groupe de mercenaires de la société paramilitaire Russe, Wagner.

Le Premier Ministre, Choguel Kokala Maïga et son Ministre des Affaire Etrangères, Abdoulaye Diop, communiquent, chacun à sa manière, pour nous convaincre que l’affaire Wagner au Mali, ne repose que sur des rumeurs.

La fièvre des relations entre la France et le Mali ne cesse de grimper au niveau du thermomètre.

Le 23 décembre 2021, la déclaration conjointe de 15 pays occidentaux, partenaires du Mali, vient en rajouter au suspens Wagner. Les réseaux sociaux (de tout acabit) rivalisent de surenchères.

Le 24 décembre 2021, tombe un communiqué du gouvernement Malien de la transition, avec un élément capital, la mise en demeure des "15" d’apporter des preuves de la présence des mercenaires russes.

Confrontation entre les grandes puissances

Cette affaire Wagner se transforme en une sorte de guerre froide (qui ne dit pas son nom), entre un bloc d’occidentaux et la Fédération de Russie.

Le Mali au même titre que l’Ukraine, semble devenir, un nouveau théâtre d’expérimentation de la confrontation entre les grandes puissances (une confrontation géo-politique et géo-stratégique).

Pour sortir de ce bourbier, le Mali, dans le concert des Nations, doit plus que jamais d’affirmer, avec force et détermination, son indépendance et sa souveraineté.

Le Mali est dans son droit légitime et inébranlable, de diversifier (dans un monde multipolaire), ses relations, ses alliances diplomatiques, économiques, sécuritaires, avec des pays amis.

Mais la réaffirmation de ces principes universels, doit aller de pair avec la sauvegarde et la consolidation des droits et des intérêts du peuple malien.

Avec la France, une longue histoire lient nos deux peuples.

La France, est le premier partenaire économique et financier de notre pays.

La France où vivent, travaillent et étudient près de 150 000 à 200 000 de nos compatriotes (qui font vivre des milliers de familles maliennes au pays).

La France que le peuple malien a accueillis à bras ouverts en janvier 2013, lors de l’offensive djihadiste sur Bamako.

Le peuple malien est dans son bon droit pour demander des comptes à cette France, d’attendre des résultats concrets dans la lutte contre le terrorisme.

On ne peut pas comprendre qu’avec 5 100 militaires de la force Barkane, 11 000 casques bleus de la Minusma, qui interviennent aux côtés de nos FAMA et ce depuis huit ans de présence sur le sol malien, la situation sécuritaire du pays ne fasse que se détériorer.
Et il en va de même au Niger et au Burkina-Faso.

N’oublions pas qu’en 2013, le peuple malien a accordé à 77% (une première), ses suffrages au Président Ibrahim Boubacar Kéïta, avec le seul espoir que l’homme "providentiel" allait mettre fin au calvaire des populations, en ramenant la paix, la sécurité, le bien-être économique, social et culturel.

Le peuple malien est fatigué.

• Fatigué du terrorisme qui chaque jour ensanglante notre pays, avec des victimes civiles et militaires, avec son corollaire de milliers de déplacés internes.

• Fatigué de la vie chère, de la corruption et du népotisme.

• Fatigué de cette diplomatie de tension, qui ne cesse de monter avec la CEDEAO, dont notre pays est pourtant membre fondateur.

• Fatigué de réclamer que la lutte contre le terrorisme ne soit pas l’arbre qui cache la forêt, de l’inaction économique et sociale au profit du peuple malien, de l’insignifiance des actions bilatérales et multilatérales, pour sortir le Mali de la pauvreté.

Les autorités maliennes de la transition, doivent clarifier définitivement leur position, pour qu’on sache à quoi s’en tenir.

Il en va de l’avenir du pays et celui du peuple.

Bamako le 27 Décembre 2021.

Bassirou Diarra : Commandeur de l’Ordre National du Mali
Chevalier de la Légion d’Honneur de France.

   

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