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Résister à la marchandisation, repousser les limites de l’imaginaire, (se) construire des espaces d’autonomie

samedi 3 mars 2018 par Didier Epsztajn

« Chacune des dimensions de la vie des femmes comme des hommes, et de la reproduction des sociétés humaines, est affectées par ce « devenir-monde du capitalisme » (Bihr, 2006) : les relations des êtres humains entre eux, les rapports sociaux (de sexe, de classe, de race, de génération) dans lesquels ces relations s’inscrivent (Pfefferkorn, 2007, 2016), les relations que ces êtres humains entretiennent avec la biosphère »

Dans leur introduction, Laurence Granchamp et Roland Pfefferkorn mettent l’accent, entre autres, sur la façon dont la reproduction sociale, dans ses dimensions individuelles et collectives, est affectée par les dynamiques du capitalisme mondialisé, « Elles fragilisent et minent plus particulièrement certains groupes de femmes et mettent en danger les ressources naturelles de nombreux territoires ».

Elle et il n’en restent pas à l’étude des effets de la mondialisation, mais interrogent « les multiples fragmentations des rapports sociaux à l’oeuvre à travers différentes formes de mise au travail des femmes et/ou de catégories de population plus ou moins marginalisées ».

Extension du marché du travail, transformation brutale des possibilités et conditions de vie, emplois précaires et vulnérables, activités informelles, place de l’espace domestique, mise en compétition généralisée, « La mondialisation capitaliste ne crée pas, mais exacerbe les dimensions spatiales de la division sexuelle du travail ».

Extension des formes marchandes, aggravation des logiques extractivistes, « Les textes rassemblées ici interrogent l’accès des femmes aux ressources et leur prise en charge de la reproduction sociale quand elles s’impliquent dans la défense des conditions matérielles qu’elles prodiguent aux plus vulnérables ». Mais aussi processus d’autonomisation des femmes, résistances, réhabilitation des savoirs et cultures spécifiques…

Il faut à la fois refuser l’essentialisation des femmes dans un renvoi à la « nature » ou dans une réduction à des êtres assignés à des fonctions considérées comme naturelles, penser « la crise environnementale et la subordination des femmes de façon indissociable », souligner la résurgence de pensées porteuses d’autres références, soutenir les luttes concrètes pour défendre des communs ou l’agroécologie, réinterroger les contradictions engendrées par la mise au travail (autonomie, émancipation, subordination, contraintes, accès aux ressources et aux moyens de productions, etc.), sans oublier la « persistance de l’invisibilité du travail et des activités féminines ».

Les différents textes permettent d’approfondir, entre autres, les rapports des groupes sociaux locaux « au territoire, comme aux temporalités et aux milieux naturels », les contradictions entre aspirations à la « modernité » et attachement à des « valeurs traditionnelles », les dynamiques souvent peu visibles, les conflits, les effets de disciplinarisation ou d’auto-exploitation, les politiques institutionnelles de genre, les normes prônées d’émancipation reposant sur des considérants très libéraux et individualistes, les ruptures biographiques, les migrations, les zones franches et les maquiladoras, l’accroissement du travail domestique non rémunéré, le creusement des inégalités entre femmes, les structures des foyers et leurs effets, la prostitution, le tourisme, les corps sexualisés, l’hypersexualisation et la marchandisation, l’imbrication du sexisme et du racisme, les théorisations écoféministes, la sécurité alimentaire, les chaines opératoires dans l’artisanat, les problèmes de mobilité, le commun comme imbrication de rapports sociaux…

Je souligne aussi le « brouillage » des normes d’emploi, la multitude des statuts ou de situations « au delà des catégories d’informalité et de formalité », l’utilisation du corps dans les « échanges économico-sexuels », l’agglutinement de noyaux familiaux incapables de décohabiter pour cause de pénurie de logements.

« Les différentes contributions rassemblées dans cet ouvrage soulignent la multiplicité et la diversité des trajectoires selon les catégories de femmes, les marges de manœuvre pouvant varier fortement, certaines catégories de femmes étant fortement contraintes sur la plupart des plans, d’autres pouvant trouver des ressources pour avancer vers une autonomie plus grande ».

S’appuyer sur les possibles construits dans certaines sociétés, en particulier sur la gestion des communs ou des rapports à l’environnement, ne devrait cependant pas conduire à sur-valoriser ces sociétés dites « traditionnelles ». Celles-ci sont bien inscrites dans l’histoire, modelées aussi par leurs rapports aux autres, traversées par des rapports sociaux parfois de très grandes violences. Des mondes ont bien été fracassés par le colonialisme, les évangélistes armés, puis par la marchandisation. Il est cependant plus que discutable que les sociétés où les êtres humains sont hiérarchises par leur(s) statut(s) puissent être des modèles pour l’émancipation indissociablement individuelle (donc d’un procès d’individuation) et collective.

« Etudier ensemble, et non de façon dissociée, production et reproduction, toujours à la lumière des rapports sociaux de sexe, de race, de classe, et de génération éclaire non seulement les rapports de domination et d’exploitation, mais aussi les marges de manœuvre des actrices et les formes de résistance »

Suite de l’article Ici.


Voir en ligne : https://entreleslignesentrelesmots....

   

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