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En marge de la confrontation OTAN/RUSSIE : le monde Russe va-t-il survivre ?

dimanche 30 janvier 2022 par Bruno Drweski et Vladimir Caller

Pour ceux que cela intéresse, chers camarades, voilà un message que j’ai envoyé à des correspondants, suite à l’opinion émise par un ami, le rédacteur en chef du Drapeau rouge (belge) avec qui je ne suis pas d’accord ici, vous l’aurez compris, même si le journal qu’il dirige est généralement de bon niveau. Mais entre camarades, on doit se dire les choses franchement et essayer de les comprendre au mieux. Malheureusement, dans le "jeu" politique actuel, le prolétariat, du moins en Oxydent, est édenté faute d’organisation de masse rassembleuse d’avant-garde dans chaque pays, donc le jeu principal se joue entre bourgeoisies impérialistes, bourgeoisies compradores et bourgeoisies nationales. ...Il faut aussi prendre conscience de la très grande faiblesse et de l’émiettement de nos forces prolétariennes si nous voulons commencer par avoir une analyse concrète de la situation concrète ...nous sommes à la fois en 1914 et en 1939 avec, en prime, des dents atomiques et l’absence de mouvement communiste international et de mouvement de la paix coordonné. ...ça urge ! comme dirait l’autre.

En ce qui me concerne, je pense que si la Russie n’a pas été intégrée dans l’Occident après 1991 ce n’est pas uniquement à cause de l’arrogance occidentale et de la surestimation de leurs forces par les élites occidentales, de leurs moyens.
La Russie n’avait pas non plus été "vaincue" en 1991, contrairement à ce que dictait l’autosatisfacion occidentale aux dirigeants occidentaux égocentrés de l’époque, car la classe dirigeante soviétique a "librement" décidé de dissoudre le communisme et l’URSS pour des raisons d’intérêts de classe ...mal perçus.

Mais ce "mépris" pour la Russie a été et reste surtout du au fait que le capitalisme avait besoin en Russie d’un marché captif et passif, mais certainement pas d’un partenaire, car un partenaire cela voudrait dire un concurrent de plus au sein du système unipolaire, un conflit intra-impérialiste de plus.

Les USA peuvent accepter des petits chienchiens bien dressés et avec de petites arrière cours néocoloniales comme l’Angleterre, la RFA, la France car pénétrés depuis 1945 par des agents d’influence US, soft ou hard, sans parler des autres petits, mais ne serait-ce que par sa taille, la Russie ne pouvait être réduite à un chienchien, donc il était illusoire d’envisager son intégration dans le capitalisme/impérialisme unipolaire.

C’est pour cela que Brzezinski militait pour que la Russie survivante soit cassée en quatre ou cinq États. Mais bien sûr à cette époque les élites russes et post-communistes, passées du matérialisme à l’idéalisme, Poutine compris, n’ont pu le comprendre tout de suite, et se sont laissées avoir ...sauf les gros capitalistes russes (dits "oligarques") qui, eux, ont pu placer les produits de leur pillage intérieur dans les "paradis fiscaux" sous protection du gendarme OTAN.

Le parti pro-otan existe toujours à la cour du Kremlin, en particulier l’inamovible présidence de la banque nationale et plusieurs ministères économiques en conflit permanent avec les "ministères de force", siloviki, les diplomates navigant entre les deux.

Dans ce contexte, si la bourgeoisie compradore russe a poursuivi et poursuit jusqu’à aujourd’hui, à l’extérieur comme à l’intérieur de l’appareil gouvernemental russe, sa stratégie de ramener la Russie à l’état de chienchien néo-eltsinien, la bourgeoisie nationale russe (voir "les contradictions au sein du peuple" de Mao Zedong), elle, a compris que la Russie devait avoir son capitalisme national concurrentiel avec le capitalisme USA no-occidental, à l’abri d’ailleurs de la puissance économique chinoise et d’autres partenaires "contre-hégémoniques" pour faire le poids.

À mon avis, les USA/OTAN ont besoin de guerres car les délocalisations + la financiarisation du capitalisme "post-unipolaire" ont fait que la seule production réelle toujours bien concentrée à l’ouest, c’est celle des armements, et donc le lobby militaro-industriel y est incomparablement plus puissant qu’à l’époque où Eisenhower mettait déjà en garde son peuple contre lui.

D’où le téléguidage vers l’administration politique des USA de porte-serviettes soit alzheimériens avancés soit fous furieux autistes et incultes style Blinken/Sullivan/Pelosi/mrs. Clinton/Power/Nuland et autres néocons ...dans tous les sens de cette dernière syllabe.

L’Ukraine en soi est une faillite aujourd’hui, et la Russie n’a qu’à attendre que le fruit mur ...et déjà un peu pourri tombe de l’arbre, mais Moscou ne peut accepter que, via l’Ukraine, Moscou soit à 4 minutes des missiles US/OTAN qui seraient basés en Ukraine (la Russie a déjà accepté d’avaler la couleuvre que la Lettonie pas tellement plus éloignée de Moscou soit dans l’OTAN, et sur ce terrain elle exige un retrait des troupes US&co. ltd.), alors il fallait pour Moscou faire d’une pierre deux coups :

1/ montrer que la Russie ne reculerait plus comme elle l’avait fait à chaque élargissement de l’OTAN, donc montrer ses dents, "coûte que coûte" comme dirait l’autre. Un pari hasardeux mais la Russie ne peut plus se payer le luxe de reculer, l’ennemi potentiel est aux portes de Moscou, comme en 1941.

2/ Achever d’essoufler l’économie ukrainienne car la mobilisation de l’armée ukrainienne actuelle coute très cher et Kiev ne tiendra pas 6 mois à ce rythme, elle s’effondrera ...les USA sont mis devant un dilemme, ...mieux, une contradiction ! :

- soit ils entretiennent l’État-failli ukrainien à fonds perdus (ce qui satisfera le lobby militaro-industriel US qui vendra des armes au gouvernement US qui les donnera gratuitement à Kiev incapable de payer),

- soit le contribuable US (et Trump qui risque de gagner les mid terms et déclare déjà que l’appui US à Kiev est une stupidité très coûteuse) ne pourra pas tenir dans une économie en crise, et Washington devra se retirer d’Ukraine la queue basse.

Ce qui explique la mise en orbite de l’idée de la vice-directrice de l’institut Delors d’accepter une "finlandisation" de l’Ukraine. À ce moment là, et les Chinois y travaillent déjà et Poutine semble l’envisager, il sera temps de sauver la face des USA pour qu’ils acceptent de se replier sur une politique à "l’autrichienne post-Sadowa" :

- Faire semblant d’être toujours une grande puissance tout en remettant les bijoux de famille dans le coffre du vainqueur que l’oncle Sam devra suivre désormais, dans le cadre d’un monde multipolaire où Washington sera un joueur de moins en moins influent et de moins en moins consulté, mais le fou aura été apaisé par des calmants.

À ce moment là, les diverses petites puissances européennes résiduelles devront envisager de se positionner par rapport aux nouvelles puissances. Et là, on verra bien s’il existe encore une "opinion" européenne capable de sortir de sa léthargie et de son apparente mort cérébrale (visible avec les phénomènes Zemmour, Draghi, Johnson et autres aux côtés des lamentables ...Micron, new old new labour, Van Leyen et autres trous du c...).

D’ailleurs, dans ce contexte, l’action de Poutine exacerbe les divergences entre Washington et Berlin malgré la walkirie guerrière vert ...de gris, au MAE allemand, Stolz a refusé de rencontrer Biden, ce qui montre que la RFA n’accepte pas, derrière les paroles otanistes, de suivre passivement la ligne guerrière de Washington.

Pour ce qui est du Donbass, la ligne est toujours la même, imposer par la force le respect des accords de Minsk, ce qui passe par l’appui de Berlin et de son supplétif parisien.

L’opinion occidentale ? ...

Elle n’existe tout simplement plus, elle est tétanisée pour le moment, on n’a donc pas à compter avec elle, elle suivra ce qu’on lui dit de suivre, Micron, Zemmour, Le Pen, Pecresse, Johnson & labour "modéré’, verts de gris allemands, Draghi, Berlusconi, et autres fantômes ...sauf aux USA avec le phénomène Trump qui certes la fait dévier mais joue sur elle.

Les Européens sont amorphes et vieillis, ils n’ont plus aucune force constitutive en tant que masses constituées, et donc ce qui compte pour la Russie, ce sont les vraies opinions mobilisables, Afrique, Amérique latine, Asie. Et sur ce plan là, le kremlin a marqué des points incontestables malgré la relative faiblesse de ses atouts économiques.

Et pour marquer des points en Afrique, le kremlin doit apparaître comme un lion vis à vis des anciennes puissances coloniales néo- et postcoloniales et les USA. C’est ce qu’il fait en défendant la paix mondiale et en facilitant les nouvelles routes de la soie chinoises qui apportent sur le terrain de l’économie productive ce que la Russie saccagée après 1991 n’est toujours pas en état d’apporter.

Ce n’est pas parce que Poutine est un ange ...il en est loin !!! c’est parce que Poutine ne peut pas ne pas tenir compte des intérêts de sa bourgeoisie nationale qui soutient un État protecteur ...contre l’économie prédatrice made in USA et ...aussi, contre son peuple qui demande un État social et qu’il faut un peu flatter par orgueil national pour lui faire avaler les couleuvres genre réforme des retraites à la demande du FMI.

Il est clair que la Russie n’a aucun intérêt à la guerre, elle profite des cours du pétrole pour renflouer ses caisses et faire pression militaire sur l’otan et son factotum kiévien qui fonctionne à fonds perdus.
La Russie doit donc maintenant tenir fermement six mois, d’ici là l’Ukraine se sera effondrée économiquement à moins que les pays occidentaux ne la renflouent ...ce qui accélérerait l’effritement, voire le crash selon certains(?), de l’économie occidentale.

Poutine joue donc gros car il parie sur la faiblesse de caractère des fous autocentrés, égocentrés et ethnocentrés au pouvoir à l’ouest. Il n’a pas intérêt à l’effondrement trop rapide du dollar mais il a testé l’état d’autisme politique des élites occidentales actuelles qui n’entendent aucun argument rationnel et qu’on ne peut donc pas convaincre de faire des compromis en utilisant la raison.

Ces fous, il faut les amener à la limite de la faillite pour que les "réalistes" au sein du Pentagone, de la CIA et des rares entreprises encore productives civiles en Occident fassent un coup d’état (peu importe le nom qu’on lui donnera ou l’apparence démocratique qu’on conservera) pour renverser la coalition autistes-alzheimeriens au pouvoir dans les grandes capitales occidentales (avec un bémol pour la RFA où il semblerait que Stolz ne soit pas aussi caricaturalement stupide qu’on pensait à la lecture du programme de la nouvelle coalition allemande puisque, lui, il semble capable d’écouter la voix de son patronat qui a intérêt à mener une politique d’investissements industriels dans l’immense marché russe et eurasiatique en convergence avec les Chinois ...

Car l’Allemagne est quasiment la seule puissance industrielle survivante non militaire à l’Ouest, elle a donc une bourgeoisie productive d’autres choses que de jouets militaires dispendieux ...et souvent inefficaces. Cf. le F-35 qui se casse la gueule de façon récurrente, alors que les armes russes montrent leur efficacité en Syrie et ailleurs pour bien moins cher).

Bruno Drweski (ANC)


Ci-dessous l’article qui a fait régir notre camarade.
En marge de la confrontation OTAN-RUSSIE : LE MONDE RUSSE VA-T-IL SURVIVRE ?

Si elle, la question, eut été posée avant l’épisode Poutine/Zelenski en cours ma réponse aurait été plutôt oui, la Russie pourrait survivre, s’intégrer dans la mondialisation tout en préservant son "dousha" (âme) et ce non seulement sur le plan de sa culture (langue, religion...) mais aussi de son "hard power" un certain protectionnisme, étatisme, puissance militaire..

Cette évolution positive, la "gauchisation" de Poutine, a été le résultat de la pédagogie occidentale. Ce sont les pratiques méprisantes depuis Clinton jusqu’à Biden qui servant de leçons expliquent et son discours de 2007 et la récupération de la Crimée et son intervention en Syrie, l’asile à Snowden, son soutien, dans les faits, au Venezuela, Bolivie, etc. Dossiers tous gérés avec une radicalité non exempte de finesse, "made in Lavrov", dirais-je. D’où qu’il me soi très difficile de croire que ce soit Lavrov à l’origine de la diplomatie en cours vis-à-vis de Zelensky.

Ce dernier, nain politique, avait un gros problème. Elu avec des pourcentages des voix presque ’soviétiques’ sa popularité était tombé au plus bas et, pour s’en sortir, il s’était préparé, poussé par ses faucons, à lancer une opération militaire de reprise du Donbass ; raison pour laquelle Moscou plaçait ses troupes au cas d’une tuerie massive des donbassiens.

Face à cette situation, au lieu d’utiliser tous ses recours médiatiques et diplomatiques pour dénoncer les plans de Zelensky ; au lieu d’exploiter des sentiments de bonne volonté envers la Russie existant en tous les pays d’Occident (y compris aux USA), la diplomatie russe s’est lancée dans des exigences tout à fait inacceptables pour l’OTAN et Washington ; comme si ces derniers allaient accepter que VP leur dicte leurs comportements (sauf à se suicider politiquement).

Face à un tel fiasco, deux options, un gigantesque pshitt diplomatique pour Moscou avec comme seul résultat, outre le niet total à ses exigences, le renforcement militaire d’Ukraine et les dégâts de son image (y compris chez ceux en Occident plus ou moins bien disposés envers elle). Autrement dit, renforcer l’otanisme un peu partout (Macron a le profile parfit pour gérer ce retrait... ; on le voit déjà avec sa conversation avec VP hier). Ou, comme deuxième option, l’aventure militaire pour sauver un amour propre si longue et visiblement exposé. Dans les deux cas de très gros risques pour garantir la continuité d’une de resistance aux desseins de l’OTAN (et de l’UE) car VP sortirait gravement affaibli.

Vladimir Caller

Ci-joint l’article du journal belge Le Soir

   

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