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Mali, une guerre sans fin ?

mercredi 7 mars 2018 par Serge Michailof pour la revue de la Défense Nationale

Sommes-nous dans une impasse stratégique au Mali ? C’est la question qui irrigue et structure l’analyse proposée par cet article. L’auteur nous présente sans fard les limites, sinon les échecs des actions visant à reconstruire des services de sécurité efficaces, faute selon lui d’une réelle prise en compte des réalités culturelles et politiques locales. La force multinationale G5 ne serait pas exempte de ce sombre constat et l’auteur en souligne les principales raisons.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas l’ANC, car elles ne sont QUE militaires et n’abordent pas la raison fondamentale qui ruine le Mali et provoque "la guerre", je veux parler de l’impérialisme occidental et dans ce cas français. Mais elles nous confirment dans notre opinion que la force aveugle n’est JAMAIS la solution.

L’armée malienne est en échec, la force des Nations unies inefficace

La France, les États-Unis et l’Union européenne apportent depuis quatre ans soutien et formation à l’armée malienne, mais cette armée est manifestement toujours incapable de contenir le développement de l’insécurité dans ce pays. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) qui compte plus de 13 000 hommes, est au Mali depuis quatre ans. Elle y a payé le prix du sang, ayant perdu plus de 150 hommes, ce qui en fait la mission la plus dangereuse des quinze opérations de maintien de la paix en cours dans le monde.

Mais cette force est largement recluse dans des bases dont elle ne sort qu’avec de grands risques. Dans ces conditions, l’armée française semble la seule force structurée capable de « tenir » le Mali. Alors, les soldats de l’opération Barkhane sont-ils condamnés à rester des décennies pour éviter le retour des djihadistes ? Ou pouvons-nous espérer que la force multilatérale du G5 Sahel permettra d’assurer sa relève et à nos soldats de rentrer chez eux ?

L’inefficacité des forces de maintien de la paix des Nations unies est souvent dénoncée, et celle de la Minusma ne fait pas exception. Thierry Vircoulon de l’Institut français des relations internationales (Ifri), un ancien d’« International Crisis Group », a récemment publié [1] une analyse particulièrement dévastatrice des raisons de l’inefficacité de ces opérations qui « s’enlisent et perdent leur sens », et qui « incapables de régler les conflits se contentent dorénavant de les accompagner dans la durée ».

Pour lui, ces forces qui « n’ont que l’apparence d’une armée », souffrent d’une absence de cadre stratégique de résolution des conflits, de limites si strictes dans l’application de mandats déjà bien restrictifs qu’ils les confinent à l’impuissance, et d’une doctrine désormais inadaptée à la nature des nouveaux conflits intra-étatiques.

L’inefficacité de l’armée malienne soulève un autre type de question sans doute plus inquiétant. Comment cette armée qui a reçu formation, assistance technique et équipement ne parvient-elle toujours pas à constituer une force crédible ? En fait, dans un pays comme le Mali, ce fameux triptyque « formation, assistance technique et équipement » ne s’adresse qu’aux symptômes de l’inefficacité de toute institution publique.

Dans les pays multiethniques et fragiles comme le Mali, ces institutions publiques visent en effet moins à fournir un service spécifique, qu’il s’agisse de sécurité, de fourniture d’eau, d’électricité ou de santé, qu’à offrir des emplois à des réseaux politiques, claniques ou ethniques et cela du haut en bas des pyramides hiérarchiques. L’armée malienne n’échappe pas à cette contradiction.

Tenter de redresser l’armée malienne par la formation, des conseils ou la fourniture de véhicules ne peut pas mener bien loin. Les pneus des véhicules se retrouvent vite, comme ce fut semble-t-il le cas récemment à Bamako, en vente sur le marché… Il y a un quart de siècle, Elliot Berg, un économiste américain réputé, aujourd’hui malheureusement largement oublié, avait procédé à un bilan des projets d’assistance technique conduits en Afrique par les grandes agences d’aide au cours des années 1970-1980. Cette analyse rigoureuse débouchait sur un constat accablant et l’avait conduit à conclure à l’inanité de ce type d’approche [2]

Or, n’avons-nous pas en plus sous les yeux au moins deux exemples récents d’échecs analogues, avec l’effondrement en 2014 devant Daesh d’une armée irakienne pourtant financée pendant dix ans à grands frais par les États-Unis, et avec la faillite que constituent quinze ans d’efforts occidentaux visant à consolider la police afghane qui est restée la mafia, certes mieux équipée, qu’elle était au début de ce siècle ?

Suite de l’article Ici


Voir en ligne : https://www.geostrategia.fr/mali-un...


[1Thierry Vircoulon : « Le maintien de la paix, version ONU : radiographie d’une impuissance », The Conversation, 9 octobre 2017 (https://theconversation.com/

[2Elliot Berg : « Rethinking Technical Cooperation », UNDP, 1993 (undp-forum.capacity.org/). Elliot Berg fut aussi l’auteur du fameux « Rapport sur le développement accéléré en Afrique au sud du Sahara » qui, en 1981, conduisit à une réévaluation générale des politiques économiques africaines.

   

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