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La crise du quadrant atlantique et le carrefour de l’impérialisme européen

mardi 10 mai 2022 par Rete dei Comunisti

L’accélération de la guerre en Ukraine, qui a débuté le 24 février et se poursuit ces dernières semaines, porte le niveau des contradictions à un niveau supérieur à celui que nous avons analysé ces dernières années. Il s’agit certainement d’un pas décisif vers la rupture de ce fragile équilibre international que beaucoup se sont plu à appeler la mondialisation à direction unipolaire, au point de faire l’hypothèse, il y a trente ans, de la fin de l’Histoire avec l’avènement de la pax americana/occidental.

Ces dernières années, nous avons observé comment la tendance à la guerre a gagné du terrain dans un monde de plus en plus multipolaire, dans ce qui a été caractérisé comme une impasse entre les impérialismes. Une situation qui n’est nullement statique, mais au contraire très dynamique, dans laquelle la concurrence a pris la forme d’une confrontation diplomatique, d’une guerre économique, d’un espionnage politique, d’une action militaire dans des secteurs périphériques...

Mais aujourd’hui, cet équilibre substantiel des forces risque de s’effondrer, d’abord sous le poids de défaites militaires de plus en plus cuisantes - et l’affaire de l’Afghanistan a marqué le point - et ensuite avec le premier affrontement (presque) direct "entre géants" depuis plusieurs décennies, dans lequel la bête occidentale tente de jouer le rôle de l’agressé sans responsabilité.

C’est dans ce contexte que nous proposons une discussion ouverte sur une base d’analyse à construire ensemble, mais qui se veut complexe, profonde, sans le conditionnement sentimental et simpliste que le discours dominant utilise pour nous maintenir ancrés à sa vision du monde. Nous poursuivons ainsi un débat qui nous voit déjà engagés au niveau international, en nous concentrant cette fois sur les perspectives de notre principal ennemi, l’Occident impérialiste (USA, OTAN, UE), qui, dans une phase de crise systémique, est physiologiquement conduit à l’agression et à l’expansion.

La possibilité pour les communistes d’influencer les événements passe, nous en sommes convaincus, par l’autonomie analytique, culturelle et programmatique qu’ils savent mettre sur le terrain. C’est l’un des grands défis à relever aujourd’hui, une condition nécessaire pour redonner la bonne direction à l’organisation de notre classe.

Un virus ne suffit pas pour arrêter une crise systémique

Depuis quelques mois, après une "pause" pandémique, les événements internationaux se succèdent à un rythme qu’une histoire endormie semblait avoir perdu depuis longtemps. La crise sanitaire du Covid-19 a été vécue sous nos latitudes comme une suspension de la soi-disant normalité, une conception qui reflète en fait la crise d’hégémonie des élites occidentales, incapables de faire face aux pressions et aux événements qui déplacent objectivement le centre de gravité du monde tel que nous l’avons connu ces dernières décennies.

Rien qu’au cours des derniers mois : la défaite des États-Unis et de leurs alliés en Afghanistan, l’échec de l’européanisation de la mission militaire française au Sahel, et l’effondrement consécutif des relations diplomatiques entre certaines anciennes colonies et l’Hexagone, l’affrontement militaire sur le sol ukrainien entre la Russie et l’Occident, mais aussi la croissance économique de la Chine (et les cauchemars que cela génère pour les dirigeants occidentaux) et la forte poussée progressiste lors des dernières élections en Amérique latine.

Chacun de ces événements est spécifique et possède sa propre dynamique, mais pour les comprendre pleinement, nous devons les encadrer et les relier à la crise systémique que traverse le mode de production capitaliste (MPC), et en particulier à la perte d’hégémonie mondiale à laquelle l’Occident s’efforce de faire face, de manière diverse et parfois antinomique entre les États-Unis et l’UE.

Cette longue crise systémique des MPC a commencé dans les années 1970 et découle des difficultés croissantes d’appréciation du capital qui sont apparues à la fin de l’"âge d’or" qui avait débuté avec les ravages de la Seconde Guerre mondiale. Face à cette incapacité à générer des taux de profit satisfaisants, le capital a historiquement réagi en déployant une série de contre-tendances.

Tout d’abord, une financiarisation de l’économie aussi violente que structurellement instable, comme le montre l’éclatement périodique de bulles financières de plus en plus déstabilisantes, dont la crise des subprimes de 2007-2008 a été la détonation la plus forte, mais certainement pas la seule et pas la dernière dans le temps.

Deux autres contre-tendances importantes, à savoir l’augmentation de la productivité due au développement scientifique et technologique et la contraction décennale des salaires, présentent aujourd’hui des limites politiques claires, car la dégradation des conditions de vie en Occident rend moins contrôlable pour notre bourgeoisie la réalisation des processus de restructuration nécessaires à la concurrence mondiale.

Mais aujourd’hui, ce qui avait été le principal moteur de la reprise du cycle de valorisation, c’est-à- dire la gigantesque expansion du marché mondial dans les années 90, garantie par l’implosion de l’URSS et l’ouverture de la Chine, est également arrivé à son terme. Cette dernière, en particulier, est passée du statut de "terre de conquête" et de délocalisation bon marché à celui de concurrent économique et d’antagoniste politique de l’impérialisme occidental, capable d’éroder l’hégémonie américaine dans les principaux secteurs stratégiques grâce à son ascension progressive dans la chaîne de valeur mondiale.

Dans les pays du Pacte de Varsovie, en revanche, une classe politique composée de mafieux et d’oligarques, inextricablement liée aux puissances occidentales et à nos "bons hommes d’affaires" soucieux de délocaliser la production réelle, a procédé au bradage de tout le patrimoine politique, économique, industriel et culturel qu’avait été l’URSS.
Dans une approche idéologique qui a toujours vu les "bons" contre les "méchants", le groupe dominant lié à Poutine a toujours été considéré favorablement, tant qu’il a toléré sa position de subordination à l’Occident.

Il est donc clair aujourd’hui que cette crise systémique a entraîné une concurrence internationale croissante entre les macro-blocs qui cherchent à s’assurer un taux de profit adéquat. C’est dans ce contexte que même le concept d’Occident, que la seconde moitié du 20e siècle nous a vendu comme essentiellement compact, grince et parfois s’effondre, désarticulé par des intérêts stratégiquement différents.

En fait, au-delà de la propagande, la stabilité économique et politique de ce qui était défini comme le "premier monde" ne peut être considérée comme acquise. À cet égard, les mesures prises par les États-Unis au cours des premières semaines de la crise ukrainienne sont tout à fait significatives : les cris d’alarme sur l’attaque imminente de Poutine annonçaient d’une part une capitulation russe, dans le but d’affaiblir le bloc euro-asiatique en cours de formation, et d’autre part visaient à "remettre l’UE dans les tranchées".

Malheureusement pour Biden, la Russie a décidé d’aller effectivement de l’avant avec l’attaque militaire, tandis que l’UE, après les premières tentatives ratées de médiation, s’est avérée plus militariste que ses alliés, élevant le seuil du danger de guerre généralisée. Ce n’est qu’à ce moment-là que la présidence américaine a dénoncé les risques d’un conflit nucléaire et limité les représailles à des sanctions économiques, du moins pour le moment.

D’une manière générale, nous sommes donc toujours dans une impasse, ce qui ne signifie pas la stagnation, mais plutôt un état de "friction continue" entre des blocs dans lesquels aucun ne parvient à exceller sur le plan international et qui n’ont pas la force ou la capacité de créer un "nouvel ordre".

Cet équilibre est aujourd’hui en passe d’être dépassé, si ce n’était des armes nucléaires qui, pour l’instant et comme nous l’avons vu ces dernières semaines, restent un moyen de dissuasion générale.

Chien qui aboie... mord parfois

L’événement qui a officialisé la manifestation de ce déséquilibre a été la fuite des États-Unis et de l’OTAN d’Afghanistan en août dernier. L’attaque de la Russie contre l’Ukraine, en revanche, a marqué le premier revers militaire majeur "de haut niveau" de l’expansionnisme occidental, c’est-à- dire une rupture claire avec la pratique répétée de la guerre asymétrique entre l’Occident et le dictateur maléfique du jour.
Ces deux événements démontrent clairement que les États-Unis ne peuvent plus étendre leur influence et leurs outils ad libitum.

Dans ce contexte, certains éléments sont évidents. D’une part, le déclin de la force impérialiste dominante, celle des États-Unis, qui ont toujours une position militaire et économique mais qui perdent des positions importantes dans des secteurs comme l’innovation technologique, la course à l’espace et le contrôle des ressources énergétiques.
Cela est également évident en ce qui concerne la politique monétaire mondiale, où nous assistons à une tendance au déclin du dollar au sein du système international, miné par l’émergence de devises nouvelles et différentes, utilisées tant dans le commerce que comme réserve de valeur.

Fondamentalement, comme le montrent clairement les tensions sociales dramatiques sur la question du racisme systémique et les dernières élections présidentielles, les États-Unis perdent la capacité d’externaliser les contradictions qui se développent en leur sein.

Ce premier élément, à savoir la faiblesse (relative et tendancielle) des États-Unis, génère des espaces de manœuvre politique sans précédent, tant au sein de l’Occident capitaliste que dans des quadrants internationaux jusqu’ici considérés comme périphériques.

En Afghanistan, nous avons assisté à la chute de l’un des pivots de la stratégie mondiale américaine depuis le début des années 1980, c’est-à-dire le contrôle de l’Asie centrale pour maintenir le contrôle du monde, un objectif qui s’est avéré trop difficile à poursuivre.

La défaite américaine de l’été dernier a certes été militaire, mais avant tout idéologique et matérielle. Les États-Unis ont montré au monde que leur "exportation de la démocratie" est un échec (et que toute légitimité des interventions humanitaires occidentales en général a été sévèrement sapée) et qu’ils ne pourront pas investir de ressources dans ce quadrant géopolitique dans les années à venir.

Un excellent test de ces données peut être observé lors de la session de l’ONU qui voulait condamner l’intervention militaire russe en Ukraine : la quasi-totalité de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine n’a pas soutenu la résolution américaine et européenne, démontrant ainsi comment, sous d’autres latitudes, les événements historiques sont lus avec des lunettes différentes de celles de la propagande occidentale.

Une grande partie des énergies américaines sont désormais détournées vers leur propre continent, non sans rencontrer des difficultés et une résistance populaire.

Nous analysons depuis quelque temps déjà les développements de la résurgence de la poussée progressiste en Amérique latine, un mouvement continental qui a son propre agenda politique mais qui trouve son origine dans la nécessité de contrer la pénétration renouvelée des États-Unis. La combinaison des difficultés économiques mondiales et du regain d’intérêt stratégique des États-Unis pour ce qu’ils considèrent comme leur "arrière-cour", a en fait créé des situations d’instabilité importante dans de nombreux pays, faisant du quadrant sud-américain le maillon faible de l’impérialisme moderne, et pas seulement de l’Amérique du Nord.

Les situations spécifiques de chaque pays ne sont rien d’autre que les nombreuses pièces d’un conflit de classe à l’échelle continentale, dans lequel l’oligarchie acquise à l’impérialisme américain s’oppose à des secteurs populaires qui ont parfois atteint des niveaux d’organisation très avancés.

Ce choc nous a amené à dire que le choix est entre "Socialisme et Barbarie", où le Socialisme est concrètement présent en Amérique latine et la Barbarie est tout aussi concrètement présente aux États-Unis.

Dans le quadrant africain, notamment au Sahel, nous assistons à des dynamiques similaires, sous d’autres formes dictées par d’autres conditions. Ici, le choix est plutôt entre "souveraineté ou colonie", mais les événements de ces derniers mois donnent une bonne idée du niveau de l’affrontement en cours : déjà terre d’affrontements entre la Chine, la Russie, l’UE et les USA, tant sur le plan économique et des ressources naturelles que sur celui des alliances géopolitiques, ces derniers mois le Mali, la Guinée et le Burkina Faso sont entrés en collision avec les plans décidés pour eux à Bruxelles.

Paris, à travers le système politique, économique et monétaire de la Françafrique, a été le vecteur des intérêts néocoloniaux européens en Afrique, où l’Union européenne expérimente non seulement "l’autonomie stratégique" à laquelle elle aspire militairement, mais aussi l’une de ses principales lignes d’expansion économique.

Le discours officiel parle de "lutte contre le terrorisme" et d’aide au développement, tout comme en Afghanistan pour les États-Unis. La présence de 25 000 soldats européens dans la région explique pourquoi les pays de la zone sahélienne sont depuis des décennies la périphérie intégrée des chaînes de valeur occidentales, et notamment européennes.

S’il n’est pas surprenant que le ministre italien de la Défense puisse affirmer que le Sahel représente "la véritable frontière méridionale de l’Europe", il n’est pas non plus surprenant que l’Union européenne rencontre plusieurs obstacles pour s’affirmer dans ce qu’elle pensait être son arrière-cour : des concurrents extérieurs tels que la Russie, la Turquie et la Chine, des militaires "patriotes" écartant les terminaux politiques locaux de la Françafrique et faisant preuve d’une certaine indépendance de jugement dans leurs choix, et surtout des mouvements politico-sociaux de masse qui veulent poursuivre leur chemin d’indépendance vis-à-vis du néocolonialisme là où il a été brutalement interrompu par l’Occident.

Le soft power de l’Union européenne n’est plus qu’un souvenir.

Nous pensons que la stratégie poursuivie par les États européens en Afrique est la manifestation concrète d’un développement autocentré de l’Union européenne, qui passe par une centralisation de l’appareil productif européen. En ce sens, le Next Generation EU donne également un élan décisif à une délocalisation productive, qui s’oriente vers la sphère continentale et la sphère d’influence directe en Méditerranée et en Afrique de l’Ouest, zones dans lesquelles l’UE entend jouer un rôle impérialiste de premier plan, également par le biais de sa nouvelle stratégie d’investissement "Global Gateway".

La relation historique entre l’Europe et les États-Unis est manifestement soumise à des tensions qui conduiront peut-être à un changement dans la manière dont elle a été jusqu’à présent.

Nous découvrons dans ce cas que le bloc occidental n’est plus aussi compact qu’il l’était lorsque le gâteau à partager était grand et abondant : si les États-Unis voient dans l’OTAN l’un des nombreux instruments qui leur permettent de désarticuler leurs concurrents, l’Union européenne n’est certainement plus disposée à accepter une position subordonnée, surtout chez elle ou là où elle voit sa position menacée, c’est-à-dire en Afrique et au Moyen-Orient.

En ce sens, le feu vert donné à un réarmement généralisé des États européens, l’Allemagne dépensant 100 milliards pour renforcer son armée et de nombreux États importants augmentant leurs dépenses militaires à 2 % de leur PIB, ne doit pas seulement être considéré comme une réponse à la demande d’engagement dans la sphère de l’OTAN formulée depuis des décennies par l’allié nord-américain, mais comme un choix commun des classes dirigeantes européennes qui exigent la parité stratégique dans le domaine militaire au sein de l’Alliance atlantique.

La crise de l’hégémonie mondiale des États-Unis est donc, en dernière instance, l’élément qui oblige les forces économiques et financières européennes à emprunter la voie de l’intégration. L’abandon du continent asiatique par les États-Unis, sans coordination avec leurs alliés de l’OTAN, l’accord militaire AUKUS promu par les États-Unis seuls dans un but anti-chinois, et l’affront fait à la France à propos des sous-marins vendus à l’Australie, obligent l’Union européenne à relancer son rôle, qui ne peut être que stratégique.

La question de l’armée européenne est désormais à l’ordre du jour du débat entre les gouvernements et au siège de l’Union, et revient non seulement dans son aspect strictement géopolitique mais aussi dans son aspect keynésien, c’est-à-dire comme moteur de la croissance économique.

La nécessité pour les élites européennes de se doter d’une politique de défense stratégique autonome fait partie d’un ajustement plus large pour jouer contre tous les autres acteurs internationaux, dans une ère que Von Der Leyen a définie comme "caractérisée par l’hypercompétitivité", dans laquelle chaque acteur est seul et fait pour lui-même.

Sur le plan militaire, les nœuds qui sont en train d’être défaits pour passer à une véritable "politique de puissance" de l’Union européenne vont d’une plus grande intégration du complexe militaro- industriel, accompagnée d’une déconnexion incisive de l’industrie militaire britannique, à l’élargissement de la coordination militaire également "au-delà du cadre de l’OTAN".
Autant de points qui ont été discutés et partiellement résolus lors du sommet de Versailles des 10 et 11 mars.

En tant que Rete dei Comunisti, depuis les années 1990, nous avons identifié cette tendance historique et l’avons décrite comme la construction d’un "pôle impérialiste européen", dans une division du monde post-soviétique qui a vu l’émergence d’espaces économico-monétaires compétitifs autour des États-Unis (par le biais d’accords de libre-échange tels que l’ALENA, puis la tentative ratée de la ZLEA pour l’Amérique latine) et du Japon, voyant dans cette tendance les dangers d’une reprise d’un conflit mondial.

Beaucoup de choses ont changé depuis cette décennie : il y a eu l’émergence de la Chine en tant que puissance économique mondiale, la multiplication des forces régionales telles que l’Iran, la Russie, l’Inde, le Pakistan et la Turquie, qui sont de plus en plus en désaccord ou en tout cas non alignées avec les politiques occidentales, la fin des ambitions impérialistes du Japon, la crise hégémonique évidente des États-Unis et aujourd’hui nous voyons l’intervention directe de la Russie contre l’expansionnisme de l’OTAN à notre porte.

Le seul projet organique qui a avancé grâce aux multiples crises, qui ont agi comme un moteur pour le projet d’intégration, a été la construction de l’Union européenne. Aujourd’hui, l’Union européenne est en passe de dépasser la condition de zone économico-financière, en tentant de devenir un super- État impérialiste qui rivalise sur la scène mondiale comme les autres puissances.

Dans cette situation paradoxale d’extrême discontinuité internationale mais de forte continuité dans le processus continental, il nous semble indispensable de reconfirmer l’objectif de briser la cage de l’Union européenne, compris comme la lutte contre son propre impérialisme et la nécessité de la construction d’une ALBA euro-afro-méditerranéenne.

Pour ce faire, nous ouvrons le débat au niveau international, conscients qu’encore trop peu de forces parmi les communistes sont concentrées pour identifier et étudier l’ennemi de classe ici sous nos latitudes.

Un nouveau contexte, une nouvelle phase

La prochaine phase historique sera caractérisée par une multiplication des conflits, du conflit de classe au sein de l’UE au conflit international, qui est autant politique et propagandiste que directement militaire.

Les quadrants internationaux sont remaniés, certains sont déstabilisés, d’autres changent d’acteurs hégémoniques, et d’autres encore redécouvrent une participation populaire active. La multipolarité est définitivement sortie d’un raisonnement théorique sur les possibilités et les tendances de l’Histoire, pour entrer avec force dans la réalité et s’imposer à l’épreuve des faits, sous les yeux d’un Occident qui se prétendait politiquement, économiquement et idéologiquement hégémonique sur le monde entier.

Notre quadrant, le quadrant atlantique, s’est en effet révélé plus faible qu’il n’était peut-être perçu, plus divisé que la propagande ne le dit, en difficulté à légitimer sa prétention à la domination - la propagande l’appelle "défense", mais toute personne honnête sait très bien que ce n’est pas le cas. D’un côté de l’océan, on montre les dents et les armes dans des cris de guerre aux échos désespérés, laissant des étincelles qui ont enflammé l’Ukraine aujourd’hui et pourraient enflammer la mer de Chine méridionale demain ; de notre côté, nous procédons à ce saut qualitatif dans le scénario international qui est nécessaire pour soutenir la concurrence mondiale sous une forme autonome.

En tout cas, il semble clair que l’Occident impérialiste -USA, OTAN, UE- dans une phase de crise systémique, est physiologiquement enclin à l’expansion et à l’agression.

Pour les communistes, la route est tracée : donner une consigne de marche, désigner clairement l’ennemi, ne pas laisser politiquement et idéologiquement désarmé dans les conflits à venir est un engagement qui doit partir du moment actuel de crise de notre adversaire de classe.

C’est pourquoi nous sommes confrontés à la nécessité de comprendre comment nous devrons faire face aux années à venir.
Parce que construire l’unité sans produire dans la confrontation la qualité de l’analyse, le contenu et la perspective du dépassement des relations sociales capitalistes est, comme cela s’est souvent produit, condamné à ne durer qu’une saison.

   

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