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« Debout les femmes », qu’ils disaient !

mardi 5 juillet 2022 par Francis Arzalier (ANC)

C’était le titre en pleine page de l’Humanité, qui fut il y a bien longtemps le quotidien de Jaurès et de Gabriel Péri. Un titre-affiche qui ne doit d’ailleurs rien à l’imagination de ses dirigeants actuels, porte-paroles exclusifs des segments les plus droitiers de ce qui reste du PCF d’autrefois : car il est copié sur le titre-slogan du journal de Ruffin (FI), Fakir.

Pourquoi pas, nous rétorqueront certains amis, même si ce slogan a un parfum légèrement démagogique, « dans le vent » ? Dans notre France submergée de ce qui vient d’outre-Atlantique, où la mode « me too » a une fâcheuse tendance à ignorer la lutte de classes au profit de la guerre des sexes, et à faire de Mesdames Bettencourt et Mulliez, milliardaires du CAC40, les victimes de prolétaires mâles ne rêvant que de les violer !

Après tout, il faut bien que les modes se fassent, et l’Humanité se doit d’afficher son féminisme. Ce journal en a bien le droit, puisqu’il appelait à élire des candidates du PCF dès 1921, alors que les femmes n’avaient pas le droit de vote en France, et pas davantage aux USA ! Et, certes, nous ne reprocherons pas à des militants communistes d’affirmer l’égalité des sexes, dans la loi et au travail, ils furent à l’avant-garde de ce combat en France il y a un siècle, bien avant les suffragettes new-yorkaises et parisiennes.

Mais certaines façons d’aborder le sujet relèvent fort de la manipulation, ou tout au moins de la bêtise politique. Car ce titre accrocheur ne précède pas un appel qui serait fort justifié aux luttes sociales et politiques, femmes et hommes confondus, dans un contexte français actuel marqué par la poussée des droites et de l’extrême-droite. Face à l’accumulation des dangers, et à la persistance des projets régressifs de Macron et son gouvernement, il faudra justement un puissant mouvement dans la rue et les lieux de travail, unissant comme en 1936 ou 68 les revendications de la majorité des citoyens et citoyennes, pour les salaires, les services publics, les libertés collectives, et la défense de la paix. Ce n’est pas, semble-t-il, dans les objectifs immédiats de ce numéro de l’Humanité. Ce titre flamboyant « debout les femmes ! » introduit plusieurs pages sur…les États Unis d’Amérique !

Ce n’est pas un cas isolé, la presse de notre pays, écrite ou d’images, fait, depuis des années, de longs commentaires prioritaires sur le moindre incident politique ou médiatique survenu au Texas où en Californie, alors même qu’elle donne peu de place aux préoccupations quotidiennes des Français. Ces hâbleurs formatés aux dogmes libéraux-impérialistes décrivent l’actualité comme si la France était une banlieue reculée de l’Empire de Washington.

Certes, cet avatar est révélateur de la crise politique qui secoue les USA, dont les « élites » politiques voient leur domination mondiale s’effriter, rogner chaque jour les libertés individuelles sous la pression des droites fascisantes, intégristes religieux et racistes. Ce sont les mêmes qui ont tenté de s’accrocher au pouvoir par la force avec Trump après leur échec électoral, et qui sont aussi férocement attachés à la vente libre des armes de guerre, qui s’est traduite à plusieurs reprises par des massacres dans des écoles ou la rue.

Et c’est à leur instigation que la Cour Suprême des États Unis a récemment donné le droit à chacun des États de la Fédération d’autoriser ou d’interdire le droit à l’IVG. Ce recul est évidemment dramatique pour les femmes les moins riches d’États dirigés par la Droite réactionnaire comme le Missouri ou l’Alabama. Mais déjà se dessinent les réactions populaires à cette décision régressive, faisons confiance aux citoyens états-uniens pour la combattre, ce qui relève d’abord de leurs choix, et ne concerne guère directement la France, dans laquelle la loi autorisant l’IVG est soutenue par une large majorité de citoyens.

D’autant que la décision de la Cour Suprême des USA a un arrière-plan politicien qu’on ne saurait sous-estimer. Le Président « démocrate » redoute le prochain scrutin pour renouveler les députés au Congrès. Cette décision réactionnaire de la Cour Suprême lui permet de se donner en la dénonçant une image de Saint laïque, défenseur des libertés individuelles menacées par ses adversaires Républicains. Et ainsi, de faire un peu oublier son attitude ultra-belliciste dans la guerre contre la Russie et la Chine en Ukraine, qui commence à irriter pas mal de citoyens états-uniens….

L’affaire est donc essentiellement états-unienne, doublée de magouilles politiciennes, venant tant du Parti Démocrate que du camp Républicain, gangrené par l’extrême Droite.

C’est pourquoi il est inepte de réclamer une réforme constitutionnelle en France à ce sujet, comme l’ont fait certains Macroniens désireux de se donner à peu de frais une auréole féministe, et quelques péronnelles Écologistes de la Nupes, qui n’ont pas hésité à reprendre la même antienne. Après avoir peu auparavant éxigé un soutien militaire plus intense aux Nationalistes Ukraniens contre l’ogre Poutine. Un curieux féminisme-Écologisme, couplé avec un bellicisme incontrôlé au service de l’OTAN et de l’Impérialisme États-unien !

C’est évidemment à rattacher à cette mode « me too » issue d’outre-Atlantique, dérive irrationnelle du féminisme originel, qui consistait à exiger l’égalité entre hommes et femmes. Au lieu de ce combat justifié, la France est parcourue quasi quotidiennement par des rumeurs amplifiées par les médias, gonflant des accusations d’attouchements sexuels portées par des femmes ou des hommes contre tel ou tel personnage connu. Tout récemment, il a suffi que le député FI soit élu président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale pour devenir la cible d’accusations enflées par les médias, et c’est le lendemain le tour de l’exmaire et ministre Gaulliste Santini, dénoncé par d’anciens employés municipaux !
À qui le tour demain ?

Accusations la plupart du temps sans preuve, des décennies après les faits, et généralement lancées 20 ans après par des « victimes » qui ne portent pas plainte en justice, et dont la plupart ont à l’époque profité de leurs attraits sexuels pour obtenir de l’intéressé un avantage matériel, ce qui relève de la prostitution. Certes, la prostitution ne tombe pas sous le coup de la loi en France, et c’est heureux, mais elle ne saurait donner à celle ou celui qui se vend le droit de porter plainte contre son client pour en obtenir des indemnités supplémentaires !

Cette distortion des valeurs sociales les plus élémentaires, inspirée de la culture du pays dominant impérialiste, ne découle en rien, comme le prétendent nos communiquant formatés de la « libération de la parole », mais de l’esprit de délation, que la société française pervertie par le Pétainisme a vécu durant l’occupation allemande de 1940 à 44 !

En fait, la contre-révolution idéologique libérale a fait depuis cinquante ans son œuvre dans notre pays, imprégnant l’opinion jusqu’à y compris ce qu’on nomme « la Gauche », et « l’élite intellectuelle », dont la mission devrait se limiter à soutenir et éclairer les luttes populaires…

Dans ce tsunami idéologique, comment ne pas noter les soubresauts agonisants de ce qui reste du PCF, en partant de l’épisode le plus récent : le faible score de son candidat Roussel aux élections présidentielles, au profit du « vote utile « Mélenchon, a enclenché un processus « unitaire de la Gauche » et abouti à la coalition électorale dite NUPES aux législatives, dont on ne peut s’interdire de noter plusieurs caractéristiques délétères.

Sous l’égide d’un mouvement FI disparate politiquement et dont la démocratie interne n’est pas la qualité majeure, cet accord électoraliste a assuré la survie des organisations converties au libéralisme, Verts et PS, et, avec leur aide, l’élimination des dirigeants PCF attachés à leur identité marxiste au profit des opportunistes droitiers minoritaires au congrès précédent. Un basculement confirmé lors du conseil national du PCF des 2 et 3 juillet. À la lecture évidente et chiffrée de l’échec des candidats uniques de la « Gauche », émanation d’une entente électoraliste entre la carpe et les lapins, on pouvait espérer un sursaut orgueilleux de la mémoire du PCF, qui fut il y a longtemps l’incarnation des luttes prolétariennes, « pour la Paix, le Pain et les Libertés », comme on le disait en 1936 et 1945. C’était trop espérer, si l’on en croit le compte-rendu du quotidien l’Humanité : le CN se résuma aux interventions successives de candidats contents d’avoir retrouvé leur poste grâce à l’accord électoral, parsemées de quelques critiques feutrées, sans véritables analyses divergentes, ni appel concret aux luttes sociales comme issue politique.

Puis le CN botta en touche, en annonçant un nouveau congrès du PCF dans quelques mois, qui risque fort d’ancrer davantage l’organisation dans son inaction militante, et son opportunisme-carriérisme.

Faut le souligner ? La guerre de l’OTAN en Ukraine, contre la Russie et doublée de menaces concrètes contre la Chine, nous menace évidemment d’une catastrophe économique et sociale, et d’un désastre nucléaire, si les mouvements populaires pour la paix ne parviennent à inverser le bellicisme dominant actuellement. (Lire notre article : http://ancommunistes.org/spip.php?article4057.NDLR)

Or, jamais depuis un demi-siècle le mouvement contre l’impérialisme et pour la paix n’a été aussi faible.
Il fut déjà faible en 2011 contre l’inacceptable invasion française de la Libye.
Il l’est encore plus contre la guerre en Ukraine, dilué dans un bellicisme dominant, y compris dans la « gauche » engluée dans le « social-libéralisme ».

Il serait temps que les diverses organisations communistes de France, refusant le consensus majoritaire, ne se contentent plus de longs textes verbeux qui n’atteignent pas le grand public, mais soient à l’initiative de manifestations concrètes pour exiger la paix, en Ukraine comme en Afrique, et dénoncer les responsabilités en la matière de l’OTAN et de l’Union Européenne dont le gouvernement français est partie prenante.

05/07/2022

   

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