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Uber Files : ce que disent les révélations sur Macron et Uber

lundi 11 juillet 2022 par Hadrien Augusto

Alors que les freins réglementaires n’accordaient aucune hospitalité à Uber en France, Emmanuel Macron aurait “personnellement” joué un rôle clé dans l’intégration de la société de VTC dans l’économie.

Des discussions secrètes, entre Emmanuel Macron et Travis Kalanick, auraient permis à la société de VTC Uber de pénétrer le marché français sans trop de difficultés réglementaires et juridiques. Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), grâce à une investigation du journal anglais The Gardian, révèle que la société américaine serait venue en convoi faire du lobbying à Bercy et aurait reçu un accueil particulièrement chaleureux de la part de l’ancien ministre de l’Économie devenu chef d’État.

Les faits remontent au mois d’octobre 2014, au ministère de l’Économie, lorsque Emmanuel Macron aurait reçu le cofondateur d’Uber, son responsable du lobbying Mark MacGann ainsi que l’ancien conseiller de Barack Obama devenu vice-président d’Uber, David Plouffe. Ensemble, ils auraient tenu des échanges rapides (et efficaces !) pour mener à bien l’intégration d’Uber dans l’économie.

Une conversation jugée “spectaculaire”, comme l’écrivait Mark MacGann dans un compte-rendu envoyé à ses collègues. “Un Meeting méga top avec Emmanuel Macron” grâce auquel le lobbyiste en chef concluait : “Du jamais-vu. Beaucoup de boulot à venir, mais on va bientôt danser ;)” suivi de “La France nous aime après tout”. À cette heure, Uber n’avait pas encore les mêmes facilités qu’aujourd’hui et venait à peine la question de la concurrence déloyale et de l’encadrement du statut de travailleur indépendant pour les chauffeurs.

Un deal entre Uber et Macron pointé du doigt

Les journalistes derrière ces “Uber Files” dénoncent l’existence d’un deal, entre Emmanuel Macron et la société Uber, à l’heure où la Répression des fraudes avait les VTC d’Uber dans son collimateur. Avec l’ancien ministre de l’Économie, Travis Kalanick et ses équipes auraient trouvé un vrai “partenaire”, avec qui un “deal” aurait été passé. En l’échange de la fermeture du service UberPop, qui permettait à tout le monde de devenir chauffeur, Emmanuel Macron aurait permis “une simplification des conditions pour devenir chauffeur VTC”.

L’Élysée a bien compris les reproches faits dans l’enquête et se défendait d’avoir cherché, en 2015 de réduire la durée de formation de 250 à 7 heures pour obtenir une licence de VTC. Dans une réponse à la consultation de l’ICIJ, le service de presse du chef de l’État a déclaré que ses anciennes fonctions “l’ont naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires”.

Des différents appels, SMS, comptes-rendus des rendez-vous récupérés par les journalistes d’investigation du Gardian, en ressort le message d’Emmanuel Macron appelant la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) à ne pas se montrer “trop conservateur” à l’égard de la société Uber.
Autre point clé des “Uber Files”, la présence dans un décret promulgué de plusieurs amendements fournis par l’équipe de lobbying d’Uber et qui avaient été rejetés dans un premier temps par les différentes commissions.

Présence d’investisseurs français

Les “Uber Files” se penchent sur quatre années de croissance et 124 000 documents internes enregistrés de 2013 à 2017 chez Uber, dans lesquelles les discussions avec Emmanuel Macron font partie. D’autres chefs d’État sont cités, comme le Premier ministre israélien à l’époque, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre irlandais d’alors, Enda Kenny, et Toomas Hendrik llves, ancien président d’Estonie.

En tout, 1850 parties prenantes auraient été ciblées par Uber pour pouvoir dépasser un cadre réglementaire aux batailles juridiques certaines.

En France, d’autres parties prenantes ont peut-être pesé dans l’équation de l’ancien ministre de l’Économie. Xavier Niel et Bernard Arnault (l’actuelle deuxième plus grosse fortune mondiale derrière Elon Musk), ont tous deux investi dans Uber. Le responsable du lobbying d’Uber avait très bien compris leur importance, plus que pour l’argent. “Nous n’avons pas besoin de leur argent en soi. Mais ils pourraient être des alliés utiles pour gagner la France”, écrivait Mark MacGann, dans un e-mail.

David Plouffe, qui travaillait avec Barack Obama sur sa campagne en 2008, a rejoint Uber en 2014 et en devenait le responsable de la communication et des politiques. Lui aurait joué un rôle clé dans le lobbying en faisant jouer son carnet d’adresses côté américain comme européen. Le but : “adoucir l’image d’Uber” – qui a connu d’autres affaires douloureuses comme celles des chiffres sur les agressions sexuelles de ses chauffeurs aux États-Unis.

En réponse aux “Uber Files”, la spécialiste des politiques publiques d’Uber a déclaré que “les réunions de David n’ont pas empêché ou retardé quoi que ce soit. Elles ont simplement servi à montrer que nous avions des dirigeants responsables et matures dans l’entreprise qui seraient des homologues professionnels avec le gouvernement.”

Un an après le gros des discussions avec Macron, Uber n’a pas ralenti son rythme en lobbying avec 90 millions de dollars dépensés rien qu’en 2016

Dans ces dépenses, les “Uber Files” dénoncent des rémunérations sous la forme de prime aux équipes de lobbying à chacune de leur percée, sur un marché ou un autre, mais aussi des propositions d’avantages données aux politiques qui leur viendrait en aide sur la bataille réglementaire.

Pour défendre le bilan et les projections d’Uber dans l’économie et dans l’emploi des différents marchés, des économistes se seraient fait rémunérer. En France, le professeur à HEC Augustin Landier est pointé du doigt, lui qui a récemment publié l’ouvrage “Le Prix de Nos Valeurs”.

“La police ne pourra pas obtenir grand-chose”

En dix ans, aucune de ces informations n’avait été révélée dans la presse malgré de multiples tentatives de perquisitions, rien qu’en France. Mais les “Uber Files”, dans l’un des points les plus à charge sur la société américaine, dénonçaient ses pratiques en toute conscience de “kill switch”.

Un terme informatique pour appeler le bouton d’arrêt d’urgence permettant à tous les ordinateurs d’un réseau – ici celui de Uber – de se déconnecter des serveurs sur lesquels se trouvaient les documents sensibles. “L’accès aux outils informatiques a été coupé immédiatement, donc la police ne pourra pas obtenir grand-chose, voire rien”, avait dit David Plouffe à Mark MacGann, dans un appel en mars 2015 depuis Paris.

“Nous avons utilisé cette technique tellement de fois que maintenant, le plus difficile, c’est de continuer à faire semblant d’être surpris !”.

Quatre mois plus tard, en pleine discussion avec le responsable d’Uber France, Thibaud Simphal, le lobbyiste en chef Mark MacGann aurait dit : “Ayez l’air confus lorsque vous ne pouvez pas obtenir l’accès. Dites que l’équipe informatique est à San Francisco et dort profondément. Et que de toute façon, tout cela est contrôlé par Uber BV [le siège de la société aux Pays-Bas], donc ils devraient écrire à Uber BV pour faire leur demande.” Thibaud Simphal lui aurait rétorqué : “Nous avons utilisé cette technique tellement de fois que maintenant, le plus difficile, c’est de continuer à faire semblant d’être surpris !”.

Source : https://www.francetvinfo.fr/politique/affaire/uber-files/enquete-uber-files-revelations-sur-les-pratiques-de-lobbying-du-geant-du-vtc_5248534.html


Voir en ligne : https://www.presse-citron.net/uber-...

   

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