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NOUVELLES DE LA CROISADE OCCIDENTALE EN COURS

samedi 13 août 2022 par Francis Arzalier

L’opinion française admet majoritairement en 2022 être informée mieux que jamais, puisque le moindre événement sortant de l’ordinaire dans le monde peut lui être annoncé dans l’heure qui suit. Ainsi ce début août de 2022 a vu nos communicants quotidiens transformer en drame national l’aventure mortelle d’un béluga venu fâcheusement se suicider dans les eaux douces d’un fleuve français. Et nous sommes aussi abreuvés d’heure en heure de la catastrophique progression des incendies de cet été de sécheresse et de vent, et du combat parfois désespéré des habitants des lieux et des pompiers. Tous ces événements certes réels et graves méritaient d’être dits, mais avons nous, et l’opinion a-t-elle, les moyens d’en comprendre le sens, de les replacer dans leur contexte politique, économique, social, et surtout national et mondial qui permettrait d’en comprendre le sens ? Cette rapidité, inhérente aux progrès fulgurants de la technologie de transmission ces derniers cinquante ans, est elle autre chose qu’un leurre, quand tout l’appareil médiatique est entre les mains d’une armée de financiers et techniciens rétribués et formatés de l’expression publique, tous convaincus de leur droit de diffuser leurs dogmes idéologiques libéraux, leurs conceptions dites « occidentales », qui définissent la liberté comme droit de tirer profit de son prochain, et la « démocratie » comme celui d’élire de temps à autre des gouvernants parmi des candidats pensant à peu près tous la même chose ?

Leurs « informations « occultent généralement une réalité fondamentale, sans laquelle le moindre fait ne peut trouver d’explication : En quelques années, le monde a basculé dans un nouvel équilibre mondial, un rapport de forces nouveau, instable et dangereux, entre l’impérialisme planétaire dirigé depuis un siècle au moins par le capitalisme états-unien, bardé de ses alliés, les puissances capitalistes d’Europe (Royaume-Uni, Allemagne, France et leurs cohorte de l’UE et l’OTAN ), d’Asie et Pacifique (Japon, Corée du sud, Australie, etc ), du Moyen-Orient (Israël, Arabie saoudite et Emirats). Cet attelage impérialiste, encore dominé par les maîtres de Washington, se ressent de plus en plus en crise malgré sa prééminence militaire : les défaites humiliantes récentes des USA en Afghanistan, de la France au Sahel, ne font qu’accompagner les reculs continus des puissances occidentales dans la compétition économique et politique mondiales vis à vis de leurs concurrents ; durant ces dernières années, l’impérialisme états-unien n’a pas réussi à détruire ou asservir les États nationaux qui refusaient ses diktats (Cuba, Venezuela, Iran, Syrie) comme il avait réussi à le faire auparavant en Libye et en Irak. Et surtout les progrès économiques exceptionnels de la Chine, le processus de relèvement national de la Russie capitaliste-étatique sorti du marasme consécutif à l’effondrement de l’URSS, ont permis à ces deux concurrents de tailler à l’Occident des croupières économiques et diplomatiques en Afrique et en Asie. Tant et si bien qu’une partie des dirigeants des Etats-Unis, notamment au sein de l’administration Biden, s’est convaincue que la compétition mondiale était perdue d’avance sur le plan économique, et que le seul moyen de conserver la primauté des USA et leurs alliés sur le géant chinois et les autres « non-alignés » était l’action militaire, où la domination de l’impérialisme US est encore évidente. D’où la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie par Biden et ses soutiens de l’OTAN et autres d’un encerclement guerrier devant, dans l’esprit de ses concepteurs de Washington, aboutir à la destruction ou la ruine programmée de cet « Empire du mal » constitué par la Chine et ses divers soutiens, Russie, Iran, etc. Cela grâce à des provocations militaires successives, et l’emploi de supplétifs prêts à combattre cet ennemi que les USA, prudemment, ne veulent pas affronter directement.

Le premier épisode de cette « Croisade occidentale mondiale » est engagé depuis quatre mois à l’Est de l’Europe, sur le sol ukrainien, contre la Russie capitaliste et son État national, jugé à Washington le coupable majeur de l’échec occidental en Syrie, et assez fragile pour être ruinée par une longue guerre (des « experts » du Pentagone ont même programmé la chute de Poutine, coupable d’avoir sorti la Russie de son affaissement pro-occidental sous Eltsine ! ). Pour parvenir à cette guerre prévue en Ukraine, les USA et leurs alliés serviles de l’OTAN, ont organisé les provocateurs nationalistes ukrainiens prêts à bombarder depuis plus de dix ans les populations du Donbass proches culturellement de la « mère Russie », et, depuis quelques mois, à se faire tuer par l’armée russe au nom de l’Occident. Et pour faire bonne mesure, cette croisade US antirusse par procuration repose aussi sur les alliés supplétifs européens, qui, eux, fournissent avec les USA le matériel militaire le plus sophistiqué (artillerie à longue portée, drones d’observation et de bombardement ciblé, etc.) qui permet aux mercenaires des nationalistes ukrainiens de mener la croisade occidentale armée contre les méchants Russes et leurs alliés de Donietsk.

Mais cette explosion ukrainienne n’est pas le seul front de la Croisade occidentale. A l’est du continent asiatique, les mêmes bellicistes états-uniens cherchent à engager une guerre ouverte avec la Chine, l’ennemi numéro 1. Les nationalistes de Taïwan sont là-bas appelés à jouer le rôle de provocateurs qu’ont joué à l’Ouest ceux d’Ukraine, multipliant les manœuvres militaires et les proclamations politiques (dont la visite récente de Nancy Pelosi à Taïwan) contre le gouvernement chinois, avec l’espoir qu’il tombe dans le piège d’une guerre ouverte comme le firent les dirigeants russes en Europe. Il ne nous reste plus qu’à espérer que le sang-froid et l’intelligence de ces communistes chinois leur évite ce piège qui pourrait se traduire en apocalypse nucléaire pour le monde entier, en évitant les rodomontades des maoïstes d’autrefois, prétendant que l’impérialisme et ses bombes atomiques n’étaient qu’un tigre de papier !

Cette stratégie occidentale de Croisade provocatrice est aussi en œuvre au Moyen-Orient, directement (les Etats-Unis se sont permis récemment d’envoyer un drone tuer quelques militants intégristes dans une ville d’Afghanistan, pays indépendant reconnu par l’ONU ! ), et plus souvent encore par le biais de leurs alliés-supplétifs locaux. Ainsi, la récente vague de bombardements de l’enclave palestinienne surpeuplée et encerclée de Gaza par l’armée des occupants israéliens qui ont détruit des dizaines d’immeubles, tué une cinquantaine de personnes et blessé plusieurs centaines, sous prétexte de punir les militants de la Résistance palestinienne. Et les responsables de ce massacre raciste ont précisé que le mouvement palestinien étant au service de l’Iran, ce n’était que la première étape de la guerre à venir contre le Satan de Téhéran ! Qui aura, espérons le, la sagesse de ne pas répondre à cette provocation, nouvelle étape de la Croisade occidentale, que s’apprêtent à rejoindre comme Washington le leur demande, les monarchies pétrolières arabes du Golfe, empêtrées dans une féroce guerre d’occupation au Yémen, avec des armes occidentales et notamment françaises, sous prétexte aussi d’y combattre l’influence iranienne !

Ce nœud de vipères stratégique, qui peut dégénérer en cataclysme nucléaire, est le péril majeur pour tous les peuples aujourd’hui qui ne pourront le conjurer qu’en combattant les attitudes bellicistes de leurs propres gouvernants, et en espérant le refus sage face aux provocations par les dirigeants chinois, russes ou iraniens agressés par l’Occident.
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Certains, qui ne nient pas la dangerosité de ces tensions guerrières, nous traiteront de complotistes, et rétorqueront que nos communicants n’y sont pour rien, et qu’on ne peut à ce sujet leur faire le moindre reproche. Ils ont tort, ou ne veulent pas voir leur travail insidieux auprès de l’opinion, au service de cet esprit de croisade impérialiste, et d’abord parce qu’on occultant les faits qui prouvent la réalité de ce mécanisme mondial, ils déversent sur l’opinion qui les lit ou les écoute, une avalanche « d’infos » brutes, dépouillées de leur contexte permettant de les analyser et les comprendre. Quelques exemples seulement, dans des domaines très divers de l’actualité, en portent témoignage :

- Depuis le début de la guerre en Ukraine, les télés, publiques et privées, la plupart des journaux et revues, se font les relais à peu près exclusifs d’une version des combats et de leurs conséquences rédigée dans les officines nationalistes ukrainiennes, contrôlées par la CIA et les services de l’OTAN, tout en dénonçant la désinformation qui, selon eux, règne du côté russe.

- Ces bavards bellicistes qui se prennent pour des experts parce qu’ils ont accès à la parole et à l’image se sont aussi beaucoup répandus sur les dramatiques incendies qui ravagent la France après d’autres pays, ils en ont évidemment profité pour présenter en long, en large et en travers le verbiage satisfait de la Première ministre en tournée, alors que chacun des Français concernés sait bien que les moyens de vaincre ces feux sont très insuffisants, notamment sur le plan aérien. Aucun de ces commentateurs autorisés n’a évoqué une question taboue : La France de Macron a donné aux nationalistes ukrainiens en grande pompe de canons de longue portée nommés César, les plus efficaces paraît il, et donc les plus chers.

COMBIEN CES DONS GUERRIERS QUI POURRAIENT ENTRAINER UNE RIPOSTE RUSSE JUSQU’AU FATAL ENGRENAGE NUCLÉAIRE PERMETTRAIENT ILS DE FOURNIR AUX LUTTES CONTRE L’INCENDIE D’AVIONS ET D’HÉLICOPTÈRES QUI LEUR FONT DÉFAUT ?

Dans une opinion française empoisonnée par l’apolitisme hypocrite du « tous pourris », par le discours raciste qui fait de tout migrant un bouc émissaire, on pourrait espérer que quelques grands esprits médiatisés ne se joignent pas à la meute, tiennent fermement un discours de raison, de paix, d’égalité, comme l’ont souvent fait, à leur risque et péril, des intellectuels prestigieux d’autrefois, de Voltaire à Zola, de Sartre à Aragon. Ce temps béni de l’intelligence progressiste serait il passé de mode en France ?

Certaines trahisons, lâchetés, petitesses, parmi des intellectuels que nous pensions à nos côtés semblent le dire, et c’est bien malheureux pour notre peuple. Il y a quelques années, les Français attachés aux libertés individuelles avaient une haute opinion d’un « ténor du barreau », défenseur flamboyant de tous ceux menacés d’être broyés par la machine judiciaire et médiatique, des pauvres diables accusés à tort à Outreau d’avoir abusé sexuellement leurs enfants, au militant nationaliste corse Colonna condamné à mort par les télés avant toute enquête sérieuse, et quelques autres lynchés par des communicants qui se prennent pour des juges au nom d’une opinion qu’ils eux-mêmes fabriquée. On l’appelait Acquittator, et se nommait en fait Éric Dupont-Moretti, et il nous était d’autant plus sympathique qu’il était fier d’être fils d’un immigrés antifasciste, et d’une mère qui survivait en faisant le ménage de plus riches qu’elle. Il était en droit de se vanter à juste titre de ne devoir sa réussite professionnelle qu’à son travail et ses talents.

Puis soufflèrent les vents mauvais de l’ambition ministérielle qui n’épargnent pas les meilleurs. Claironnant qu’il allait enfin pouvoir donner à la justice les moyens qui lui manquent, notre avocat posa sa robe, et revêtit la livrée d’un ministre de Macron, tout fier d’avoir capturé cette « caution de gauche » comme le disaient ses amis. Car, bien évidemment, il fallait au tout neuf Garde des Sceaux une grande naïveté pour croire que la caste présidentielle allait prendre soin de la Justice en souffrance, alors qu’elle avait au cœur de son programme politique la destruction programmée des services publics, l’hôpital, l’école, la Poste, les transports, toujours au profit du capital privé. Il lui fallait aussi une bonne dose d’inexpérience politique pour ne pas voir que cette promotion ministérielle sur la base de promesse qui n’engagent que ceux qui les croient, n’était pour les Macrons qu’une façon de le manipuler à leur profit.

C’est pourtant dans ces conditions que le Garde des Sceaux, de plus en plus aveuglé par sa « libido dominandi » s’est accroché, telle une moule à son rocher, à deux gouvernements successifs d’un Président Macron malmené par les urnes. Mieux, cette volonté de rester ministre à tout prix a conduit notre ancien défenseur des droits à de nombreuses prestations télévisées au profit du parti présidentiel en déroute lors des élections législatives où il n’était même pas candidat. Et forfaiture ultime en juillet, à couvrir depuis son banc ministériel d’injures les députés d’opposition de gauche, accusés pêle-mêle d’être antisémites, parce qu’ils avaient reproché à l’État colonial-sioniste d’Israël sa politique d’apartheid à l’encontre des Palestiniens occupés, et d’être proches de l’extrême droite RN. Un argumentaire irrationnel emprunté aux Britanniques, qui avaient chassé le militant pacifiste Corbin du secrétariat du Parti travailliste en le taxant d’antisémite parce qu’il avait condamné la colonisation raciste d’Israël…

Un second exemple patent de cette « trahison des clercs » de leur mission libératrice (la formule est de Julien Benda dès 1927) est la récente intrusion dans ce combat douteux du philosophe Michel Onfray, que nous avons affectionné il y a pas mal d’années, car il déclarait haut et fort que le débat d’idées devait être ouvert aux plus obscurs des prolétaires et se dépensait pour l’organiser. Hélas, celui qui pourfendait les pensées uniques prédigérées, le monopole intellectuel que s’arrogeait une « élite » autoproclamée, a repris le flambeau qu’a déposé l’ancien ministre Blanquer, il s’est converti en chasseur d’islamo-gauchistes et d’antisémites déguisés en antisionistes, fourmillant selon lui dans une certaine « gauche radicale ». De ce fait, qu’il le dise ou non, il rejoint le troupeau des sectateurs de la « pensée unique », des Croisés de l’impérialisme occidental.

Dans une opinion massivement formatée par le complexe médiatique libéral, quand même des syndicalistes ou politiciens militants déprimés se laissent aller au confortable opportunisme consensuel, un souffle d’air nous réjouit quand quelques jeunes gens se rassemblent à Marseille le 6 août à l’appel de l’ANC contre notre guerre et le colonialisme israélien, et quelques autres, français et Allemands ensemble à Strasbourg pour la paix à l’appel du PRCF.

Prémices bien insuffisantes d’un mouvement français contre l’impérialisme, nous l’espérons !

FRANCIS ARZALIER, ANC
le 12 août 2022

   

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