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Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l’Union soviétique, est décédé : La fin de l’Histoire ?

mercredi 31 août 2022 par Stéphane Bailanger

Je viens d’apprendre la nouvelle du décès de Gorbatchev à l’âge de 91 ans, annoncée dans la soirée. Un chiffre, « 91 », qui par une curieuse ironie du sort, semble nous renvoyer à un autre « 91 », je veux dire à l’année 1991 où il démissionna de son poste de président de l’URSS un 25 décembre mettant officiellement fin à l’existence de l’URSS.

Acteur devenu impuissant d’une « Perestroika » qui ne fut pensée que comme une libéralisation sans frein de l’économie et comme une démocratisation politique à la sauce social-démocrate qui ne fut construite empiriquement qu’à l’aune de la pensée unique libérale qui triomphait au même moment en Occident et dont nous voyons l’impasse cruelle dans laquelle elle plonge le monde aujourd’hui.

Certains diront que je suis nostalgique d’une époque qui est celle de ma jeunesse quand j’espérais, comme d’autres, que Gorbatchev pourrait réconcilier le socialisme et la liberté. En fait, refusant de prendre le taureau par les cornes en se pliant aux menées des libéraux et autres apparatchiks du PCUS qui voyaient déjà que le vent tournait et qu’il y aurait plus à gagner à devenir des oligarques, en vendant en pièce détachées le pays de Lénine, Gorbatchev se laissa dépassé par les nationalismes résurgents.

Le système n’était pas réformable disent certain.
Je crois plutôt, en comparant avec la Chine, que les dirigeants soviétiques ont posé le problème à l’envers et ont eu tort. Mais la fin de l’ère Brejnev, la trop courte parenthèse Andropov et le lamentable épisode Tchernenko avait déjà laissé pourrir le fruit.

Pouvait-il faire autrement Gorbatchev lorsqu’il fut nommé secrétaire général ?

Lui-même produit d’une bureaucratie qui n’était plus qu’une coquille vide. Difficile de le dire. Et pourtant durant cette jeunesse qui était la mienne j’avais eu l’espoir en cet homme jeune et qui semblait humain et sincère comparé à ses homologues cyniques : les Reagan, Thatcher ou Mitterrand auxquels je ne pardonnerai jamais de nous avoir fait avaler ces putains d’années 1980 qui inaugurèrent la casse de notre modèle sociale, la désindustrialisation de notre économie, la liquidation de notre agriculture paysanne au nom du marché commun et la soumission à l’Europe du fric.

Le marché, il avait fini par y croire Gorbatchev. Renversé par des apparatchiks odieux comme Eltsine qu’il n’eut pas le courage de faire arrêter alors qu’en 1991, un sondage et un référendum avaient montré que la majorité des soviétiques voulaient continuer l’URSS, Gorbatchev ne fut plus que l’ombre de lui-même.
Un putsch du désespoir tenté par la vieille garde échoua auquel succéda un autre putsch mené par Eltsine. La suite, on la connait. Les caciques qui décidèrent de se partager le cadeau, firent voler en éclat l’union.

Gorbatchev devint malgré lui le fossoyeur final de l’URSS.
Pire, dans les années qui suivirent, il devint pro-européen, libéral abandonnant le PCUS et refusant de rejoindre le Parti communiste de la Fédération de Russie. Il est néanmoins notable que lorsque l’on interroge les Russes ayant vécu ces évènements et qui ont peut-être mon âge, ils ne regrettent pas Gorbatchev, pire lui reprochent d’avoir laissé disparaître l’URSS.

Beaucoup d’ex-Soviétiques en témoignent : c’est de 1987 à 1991 que les pénuries se multiplièrent, que les étagères des magasins se vidèrent, que les salaires ne furent pas toujours versés etc. Et pour les plus jeunes, qui ne l’ont pas connu, il n’incarne pas la grandeur du pays.

Reste la paix pour laquelle il a reçu le prix Nobel.

Il était pacifiste, indéniablement. Mais de quelle paix était-il l’artisan. La « pax americana » ? En fait, c’est la guerre qui a favorisé la destruction de l’URSS. Cette Guerre froide qui fut impitoyable et dans laquelle au nom de la doctrine Truman de « l’endiguement » l’URSS et ses alliés furent assiégés, poussés à une course folle aux armements qui les ruina.

L’URSS n’a pas implosé, elle a été isolée et vaincue. Et comme toujours dans une guerre, l’ennemi n’est pas seulement en face, il est caché dans l’ombre d’une cinquième colonne.
Le socialisme aurait été trahi ?
C’est le tire d’un ouvrage de Roger Keeran et Thomas Kenny, deux historiens et chercheurs nord-américains, dont la thèse est que le socialisme aurait succombé à l’opportunisme social-démocrate et à l’introduction du capitalisme « par en haut ».
Je partage en partie cette interprétation, qui sort de l’explication causale qui nous a été imposée par la doxa libérale au service du capitalisme mondialisé à travers la thèse de la fin de l’histoire de Francis Fukuyama dans son ouvrage « The End of History ? ».

Et bien non, l’histoire continuera. Gorbatchev fut le dernier dirigeant d’un pays où pour la première fois le socialisme « réel » pointa le bout de son nez en 1917.

Ce n’est pas brillant, comme toutes les premières fois. Reste l’espoir qui transcende toute cette histoire malgré les ombres et les lumières, au-delà des défaites : le communisme !

   

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