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A propos de la polémique doctolib

mardi 13 septembre 2022 par Vivian

Doctolib a décidé, apprend-on, de faire du tri parmi les praticiens en santé qui passent par sa plateforme. Elle veut empêcher les charlatans et autres praticiens de médecines non-reconnues de passer par sa plateforme. Que pouvons-nous penser de cela ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques mots sur doctolib. Aujourd’hui cette entreprise est cotée en bourse et fait partie des gagnants du covid-19, avec d’autres entreprises comme Pfizer, Bio’n’tech ou encore Moderna qui ont fourni vaccins et autres pilules.
Il y a quand même une différence entre ces derniers et doctolib.

En effet, les vaccins et autres médicaments devraient être du domaine des actions de l’État et c’est pas le domaine privé qui devrait soigner la population. Dans le cas de doctolib, il s’agit d’une innovation, de la proposition d’un service qui n’existait pas. Le patron de doctolib appartient à cette catégorie de gens qui ont rendu nos sociétés plus performantes, plus adaptées aux besoins, si essentiels à l’avènement d’une société communiste puisqu’elle a pour but d’y répondre ainsi que le dit cette citation bien souvent répétée « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Dans une société communiste, un tel homme devrait exposer son idée à l’État, qui financerait son projet et lui donnerait la gestion de sa création et il serait remercié de son apport à la société. Mais hélas nous vivons dans une France néolibérale et il est normal qu’il gagne de l’argent de son invention en ce contexte, d’autant que c’est un argent gagné en proposant un service et non en spéculant sur les matières premières ou autre.

Cet argent n’est de plus pas pris aux patients, ni aux impôts, ni n’est le don généreux de l’État tel qu’il a pu en faire à McKinsey.
Devons-nous nous réjouir donc de la fortune du patron de doctolib ? Non, car cette crise a durement touché l’économie française et ceux qui ont fait des profits sur la crise devraient financer les secteurs et les individus qui sont les perdants de la crise.

Enfin, il est important que l’État propose un service concurrent à doctolib car, nous allons le voir dans la suite de l’article, le service proposé par doctolib touche à des questions politiques qui devraient rester aux mains de l’État, garant de la décision politique prise dans le cadre de la République française. Politique qui hélas n’est pas pour le moment socialiste.

Entrons maintenant dans le vif du sujet, et tout d’abord je dirais qu’il ne faut pas tout mélanger. Ainsi, un praticien qui se fait passer pour un psychologue et qui ne l’est pas est un charlatan. Il ment sur sa formation, sur ses compétences et empêche le futur patient de choisir la thérapie qu’il veut en toute connaissance de cause.

En France, les titres de psychologue, de psychothérapeute, de psychiatre, de médecin généraliste, de gastro-entérologue et autres métiers de la santé physique et mentale reconnus par l’État sont réglementés et il doit effectivement en être sur doctolib comme dans la rue ou sur le bottin téléphonique, nul ne doit pouvoir se prétendre ce qu’il n’est pas.

Il est autre chose de titres comme psychoénergéticien, magnétiseur, praticien en soins énergétiques et autres métiers qui correspondent à une catégorie « activités de santé humaine non classés ailleurs » de la NAF (nomenclature des activités française).
Qu’ont en commun ces métiers ?
Ils ne sont pas reconnus comme scientifiques par le corps universitaire.
Est-ce important ?
C’est une question qui mérite débat.

Pour y répondre tâchons de nous interroger sur la nature de la science. Une science a un but et un seul : expliquer le monde. La technique, elle, a pour but de façonner le monde. Nombre de techniques nous viennent de l’expérience paysanne pour ce qui est de l’agriculture, du savoir-faire des bâtisseurs pour ce qui est de l’architecture...

Tous ces domaines qu’au Moyen-Age on classait dans les arts serviles, arts du peuple, en opposition aux arts libéraux seuls dignes d’être pratiqués par la noblesse. Les sciences, la philosophie et la musique sont des arts libéraux et il se trouve qu’au XIIe siècle, on décide de faire de la médecine un art libéral. Ça aura des conséquences jusqu’à aujourd’hui.

La médecine devient une matière issue de l’esprit brillant du médecin qui doit construire des théories sur le corps humain. Ça donnera le meilleur mais aussi le pire, confer les croyances sur la nature de l’utérus au XVI°s par exemple, l’idée aussi dans des siècles baignés de croyance et de culture religieuse judéo-chrétienne que la femme doit enfanter dans la douleur (les communistes d’URSS seront les premiers à permettre des accouchements sans douleur dans le monde occidental), qu’elle doit subir ses règles comme une marque de son infériorité voulue par Dieu (on ne parle d’endométriose que depuis très peu de temps)...

La médecine en sortant du domaine des arts serviles deviendra donc une science dont le but n’est plus tant la connaissance du monde, mais la connaissance du corps au service de la guérison de celui-ci. Dès lors, il lui faut refuser les techniques non-scientifiques, non approuvées par l’Université.

Pourtant, on peut se demander si telle était bien le destin normal de la médecine. Il faudra attendre d’Alembert, en introduction de l’Encyclopédie, pour voir une réhabilitation des arts serviles appelés dès lors arts mécaniques, et cette réhabilitation est heureuse à bien des niveaux.
La médecine si elle était restée un art servile aurait été réhabilitée à ce moment-là. Le médecin serait un ingénieur, ce qu’il est au fond. La médecine aurait contribué à rendre nobles les métiers techniques.

Au lieu de ça, la médecine a continué son histoire au sein d’un domaine scientifique dont le but est la connaissance du monde, en occultant qu’il n’est pas du tout la même chose de disserter sur les causes de la gravitation et sur le nombre de dimensions qui composent l’univers et la nécessité bien plus urgente de guérir les gens, de les empêcher de tomber malades, de préserver leur bien-être physique et mental.

La scientifisation de la médecine va faire du processus scientifique le critère de l’avancée de la médecine, et non plus le fait de guérir !

Pour des raisons diverses, de plus en plus de gens vont consulter des acupuncteurs, des énergéticiens, des rebouteux et autres praticiens de soins de l’aura ou que sais-je encore. On peut penser que ce n’est pas sérieux, on peut douter de leur efficacité mais c’est ce seul critère qui doit être juge et non la scientificité de la pratique.
Si un énergéticien a eu mille patients qui ont attesté à 70% avoir eu un mieux-être ou une guérison, c’est mieux qu’un médecin conventionnel qui aurait eu lui aussi mille patients pour un taux de réussite de 50%. Mais ce dernier aura accès à doctolib, ses soins seront pris en charge par la sécurité sociale et pas le premier.
Je pense personnellement que c’est un erreur.

Il n’est évidemment pas question de dire qu’il y a une équivalence entre les apports de la recherche scientifique à la médecine, qui nous a fourni des vaccins, des antihistaminiques, des antidépresseurs, de la prep pour prévenir le sida et permettre de vivre avec, et l’acupuncture, mais dire que ces pratiques nées à l’extérieur du domaine de la médecine scientifique ont peut-être aussi leur utilité et que c’est cette utilité qu’il faut mesurer en faisant confiance aux patients qui n’ont aucun intérêt à mentir sur ce que ces pratiques leur ont ou non apportées.

Il faut pour ce faire s’intéresser à elles sans a priori et voir si elles sont susceptibles d’être mises en avant ou non (il n’est pas question de mettre en avant des pratiques qui sont peu concluantes et qui vont coûter de l’argent soit au patient soit au contribuable).
Si l’acupuncture montre une certaine efficacité contre le psoriasis, alors elle doit être proposée aux patients qui en souffrent comme possibilité à tester pour leur guérison.
Il en est de même pour l’hypnose s’il est avéré qu’elle guérit l’anxiété et apaise les douleurs de l’endométriose.

Il n’est nullement question de dire qu’il faut laisser des magnétiseurs prétendre qu’ils peuvent guérir des cancers, ce qu’évidemment ils ne peuvent faire, mettant en danger le patient quand ils l’affirment.

Que la médecine redevienne ce qu’elle était : un art mécanique, art noble dont le médecin, ingénieur, est le fruit du travail de générations d’être humains qui ont cherché à se mettre au service seul du bien-être biologique et mental de l’homme, recherche tout aussi voire bien plus noble que la recherche des différents états de la matière ou des causes des crises et des changements qui s’opèrent au sein des sociétés humaine.

Cette médecine ne doit pas craindre la concurrence de ces néo-médecines mais doit au contraire les étudier, les tester et de cette émulation naître peut-être une médecine bien plus performante.
C’est le rêve que je formule.

   

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