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Des engrais et des céréales gratos pour l’Afrique, et à l’Europe – des clopinettes

dimanche 18 septembre 2022 par Dmitri Rodionov

La Russie prévoit de fournir 30 millions de tonnes de céréales aux pays dans le besoin d’ici la fin de l’année et d’augmenter encore ces volumes, a déclaré le président Vladimir Poutine lors d’une réunion opérationnelle avec les membres permanents du Conseil de sécurité.

  • “Nous pensons qu’il est juste d’augmenter l’approvisionnement des pays les plus pauvres. Nous livrerons un total de 30 millions de tonnes de céréales d’ici la fin de l’année et sommes prêts à augmenter le volume à 50 millions de tonnes et plus, puisque nous avons une bonne récolte cette année, grâce à Dieu”, a-t-il déclaré.

Selon le président, la Russie a fourni 6,6 millions de tonnes de céréales sur les marchés mondiaux entre mai et août, dont 6,3 millions de tonnes étaient destinées à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine.

Dans le même temps, il a noté que l’Occident remettait en cause les accords sur les produits alimentaires en envoyant les céréales ukrainiennes, pour la plupart, en Europe plutôt que dans les pays dans le besoin. Ainsi, sur les 87 navires qui ont quitté les ports ukrainiens, 32 sont restés en Turquie, trois ont été envoyés en Afrique du Sud, trois en Israël, sept en Égypte, 30 dans l’Union européenne, et seulement deux dans les pays les plus pauvres des programmes alimentaires de l’ONU : le Yémen et Djibouti, ce qui ne représente que trois pour cent du volume total envoyé.

En conclusion, M. Poutine a ajouté que la Russie est en train de régler les nuances techniques liées à la fourniture de céréales aux pays qui en ont besoin. En outre, il a déclaré que les producteurs russes sont prêts à faire don aux pays en développement de leurs engrais entassés dans les ports européens.

  • “Une grande quantité de nos engrais s’est entassée… dans certains ports de pays européens. Je pense que nos producteurs, en premier lieu les producteurs d’engrais potassiques, sont prêts à les transférer gratuitement aux pays en développement qui ont un besoin urgent de ces engrais. Je demande au ministère des affaires étrangères de travailler également sur cette question”, a déclaré le président.

Comme “SP” l’a écrit précédemment, les engrais, entassés dans les ports, peuvent constituer une menace, mais l’Europe ne semble pas s’en préoccuper. Elle ne s’inquiète pas non plus du fait que les céréales russes ne parviennent pas aux clients – formellement, les sanctions ne s’appliquent pas à elles, contrairement aux engrais, mais ils refusent de les décharger, le fret n’est pas assuré, etc. Est-il donc nécessaire de continuer à faire le joli cœur avec elle, en concluant toutes sortes de “marchés” qui ne seront de toute façon pas remplis ?

– Si les céréales n’arrivent pas à destination, s’il y a une famine quelque part, la Russie en sera responsable”, déclare Anatoly Baranov, rédacteur en chef du portail FORUM.msk.

  • – Je ne comprends pas pourquoi il faudrait prendre des engagements en sachant très bien qu’à tout moment, vos engagements peuvent être rendus inapplicables et que vous serez en faute. Les ports sont souvent bloqués, non pas par les gouvernements, mais par les syndicats de dockers, qui font partie de la CSI, contrôlée par les États-Unis. C’est comme si les gouvernements n’avaient rien à voir avec cela. Mais il y a des ports dont les syndicats sont membres de la FSM, la Fédération syndicale mondiale – ils sont prêts à accepter des navires russes.
  • Mais les syndicats russes officiels de la FNPR sont membres de la CSI depuis des décennies on ne sait pourquoi, et nos structures officielles ignorent tout simplement la FSM. Bien que cette association, la plus ancienne au monde, regroupe des dizaines de millions de travailleurs dans le monde entier, principalement dans le tiers monde, et qu’elle ait été créée d’ailleurs avec la participation de l’URSS, en particulier, Chvernik y a joué un grand rôle. Et que faisons-nous ? Nous essayons de franchir des portes fermées et passons à côté d’une porte ouverte. ….

“SP : – Poutine a déclaré que la Russie fournirait aux pays nécessiteux 30 millions de tonnes de céréales d’ici la fin de l’année. S’agit-il d’une tentative de montrer une fois de plus aux pays d’Afrique et d’Asie qui est un ami et qui est un ennemi ? Comment les approvisionnements seront-ils techniquement traités si les exportations russes de produits alimentaires vers les marchés internationaux sont restreintes…

  • – 30 millions de tonnes, c’est bien, mais pas assez. Et cette quantité sera également très difficile à délivrer. Cependant les choses sont simples – il faut négocier non pas avec l’Occident, mais avec ceux qui sont directement dans le besoin. Disons qu’il n’y a pas de problèmes avec les ports égyptiens, mais aucun contact avec les syndicats égyptiens…

“SP : – Poutine a également promis de fournir 3 millions de tonnes d’ammoniac aux pays qui en ont besoin. Cela fait-il partie du même scénario ?

  • – C’est très intéressant, en fait le Kremlin propose d’apporter gratuitement des engrais aux pays qui n’auront rien à payer. Et ils ne peuvent pas le prendre parce qu’ils doivent passer par l’Europe. Et l’Europe ne veut pas. Le problème est que les pays pauvres n’ont souvent pas de ports dotés des infrastructures appropriées, et parfois aucun accès à la mer. Ils les acheminent par voie ferrée depuis des ports contrôlés par l’Occident – Tanger, Algérie, Tunisie, et les ports turcs, bien sûr…

“SP : – Serait-ce une manœuvre visant à laisser l’Europe sans engrais ? Ils sont très dépendants de nos produits.

  • – Oui, en fait, la Russie détient un monopole mondial sur le marché des engrais. Pourquoi n’en profitons-nous pas ? Je ne sais pas. Ils nous privent sans vergogne d’avions qui nous ont été vendus avec une condition de maintenance, ils nous privent même d’ABS pour les voitures parce que nous ne les fabriquons pas nous-mêmes. Alors pourquoi ne pas leur retirer leurs brioches françaises en retour ? Et la gratuité des engrais pour l’Afrique est une astuce qui ne permettra pas à l’Occident d’augmenter sa propre production – ils se retrouveront sans ventes, qui achètera pour de l’argent quand la même chose est gratuite ?

” SP : – De nombreuses tonnes d’engrais sont entassées dans les ports occidentaux, ce qui est dangereux, ça peut exploser.

  • – Je soupçonne que personne ne réfléchit à cet aspect. Ils sont stockés dans des entrepôts portuaires à l’Ouest, et c’est tout… Enfin, c’est clair.

“SP : – Quel sort, selon vous, attend le “deal alimentaire” ? Et d’ailleurs, en avons-nous besoin ?

  • – Je pense que nous n’avons pas du tout besoin d’un tel accord. Nous devons travailler directement avec le tiers monde, sans passer par les centres occidentaux. Comme l’URSS, pour former son “bloc oriental” des “humiliés et des offensés”. Oui, cela exclut les vacances agréables en Floride et sur la Côte d’Azur, ce qui signifie que nous devons nous créer autre chose. Les ressources de la Crimée ne sont pas encore totalement exploitées, et maintenant il y a la région de Kherson qui offre des perspectives.
  • Il y a là d’énormes ressources agraires, mais il y a aussi les loisirs, il faudra faire revenir les familles à Berdiansk, développer la région de Kherson… De plus, Azovstal a rendu l’âme, cela signifie que bientôt les plages de Marioupol seront propres… Et les pays africains, en échange de nourriture et d’engrais, pourraient aussi fournir des morceaux de côte pour de nouvelles stations balnéaires en concession. Qui pourront être desservies par les nouveaux IL-18 relookés – que de perspectives…
  • – Franchement, je ne comprends pas vraiment pourquoi de telles démonstrations de “bonne volonté” sont nécessaires, déclare Vsevolod Shimov, conseiller du président de l’Association russe des études baltes.
  • Tout est clair avec l’Occident depuis longtemps déjà. Mais en même temps, les pays pauvres n’auront aucun moyen d’influencer sa conduite et de soutenir la Russie, car les “clés” de l’économie mondiale, d’une manière ou d’une autre, restent à l’Ouest.
  • L’espoir était peut-être que cela permettrait de conclure des accords plus larges pour résoudre la crise ukrainienne, en plus des céréales. Toutefois, il est désormais clair que ces espoirs n’ont pas été comblés. D’où la rhétorique plus sévère de la Russie.
  • À mon avis, il ne s’agit pas des céréales, mais de la crise ukrainienne en tant que telle. Ils essaient de trouver un terrain d’entente en se basant sur le cas des céréales. Jusqu’à présent, clairement sans succès. Ni l’Ukraine ni l’Occident ne sont pressés de faire des compromis. C’est donc à Moscou de décider si cela vaut la peine de continuer ce jeu.

SP : Moscou promet de fournir 30 millions de tonnes de céréales aux pays dans le besoin d’ici la fin de l’année. C’est une pique à destination de l’Occident ? Pour montrer à nouveau que nous sommes bons et qu’ils sont mauvais ?

  • – Oui, jusqu’à présent, ça ressemble plus à une attaque d’information. Nous voulons aider les pays pauvres mais l’Occident ne nous laisse pas faire. Dans le monde d’aujourd’hui, cet élément de la guerre de l’information est indispensable.

SP : Et qu’en est-il des engrais ? L’Occident refuse de les accepter, bon, d’accord ? On se passera d’eux. Mais que dire des tonnes de nitrate accumulées dans les ports ? C’est dangereux.

– Les engrais minéraux ne seront pas laissés sans débouchés. L’Europe ne les achètera pas – ils seront achètés en Chine, en Inde, au Brésil. Belaruskali, par exemple, les approvisionnait il y a longtemps. Une autre question est que toute l’ancienne logistique s’est effondrée. Le Belarus ne peut pas exporter d’engrais en raison du blocus du port de Klaipeda par la Lituanie, et les capacités des ports russes ne sont pas suffisantes pour traiter les cargaisons du Belarus. Par conséquent, la tâche principale consiste maintenant à mettre en place une nouvelle logistique. Ce n’est pas un processus rapide mais pénible et, en plus, il entraîne des coûts de transport plus élevés.

Des incidents comme l’explosion du port libanais sont, bien sûr, possibles, car personne n’était préparé à un tel événement. Par exemple, la Russie a proposé à plusieurs reprises à Belaruskali d’organiser des approvisionnements via les ports de la région de Leningrad, mais certaines mesures dans ce sens n’ont commencé à être prises que lorsque la Lituanie a bloqué Klaipeda. En conséquence, ni la logistique ni les infrastructures n’étaient prêtes…


Voir en ligne : https://histoireetsociete.com/2022/...

   

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