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Mayotte, un brasier post-colonial

vendredi 2 décembre 2022 par Afrique XXI

Mayotte fait régulièrement la « une » des journaux français. À chaque épisode de violence, comme ce fut le cas ces trois dernières semaines, la presse de la « métropole » s’intéresse durant quelques jours à cette île comorienne devenue département français en 2011, avant de passer à une autre priorité et de ne plus en parler pendant des mois. Inévitablement, les commentateurs professionnels et les journalistes parisiens enfilent les clichés comme des perles, et les politiques ressortent les mêmes diatribes simplistes, voire xénophobes.

Cette fois-ci, le gouvernement a annoncé l’envoi de renforts policiers pour « mater » les bandes de jeunes qui s’affrontent sur l’île, ainsi que des moyens supplémentaires pour stopper ce qui est présenté comme une « immigration clandestine » en provenance de l’île sœur d’Anjouan, située à 70 km de Mayotte.

Aujourd’hui en outremer ou dans les « banlieues » comme il y a soixante-dix ans dans ses colonies, l’État français n’a pas d’autre arme que la répression pour contenir les « indigènes ».

Durant ces pics d’intérêt médiatique, quasiment personne n’évoque la proximité - géographique certes, mais aussi et surtout sociologique et culturelle - de l’île restée française avec les trois autres îles de l’archipel (Anjouan, la Grande Comore et Mohéli), devenues indépendantes en 1975.

Personne ne rappelle l’histoire trouble de cette décolonisation inachevée. Personne n’explique pourquoi l’État français est responsable de ces tensions qui pourrissent la vie des habitants de Mayotte.
Il suffirait pourtant à tous ces « faiseurs d’opinion » de feuilleter le livre, remarquable de clarté, de Nicolas Roinsard, Une situation post-coloniale. Mayotte ou le gouvernement des marges, publié aux éditions du CNRS il y a quelques semaines, pour éviter de raconter des bêtises.

Le sociologue n’y va pas par quatre chemins.
Dès l’introduction, il annonce la couleur : « On reconnaît que l’État français "a du pain sur la planche" pour réguler la pauvreté et l’immigration et développer le territoire ; on interroge en revanche très peu le rôle qu’il joue dans la construction de cette société fragmentée ».

Un rôle qu’il ne cesse de questionner tout au long de son enquête, fruit d’un travail de terrain mené pendant plusieurs années. Roinsard brise plusieurs mythes de l’histoire de Mayotte, avant de s’intéresser à ses habitants d’aujourd’hui, et notamment les plus fragiles : les femmes, les « étrangers », qui sont en réalité bien plus intégrés qu’il n’y paraît, et ces jeunes qui sèment la terreur depuis quelques années et qui, loin d’être les « barbares » dénoncés par la députée Estelle Youssouffa, sont les créatures de la politique post-coloniale menée par la France dans l’archipel, « qui (re)produit sa part de violence en dessinant de nouvelles divisions sociales et régionales, et provoque des discontinuités brutales sous l’effet d’une mise aux normes françaises de la société locale ».

À lire : Nicolas Roinsard, Une situation postcoloniale. Mayotte ou le gouvernement des marges, CNRS éditions, Paris, 2022, 352 pages, 26 euros.

   

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