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Brésil : Lula freine les privatisation et l’accès aux armes.

mercredi 4 janvier 2023 par Marco Teruggi

Le nouveau président a signé des décrets, destinés à conserver 8 entreprises dans les mains de l’État, à limiter l’usage des armes à feu et à préserver l’Amazonie, entre autres questions importantes.

Le président Lula Da Silva a commencé à prendre des mesures de gouvernement à partir de l’heure zéro après avoir fait ses discours devant des milliers de personnes qui ont exprimé aussi bien leur soutien et leur joie pour son retour au palais de Planalto que le grand nombre de demandes et de besoins sans réponse accumulé pendant les 4 ans de gouvernement de Jair Bolsonaro.
Lula, l’a dit sans euphémisme dans son discours : le pays qu’il a trouvé est en « ruines terribles », et il lui reviendra de le reconstruire, ce qu’il a commencé avec 13 décrets signés dimanche soir.

 Économie

 Les mesures prises publiées lundi au « JO de l’Union » rendent compte de certains des éléments les plus urgents et les plus stratégiques de l’ordre du jour de Lula.
L’un d’entre est le frein mis aux privatisations qui étaient en marche pour 8 entreprises d’État comme la compagnie pétrolière Petrobras, le Courrier, l’Entreprise Brésilienne de Communication, le Service Fédéral de Traitement des Données et l’Entreprise de Technologie et d’Information de Sécurité Sociale.

Lula a affirmé qu’il fallait « garantir une analyse rigoureuse des impacts de la privatisation sur le service public ou sur le marché. » et ainsi a arrêté le programme national de privatisation du gouvernement précédent, mis en place par Paulo Guedes dans le domaine économique.

 Il a également abrogé le dernier décret signé par le précédent Gouvernement qui réduisait de moitié les taux d’imposition qui devaient être payés par les grandes entreprises. Ce décret avait été annoncé vendredi et signé par le vice président Hamilton Mourao parce que Bolsonaro était déjà parti pour Orlando, Floride, où il se trouve pour une période indéterminée.

 Le nouveau Gouvernement a annoncé plusieurs décisions dans la ligne de ce qu’a dit Lula dans son discours de dimanche : « Il ne serait ni juste ni correct de demander d’être patients à ceux qui ont faim. » Le président a décrété que le programme d’aide sociale « Bourse pour la Famille » de 600 réaux (112 $), qui touche 21 000 000 de personnes continuerait à être payé. Cette politique avait déjà été anticipée en obtenant que le pouvoir législatif accorde une augmentation des dépenses publiques.
Ensuite, il a annoncé l’extension pendant 60 jours des impôts fédéraux sur les combustibles pour éviter une augmentation de prix.

 Les armes et la forêt.

 Lula a également abrogé les règles qui facilitaient et élargissaient l’accès aux armes à feux et aux munitions. Cela signifie, entre autres choses, la suspension des nouveaux enregistrement d’armes pour les chasseurs, les tireurs, les particuliers, les collectionneurs, la réduction des limites pour l’achat d’armes et de munitions qui avait été élargie par Bolsonaro, l’obligation d’enregistrer toutes les armes achetées depuis mai 2019 dans les 60 jours et la suspension des nouvelles inscriptions aux clubs et aux écoles de tir.

 Cette décision se justifie par le contexte de radicalisation du noyau. Polson Ariste, coordonnées, entre autres lieux, dans les clubs de tir, qui se sont multipliés pendant ces années : 1006 ont été créé entre janvier 2019 et mai 2020, selon l’armée.
Le bolsonarisme a été l’auteur de plusieurs incidents pendant ces derniers mois, comme le plus récent, en décembre, où un homme a voulu faire exploser un camion d’essence à Brasilia et un arsenal a été trouvé dans l’appartement qui louait.
« Le décret du président Lula a mis fin à une absurdité : la présomption de la « nécessité réelle » de porter une arme. Évidemment, il faudra demander et prouver, sous peine de non prise en compte de la demande, avait affirmé le ministre de la justice de l’époque Flavio Dino.

 Enfin, parmi ces mesures, se trouve la réactivation du fonds Amazonie financé par la Norvège et l’Allemagne, qui avait été suspendu par Bolsonaro en 2019. Les fonds, près de 600 000 000 de dollars, seront traités par le ministère de l’environnement à la charge de Marina Silva.
Lula a aussi révoqué un autre décret de Bolsonaro approuvé ces derniers jours par lequel les licences pour l’exploitation des ressources en minerais dans la région de l’Amazonie, y compris sur les terres de peuples indigènes, étaient élargies.

 L’importance de l’environnement et de l’Amazonie a été une partie centrale de son discours de dimanche : « Nous allons engager la transition énergétique et écologique pour une production agroalimentaire et minière soutenable, une agriculture familiale plus forte, », a-t-il déclaré devant le Congrès national.

Il a annoncé l’objectif de « déforestation zéro » de l’Amazonie : « le Brésil ne doit pas détruire la forêt pour maintenir et élargir sa frontière agricole, il n’est pas nécessaire d’abattre des arbres, », a-t-il ajouté. Cela révèle une tension historique entre environnement et commerce agroalimentaire, raison pour laquelle Silva avait démissionné en 2008.

 Un cabinet large et Lula à gauche ?

 L’affaire environnement/commerce agroalimentaire révèle l’amplitude du Gouvernement formé par Lula. D’un côté, il a placé une ministre avec un ordre du jour de protection et de transition écologique et de l’autre, il a désigné un ministre de l’agriculture, Carlos Favaro, membre du commerce agroalimentaire, en particulier du soja, qui vient du Mato Grosso, une région centrale de ce modèle.

Comment Lula gérera-t-il les éventuelles tensions entre le développement des deux ordre du jour ? « Il est plus facile de créer un Gouvernement que de gagner des élections, », a-t-il affirmé il y a quelques jours en nommant progressivement ses différents ministres.

 Toutes les forces qui l’ont amené à la présidence sont représentées dans le Gouvernement. C’est le cas de Favaro, de Simone Tebet, troisième au premier tour, alliés au ballottage et à présent, à la tête du ministère de la Planification, de Gerardo Alckmin, qui, en plus d’être le vice-président, est le ministre du Développement, de l’Industrie du Commerce ou de Silva elle-même qui s’est réconciliée avec Lula dans le cadre des élections contre Bolsonaro.

Le dirigeant du Parti des Travailleurs a reconnu à travers ces nominations l’importance du front large pour la démocratie qui lui a apporté une victoire avec moins de deux points d’écart. « Ce Gouvernement n’est pas pour moi mais pour les forces qui m’ont soutenu pour obtenir cette victoire, » a-t-il dit lors de la formation de son Gouvernement.

 Mais la largeur des alliances ne signifie pas que le Parti des Travailleurs n’est pas au centre du nouveau Gouvernement. Plusieurs postes sont sous la direction de partisans de Lula comme le ministère des finances avec Fernando Haddad, candidat pour le Parti des Travailleurs dans l’état de San Pablo, la maison civile avec Rui Costa, l’ancien gouverneur de Bahia, le développement social avec Wellington Dias ou la chancellerie avec Mauro Vieira, ancien diplomate du Gouvernement de Dilma Rousseff.
Lula a ouvert, d’un côté, et gardé des postes clés de l’autre.

 La feuille de route conçue par Lula lui-même sera déterminante pour l’orientation dominante d’un Gouvernement de coalition. Elle a enthousiasmé certains secteurs de gauche lors des discours qu’il a prononcés dimanche et des premières mesures qu’il a annoncées : investissement social face à la crise, frein des privatisations, projet de réindustrialisation, attention portée à l’environnement, intégration latino-américaine pour construire à partir de là des politiques au milieu de la dispute mondiale, ou le fait d’avoir appelé « coup d’Etat » le départ du Gouvernement de Rousseff en 2016.

Le troisième Lula a commencé sans perdre une minute.

 Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

Source en espagnol :

https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/01/02/brasil-lula-no-espera-freno-a-las-privatizaciones-y-al-acceso-a-las-armas/

 


Voir en ligne : http://bolivarinfos.over-blog.com/2...

   

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