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Les mécanismes culturels de l’impérialisme

mercredi 8 février 2023 par Francis Arzalier (ANC)

Il est normal que les Communistes, considérant leur diversité comme une richesse théorique et non une faiblesse comme ce fut trop souvent le cas au Vingtième siècle, portent et défendent des définitions différentes de l’Impérialisme. L’essentiel est qu’ils se retrouvent à l’unisson à constater sa nocivité mondiale, sa responsabilité dans l’insupportable inégalité entre les peuples et entre les hommes, et que nous soyons unanimes à le combattre, pour la paix et le droit de chaque peuple à décider de son destin.

Sur des divergences à propos du phénomène impérialiste, nous avons vu se déchirer les partis communistes, entre Soviétiques et Chinois, Albanais et Yougoslaves, etc…On a même pu craindre vers 1980 un dérapage militaire le long du Transsibérien entre les pouvoirs d’État socialistes de Moscou et Beijing. Et ces clivages ont beaucoup contribué à l’effondrement ultérieur du « camp socialiste » (URSS et alliés d’Europe) et l’érosion qui s’en est suivie du mouvement communiste dans le monde.

Ne refaisons pas les mêmes erreurs dramatiques au 21éme siècle, quand tout est parfois à reconstruire. En ce sens, les prochaines rencontres de Caracas contre la guerre impérialiste en Ukraine, à l’initiative du PDP de Corée du Sud, sont une bonne nouvelle, sur la base de luttes anti-impérialistes communes. Et il est très positif d’y voir participer nos camarades cubains, toujours au premier rang du front pour la souveraineté des peuples contre l’Empire Yankee.

Nous devons savoir relativiser nos différences d’approche, tant qu’elles ne mettent pas obstacle à l’engagement nécessaire contre les fauteurs de guerre, notamment dans nos pays respectifs, les bellicistes de l’OTAN et de l’Union Européenne, et les dirigeants français qui les soutiennent.

Nos dirigeants nationaux fournissent en armes sophistiquées le clan militaire antirusse, alors qu’on sait que ces livraisons d’armes interdisent tout processus de paix ! !

C’est donc sur cette exigence commune de stopper les livraisons d’armes aux nationalistes ukrainiens que nous devons agir ensemble. Les différences d’analyse de l’impérialisme ne doivent en aucun cas y faire obstacle, même si elles peuvent et doivent être débattues.

Débats sur le concept d’impérialisme

1/ Les Communistes français, dès leur constitution en Parti en 1920, ont considéré comme prioritaire la lutte contre les Impérialismes qui venaient d’ensanglanter leur pays et l’Europe, d’autant que cet engagement contre les Impérialismes, à commencer contre celui de son propre pays, était une des conditions d’adhésion à la Troisième Internationale.

La plupart d’entre eux avaient une définition toute simple des Impérialismes, ces volontés concurrentes de domination et d’exploitation d’autres peuples, dont le heurt avait abouti au monstrueux bain de sang de 1914-18. C’est sur ces bases qu’ils ont été aux premiers rangs de la Résistance contre le Nazisme et les Fascismes, et qu’ils ont après 1945 organisé des millions de citoyens de France contre les guerres coloniales menées par l’Impérialisme français en Indochine, en Algérie, etc…Et contre l’Impérialisme états-unien dominant grâce à l’OTAN, l’Union Européenne, et contre l’arme nucléaire…

Certains militants avancent une définition plus restrictive du concept d’Impérialisme, se référant à l’ouvrage fondamental publié par Lénine en 1916, « l’Impérialisme, stade suprême du Capitalisme », qui décrit avec clarté son mode de fonctionnement à la date de parution de l’ouvrage, en 1916, à partir de données de la fin du 19 ème siècle au début du 20 ème : conquêtes militaires de colonies ou de zones d’influence, exportation de capitaux pour s’y approprier les richesses indigènes, produits agricoles ou miniers, voire travail contraint, et récolter les profits qui en découlent.

Un tableau magistral qui amène certains militants à généraliser en affirmant : "vous voyez bien qu’on ne peut parler d’impérialisme en 1600, à l’époque des grandes découvertes », en appuyant leur affirmation d’un inacceptable argument d’autorité : » on n’y décèle pas ce que décrit Lénine, donc ce n’est pas marxiste » !

Ce à quoi on ne peut répondre autrement qu’en incitant à relire le texte de Lénine, qui n’a jamais prétendu autre chose que décrire et analyser les réalités de l’impérialisme au début du 20ièm siècle, pas ses conditions antérieures ou futures. En fait, les grandes expéditions des puissances maritimes d’Europe occidentale dès la fin du 15éme siècle, organisées par les États monarchiques atlantiques (Portugal, Espagne, France, Royaume-Uni, Provinces unies) grâce aux progrès de ces pays en matière de navigation et d’armes à feu, et financées par les bourgeoisies marchandes (banquiers et armateurs de Lisbonne, Séville, Nantes, Liverpool, etc).

Ces « découvertes » se sont traduites par la conquête militaire des peuples « amérindiens », le pillage de leurs richesses, leur extermination en Amérique du Nord et le refoulement dans les montagnes en Amérique du Sud, qui marque encore le présent de pays déchirés socialement comme le Pérou.
Tous ces phénomènes des 16ème et 17ème siècles, continués par la traite esclavagiste et la conquête de l’Afrique, même différents dans leurs modalités, sont bien de même nature que ceux du vingtième siècle, et tout aussi néfastes. Ils ont été notamment bien étudiés par le marxiste péruvien Mariategui (1894-1930).

Car ces modalités de l’Impérialisme n’ont cessées de changer dans le temps, elles l’ont encore fait au XXème siècle, et pris la forme de grands Empires coloniaux, dans lesquels l’exploitation des richesses et des hommes, se doublait de dimensions culturelles et linguistiques, qui ont par exemple été analysées sous le vocable d’acculturation par Fanon durant la Guerre d’Algérie…

Des phénomènes d’acculturation liés à l’impérialisme, qui sont toujours d’actualité, en Afrique, et même en Europe occidentale aujourd’hui, devenue l’allié-supplétif des USA. Dans un pays comme la France, par exemple, l’éradication des langues et cultures régionales durant le 19éme siècle et jusqu’au milieu du siècle 20, a toujours eu une signification de classe au profit de la bourgeoisie capitaliste.

Et elle a été suivie dès la deuxième moitié du vingtième par l’invasion de langues (le globish), modes et mentalités venues des USA, métropole de l’Impérialisme occidental actuel. Ce qui nous amène à une dernière remarque d’ordre général : dans la dernière partie du XXème siècle, les Impérialismes ont évolué du colonialisme au néo-colonialisme, qui n’est pas moins néfaste, en perpétuant son identité prédatrice et guerrière.
Mais en plus, les progrès fulgurants des technologies d’information, ou plutôt de manipulation des esprits, ont fait que les dimensions idéologiques de l’Impérialisme sont devenues au vingt et unième siècle considérablement plus importantes qu’en 1916, et encore mal connues.

Une ligne rouge

Ces changements complexes des formes de l’Impérialisme expliquent tout à fait les différences d’approche à son propos entre militants, et justifient un débat entre eux, y compris à propos de la guerre en Ukraine, quand certains peuvent subodorer des motivations impérialistes chez les protagonistes russes, au point de la qualifier de conflit inter-impérialiste.

Tout cela peut être matière à débat fraternel entre nous, à condition de ne pas franchir la ligne rouge, en évacuant les responsabilités premières de l’OTAN et l’UE, dont le Pouvoir Français est partie prenante, et de ne pas occulter aussi le droit qu’ont les russophones de Crimée, Donetsk et Loubiansk de vouloir échapper à l’oppression exercée par les Nationalistes fascisants de Kiiv.

, le 8 février 2003

   

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