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Les nouveaux visages de la guerre en 2023

jeudi 23 mars 2023 par Francis Arzalier (ANC)

L’opinion française mesure parfois mal à quel point notre monde, supposé être pacifique, prospère et « démocratique » (le monde libéral-capitaliste, dit « libre » par ses « élites ») est structuré économiquement, politiquement et idéologiquement par les mécanismes de guerre.

D’abord parce que le budget de la plupart des États est ponctionné de sommes énormes pour préparer la guerre, pour munir le pays d’armes nucléaires ou classiques, entretenir des bases dans le territoire national et à l’extérieur, des navires de toute sorte, du porte-avions au sous-marin, du blindé aux drones d’observation et de destruction, etc. Ces budgets dits « de défense », même s’ils sont tous susceptibles d’être utilisés en attaque, représentent des milliards qui, évidemment, vont contribuer à l’appauvrissement de la majorité. La minorité des manifestants français de mars 2023 qui clament « des milliards pour les retraites, pas pour la guerre en Ukraine » ont bien raison de poser le dilemme en ces termes.

Gonflement des budgets militaires

Les propagandistes anti-soviétiques du siècle dernier nous prédisaient après la disparition de l’URSS un monde de paix et de « fin de l’histoire ». Il a fallu quelques années pour constater l’inverse, et découvrir en deux décennies un univers qui engloutit chaque année davantage la richesse produite par les travailleurs dans la course à la guerre, et peut être à l’extermination. Depuis 10 ans, les budgets consacrés aux conflits, aux armées, aux armements, aux industries dont le seul objectif est de tuer le mieux possible, sont en croissance exponentielle.

Celui des USA, qui se veulent les maîtres du monde, est évidemment le plus grand, 800 milliards de dollars en 2021, près de 40 pour cent des dépenses mondiales. Ses principaux alliés de l’OTAN européenne et d’Asie (Royaume Uni, France, Allemagne, Arabie Saoudite, Japon, Corée du Sud) l’accompagnent modestement avec des budgets compris chacun entre 55 et 69 milliards de dollars, ce qui fait un total conjoint respectable. Surtout si l’on considère qu’ils sont en progression inédite dépassant 10% ces dernières années, et compte tenu de leur population.

Un gouffre budgétaire qui permet à la coalition occidentale dont les USA sont leaders d’entretenir tout autour du globe les diverses guerres locales, mais surtout un appareil mondial d’encerclement militaire de ceux que les élites de Washington considèrent être leurs ennemis mortels, Chine, Vietnam, Russie, et tous ceux coupables de refuser la férule US, Syrie, Iran, Venezuela, Cuba, Corée du Nord, etc.
Exactement comme était « endiguée » le « Mal soviétique » avant 1990.

Cette coalition pro-US s’accompagne d’une nébuleuse de « petits alliés », petits par leur nombre d’habitants, mais d’une efficacité militaire redoutable sur le plan régional : le plus agressif est l’État d’Israël, qui n’a que 9 millions d’habitants, mais est une puissance coloniale surarmée et nucléaire, susceptible de toutes les aventures contre l’Iran et ses alliés arabes chiites, ou les mouvements de libération comme le Hezbollah libanais.
L’Émirat lilliputien du Qatar, qui ne compte que 300 000 citoyens ( et de nombreux immigrés à leur service ! ) a multiplié par 4 son budget militaire depuis 2010, qui dépasse aujourd’hui 10 milliards d’euros. À la grande satisfaction des fabricants d’armes français et occidentaux.

Il est vrai que cette cohorte pro-occidentale parce que libérale révèle aujourd’hui ses faiblesses à propos du conflit ukrainien : l’Arabie saoudite, qui fut longtemps la créature de Washington, vient d’entamer son rapprochement avec l’Iran, sous l’égide de la Chine honnie !
Et la Turquie, toujours membre de l’OTAN, cherche à se poser en garant des négociations en Ukraine.

Il n’en reste pas moins que la coalition « occidentale » réunit au service de l’impérialisme États-unien une large majorité des dépenses militaires mondiales. Et c’est d’autant plus évident que la disproportion démographique est écrasante. La Chine a certes accentué son effort militaire en fonction des menaces ressenties et présente un budget de 290 milliards de dollars (soit un peu plus du tiers de celui des USA !). Mais sa population dépasse un milliard 400 million d’humains, quand celle des USA dépasse à peine 300 millions !

Il est vrai que la Chine n’a pas de bases menaçantes en guirlande autour du globe (les USA en ont 200 !), et répété qu’elle n’aspire pas à en avoir. Cette disproportion « Nord-Sud » entre dépenses militaires et nombre d’habitants n’oppose pas que « les Occidentaux » proches des USA et les méchants Communistes alliés de Beijing : l’Inde, dirigée par le réactionnaire Hindouiste Modi, qui a largement dépassé le milliard de citoyens, limité pour l’instant son budget militaire à moins de 80 millions de dollars, le dixième de celui états-unien

Les affaires vont bien, merci !

Évidemment ces budgets nourrissent les industries et les ventes d’armement, qui ont elles aussi explosé dans le monde. Les ventes mondiales d’armes ont dépassé 117 milliards de dollars en 2022, relancées par la guerre sur le sol ukrainien. Là encore, un leader mondial des commerçants de la mort, les USA, avec 39 pour cent du total, Et là encore, le peloton de tête est formé d’alliés des dits USA, avec en brillant second la France de Macron ( 11 pour cent du total ), qui s’est fait en une génération une spécificité : destruction et délocalisation de ses industries de vie ( textile, métallurgie, mines ) et forte croissance de celles de mort, dont le Rafale est devenu l’emblème.
Ce n’est pas par hasard que le salon de l’armement de Villepinte réunit chaque année une foule ravie de trafiquants venus de pays divers et lointains, rêvant de contrats juteux…
L’Allemagne, quant à elle, en rupture avec son après-guerre pacifiste, affiche déjà 4,5 pour cent des ventes mondiales, et de fortes ambitions en la matière (la Bundeswehr de Monsieur Scholz a affiché sa volonté de devenir la plus forte armée conventionnelle d’Europe !).

Et parmi les 10 premiers exportateurs mondiaux d’armes, figurent aussi, plus modestement, le Royaume-Uni, l’Espagne, Israël, Corée du Sud et Italie, tous de la cohorte « occidentale ».

Face à ce camp occidental, la Russie est le second exportateur mondial, avec près de 20 pour cent du total, ce qui reflète ses préoccupations actuelles. Mais la Chine, ce contemporain « empire du mal » aux yeux de l’Occident, malgré son milliard et demi d’habitants, n’atteint que 5 pour cent du total !

Et les hommes dans tout cela ?

On en oublierait presque, à entendre nos médias dégoulinant « d’experts (et expertes) » annonçant doctement les analyses stratégiques de l’OTAN, que la guerre et les armes ont d’abord un objectif : tuer l’ennemi, ou le blesser et le réduire à l’impuissance par la destruction de tout ce qui permet une vie quotidienne normale.
On pourrait en oublier aussi que tout impérialisme, qu’il s’en tienne à la menace militaire ou organise un conflit sanglant, a une logique invariable, un mobile toujours présent :

Imposer à un groupe humain, peuple ou nation, la soumission aux maîtres de l’Empire, politiques ou financiers, qui leur permette de tirer un profit maximum de ses richesses naturelles et de ses hommes.

Un an de guerre « chaude » en Ukraine a d’ores et déjà entraîné la mort de centaines de milliers d’humains, ukrainiens et russes, hommes, femmes et enfants, militaires et civils : les combats n’épargnent personne quand ils font rage, de part et d’autre.
Les Français qui ont vécu l’invasion allemande et ses bombardements de villes ouvertes en 1940, les bombardements aussi des « Alliés » en 44, et les « ratissages » en Algérie en 1960 devraient le savoir, s’ils sont de bonne foi.
C’est la guerre elle-même qui est un crime, et elle se mène partout et toujours contre les populations civiles, avec pour objectif de la transformer en fuyards apeurés, affamés, privés du nécessaire. Ce fut largement pratiqué durant la Seconde Mondiale, et les autres, ce serait bien pire lors d’une Troisième qui guette, n’en déplaise aux zélateurs de l’histrion tragique Zelenski et ses conseillers-communicants de la CIA.

Tous les historiens de la Deuxième Guerre Mondiale ont noté que la supériorité de la « Blitzkrieg » nazie, en Pologne en 1938, en France en 1940, puis en URSS en 1941,reposait sur l’usage de la technologie militaire, blindés et aviation, C’est encore plus le cas aujourd’hui sur le théâtre d’Ukraine : tous les observateurs de bonne foi savent bien que la guerre serait condamnée à s’éteindre en négociations sans les fournitures massives d’armement sophistiqué ( blindés, artillerie, drones tueurs et d’observation, etc ).

Tout cet arsenal fourni par les USA et l’OTAN aux Nationalistes ukrainiens ( pour plus de 4 milliards de dollars par les seuls USA, mais aussi près de 2 par l’Allemagne, un demi par la France, et par 14 autres pays, dont certains comme Pologne et Pays Baltes apportent une aide logistique essentielle : une guerre féroce opposant officiellement Russie et Ukraine, mais en fait une coalition occidentale dirigée par les USA, disposée pour l’instant à se battre jusqu’au dernier Ukrainien, ou Russe.

Cet apport de technologie meurtrière d’avant-garde par les Puissances occidentales aux nationalistes ukrainiens est évidente aussi en matière de communication, devenue essentielle dans ce conflit. Certes, le « bourrage de crânes » dans les pays en guerre n’est pas un phénomène nouveau. Mais les technologies médiatiques actuelles lui ont conféré une intensité inégalée, notamment dans des pays qui ne sont pas directement belligérants comme la France.
Porte-paroles exclusifs des Nationalistes Ukrainiens et de l’OTAN, dans le compte-rendu des faits militaires et le choix des « experts » et leurs commentaires, ils ont réussi à faire d’un acteur de second ordre, Zelenski, l’incarnation angélique du patriotisme intransigeant, alors qu’il n’est que la création des communiquant états-uniens.

Les facteurs humains de la guerre

Mais ne laissons pas ces constats d’évidence nous aveugler au point d’occulter cette réalité historique : depuis des millénaires, les dimensions humaines sont primordiales dans toute guerre (une autre façon d’être de la politique, disait Clausewitz, qui, lui, était un véritable expert…).
D’autant que la supériorité technologique peut être éphémère, et passer parfois d’un camp à l’autre. Ainsi, depuis peu, les dirigeants ukrainiens et leurs fournisseurs occidentaux ont découvert que les missiles supersoniques russes ne pouvaient être stoppés par l’artillerie « de protection » fournie par l’OTAN.

Le général Marill, qui fut un des chefs des combattants et agents de renseignement français déployés en Afrique, fait même, en disciple réaliste de Clausewitz, un constat troublant sur la Guerre actuelle en Ukraine : « les nouvelles technologies militaires ( drones, informatique, etc ) permettent de déceler les positions adverses comme ce ne fut jamais le cas auparavant, mais paradoxalement « face à cette haute technologie, on en revient à une guerre de masse, et en particulier de fantassins….cette haute technologie ramène le soldat à un combat qui finalement se rapproche de celui de 14-18. » (Interview de Marill. Revue Omerta, février-avril 2023).

Les féroces et interminables tueries réciproques pour le contrôle de Bakhmout au Donbass sont l’illustration de cette thèse.

Autre constat du même général français : « l’essentiel de la guerre, c’est la volonté et le courage des soldats ». Autrement dit, la conviction des combattants, qui ne découle pas des décisions hiérarchiques, mais de la volonté de vaincre que créent nationalisme ou patriotisme.

Deux exemples contraires le prouvent lors de cette guerre en Ukraine :

1/ Les nationalistes ukrainiens mis au pouvoir à Kiev en 2014 par le coup d’état de Maidan, ont suscité par leurs décisions xénophobes l’insurrection « séparatiste » des russophones du Donbass, région minière largement peuplée d’ouvriers russes lors de l’industrialisation de l’URSS.
Ces insurgés du Donbass, soutenus par leur patriotisme contre les vexations nationalistes du Pouvoir de Kiev, ont subi de 2014 à 2022 des bombardements meurtriers sans céder pour autant.

2/ Quand en 2022 le pouvoir russe a lancé « l’opération spéciale » pour leur venir en aide, les dirigeants de Moscou ont cru naïvement (mal informés par leurs services de renseignement ?) qu’elle ne serait qu’une promenade rapide, et que les Ukrainiens accueilleraient leurs troupes en libérateurs des Nationalistes, héritiers de Banderistes antisémites et anti-russes d’autrefois.
La suite a prouvé l’inverse.

Certes, des millions d’Ukrainiens ont fui vers l’étranger, notamment pour échapper à la mobilisation décrétée par Kiev. Mais la majorité du peuple d’Ukraine a réagi à ce qu’il a ressenti comme une invasion militaire, en se ralliant aux dirigeants nationalistes, d’autant qu’ils leur faisaient miroiter l’abondance de biens matériels par l’accession à l’Union Européenne et l’aide états-unienne.

D’où l’enlisement d’une « Opération » russe prévue de quelques semaines et devenue en un an une guerre de tranchées, ponctuée de bombardements réciproques, sans qu’une victoire décisive de l’un ou l’autre soit prévisible. Et une paix négociée encore moins, tant que les protagonistes se fixent des objectifs hors de portée : du côté ukrainien, la reconquête pure et simple de la Crimée, du Donbass et Donetsk ; du côté de leurs sponsors US et Otaniens, la destruction économique de la Russie et de son pouvoir politique tout en se prétendant non-belligérants ; à quoi répond l’affirmation à Moscou de « dénazification »de l’Ukraine, c’est à dire de l’éradication d’un État national représentatif, quels que soient ses options.

Une volonté partagée de limiter ses pertes humaines

Ainsi, la thèse selon laquelle la technologie, si efficiente soit elle, déciderait de tout dans la guerre contemporaine, se révèle fausse. L’histoire de l’impérialisme états-unien installé aux manettes du monde depuis un siècle en est l’illustration.
Cette puissance industrielle et financière a conquis sa première place grâce aux deux guerres mondiales successives, que les autres États impérialistes, essentiellement européens (Allemagne, France, etc), ont payé très cher, car les combats ont ravagé leurs territoires, y multipliant destructions de vies et de richesses. Durant le même laps de temps, et malgré la participation de citoyens états-uniens, de l’Europe et l’Afrique au Pacifique, aucun combat n’a eu lieu sur le territoire des USA, qui ont bénéficié parallèlement durant et grâce aux guerres d’une croissance économique et financière fulgurante.

En 1945, malgré les menaces d’expansion de l’ennemi communiste, les USA étaient ainsi les patrons incontestés du monde occidental, au point de redonner vigueur (Plan Marshall) à leurs anciens ennemis d’Europe (Allemagne) et d’Asie (Japon) capables de les aider à « endiguer le Communisme ».
Pour cela, les USA suscitèrent de multiples conflits, sanglants pour les populations des pays concernés, très souvent dirigés contre des mouvements de libération nationale, jugés coupables de vouloir se diriger par eux-mêmes, et de collusion dans ce but avec « l’Empire du Mal » communiste. Toutes ces guerres « locales » se sont déroulées en dehors du territoire nord-américain, au départ avec un nombre limité de soldats états-uniens, en tentant même de les transformer en « guerres par procuration » :

1/Celle de Corée (1950-53), pour limiter l’expansion communiste en Asie, a été organisée par Washington, mais sous couvert d’une ONU manipulée, avec des contingents de troupes de nationalités « occidentales » diverses (y compris un contingent français de 3500 volontaires rétribués.) Elle fit 2 millions de victimes au total, dont un faible pourcentage de soldats US.

2/ Le second théâtre « d’endiguement du communisme. » fut l’Indochine en Asie, avec d’abord la tentative avortée du colonisateur français d’y rétablir sa domination de 1946 à 54. Après sa cuisante défaite à Dien-Bien-Phu, le pouvoir français passa la main au démiurge occidental, à qui, semblait-il, nul ne pourrait résister. Et ce fut la féroce Guerre du Vietnam (1955-75) durant laquelle la première armée du globe a écrasé de bombes un peuple résistant qualifié de complice du Mal.

Malgré-cela, les États-uniens ont été contraints d’évacuer le pays en 1975, défaits et humiliés, en laissant près de 2 millions de morts et 3 de blessés au Vietnam, dont une faible minorité était nord-américaine. Il n’en reste pas moins que ces pertes, minimes sur le total, entraînèrent un fort mouvement de rejet de la guerre dans le peuple américain, et convainquit les dirigeants US d’engager le moins de soldats nationaux possibles dans les guerres qu’ils fomenteront par la suite aux quatre coins du globe.

3/ D’autant que l’engagement américain en Somalie (1992), sous couvert de l’ONU, à l’image de la Corée, se termine en humiliation dans les rues de Mogadiscio (1993), où les cadavres de soldats US sont trainés en trophée par les insurgés victorieux.

4/ Cette tactique de l’impérialisme états-unien de guerres pour la domination mondiale par procuration, par souci d’économie non des vies en général, mais des vies américaines, est évidente aussi tout au long des guerres successives d’Afghanistan, de 1979 à 2021 : 42 ans de guerre ouverte, la plus longue de l’histoire contemporaine, qui se soldent par des dizaines de milliers de morts civils, et 2400 tués Américains parmi une armée d’occupation qui atteignit presque 100 000 soldats ( la participation de contingents alliés européens fut de quelques milliers ). Quarante ans de guerres, qui n’ont pas manqué de péripéties catastrophiques, pour se conclure par un retrait humiliant et une victoire totale des Talibans devenus ennemis des USA.

La première étape en fut de 1979 à 89 l’intervention indirecte des USA contre le régime communiste installé alors à Kaboul, et soutenu militairement par des troupes soviétiques. Washington, par le financement et grâce aux formateurs de la CIA, fit des moudjahidines afghans une véritable armée contre-révolutionnaire, animée idéologiquement par l’intégrisme islamiste, qui débouchera en 2006 en État Islamique ou Daesh, après le retrait de l’URSS moribonde (1989) et la défaite un an plus tard des Communistes afghans.

Cette nébuleuse islamo-terroriste, nourrie au départ par les USA pour ses ambitions mondiales, prolifère en deuxième étape au Moyen-Orient, à tel point qu’elle réalise l’attentat humiliant du 11 septembre 2001 contre les Tours du World Trade Center, symbole de l’Empire nord-américain.

Quelques semaines plus tard, les troupes US occupaient l’Afghanistan en représailles, et débutaient deux décennies de guerre contre la résistance islamiste, qui se terminera par le retrait piteux de 2021 et l’installation des Talibans afghans, au gouvernement d’un pays dévasté.

5/Parallèlement à ce conflit au sud-est de l’Asie, les USA ont aussi tenté d’assurer leur emprise sur le Moyen-Orient, qui fut longtemps le centre de l’approvisionnement mondial en pétrole et gaz. Ce fut l’origine des guerres successives contre l’Irak, à propos du Koweït d’abord (1991), puis l’invasion armée et l’occupation de ce pays en 2003, avec l’appui plutôt symbolique de leurs alliés européens de l’OTAN (malgré le refus du Président français Chirac).

Tout au long de ces aventures guerrières au succès variable, l’interventionnisme états-unien s’est traduit un peu partout par des « guerres par procuration », ainsi en Yougoslavie (1991-2001) , en organisant avec d’autres alliés occidentaux (l’Allemagne notamment) le dépeçage du pays au profit des nationalismes concurrents : les morts, blessés et destructions qui en ont découlé n’ont guère touché que les peuples yougoslaves, Slovènes, Croates, etc…, mais les USA n’ont pas manqué d’intervenir sans risques de façon décisive en bombardant par exemple le peuple serbe de Belgrade.

On peut noter le même interventionnisme indirect en Syrie, à partir de 2011. Les USA se sont contentés de susciter et aider des opposants armés à l’État national de Bachar El Assad, notamment les intégristes islamistes. Mais dans ce cas, l’échec est patent, puisque L’État de Bachar est toujours debout, grâce à l’aide qu’il a reçu de la Russie.
Une aide qui a été la raison essentielle de l’implication directe des USA en Ukraine, derrière les Nationalistes anti-russes qui y ont pris le pouvoir en 2014 !
On dira que l’interventionnisme des USA ne s’est pas limité aux quelques exemples cités, et c’est vrai. Mais toujours avec le souci d’éviter au maximum la perte de soldats américains et les conséquences sur l’opinion publique US, avec le souci constant de déléguer à d’autres, alliés ou serviteurs, les risques politiques et humains.
C’est dans cette optique que l’aide US en tous domaines a fait de l’État d’Israel le gendarme agressif du Moyen-Orient, contre les mouvements et partis de libération nationale, et ceux qui les soutiennent comme l’Iran.

Ce sont aussi les raisons qui ont fait de la France depuis 20 ans le chargé de mission de l’Occident en Afrique, compte-tenu de son expérience coloniale. Ainsi, en 2011, l’armée française a permis à Ouattara, le poulain des financiers du FMI, à accéder au pouvoir en Côte d’Ivoire. Et en 2011, le Président français Sarkozy, a fait détruire l’État national de Libye par les Rafale, et laisse lyncher son leader Khadafi, la bête noire de Washington.
Un prélude aux interventions armées françaises au Sahel, dont l’échec patent ont amené Mali et Burkina à les expulser du pays en 2022.

Le temps des mercenaires

Les déboires des forces françaises d’intervention au Mali, finalement expulsées par les Juntes maliennes et burkinabé, avec l’approbation de leur population, ont donné lieu à une campagne médiatique assourdissante en France, contre les mercenaires de l’armée privée russe Wagner, présente maintenant dans plusieurs pays d’Afrique occidentale, en quête de sécurité civile perdue. Et ce matraquage sur les « criminels mercenaires russes » a connu depuis un an une envolée nouvelle, dénonçant leur participation au conflit en Ukraine, ce qui est exact en effet.

Mais, présenter les mercenaires de Wagner comme s’ils étaient une nouveauté inventée à Moscou est absurde et contraire à toute vérité historique.

Il est d’ailleurs plus que paradoxal de voir des journalistes français propager cette légende nationaliste, alors que la France a créé sa Légion Étrangère en 1831, en a fait tout au long de sa période coloniale un corps d’élite surentraîné, formé de non-français, volontaires rétribués engagés sous une identité fictive leur permettant d’effacer leur passé. L’histoire de ces mercenaires de la France, émaillée au vingtième siècle de putschs et de « ratissages » sans états d’âmes de civils, devrait inciter les médias français à plus de modération.

C’est le même pouvoir français néo-colonial qui a su utiliser par l’entremise de ses services secrets des « soldats de l’ombre » comme Bob Denard après les indépendances africaines des années 1960. On le trouve à la tête de ses « affreux » au Katanga, au Tchad, au service de qui le rétribue, et organisateur d’un coup d’état anticommuniste aux Comores en 1979. Alors que, parallèlement, la France organise la subversion de l’île comorienne de Mayotte, qui sera finalement érigée par Paris en « département français » en 2011, pour lui servir de base stratégique française en Océan Indien.

Pour les dirigeants successifs de la France néocoloniale, l’emploi de mercenaires rétribués directement ou indirectement avait, selon le modèle nord-américain, l’avantage de faire réaliser des opérations discutables (« dirty affairs ») en niant toute responsabilité, et plus encore de ne pas engager la vie de soldats mobilisés, ce qui a toujours un effet délétère sur les citoyens, comme ce fut le cas en France durant la guerre d’Algérie et aux USA durant celle du Vietnam.

Cette forme de guerre privatisée fut très présente en Irak après l’invasion nord-américaine
(2003) ou l’armée privée Black Water (plusieurs milliers de mercenaires, dont une majorité de contractuels) est au cœur du dispositif de guerre et d’occupation du pays, et se rend coupable impunément de fusillades de civils et tortures de prisonniers.

On ne peut donc s’étonner de voir le concept d’armée privatisée repris vigoureusement dans la Russie capitaliste et nationaliste de Poutine à partir de 2014, désireuse de peser sur la situation militaire en Syrie, en Afrique, et en Ukraine, sans engager trop directement l’armée mobilisée : l’opinion russe est parfois réticente devant les pertes subies, depuis les déboires soviétiques en Afghanistan. Même si elle approuve majoritairement l’action gouvernementale contre les nationalistes ukrainiens. C’est dans ce contexte que les troupes de Wagner jouent un rôle important dans les féroces combats du Donetsk, et notamment autour de Bakhmout, le Verdun ukrainien.

Un visage de la guerre pas si nouveau, et toujours aussi terrifiant

Nous avons donc depuis un an une guerre ouverte sur le sol européen, avec des caractéristiques de forte technologie militaire (artillerie télécommandée, repérage des cibles par drones, importance majeure des technologies de manipulation des esprits, etc). C’est d’ailleurs dans ce dernier domaine qu’au début mars les médias occidentaux ont gonflé encore le niveau de leur discours quotidien anti-russe, grâce à la déclaration irresponsable de magistrats de la Cour Pénale Internationale de La Haye :
« Poutine est sous le coup d’une inculpation pour crimes de guerre, déportation d’enfants, exécution de civils » etc… !

Cela à partir d’une enquête faite exclusivement à charge, de témoignages venant exclusivement des nationalistes ukrainiens, transformant par exemple le transfert hors de la zone de guerre d’enfants devenus orphelins suite aux bombardements en déportations…
Cette « inculpation » d’un des chefs d’état en guerre, vouée à l’oubli ultérieur car sans aucune assise juridique, aussi peu justifiée que celles du même TPI contre l’Ivoirien Gbagbo ou les dirigeants Serbes anti-Otan, devra se terminer comme elles, en non-lieu, parce qu’elle n’avait pour objectif que d’alimenter la propagande occidentale.

Il est toujours malhonnête et immoral de dénoncer les exactions uniquement chez le belligérant que l’on combat. L’histoire de tous les peuples, y compris le nôtre, démontre que tout conflit armé donne libre cours aux pires instincts humains, au meurtre gratuit et impuni, à la torture, au pillage et au viol.

C’est en fait toute guerre impérialiste, menée pour établir ou maintenir une domination extérieure, qui est un crime contre les peuples, et doit être stoppée, avant d’embraser le reste du monde.

Citoyens d’un pays qui nourrit ce conflit en fournissant des armes et en entraînant sur son territoire des soldats ukrainiens à les utiliser, nous devons crier haut et fort malgré les aboiements des chiens de guerre de l’OTAN dans nos télévisions :

1/ Nous ne partageons pas les buts de guerre anti-russe des bellicistes de Washington, Paris, Londres, Berlin ou Varsovie, prêts à se battre jusqu’au dernier ukrainien ou au dernier Européen pour leurs profits et leur domination mondiale, mais rejoignons au contraire les propositions de paix négociée avancées par la Chine où une majorité d’autres pays, d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine.

2/ la guerre continue de tuer et ravager cette région d’Europe pour la seule raison qu’elle est alimentée à milliards en canons, blindés, drones et combattants, par les USA, les pays de l’OTAN et de l’Union Européenne.

Nous exigeons donc l’interdiction de toute livraisons d’armes et soldats aux belligérants directs, sous contrôle de l’ONU, assortie d’un cessez le feu et de négociations pour une paix durable, qui ne peut reposer que sur le respect du droit de tous les peuples du secteur à disposer d’eux-mêmes, sans ingérence extérieure, ceux d’Ukraine et de Russie, ceux russophones de Crimée, de Donetsk et Lougansk.

MARS 2023

   

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