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Cuba : Lettre à André Chassaigne

mercredi 2 novembre 2016 par Charles Hoareau, Président de l’A.N.C

Suite au vote historique de l’ONU (voir article ci-dessous) et au communiqué de André Chassaigne (député Communiste de la 5ème circonscription du Puy-de-Dôme ), Charles Hoareau, président de l’ANC, a écrit pour dire son désaccord avec une partie des termes de celui-ci.
André Chassaigne, avec beaucoup de franchise lui a répondu pour dire qu’effectivement les critiques lui paraissaient justifiées et qu’il les prendrait en compte pour des expressions futures sur Cuba…

Bonjour André

Tu es président du groupe d’amitié France-Cuba à l’Assemblée Nationale et à ce titre tu viens de faire une déclaration suite au dernier vote à l’ONU sur la résolution au sujet du blocus à Cuba. Tout le monde sait bien que si tu es à ce poste c’est parce que tu as fait le choix de la solidarité avec Cuba et le communiste que je suis l’approuve pleinement. Si je t’écris aujourd’hui c’est parce qu’à mon sens ta déclaration pose problème.

En effet tu écris fort justement : « Pour la première fois depuis 1992 – année de la présentation initiale de la résolution intitulée « Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique à Cuba » – aucun pays ne s’est opposé au texte. En effet, les États-Unis et Israël, qui avaient toujours rejeté le texte, ont choisi cette fois de s’abstenir au moment du vote. »

Effectivement c’est une première à souligner…mais pas comme tu le fais ! En effet tu poursuis en écrivant : « Il convient de saluer cette décision du Président Barack Obama qui va dans le sens de l’histoire et qui reconnaît ainsi le caractère inique et désuet des sanctions imposées aux Cubains depuis plus d’un demi-siècle. » Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ! La vérité à souligner comme le fait d’ailleurs JF Bonaldi [1], c’est qu’il s’agit d’un véritable camouflet pour l’administration Obama qui se trouve « entre l’enclume et le marteau cubains ».

Ce vote qui constitue une demie surprise (Bonaldi rappelle que le bruit d’un vote identique avait couru l’an passé à l’ONU et la vraie surprise aurait été un vote POUR) n’est pas le résultat d’une volonté étasunienne de revenir sur ses erreurs passées mais est la traduction d’un fait politique majeur : les États Unis ont perdu la bataille sur ce point car le monde entier est contre cette politique.
Même, pour reprendre le mot de Bonaldi, « les gouvernements qui ne sont pas franchement amis de la Révolution cubaine ! »

Il s’agit donc d’une victoire de la révolution cubaine et je cite à nouveau Bonaldi : « En continuant de présenter sa résolution même après la reprise des relations diplomatiques, de la réouverture des ambassades, de la visite d’Obama à La Havane en mars dernier et des cinq trains de mesures que Washington a adoptés pour alléger petitement certaines restrictions du blocus (qui reste en place pour l’essentiel, puisque sa levée définitive dépend depuis 1996 du Congrès), Cuba a coincé l’administration étasunienne entre l’enclume et le marteau et l’a contrainte, pour ainsi dire, à se dédire ou à se démentir elle-même, et à devoir cesser donc d’appuyer ouvertement une politique que toutes les administrations (dont la sienne) ont mise en œuvre avec acharnement depuis 1962 ». Et c’est bien cette victoire qu’il faut souligner. Une belle victoire sur les USA et leur caniche, Israël.

Il faut le souligner pour au moins deux raisons.
- D’abord il serait faux de laisser croire que, Obama, chef d’un gouvernement, qui, faut-il le rappeler, continue et amplifie sa politique impérialiste dans le monde entier et particulièrement en Amérique du sud, serait plus « souple » que les gouvernements précédents. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe actuellement dans les pays proches de Cuba pour se convaincre que les États-Unis n’ont pas renoncé à faire et défaire les gouvernements selon leurs intérêts et au détriment des souverainetés populaires. Mais surtout il n’y a qu’à lire la dernière directive présidentielle du même Obama (qui, s’il était vraiment pour la fin du blocus, aurait pu en faire bien plus comme le souligne Cuba) pour être édifié sur les intentions étasuniennes. Les méthodes changent mais pas le but : « éliminer ce gouvernement trublion qui continue de s’affirmer et de s’afficher résolument socialiste et de parler de justice sociale dans un monde où le néolibéralisme fait loi et est roi. ».

Dans sa directive non seulement Obama se mêle de la politique intérieure de Cuba (qui ne respecterait pas les droits de l’homme refrain connu) mais en plus il enjoint Cuba de se conformer au plus vite aux règles capitalistes, de privatiser son économie et d’accepter les règles du capitalisme mondial en rejoignant l’OEA, la banque mondiale, le FMI, la banque interaméricaine qui, je cite : « pourraient lui apporter des compétences techniques et financer potentiellement des réformes économiques »  : on ne peut plus clair ! Obama va même plus loin puisqu’il écrit : « Même si le Congrès levait l’embargo, les Cubains ne pourraient pas réaliser leur potentiel sans une réforme économique continue à Cuba. »  !!

Il n’y a donc vraiment rien à saluer chez Obama dans ce vote.

- La deuxième raison pour laquelle il faut saluer la victoire cubaine c’est parce qu’il s’agit d’une victoire de notre camp !

Au moment où le Venezuela, après le Brésil est victime d’attaques largement inspirées et soutenues par les États Unis, la victoire cubaine est source d’espoir. Non seulement Cuba n’en finit pas de résister mais en plus il marque des points !

N’avons-nous pas besoin de victoires et de souligner celles-ci quand elles se produisent pour donner espoir à celles et ceux qui luttent pour une autre société et qui se trouvent souvent si petits face au capitalisme international ?

N’avons-nous pas besoin de dire haut et fort : non le capitalisme n’est pas invincible et nous pouvons gagner si nous dépassons le fatalisme ?

Sans rien lâcher de ses fondamentaux ni méconnaître l’évolution du monde, le socialisme cubain montre une voie qui n’est pas un modèle à suivre mais un exemple dont nous devons nous inspirer et qui doit nourrir nos combats.

La barricade n’a que deux côtés comme le rappelle la citation célèbre, nous devons me semble-t-il en permanence rappeler de quel côté nous sommes. Obama ne sera jamais de notre côté et il n’existe pas de capitalisme responsable ou humain.

Je t’écris cela de façon publique parce qu’il me semble que ces questions doivent être mises en débat pour éliminer toute expression qui pourrait faire penser à de l’opportunisme et que, la question du rassemblement de notre camp se pose ici aussi. Et pas seulement à l’occasion d’élections dont les alliances qu’elles suscitent devraient être uniquement la traduction des luttes qu’elles prétendent prolonger…

Votes aux Assemblées Générales des Nations-Unies sur la nécessité de cesser le blocus des États-Unis contre Cuba



[1Plusieurs années d’études universitaires (psychologie, sociologie, lettres modernes). Deux recueils de poésie publiés. Animateur culturel. Événements de mai 1968. Part au Pérou en 1970. Vit à Cuba depuis 1971. Dès lors, la vie de l’auteur – L’Empire US contre Cuba, Éditions de l’Harmatan - s’identifie à celle du peuple en révolution qui l’a accueilli et, au-delà de l’île, au tiers monde exploité et dépendant.

   

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