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Italie 2018 : une bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ?

jeudi 31 mai 2018 par Francis Arzalier (ANC)

Depuis sa création, nous combattons l’Europe supranationale, machine de guerre "libérale" au service du Capitalisme contre les travailleurs, générant l’austérité, le chômage, la précarité et les délocalisations, que désirent les gouvernants des 27 pays qui en font partie.

Nous serions inconséquents de ne pas constater avec satisfaction la gifle infligée par les électeurs italiens aux partis "europeistes" du gouvernement précédent de Centre-gauche, d’autant que l’opinion de la Péninsule passa longtemps pour affectionner l’UE et ses mirages. Mais ce basculement est surtout dû à l’importance du rejet xénophobe des migrants, jugés par beaucoup responsables du mal-vivre social, plutôt qu’a la conscience des méfaits du Capitalisme : il suffit de connaître un peu l’Italie actuelle, atteinte de plein fouet par la vague migratoire, pour le savoir.

Il serait donc infantile de limiter notre analyse à un cri de victoire. Car il n’est pas anodin de voir ces élections récentes amener probablement au gouvernement de Rome les héritiers directs du Fascisme mussolinien, cette dictature qui s’imposa aux travailleurs par la terreur, les camps de détention et les exécutions.

Salvini, leur dirigeant, est pressenti comme ministre de la police, les militants syndicaux peuvent si c’est le cas s’attendre au pire s’ils s’avisent d’être fidèles
à leur mission de luttes de classes. Il n’est pas anodin de constater que cette nouvelle majorité tient au soutien de la Droite de Berlusconi, et au ralliement incongru du "Mouvement 5 Étoiles", fourre-tout politicien dont l’humoriste fondateur Bepe Grillo avait résumé le programme en une formule qui avait au moins le mérite d’un certain humour : " Vafancullo !".

On sourit moins quand on remarque que cet ectoplasme politicien a bâti son succès électoral sur le seul rejet des sortants, sur quelques promesses "sociales" parfois démagogiques ( baisse des impôts, pour qui ? ) et qu’il a ainsi aspiré le "vote utile " de millions de travailleurs, notamment dans le Sud atteint de plein fouet par le chômage et la pauvreté.

Il a attire tout un électorat de gauche déboussolé, y compris ceux qui soutenaient il n’y a pas si longtemps le PCI, mort à l’issue d’un long suicide opportuniste : les pertes de repères se paient toujours en perte d’influence, en Italie comme ailleurs...

C’est donc ce "5 Étoiles", dépositaire de tant d’espoirs de changement, qui offre l’accès au pouvoir à l’extrême-droite xénophobe ; : ce serait un recul historique de trois quarts de siècle, pour la Nation de Gramsci et Togliatti ! Un véritable déni à la démocratie, de la part d’un mouvement " anti-système", dont le programme aujourd’hui se limite essentiellement à l’envie d’exercer le
pouvoir d’état.

Il restera au peuple italien à lutter pied à pied, dans la rue et les entreprises, contre la régression sociale et politique, contre le Capitalisme italien et supranational, si ce gouvernement de la coalition des Droites est intronisé : ce n’est pas encore certain tant les résistances sont multiples, les semaines qui viennent nous le diront.

En tout état de cause, ces événements d’Italie ont une signification plus large, qui concerne directement notre pays.

La distance affirmée avec l’Union Européenne, n’est pas en elle-même une avancée, si elle n’est pas en même temps une mise en cause du Capitalisme, dont l’UE n’est que l’expression. Les travailleurs britanniques ont certainement eu raison de voter pour le Brexit, mais leurs difficultés n’ont pas disparu pour autant : le gouvernement Libéral de Mme May vaut bien ceux précédents de
Tatcher et Blair, au service de la même bourgeoisie.

Dans presque tous les pays d’Europe, Pays Baltes, Pologne, Ukraine, Hongrie, et en Europe occidentale, l’extrême-droite progresse grâce à la démagogie sociale et à la xénophobie. Elle se rapproche du pouvoir en détournant au profit de ses
solutions autoritaires, réactionnaires et xénophobes le mécontentement populaire contre l’austérité et les reculs sociaux.

Les boucs émissaires juifs de 1933 sont remplacés dans son discours par les immigrés africains ou arabes, ce qui n’est pas mieux.

Nous n’avons pas le droit de sous-estimer ce danger !

En France, bien des forces, au Parti Républicain de Wauquiez, au sein du Front National des Le Pen et Ménard, et dans les officines patronales, rêvent d’une coalition " à l’italienne". Et face aux luttes sociales, les velléités autoritaires a l’intérieur d’un En Marche macronien qui est né de la même escroquerie électorale que le " 5 Étoiles" italien, ne manquent pas : n’est ce pas le ministre de l’intérieur Collomb qui vient de suggérer l’interdiction des manifestations perturbées par des "casseurs" avec l’assentiment passif des policiers ?

Le fascisme est la solution ultime, chaque fois que le Capital en a besoin :"le ventre est encore fécond, d’où est sortie la bête immonde".

   

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