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Qu’est-ce que le racisme d’État ?

mardi 5 juin 2018 par Saïd Bouamama

Avant d’aborder la question du « racisme d’État » rappelons que cette expression fait partie du vocabulaire que certains voudraient interdire.
D’autres termes subissent le même procès en sorcellerie comme « islamophobie », « blanc », « privilège », etc. En fait dès qu’un terme ou une expression semble investit par un groupe dominé pour rendre compte de son expérience et de sa situation, il est l’objet d’attaques visant à le délégitimer. Cette fois-ci cependant un seuil de gravité est franchi puisqu’un ministre de l’Éducation Nationale a tenté de porter plainte contre un syndicat pour usage de l’expression « racisme d’État ». Selon lui l’Etat français a été diffamé par l’utilisation de cette expression.

1. Racisme d’État et État raciste :

Il n’est pas inutile de camper la scène du théâtre que nous avons connus à propos de cette expression. La ligue des droits de l’homme, la LICRA, le sociologue Michel Wieworka critique l’expression comme porteuse d’un réductionnisme dangereux. Utiliser l’expression « racisme d’État » prétendent-ils c’est affirmer que l’État nazi serait de même nature que l’État républicain français contemporain. Les partis s’en mêlent avec un large consensus dépassant le clivage « droite-gauche » pour dénoncer l’utilisation de cette expression pour caractériser la république française contemporaine. Écoutons la formulation de l’accusation par Wieworka :

« Parler de racisme d’État veut dire que l’État pratique et professe le racisme. C’est mettre la France sur le même plan que l’Afrique du Sud de l’apartheid. Il y a racisme d’État quand le phénomène se hisse au niveau de l’État. Ce qui n’est pas du tout la même chose que s’il s’agit de mécanismes inacceptables qui existent certes au sein de l’État – un État qui s’efforce de les faire reculer (…) il est vrai que si vous êtes issus de l’immigration maghrébine vous avez plus de peine à trouver un stage ou un emploi au sortir de l’école. Mais il n’y a pas de volonté explicite, ni même l’acceptation de telles logiques de la part de l’État. Au contraire, la République donne tous les signes d’une forte mobilisation contre le racisme »

Le président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme va dans le même sens : « Le racisme d’État, c’était en Afrique du Sud ou sous Pétain. On n’est pas dans une situation de ce type aujourd’hui, car l’État ne produit pas de lois ou de règlements racistes. » ( Libération 24 novembre 2017)

Outre que le débat reste ouvert pour nous à propos de certaines lois comme celle d’exception sur le foulard en 2004, il y a ici confusion, volontairement ou pas importe peu, entre les expressions « racisme d’État » et « État raciste ». Plus avertit que d’autres il reconnait l’existence d’un racisme institutionnel (porter par telle ou telle institution) mais pour l’opposer au « racisme d’État » qui signifierait une « intentionnalité de l’État ». Quant au fait qu’il voit une « République (qui) donne tous les signes d’une forte mobilisation contre le racisme », nous ne devons pas vivre dans la même société ou du même côté de la ligne de couleur qui est aussi une partie de la ligne de pouvoir.

A notre connaissance aucun des nombreux militants et aucun des quelques chercheurs utilisant l’expression « Racisme d’État » ne considère l’État français comme similaire au nazisme ou au régime de l’apartheid. Nous ne sommes pas inconscients dans le choix de nos mots et expressions. Nous avons lu l’historien états-uniens Georges Fredrickson (« Racisme, une histoire ») et sa mise en exergue des trois régimes politiques explicitement racistes au XXème siècle : les États du Sud des États-Unis à l’époque des lois « Jim Crow » (1865-1963) ; l’Afrique du Sud sous l’apartheid (1948-1991) et l’Allemagne nazie (1933-1945). Nous ajouterons simplement à la liste les États européens ayant suivis la logique raciste des nazis et entre autre le régime de Pétain. Ces exemples encore une fois concernent le concept « d’État raciste » que personne ne confond avec le « Racisme d’État ».

Il n’est pas inutile de rappeler quelques repères théoriques pour répondre à cette accusation de confusion conceptuelle faite aux militants de l’antiracisme politique :

Le racisme ne peut se limiter aux préjugés ou à une idéologie. Il est fondamentalement un rapport social produit par une société inégalitaire et la reproduisant par une hiérarchisation sociale à base d’une distribution de privilèges et de désavantages selon une ligne de couleur et/ou d’origine réelle ou supposée.

L’intentionnalité n’est pas une condition nécessaire à l’existence d’une réalité raciste. De surcroît pour les victimes que le racisme soit intentionnel ou non, les conséquences sont identiques. L’expression « racisme d’État » vise justement à décrire l’existence et la production-reproduction d’un rapport social raciste dans des États posant comme intention exactement l’inverse c’est-à-dire un État affichant comme règle l’antiracisme. Le « racisme d’État » décrit donc la production systémique d’une réalité raciste par un État se définissant officiellement comme antiraciste. La notion d’État raciste décrit en revanche les États affichant intentionnellement le racisme comme idéologie et politique. L’exemple que donnent Wieworka en citant l’apartheid concerne l’expression « État raciste » et non celle de « Racisme d’État ».

Christine Delphy a depuis déjà longtemps attiré l’attention sur la nécessité de distinguer la « règle affichée » et la « règle réelle » fonctionnant dans la dynamique concrète d’une société. Ne pas prendre en compte cette distinction conduit logiquement à limiter le racisme à une portion congrue, celle du racisme intentionnelle assumée idéologiquement et politiquement. C’est justement tout l’apport de ce qui est désormais appelé « antiracisme politique » que d’avoir refusé de limiter le racisme à l’instance idéologique et aux pratiques individuelles ou aux énoncés et actes racistes intentionnels. Derrière les attaques contre l’expression « racisme d’État » c’est donc l’idée même d’un antiracisme politique qui est attaquée.

Les exemples de décalage profond entre « règle affichée » et « règles réelles » sont légion tant au niveau historique qu’au niveau contemporain. Le « racisme républicain » pour reprendre l’expression de Pierre Tévanian articule quotidiennement des affirmations du principe d’égalité et la réalité de discriminations massives et systémiques par des institutions d’État. L’affirmation de l’égalité républicaine comme « règle affichée » voisine « la règle réelle » de la politique policière vis-à-vis de certains quartiers et certaines populations conduisant à la mort de plus deux cents jeunes situés du mauvais côté de la ligne de couleurs depuis la décennie 80. L’affirmation de l’égalité républicaine comme « règle affichée » voisine avec la « règle réelle » d’une surreprésentation des jeunes à la mauvaise couleur dans les prisons en général et en détention préventive en particulier.

Conclusion :

Bien avant la dernière polémique sur le « Racisme d’État », j’attirais l’attention sur la nécessaire distinction entre « racisme d’État » et « État raciste ». C’était le 21 septembre 2016 lors d’une mobilisation organisée par l’association ALCIR. Concluons cette partie en soulignant l’enjeu de cette distinction : La prise en compte de la responsabilité étatique dans la production du rapport social raciste. Le racisme n’est ni un virus extérieur, ni ne se limite à un simple héritage de l’histoire : il est une production contemporaine dont un des acteurs se trouve être des politiques d’État en matière de politique migratoire, de discours sur les réfugiés, de contrôle au faciès, d’expulsions successives des campements de Rroms, de politique internationale, etc.

2. Racisme institutionnel et Racisme d’État

Nous l’avons soulignés plus haut, Michel Wiéworka est prêt à reconnaître l’existence d’un racisme institutionnel mais à condition de ne pas aller jusqu’à l’affirmation de l’existence d’un « Racisme d’État ». La mise en opposition de deux concepts appartenant au même effort théorique et politique visant à rendre compte de l’ensemble du fait social raciste est, selon nous, à rejeter du fait de ses conséquences pratiques : la non interrogation de toutes les conditions systémiques de production du rapport social raciste.

Rappelons que le concept de « racisme institutionnel » aujourd’hui reconnu pour l’opposer au « racisme d’État » a été pendant longtemps nié en France. La notion même de discrimination raciste largement abordée dans le monde dit « anglo-saxon » a été pendant des décennies l’objet d’un silence assourdissant. La discrimination ne pouvait pas exister en France puisqu’elle était anticonstitutionnelle depuis la déclaration des droits de l’homme. Rappelons l’origine militante du concept de « racisme institutionnel » et la réalité sociale qu’il tentait de restituer. Citons Stokely Carmichael et Charles Hamilton :

« Quand des terroristes blancs posent des bombes dans une église noire et tuent cinq enfants noirs, c’est un acte de racisme individuel, critiqué par l’ensemble de la société. Mais quand dans la même ville de Birmingham (Alabama), cinq cents bébés noirs meurent chaque année du manque d’électricité, de nourriture, d’abri et de soins médicaux, et des milliers d’autres sont détruits et blessés physiquement, émotionnellement et intellectuellement à cause de la pauvreté et de la discrimination de la communauté noire, c’est du racisme institutionnel. Quand une famille noire emménage dans un quartier blanc et est lynchée, brûlée ou expulsée, elle est victime de violence individuelle et ouverte que l’ensemble de la population condamne. Mais c’est le racisme institutionnel qui garde les Noirs enfermés dans des logements insalubres et à moitié en ruines, sujets à l’exploitation quotidienne de leurs propriétaires, des marchands, des prêteurs sur gages et des agents immobiliers qui les discriminent. La société fait semblant de ne pas connaître cette situation, ou alors elle est incapable d’y réagir concrètement. » (Le black Power. Pour une politique de libération aux États-Unis.)

L’objectif est bien de refuser la réduction du racisme à la seule dimension individuelle pour prendre en compte l’ensemble de ses dimensions et en particulier ses dimensions institutionnelles. C’est exactement le même objectif qui a conduit à l’émergence de l’expression « antiracisme politique » pour refuser le cantonnement du combat au racisme individuel ou à la dénonciation morale des racistes qui se revendiquent comme tels.

De surcroît l’opposition de l’État et de ses institutions est, selon nous, un non-sens. L’État est une abstraction qui se concrétise dans ses institutions. Il n’y a pas d’un côté l’État et de l’autre les institutions (police, services publics, etc.). Le racisme institutionnel n’est que le reflet ou la traduction concrète du racisme d’État dans telle ou telle institution. La mise en opposition de ces deux concepts est, selon nous, un non-sens visant à légitimer la tentative d’enterrement du concept de « racisme D’État ».

Il reste à interroger le besoin qu’on eut nos mouvements militants à trouver et investir des expressions comme « racisme d’État » ou « antiracisme politique ». La réponse à cette question est à rechercher dans la séquence historique qui s’ouvre avec la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 et dans laquelle nous sommes encore. En joignant dans son titre « égalité » et « contre le racisme » cette marche est de fait un refus sociologique massif de la logique de l’intégration et l’affirmation de la logique de l’égalité.

Ce passage d’une logique à une autre devait inévitablement aboutir à une démarcation avec tous ceux continuant de réduire le racisme à une de ses dimensions : la dimension individuelle, la dimension uniquement intentionnelle, la dimension idéologique. Nous étions alors vingt ans après l’indépendance algérienne c’est-à-dire au moment historique où la première génération issue des colonies arrive sur les marchés amoureux, du travail, du logement, des loisirs, etc., pour constater le décalage entre la « règle affichée » et la « règle réelle ».

La séquence historique est aussi celle de la stigmatisation de cette partie du mouvement militant. Le refus de la logique intégrationniste est taxé de communautariste et d’antirépublicaine. Or cette stigmatisation a été le fait, entre autre, des plus hautes autorités de l’État (Président de la République, premier ministre, ministres, etc.). Le besoin était dès lors, selon nous, de trouver une expression intégrant la responsabilité directe du personnel politique dominant dans le processus de production du rapport social raciste.

La pratique raciste d’un policier ou d’un enseignant est certes en premier lieu un acte individuel mais celui-ci est freiné et encouragé par le fonctionnement et les objectifs de l’institution (racisme institutionnel) et les discours du politique (personnes comme discours des textes de loi) qui autorise ou freine les passages à l’acte raciste (racisme d’État). Non seulement les concepts de racismes institutionnel et de racisme d’État ne s’oppose pas mais sont complémentaire dans la tentative de comprendre l’ensemble du processus de production-reproduction du racisme.

Conclusion

Les concepts de « racisme institutionnel » et de « racisme d’État » sont issus du même effort de conceptualisation visant à rendre compte des dimensions cachées du racisme. Il s’agit dans deux séquences historiques et dans deux espaces nationaux différents d’appréhender la partie invisibilisée des multiples formes d’expression du racisme. L’expression « racisme d’État » vise pour sa part à mettre l’accent sur la responsabilité du politique dans l’émergence et le développement d’une société raciste.

Des « Rroms qui n’ont pas vocation à s’intégrer » de Valls, au voile qui serait contraire à « la civilité française » de Macron, en passant par l’usage de l’expression « musulman » d’apparence de Sarkozy, on ne compte plus les saillies racistes des plus hauts personnages de l’État. La citation par Macron d’un auteur négrophobe, Stephen Smith lors de sa dernière interview souligne que nous sommes encore dans cette séquence historique. Nous conseillons d’ailleurs à toutes et à tous de lire ou relire le livre « Négrophobie » de Boubacar Boris Diop, Odile Tobner et François-Xavier Verschave en réponse au livre « négrologie » de Stephen Smith. Il est encore là pour 4 ans et il vaut mieux connaître ses références théoriques.

3. Racisme d’État et antiracisme d’État

On ne peut pas saisir la polémique autour du racisme d’État avec sa virulence, sa tendance consensuelle (heureusement non totale et avec des contre-tendances) et ses effets de limitation de la liberté de parole (annulation de conférences, non prêt de salles, etc.) sans l’inscrire dans la temporalité historique. La polémique est selon nous l’aboutissement d’un processus historique en 3 phases : l’affirmation de l’antiracisme politique ; Le développement du racisme d’État à un niveau non atteint depuis la seconde guerre mondiale et la promotion d’un antiracisme d’État.

L’affirmation de l’antiracisme politique :

Nous l’avons soulignés précédemment la « marche pour l’égalité et contre le racisme » est l’ouverture d’un nouvel « âge historique » de l’antiracisme. Les décennies qui vont suivre vont être à la fois sur le plan théorique et sur le plan militant des efforts pour reformuler les questions et faire éclater les verrous et les angles morts de l’âge précédent. Les questions des discriminations systémiques, de l’héritage colonial, du refus de la logique intégrationniste comme forme fardée de la logique assimilationniste, etc.

Ces nouvelles questions vont être à la base du développement de « l’antiracisme politique » sous la forme d’une multitude d’associations ayant de nombreuses divergences entre elles mais convergentes dans :

  • La volonté d’interroger non plus seulement les conséquences du racisme mais également ses causes c’est-à-dire le système de domination ;
  • La volonté de ne pas se limiter au racisme idéologique explicite et intentionnel pour prendre en compte l’ensemble du rapport social raciste c’est-à-dire d’inclure le racisme dans les actes (les discriminations) et la non-intentionnalité ;
  • La volonté de prendre en compte l’ensemble des dominations de classe, de race et de sexe qui touchent toute les populations issues de la colonisation et plus largement les populations racisées ;
  • La volonté de trouver les mots et expressions théoriques donnant sens à leurs expériences de l’assignation à des places dominées : racisme institutionnel, racisme systémique, antiracisme politique, blanchité, privilège, postcolonialisme, islamophobie, inter-sectionnalité, etc.

Tout ce vocabulaire nouveau révèle cette recherche soit en empruntant des concepts aux sciences sociales, soit en les important d’autres aires nationales n’ayant pas exactement les mêmes angles morts de la pensée, soit en les élaborant soi-même. Ces concepts et expressions sont en travail. Personne n’a prétendu qu’ils étaient aboutis et porteur d’une force heuristique sans faille. C’est dire l’aspect hilarant de nouvelles expressions journalistiques visant à invalider cet effort théorique des dominés. Le concept sera présenté comme « ne faisant pas consensus » ou comme « controversé ». Pour souligner l’infréquentabilité de certains concepts, on fera appel à un sociologue en charge de clore le débat.

Nous qui pensions que le propre des concepts scientifiques était d’ouvrir au débat et de susciter approfondissement. Rappelons également que de nombreux concepts scientifiques reconnus par l’université à une époque donnée ont servis à cautionner les pires atrocités esclavagistes et colonialistes. La caution universitaire n’est ni nécessaire, ni suffisante pour attester de la validité d’un concept ou d’une expression.

Le développement du racisme d’État

La seconde phase consiste au développement d’un racisme d’État à un niveau sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Dans ma postface au livre de Pierre Tévanian, « la mécanique raciste » je résume comme suit ces trois dernières décennies de développement du racisme d’État :

« la société française se retrouve dans cette contradiction entre un système de domination qui perdure et des groupes dominés qui ont rompu avec l’intériorisation des places assignées. Face à une telle contradiction, il y a deux manières de réagir : le retour vers le passé ou la création du futur. »

Des discours sur le foulard en 89 et 2004 à celui de Macron ce mois-ci sur l’incompatibilité du foulard et de la « civilité française » en passant par l’épisode de la polémique sur le « Burkini » ; des multiples discours sur les seuils de tolérance dans les années 80 et 90 à ceux sur la « France submergée par les demandeurs d’asile » du ministre de l’intérieur actuel en passant par l’appel de Sarkozy à fonder une nouvelle catégorie, les « réfugiés de guerre » ayant vocation à rentrer au pays de naissance ; des discours sur la crise de l’intégration de la décennie 80 à celui sur la « civilité française » en passant par celui sur ceux sur « l ’identité nationale ».

Des polémiques sur l’Islam et sa « compatibilité avec la république » au dernier appel de 300 personnalités posant les « musulmans » comme porteur d’un nouvel antisémitisme en passant par la hiérarchisation des racismes par le très officiel « délégué interministériel à la Lutte contre le racisme et l’antisémitisme » en 2015. De la non intégrabilité supposée des Rroms aux expulsions des campements Rroms qui continuent ; De la polygamie des familles africaines comme explication des révoltes populaires de 2005 au discours de Macron au G20 de Hambourg l’année dernière sur la natalité en Afrique comme cause du sous-développement.

Tous ces faits attestent d’un développement d’un racisme d’État désignant et constituant dans le même temps des groupes sociaux comme porteurs et causes des problèmes de la société française : « Nous sommes tous noirs, arabe, Rroms et musulman » affiche une des banderoles de mon association le Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires pour décrire les « porteurs du mal » ainsi désigné par ce « racisme d’État ». Le racisme d’État de ces dernières décennies désigne des cibles et constitue une autorisation à ne pas traiter celles-ci égalitairement. Le racisme d’État est ainsi une autorisation à toutes les autres dimensions du racisme de et dans la société civile.

La promotion d’un antiracisme d’État

En parallèle du racisme d’État les mêmes décennies ont été marquées par la promotion d’un antiracisme d’État. De la tentative de faire renaître régulièrement un « SOS Racisme » de ses cendres à la promotion d’association comme la LICRA ou le « printemps républicain », il s’agit ni plus moins que d’installer une diabolisation de l’antiracisme politique en prétextant un soi-disant antisémitisme pour la LICRA ou de soi-disant atteintes à la laïcité pour le « printemps républicain ».

Cette diabolisation n’est pas une fin en soi mais un moyen de faire interdire légalement certains points de vue : ceux du soutien à la résistance palestinienne, ceux dénonçant le racisme d’État ; ceux critiquant l’islamophobie mais demain aussi le franc CFA ou les APE etc. La fonction sociale de l’antiracisme d’État apparaît dès lors nettement : contrecarrer les progrès de l’antiracisme politique.

C’est parce que nous nous sommes affirmés politiquement que nous sommes attaqués et que nos mots sont harcelés. La contre-révolution idéologique en cours appelle de notre part une solidarité mutuelle totale et le refus de rentrer dans l’ombre. Rappelons à ceux qui veulent nous imposer le silence ces belles phrases de Lamine Senghor au congrès anti-impérialiste de Bruxelles en 1927 :

« Camarades, les Nègres se sont trop longtemps endormis, mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s’est réveillé ne se rendormira plus »

Refusons la séquence soporifique qu’on veut nous imposer.


Voir en ligne : https://www.investigaction.net/fr/q...


Ce texte est issu de l’intervention de l’auteur à la conférence Bandung du Nord qui a eu lieu du 4 au 6 mai 2018 à la Bourse du travail de Paris. Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

   

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