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Une information véritable exige de vrais débats. Y compris avec ceux qui dérangent

mardi 18 septembre 2018 par Jean Penichon

Éducation aux médias, accusations de complotisme, « fake news », « post vérité », suspicion envers Internet…. Comment s’y retrouver dans l’information et construire de vrais débats d’idées ?

Y a-t-il des questions « insupportables » ?

Les attentats de 2015 ont marqué un tournant. On entendit alors le premier ministre français déclarer : « Expliquer (la radicalisation), c’est déjà vouloir un peu excuser ». On entendit la chef du service politique de France 2 lancer en direct devant des millions de téléspectateurs : « Ceux qui ne sont pas Charlie, il faut les repérer et les traiter ». Et la ministre française de l’Éducation déclarer à l’Assemblée nationale : « Il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves. (…) Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école, qui est chargée de transmettre des valeurs. »

Des « questions insupportables » ? Oui, les entendre peut faire mal. Par contre, aucune question n’est intolérable. Seules des réponses peuvent l’être. Le pire étant le refus de répondre. La liberté d’expression, ce n’est pas apprendre aux enfants à se taire, mais leur apprendre à penser par eux-mêmes et à oser s’exprimer.

L’esprit critique ne ferait-il pas partie des « valeurs à transmettre » ? Eduquer à l’esprit critique, c’est aussi refuser que l’école se plie exclusivement à la politique “main stream” et aux besoins du monde économique. Il faut que l’enseignement apprenne ce qui est nécessaire pour devenir un citoyen vigilant, capable de comprendre la société afin – si nécessaire - de la changer.

Ne peut-on pas chercher à comprendre ?

Par exemple, on constate qu’une mondialisation prédatrice et une économie de marché au service des plus riches nous entraînent sans cesse vers plus de dérèglement climatique et de dégradation de la nature. Par ailleurs, la nourriture, l’accès à l’eau potable, la santé et la dignité par le travail sont refusés à une grande partie de l’humanité tandis que d’immenses fortunes se constituent et gonflent sans limites.

Des politiques d’austérité sont mises en place alors que les budgets de l’armement explosent. Chaque nouvelle guerre, chaque décision politique sert des intérêts, s’accompagne d’intenses propagande et lobbying. Il est donc urgent de chercher à comprendre les liens entre ces faits, et tant d’autres, qui peuvent, à première vue, sembler indépendants.

Le processus démocratique exige, entre autres choses, la garantie de libre discussion, la circulation non censurée de l’information et la liberté de la commenter. Les journalistes n’ont pas pour fonction de défendre les intérêts des plus puissants, mais d’être au service de l’ensemble des citoyens. Ceux-ci ont le droit de vérifier, par exemple, quelles politiques sont menées avec l’argent de leurs impôts, quelles guerres on déclare en leur nom et quelles peuvent en être les conséquences.

De vrais débats ouverts

Les débats (télévisés ou autres) déçoivent fréquemment le public car ils réunissent le plus souvent des participants qui, en gros, partagent les mêmes vues que celles du pouvoir économique et politique. Les contradicteurs qui ont une vision franchement différente, ceux qui dérangent, sont étiquetés radicaux, voire « complotistes » et exclus des débats. On pourrait verser dans l’hypothèse d’un complot, d’une ou de plusieurs listes noires visant à écarter de l’accès aux grands médias les auteurs, même très compétents dans les domaines concernés.

Mais sans doute ne s’agit-il ici que de cette « fabrique du consentement » justement décrite par Noam Chomsky et Edward Herman, et dont les mécanismes se trouvent renforcés par la conjonction d’une privatisation et d’une concentration accrues des médias, d’une part, et de la financiarisation globale de la société d’autre part. Peut-on ainsi se résigner à voir la société se fragmenter en mondes qui vivent séparés, s’informent de manières différentes et ne se par-lent plus ? En excluant du débat, souvent avec un mépris ostensible, ceux qui se posent des questions, on renforce les sentiments d’exclusion.

Il ne s’agit pas ici de prôner l’impunité pour la diffusion de théories racistes ou fascistes, il s’agit de rétablir le dialogue. Et pour cela, il est indispensable de construire de vrais débats, sans exclure systématiquement les opinions qui dérangent.

Les barrières qui enferment chacun dans ses certitudes empêchent un dialogue sans tabous. Favorisons les débats vraiment ouverts sur la société dans laquelle nous voulons vivre et les informations sur lesquelles nous pouvons compter.

Cette ouverture réelle des débats n’escamote pas les divergences et les conflits, elle est une manière plus démocratique et plus pacifique de les résoudre.

Signatures  :
Samir Amin (décédé récemment)
Philippe Geluck
Raphael Correa
Jacques Pauwels
Ludo De Witte
Benoît Delépine
Vincent Engel
Riccardo Petrella
Christophe Alévêque
Jerôme Cotta (Jehro)
Aymeric Monville
Jean Ziegler
Alain Ruscio
Patrick Boitet

Si vous êtes d’accord, vous pouvez envoyer votre signature à : < federica.morelli@hotmail.com >

   

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