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Le Hamas et les Frères musulmans...

lundi 11 mars 2024 par René Naba

Peu d’observateurs en Occident et même dans les pays arabes ont remarqué le fait que le Hamas ne fait plus partie de la confrérie des Frères Musulmans. Du coup, ils ne comprennent pas que le Hamas se positionne avant tout en tant que mouvement de libération nationale, ce qui explique sa réconciliation avec la Syrie et sa coopération politique et militaire avec toutes les organisations de résistance palestinienne, en particulier avec les organisations marxistes (FPLP et FDLP) ou laïques (entre autre les "Brigades al Aqsa" issues du Fatah). Le Hamas de Gaza, contrairement à celui de Doha, n’avait d’ailleurs jamais interrompu sa coopération avec l’Iran et le Hezbollah libanais, même au plus fort de la guerre en Syrie quand Mechaal avait misé sur le mauvais cheval. (BD-ANC)

La revendication de l’indépendance de la branche palestinienne de la confrérie constitue un fait sans précédent dans les annales de la nébuleuse islamiste, s’apparentant à un bouleversement de l’ordre d’une révolution copernicienne. Elle risque de provoquer un séisme au sein de la Confrérie et de saper sa crédibilité en la privant de son principal argument de propagande : le combat pour la Palestine.

Cette décision a été dévoilée dans un entretien off que le chef du mouvement islamiste palestinien, Ismail Haniyeh a eu avec des dirigeants libanais proches de la résistance anti-israélienne, lors de son dernier séjour à Beyrouth, et que le directeur du quotidien libanais Al Akhbar M. Ibrahim Al Amine, révèle dans les colonnes de son journal, en date du 28 décembre 2020, rompant la confidentialité de la conversation.

De surcroît, la ratification de l’accord de normalisation Maroc-Israël par le premier ministre islamiste Saadeddine Al Othmani, de même que la réaction timorée de Rachef Ghannouchi, le chef du parti islamiste An Nahda de Tunisie, a fait craindre au nouveau chef du Hamas, Ismail Haniyeh, une nouvelle erreur stratégique de la confrérie, comparable à son alignement sectaire sur les pétromonarchies dans la guerre contre la Syrie, à l’effet de la discréditer définitivement.

Ci joint, l’intégralité de la déclaration de M. Ismail Haniyeh.

« Le Hamas ne constitue pas un membre organique de l’organisation mondiale des Frères Musulmans. Nous avons une grande cause qui s’appelle la Palestine. Nous ne pouvons plus nous déterminer sur des événements qui se produisent à travers le monde sans tenir compter de leurs répercussions sur la cause palestinienne », a notamment déclaré le chef du bureau politique du Hamas.

« La position du Hamas a gagné en clarté. Nous ne déterminerons pas notre position en fonction de l’attitude d’une personne, d’un gouvernement ou d’un état à l’égard des Frères Musulmans. Certes, nous prenons en considération cet élément. Mais notre position sera dictée par l’attitude de ce gouvernement ou cet état à propos de la résistance à l’occupation israélienne ».

Égypte : Une grande puissance régionale ayant la plus grande proximité géographique avec la principale base de la résistance palestinienne, Gaza.

M. Haniyeh a fait cette mise au point à propos des contacts entretenus par le Hamas avec Le Caire, alors que l’Égypte mène une sévère répression à l’encontre des Frères Musulmans égyptiens.

« Hamas, non seulement considère l’Égypte comme une grande puissance régionale, mais également la grande puissance régionale ayant la plus grande proximité géographique avec la principale base de la résistance palestinienne, Gaza.

« L’intérêt de la résistance palestinienne est d’entretenir des relations directes et constructives avec le gouvernement égyptien, de manière à assurer la protection des intérêts de la résistance à Gaza, et, partant les intérêts des Palestiniens », a-t-il fait valoir.

Al Akhbar explique que M. Haniyeh a fait cette déclaration d’une grande netteté afin que les autres formations relevant de la confrérie prennent conscience de la « spécificité » du Hamas au sein de ce mouvement.

Au delà de l’Égypte, le Hamas a procédé à une redéfinition de ses relations sur le plan régional, engageant un dialogue intensif avec l’Iran et le Hezbollah, de même que la Syrie, via la formation paramilitaire chiite libanaise.
Syrie : la Syrie a une position cardinale. Si elle était en meilleure état, nul ne se serait hasardé à normaliser avec l’ennemi.

M. Haniyeh a exprimé le souhait de « tourner la page » du différend avec la Syrie, se fixant comme objectif des « relations pleines et entières ». « Nous réclamons cette relation, car nous savons pertinemment la position de la Syrie à l’égard de la résistance et que l’intérêt de la résistance l’exige », a-t-il plaidé.

M. Haniyeh a fait l’éloge de la Syrie en ces termes :

Ce que la résistance a obtenu de la Syrie, elle ne l’a obtenu d’aucun autre pays arabe. Le développement de notre puissance, la formation de nos cadres, le perfectionnement de notre expertise, tout y compris un lieu sûr, à l’abri des pressions et des conditions… nous l’avons obtenu de la Syrie », a-t-il admis.

« Les différends entre le gouvernement syrien et la branche syrienne des Frères Musulmans n’ont jamais eu des répercussions sur les relations du Hamas avec Damas. Et Quand un pays arabe interdisait les collectes en notre faveur, le président Bachar Al Assad donnait instructions que des collectes soient organisées dans les mosquées de Syrie.

« La Syrie constitue la pierre angulaire du système arabe. Si la Syrie était dans un meilleur état, nul ne se serait hasardé à normaliser ces relations avec l’ennemi », a-t-il conclu.

Pour le locuteur arabophone, l’intégralité de cette déclaration sur ce lien : Les Frères Musulmans et la Palestine : les confidences d’Ismaïl Haniyeh Al Akhbar 28 décembre 2020

https://beta.al-akhbar.com/Politics/298255/الإخوان-المسلمون-وفلسطين

Une prise de distance qui prive les FM d’un argument de poids et ancre le Hamas dans l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américano-pétro monarchique.

La prise de distance du Hamas va priver la confrérie de son argument de propagande de poids en ce que la branche palestinienne constitue la seule formation du mouvement en confrontation directe avec Israël, –voire la seule formation sunnite en confrontation directe avec Israël–, à rebours des orientations générales des « frérots », que cela soit leurs parrains, la Turquie et le Qatar, de même que la branche syrienne des FM, qui se sont acharnés dans la destruction de la Syrie ; ou encore la Tunisie du temps de la présidence de Mouncef Marzouki et son alliance avec An Nahda, la branche tunisienne des FM, où près de 5.000 djihadistes tunisiens s’étaient rendus en Syrie pour participer à la destruction du pays et non à la libération de la Palestine.

Ou enfin l’Égypte du temps de l’islamiste Mohamad Morsi, qui avait décrété le jihad contre la Syrie…. Le Jihad contre la Syrie, un pays qui avait pourtant mené avec l’Égypte 4 guerres contre Israël et non de dénoncer le traité de paix avec Israël, comme l’a fait le petit Liban soumis à deux invasions israéliennes avec la complicité des milices chrétiennes ; voire même lever le blocus de Gaza, dirigé par le Hamas, l’homologue égyptien de la confrérie… tant il est vrai qu’il est plus facile de crier avec le loup que d’affirmer son indépendance, à la manière des Talibans qui ont contraint les États Unis à négocier pendant deux ans à Doha avant de consentir à leur assurer une sortie honorable d’Afghanistan.

Khaled Mécha’al, l’ancien dirigeant du Hamas, avait déblayé la voie à un tel recentrage en procédant à un acte de contrition avant de céder la place à son successeur.

https://www.madaniya.info/2017/05/08/palestine-recentrage-hamas-exercice-de-grand-ecart-ideologique-strategique/

Ce démarquage paraît devoir ancrer le Hamas définitivement dans l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américano-pétro monarchique dans la zone.

Échaudé par sa mésaventure de Syrie, le Hamas a pris ses distances avec la Confrérie des Frères Musulmans, dont il était considéré jusqu’à présent comme sa branche palestinienne et se recentre vers la Palestine, dans une démarche qui constitue un désaveu de ses dérives antérieures à propos de la guerre de Syrie et de la politique de ses parrains occultes : le Qatar et la Turquie.

Ce recentrage sur son corps de métier en somme, sa raison d’être initiale, intervient au terme de deux décennies de déviance qui ont sapé la crédibilité des tenants de l’islamisme politique, au point de faire apparaître la confrérie des Frères Musulmans, la matrice de toutes les formations intégristes, cumulant un mauvais choix sur un mauvais pari, comme un vestige de la guerre froide.

Les égarements des Frères Musulmans

En un invraisemblable égarement, les Frères Musulmans se sont distingués lors de la séquence dite du printemps arabe, par sept fautes majeures, qui ont favorisé sa répression par l’Égypte, sa criminalisation par l’Arabie saoudite et la désaffection de bon nombre de ses sympathisants à travers le monde, et partant son tragique isolement :

A – Le déboulonnement lors de la chute de Tripoli, en 2011, de la statue de Nasser, artisan de la première nationalisation réussie du tiers monde, le Canal de Suez et, à ce titre, cible d’une triple agression de la France et de la Grande Bretagne et d’Israël ; C’est à dire des deux puissances coloniales de l’époque et leur créature ; complétée onze ans plus tard par une nouvelle agression en 1967, avec les encouragements des monarchies pro américaines, le chah d’Iran, le Roi Hussein de Jordanie et le Roi Faysal d’Arabie.

B – La tenue à Paris en juillet 2011, d’un congrès de l’opposition syrienne, sous l’égide des Frères Musulmans et de Bernard Henry Lévy, le fer de lance de la stratégie médiatique israélienne sur le théâtre européen, dont le parrainage fut désastreux pour la crédibilité de l’opposition syrienne…. Avec en corollaire la militarisation du conflit syrien plongeant la Syrie, voie de ravitaillement stratégique du Hezbollah libanais face à Israël, dans une guerre sans fin, faisant le jeu des pétromonarchies du Golfe, en détournant quelque peu le groupe contestataire à l’hégémonie israélo-américaine dans la zone, écartant durablement toute transition démocratique dans ce pays en lui substituant un conflit inter-étatique visant à déterminer la hiérarchie des puissances dans l’ordre régional.

C – La Fatwa du Jihad contre la Syrie décrétée par Mohamad Morsi avec la caution de 107 Oulémas salafistes wahhabites, contre un pays qui a livré en alliance avec l’Égypte quatre guerres contre Israël ; gravissime cas de déconnexion mentale jamais égalée dans le monde.

D – La supplique de Youssef Al Qaradawi, le milliardaire Mufti du Qatar, demandant à l’OTAN de bombarder la Syrie, seul pays du champ de bataille avec le Liban à n’avoir pas signé un traité de paix avec Israël.

E – La trahison de Khaled Mecha’al, chef du bureau politique du Hamas, en 2011, et son ralliement sur une base sectaire à la coalition islamo-atlantiste dans sa guerre contre la Syrie, un pays qui lui avait offert l’asile politique pendant 14 ans après avoir échappé à une tentative d’empoisonnement en Jordanie de la part des services israéliens. Une faute impardonnable, s’il en est, qui lui vaudra son exfiltration du commandement de son mouvement et son exil au Qatar.

F – L’incendie par les islamistes égyptiens de la maison de Mohamad Hassanein Heykal, l’ancien confident de Nasser et ancien directeur du grand journal égyptien Al Ahram, provoquant la destruction d’une des plus riches bibliothèques du Monde arabe, un trésor historique incomparable…. dans le prolongement de la pulsion destructrice des islamistes contre les bouddhas de Bamyane et des stèles de l’islam noir de Tombouctou (Mali)

G- Enfin et dernier et non le moindre, la caution donnée par le chef du Parti de la Justice et du développement du Maroc, Abdel Ilah (esclave de Dieu) Benkirane à une normalisation des relations entre Israël et le Maroc.
La position du Parti de la Justice et du développement du Maroc à l’égard de la normalisation israélo-marocaine : un scandale politique et moral.

A ce propos, Al Akhbar indique que la réaction de Rached Ghannouchi, le chef d’An Nahda tunisien, un admirateur du président turc Recep Tayyib Erdogan, à la normalisation des relations entre le Maroc et Israël a été d’une « grande timidité » et, à ce titre, « choquante ».

« Si la Tunisie ne s’est pas engagée sur la voie de la normalisation avec Israël, ce n’est pas tant en raison de la position timorée d’An Nahda, mais grâce à la ferme position du président Kais Es Saied, hostile à toute forme de normalisation ».

Sur les jongleries de Rached Ghannouchi, cf ce lien

https://www.madaniya.info/2017/02/15/islam-aggiornamento-rached-ghannouchi-l-automne-du-patriarche-3-3/

Sur Kais Es Saied, ce ce lien

https://www.madaniya.info/2020/09/21/tunisie-kais-saied-president-par-la-volonte-eclatante-du-peuple-souverain/

De même la position du Parti de la Justice et du développement, la branche marocaine de la confrérie a constitué un « scandale politique et moral » à l’effet de provoquer un « séisme parmi ses adhérents », d’autant plus manifeste que le Roi Mohamad VI du Maroc, Commandeur des croyants, est président du Comité Al Qods, chargé théoriquement de la protection de ce 3eme Haut Lieu de l’Islam.

Machiavélisme suprême ou summum de la perfidie ?
Dans ce Royaume aux mœurs florentines, le monarque a assigné « la sale besogne » à son premier ministre Saad Eddine Al Othmani d’apposer sa signature sur le document de normalisation entre le Maroc et Israël, maintenant les mains souveraines dans une blancheur immaculée de cette souillure dont l’opprobre rejaillira immanquablement sur son féal islamiste, au delà, sur la mouvance confrériste dans son ensemble.

Une normalisation qui officialisait, enfin, au grand jour la connivence souterraine de la monarchie chérifienne et Israël, d’un demi siècle marquée notamment par l’assassinat de Mehdi Ben Barka, le chef charismatique de l’opposition marocaine et l’espionnage au profit de l’État hébreu du sommet arabe de Casablanca (1964).

Sur le plan protocolaire, le cosignataire marocain de l’accord israélo-marocain aurait dû être un membre de l’appareil sécuritaire marocain (le directeur du renseignement militaire, voire le directeur de la sûreté générale marocaine ou encore le chef des services de renseignement), équivalent du signataire israélien, M. Meir Ben Shabbat, conseiller à la sécurité du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Sur les tortuosités du régime marocain, cf ce lien : Les services de renseignement marocains continuent au grand jour de bafouer les libertés individuelles. Les opposants tenaces sont englués dans des scandales sexuels fabriqués de toutes pièces. Voilà de retour l’« État policier », ranimé par l’état d’urgence sanitaire.

https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/maroc-mohammed-6-hammouchi-liberte-presse-opposition

Échange de bons procédés entre Mohamad VI et Donald Trump

Suprême infamie : Le président sortant Donald Trump a gratifié le Roi du Maroc, de la prestigieuse Légion du mérite des États Unis pour son « impact positif » sur le paysage politique du Moyen-Orient.
La Légion du mérite est une médaille militaire remise pour un fait d’armes exceptionnel ou à des responsables étrangers, qui peut uniquement être accordée par le président.

En retour, le président américain a reçu la plus haute distinction du royaume chérifien, notamment pour son travail dans la promotion de l’accord de normalisation avec Israël. Lors d’une cérémonie privée au bureau ovale, la princesse Lalla Joumala Alaoui, ambassadrice du Maroc aux États-Unis, a remis à Donald Trump « l’Ordre de Mohamad », une récompense décernée uniquement aux chefs d’État.

Dans un pays médiatisé à l’extrême, la cérémonie s’est déroulée à huis clos…. comme s’il s’agissait d’un geste honteux. Les médias n’ont pas été en effet autorisés à assister à la cérémonie de remise des prix…… sans doute pour ne pas immortaliser la vilenie de conférer une distinction honorifique à un président ayant fait l’objet d’une double procédure de destitution, de surcroît « l’Ordre de Mohamad » à l’artisan du « Muslim Ban ».

Chapeau bas au Commandeur des Croyants, sans doute la meilleure martingale du « Président du Comité Al Qods » pour la cause palestinienne. A n’y prendre garde, à force de faire un usage inconsidéré de « l’Ordre de Mohamad », l’on risque de déconsidérer le prénom porteur de l’ordre, qui est tout de même celui du prophète de l’Islam.

« Faute d’une attitude nette à l’égard de la normalisation avec Israël, se posera le problème de la crédibilité de la confrérie des Frères Musulmans et partant de son aptitude à diriger un véritable mouvement d’indépendance national. Et accréditer l’idée d’un groupement mû par la conquête du pouvoir et ses avantages », en déduit Al Akhbar.

L’impasse idéologique des Frères Musulmans face à intégration d’Israël dans le Centcom.

Tuile supplémentaire : L’intégration d’Israël dans le dispositif militaire régional américain du Centcom, basé au Qatar a projeté la confrérie dans une impasse idéologique absolue en ce qu’il signe, dans l’ordre symbolique, l’alignement des parrains des frérôts à la stratégique israélo-américaine.

La réconciliation des frères ennemis du wahhabisme (Arabie saoudite-Qatar) sous l’égide du Jared Kushner, gendre du président Trump et membre influent du lobby juif américain, doit être vue dans cette optique.

https://www.madaniya.info/2017/06/08/arabie-saoudite-qatar-guerre-freres-ennemis-wahhabisme-guerre-de-defausse/

Le CentCom (commandement central) est le maillon intermédiaire du dispositif stratégique américain à travers le monde assurant la jonction entre l’OTAN (Atlantique Nord) et l’OTASE (l’Otan de l’Asie du sud est). Sa zone de compétence s’étend de l’Afghanistan au Maroc. Jusqu’à présent Israël était rattaché au dispositif européen de l’OTAN.

Son intégration au Centcom (Moyen orient) est une conséquence directe de la normalisation collective arabe avec Israël à l’automne 2020, dans une alliance contre l’Iran. Au total, six pays arabes l’Égypte, la Jordanie, les Émirats Arabes Unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont reconnu l’État hébreu.

https://fr.news-front.info/2021/01/15/trump-aurait-demande-dintegrer-israel-au-sein-du-commandement-central-de-larmee-us-pour-le-moyen-orient/

Cette décision de Donald Trump a été prise le 13 janvier à une semaine de la fin du mandat du factieux président américain. Par ses effets désastreux sur la crédibilité de la confrérie des Frères Musulmans, elle apparaît comme l’ultime coup de poignard de l’Amérique à ses anciens servants.

Ah les ravages de la servilité à tout crin………Pour solde de tout compte d’un vestige de la guerre froide.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf le lien : La fin sans gloire du Deus ex machina de la révolution arabe

https://www.renenaba.com/la-fin-sans-gloire-du-deus-ex-machina-de-la-revolution-arabe/

Manœuvres conjointes inter palestiniennes à Gaza et fourniture de missiles anti chars russes Kornet de la Syrie au Hamas, via le Hezbollah.

Fait sans précédent dans les annales du combat palestinien à Gaza, des manœuvres conjointes se sont déroulées, fin décembre 2020, dans l’enclave palestinienne, avec la participation de toutes les fractions palestiniennes, les brigades des Martyrs d’Al Aqsa (Fatah), les brigades Ezzedine Al Qassam (Hamas), le Jihad Islamique de même que les branches militaires du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) et du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP), comme pour symboliser l’unité du combat palestinien.

En Écho, Hassan Nasrallah, le premier à avoir procédé au « pardon des offenses » à l’égard du Hamas, en 2018, en vue de maintenir la pression sur Israël sur ces deux fronts (le sud avec le Hamas à Gaza et le Nord avec le Hezbollah au sud Liban), a révélé que le Hezbollah avait livré au mouvement palestinien des missiles anti char russes Kornet, en vue de neutraliser les chars israéliens dans leur incursion dans l’enclave.

« Ses missiles ont été prélevés sur nos stocks et livrés au Hamas avec l’autorisation préalable de la Syrie, qui en avait fait l’acquisition auprès de la Russie », a précisé M. Nasrallah dans une interview à la chaîne « Al Mayadeen », fin décembre 2020, confirmant que les pourparlers entre la Syrie et le Hamas était « en bonne voie pour parvenir à une réconciliation ».

Les manœuvres conjointes inter palestiniennes ont été suivies deux semaines plus tard par l’opération à grande échelle iranienne baptisée Payambar-e Azam 15 (Le Grand Prophète 15) dans le désert central d’Iran en mettant en œuvre une opération combinée de missiles et de drones.
Un vaste exercice militaire comprenant le lancement d’un barrage de missiles balistiques sol-sol qui ont été suivis d’opérations par des drones bombardiers offensifs comme pour témoigner de la capacité balistique iranienne à détruire l’ensemble des bases américaines déployées au Moyen Orient.


Le conflit du Haut Karabah, nouveau point de jonction stratégique entre la Turquie et Israël.

1 – Vers une possible réactivation de la relation Turquie-Israël

Le président Recep Tayyip Erdoğan a laissé entendre, fin décembre 2020, qu’il envisageait de renouer avec Israël, en vue de sortir de son isolement diplomatique, alors que la Turquie se trouve en phase de délitement de ses relations avec l’Otan ; en concurrence directe avec la Russie tant en Syrie que dans le Caucase ; en conflit frontal avec la France en Méditerranée ; Et, sur le plan interne, en rupture avec ses anciens compagnons de route.

Mais une éventuelle reprise des relations diplomatiques entre Israël et la Turquie, la principale puissance sunnite régionale, placerait les Frères Musulmans devant un véritable défi de leur crédibilité dans leur engagement dans la défense de la cause palestinienne en ce que la Turquie néo ottomane islamiste constitue le principal parrain de la confrérie, avec le Qatar.

Sans retard, Israël a coupé court à toutes ses supputations en posant une condition dirimante à toute éventuelle réactivation des relations israélo-turques : La rupture des liens entre Ankara et le Hamas. Si une telle condition était satisfaite, elle pourrait saborder la crédibilité de diplomatie néo islamiste de la Turquie.

Contrairement à l’Égypte, qui a fait la paix avec Israël, après avoir mené 4 guerres contre l’État Hébreu, détruit la ligne de défense Bar Lev sur le Canal de Suez et récupéré le Sinaï, les pétromonarchies se sont, elles, acharnées à détruire la Syrie, sans jamais tiré le moindre coup de feu contre Israël, concentrant leur répression contre leurs propres peuples. Il en a été de même de la Turquie, l’ancien allié stratégique d’Israël du temps de la guerre froide soviéto-américaine (1945-1990).

La Turquie a reconnu Israël dès la proclamation unilatérale d’indépendance de l’État Hébreu en 1949.

L’alliance de l’unique pays musulman de l’OTAN avec Israël avait été présentée par les propagandistes occidentaux comme « l’alliance des grandes démocraties du Moyen Orient » pour masquer en fait l’alliance contre nature entre le premier état génocideur du XX me siècle (Turquie-Arméniens) et les descendants du génocide hitlérien (Israël). Et justifier une alliance de revers contre la Syrie, l’ultime pays du champ de bataille avec le Liban à ne pas souscrire à la pax americana sous égide israélienne dans la zone.

En dépit de l’attaque par la marine israélienne du bateau humanitaire turc Navy Marmara, en 2010, qui avait fait dix morts parmi les activistes pro-palestiniens, les relations israélo turques n’avaient jamais cessé, particulièrement dans le domaine du renseignement.

Israël a été un gros pourvoyeur d’armes à la Turquie, notamment lors de l’invasion turque du nord de Chypre et l’espace aérien turc a longtemps servi de terrain d’entraînement à l’aviation militaire israélienne. Avant la rupture, Turkish Airways assurait 60 vols hebdomadaires à destination de Tel Aviv et le volume des échanges économiques s’est élevé à 10 milliards de dollars en 2019.

L’État hébreu disposait en outre d’un poste d’écoute en Turquie et les deux pays travaillaient main dans la main pour espionner leur ennemi commun, la Syrie. La Turquie a parfois reçu l’assistance du Mossad dans sa bataille contre les Kurdes turcs. La livraison du matériel israélien portait essentiellement sur du matériel de renseignement, des missiles, de l’avionique ainsi que des chars et avions de pointe.

Par un curieuse ironie du sort, parmi les systèmes vendus à la Turquie figuraient des drones et technologies conçus par Israel Aerospace Industries (IAI), qui ont aidé Ankara à développer son propre secteur. Les drones turcs Bayraktar sont désormais utilisés sur les champs de bataille du Haut-Karabakh ainsi qu’en Irak, en Syrie et en Libye.

Certes, M. Erdogan n’a pas hésité à traiter Israël d’ « état voyou et criminel » et accordé son plein soutien au Hamas, au point que les Frères Musulmans considéraient la Turquie comme un exemple.

La donne a changé à l’automne 2020, avec la guerre du Haut Karabagh, la normalisation collective arabe avec Israël (Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Maroc, Soudan) et l’arrivée de Joe Biden au pouvoir aux États Unis.

2 – Le conflit du Haut Karabagh, nouveau point de jonction stratégique entre la Turquie et Israël.

La Turquie et Israël ont opéré leur nouvelle jonction stratégique à l’occasion du conflit du Haut Karabagh où les deux pseudo démocrates du Moyen Orient se sont acharnés sur l’enclave arménienne en soutien du président Ilham Alief, un autocrate ayant accédé à la présidence de l’Azerbaïdjan par hérédité en digne successeur de son paternel autocrate.

Israël, qui se considère comme le rempart contre un nouvel Holocauste, refuse de reconnaître le génocide des Arméniens lors de la Première Guerre mondiale sous prétexte de ne pas contrarier la Turquie, au nom de la « centralité d’Israël ».

À la recherche d’un nouveau marché pour ses armements militaires et d’un nouvel allié musulman dans la région, Israël est tombé sur l’Azerbaïdjan. Depuis 2010 en particulier, les deux pays ont formé une alliance stratégique, soutenus par les États-Unis, contre leur ennemi mutuel l’Iran. Ce volume s’est accru et est estimé aujourd’hui à 7 milliards de dollars.

Toutes les grandes entreprises de sécurité et militaires israéliennes tirent profit de la volonté de l’Azerbaïdjan de s’armer jusqu’aux dents. La quasi-totalité des sociétés israéliennes qui produisent des drones, y compris les drones d’attaque ou les « drones suicide » qui s’autodétruisent, ont vendu leur matériel à l’armée azérie.

Pour couvrir et équilibrer le coût en hausse des armements, Israël achète du pétrole à l’Azerbaïdjan.

3 – Ilham Aliev, Monsieur Bons offices du rapprochement Israël- Turquie, en toile de fond du soutien de Joe Biden aux Kurdes et l’instrumentalisation du dossier Fethullah Gulen.

La nouvelle convergence israélo-turque a été initiée par le Président Ilham Alief en vue concilier ses deux alliés. Le président Erdogan cherche à atténuer les rigueurs de la politique occidentale à son égard, notamment avec l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, connu pour son soutien aux Kurdes, en vue de neutraliser toute éventuelle instrumentalisation du dossier Fethullah Gûlen. Cet Intellectuel musulman turc est l’inspirateur du mouvement Gülen, aussi appelé le mouvement Hizme. Apatride vivant aux États Unis, il est accusé par M. Erdogan, dont il est le rival idéologique, d’avoir fomenté un coup d’état contre lui en 2015.
Par ce rapprochement avec Israël, le président turc espère compter sur le soutien du lobby juif en Europe et aux États Unis en vue de neutraliser les effets des sanctions économiques de l’Union européenne et des États Unis.

Jusqu’en 1999, la Turquie a été le troisième pays bénéficiaire de l’aide militaire américaine après Israël et l’Égypte. Rien qu’en 1997 l’aide américaine à la Turquie en guerre contre les autonomistes Kurdes a dépassé celle que ce pays a obtenue pendant la totalité de la période 1950-1983 de la guerre froide. cf. « Les États-Unis entre hyper puissance et hyper hégémonie, le terrorisme, l’arme des puissants » Noam Chomsky-Le Monde Diplomatique Décembre 2001.
Au delà, la normalisation israélo-turque devrait, dans l’esprit d’Ankara, favoriser une normalisation entre la Turquie et les pétromonarchies du Golfe, notamment l’Arabie saoudite auquel un vif contentieux oppose à propos de l’équarrissage du journaliste Jamal Kashoggi au consulat saoudien à Istanbul, en octobre 2018, ainsi que l’Égypte, en guerre larvée avec la Turquie depuis la destitution du président néo islamiste Mohamad Morsi.

Il n’est pas indifférent de noter à ce propos que la Turquie, habituellement en pointe dans la défense des Palestiniens, n’a pas pipé mot lors de la normalisation entre Israël et le Maroc.

4 – Les Frères Musulmans ; Un phénomène de scissiparité en perspective.

Les Frères Musulmans ont considéré jusqu’à présent la Turquie comme un guide, un exemple, un rempart à toute normalisation avec Israël.
La réactivation des relations entre la Turquie et Israël paraît devoir mettre à rude épreuve la cohésion des Frères Musulmans… dans un remake comparable au débat qui a agité la confrérie lors de la conclusion des accords égypto-israéliens de Camp David, qui ont débouché sur le Traité de Washington en Mars 1979.

A cette époque, les Frères musulmans avaient été secoués par un phénomène de scissiparité, enregistrant plusieurs scissions dans leurs rangs donnant naissance notamment au mouvement du Jihad islamique égyptien et au « Takfir wa Hojra ». Fondé dans la décennie 1970, ce mouvement « Anathème et Exil » prône une idéologie violente. Le terme takfiri signifie littéralement « excommunication. Les takfiristes considèrent les musulmans ne partageant pas leur point de vue comme étant des apostats, donc des cibles légitimes pour leurs attaques.

Par radicalisation successive, ces groupements ont rejoint, dans la décennie 1980 la grande centrale d’Al Qaida, dont la branche égyptienne constituait le volet politique (Aymane Al Zawahiri) et la branche syrienne, la branche militaire (Mohamad Al Joulani).
5- Une désertion du leadership sunnite du champ de bataille contre Israël.

Rétrospectivement, la confrérie des Frères Musulmans apparaît comme la roue dentée de la stratégie atlantiste dans la sphère arabo-musulmane. D’abord contre les républiques progressistes arabes (Égypte-Syrie), à l’apogée du nassérisme, dans les décennies 1950-1970, puis comme mercenaires des pétro monarchies dans l’implosion de l’Union soviétique, lors de la guerre d’Afghanistan, dans la décennie 1980 ;

Enfin comme « chairs à canon » dans la destruction des régimes arabes à structure républicaine (Libye, Syrie, Égypte, Yémen), dans la séquence dite du « printemps arabe »……avant d’être criminalisé par l’Arabie saoudite, leur premier incubateur, pour solde de tout compte des turpitudes wahhabites. Renvoyer tel de vulgaires laquais.

Un parfait contre exemple d’un mouvement de libération national qui signe dans l’ordre subliminal la désertion du leadership sunnite du champ de bataille contre Israël , à la notable exception de l’Algérie, de la Tunisie et du Koweît, au profit des chiites : l’Iran, le Hezbollah libanais, le Hached As Chaabi, la milice chiite irakienne et les Houthistes du Yémen. Et naturellement le Liban, seul pays au monde à voir abrogé un traité de paix avec Israël par un soulèvement populaire de la frange progressiste de la population de Beyrouth, en 1983, fait unique dans les annales diplomatiques internationales.
Épilogue : A propos de l’Islamisme, en guise de théologie de Libération

La fable selon laquelle l’islamisme est la version musulmane de la théologie de libération du Monde occidentale est une imposture

La théologie de la Libération chez les Catholiques a été une « alliance de classe ». Une « alliance horizontale », c’est à dire une alliance des paysans ouvriers, croyants ou non croyants, chrétiens ou non chrétiens, des civils et des prêtres contre la hiérarchie religieuse, la hiérarchie militaire, la junte au pouvoir en Amérique Latine, de même que les capitalistes.

Quiconque ne participait pas à au combat de libération était contourné, mis de côté. Pas de viols, ni de profanation encore moins la destruction des symboles religieux à l’instar des Bouddhas de Bamyan ou des stèles de Tombouctou de l’Islam noir.
L’objectif était la Libération du peuple de toute forme d’oppression.

L’Islamisme, présentée comme étant la théologie de libération dans l’Islam, est une « alliance verticale ». Une « alliance sectaire » regroupant EXCLUSIVEMENT BIEN EXCLUSIVEMENT des musulmans sunnites de la mouvance salafiste takfiriste.

L’objectif est le primat sunnite de rite wahhabite et sa soumission à l’imperium américain, le principal protecteur d’Israël, et non le renversement de l’ordre social. Quiconque ne relevait de l’Islam sunnite wahhabite subissait le contrecoup, décapitation ou conversion forcée au wahhabisme
La théologie de Libération en Amérique s’est appuyée sur le peuple pour lutter à la libération du peuple.

L’Islamisme s’est appuyé sur les ennemis du peuple arabe et musulman pour faite triompher leurs anciens colonisateurs ; Youssef al Qaradawi, le Mufti du Qatar et de l’Otan, qui supplie l’Otan de bombarder la Syrie, un pays qui a mené 4 guerres contre Israël demeurera une souillure morale indélébile.

Ce milliardaire polygame avait lancé son appel depuis Doha où il était à l’abri d’une attaque israélienne protégé par l’imposante base d’Aydid, la plus importante base américaine du tiers monde, dont le rayon d’action couvre une zone s’étendant de l’Afghanistan au Maroc.

Au terme d’une lutte quasi centenaire, l’objectif initial des Frères Musulmans, la restauration du Califat en vue d’impulser une renaissance de la nation islamique (Oumma) se fracasse sur les dures réalités d’une balkanisation du monde arabe, foyer historique de l’Islam, sous les fourches caudines israélo-américaines.
Drôle de « frérots ».
Des charlots plutôt !


Voir en ligne : https://www.madaniya.info/2021/02/0...

   

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