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Rwanda 1994 : Faut-il commémorer le génocide ?

dimanche 16 juin 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Les faits, d’abord, qui marquèrent le monde il y a 25 ans : Le 6 avril 1994, l’avion transportant les Présidents d’Uganda et du Rwanda (Habyarimana) était abattu en plein vol, on ne sait encore par qui. Ce crime politique a servi de prétexte à déclencher un des pires massacres de l’histoire universelle. En quelques semaines, les mouvements rwandais d’extrême droite, milices armées qui se prétendaient défenseurs de la majorité Hutu, organisèrent un immense pogrom raciste.

Plus de 100 000 morts, dans les rues, les maisons, les églises, de la minorité Tutsi, accusée de vouloir s’emparer du pouvoir, comme autrefois les Nazis l’inventèrent des Juifs. Cette fable mortelle était d’autant plus imbécile que dans chaque village rwandais les éleveurs Tutsi et les cultivateurs Hutu avaient cohabité en paix durant un millénaire, parlant la même langue et pratiquant souvent le même Dieu chrétien.

Les colonisateurs successifs (Allemands jusqu’en 1918, puis Belges ) surent favoriser les préjugés ethniques, diviser pour régner a toujours été un levier politique majeur. Après l’indépendance en 1962, les dirigeants rwandais surent aussi l’utiliser à leur profit, et notamment le clan de la famille Habyarimana, dont la radio " Mille Collines" répétait à longueur d’antenne qu’il fallait tuer " les cafards " Tutsi pour sauver le pays de la ruine. Ce qui ne marcha que trop bien en 1994.

Dans une Afrique indépendante, mais restée soumise à l’Occident, ses gouvernements et ses entreprises avides de profits, les dirigeants rwandais se sont choisis des protecteurs, à Paris. C’est donc Paris, avec ses gouvernants de Gauche (Mitterand) et de Droite ( Juppé, Raffarin), qui ont fourni au régime des racistes Hutu entre 1980 et 1994 tout ce dont il avait besoin pour se maintenir au pouvoir contre ses opposants : des armes, des instructeurs militaires, etc.
Sans trop se préoccuper des risques de massacre.

Et ce soutien sans états d’âme dura jusque durant le génocide, et même sur sa fin, quand les troupes envoyées par Paris (opération Turquoise) permirent aux tueurs vaincus par leurs opposants (FPR) d’échapper à leur châtiment en se réfugiant en Europe, et notamment en France. Cette complicité des dirigeants français, pour de strictes raisons géopolitiques (Le FPR étant supposé favorable aux USA) restera pour les Africains moralement impardonnable.

25 ans après la tragédie, la France officielle est la même ; elle est toujours en quête de zones d’influence en Afrique, de marchés à conquérir et de richesses à exploiter, sous l’égide de "gouvernements amis". Cela se nomme "l’Impérialisme français" : un vilain mot prohibé à la télévision, et pourtant une réalité incontestable.

C’est dans ce cadre que les soldats de notre pays ont intronisé le libéral Ouattara en Côte d’Ivoire en 2010, que Sarkozy a envahi en 2011 la Libye, la transformant en chaos livré depuis à la guerre civile. Ce fut ensuite le tour du Mali, déstabilisé par des séparatistes Touaregs (MNLA), anciens mercenaires de Khadafi passés au service du Quai d’Orsay, puis par des "djihadistes intégristes" et trafiquants sponsorisés par les Monarques pétroliers du Golfe. Cet imbroglio d’ingérences étrangères sert depuis de prétexte à la présence dans le Sahel de troupes françaises et pro-occidentales (opération Barkhane), qui prétendent y combattre l’islamisme-djihadisme, selon le Président français et son gouvernement.

Ces quelques années d’intervention militaire française n’ont en fait abouti qu’à dévitaliser à peu près les États nationaux africains devenus de simples vassaux corrompus de l’Occident, à y multiplier par dix les bandes armées délinquantes qui sous prétexte d’islamisme rançonnent les villages. Alors qu’il y a 20 ans, le Mali, le Burkina, le Tchad, etc, étaient connus pour leur tolérance entre communautés religieuses et ethniques, intégrismes, délinquance et conflits "raciaux" s’y multiplient aujourd’hui.

Ainsi au Mali, ce sont les Peuls qui sont maintenant, après les Touaregs, accusés de tous les maux. Il y a quelques semaines, plusieurs centaines d’éleveurs Peuls et leur famille y ont été massacrés par des milices armées ethnicistes. Et le 10 juin, le même type de milices a exterminé un village Dogon (une centaine d’habitants, vieillards, femmes, enfants et animaux domestiques inclus), sans réaction de l’armée ou de la police. Ce qui fait craindre un enchaînement de vengeances, alors que l’autorité de l’État n’existe plus !

Aucun peuple n’est à l’abri de la peste xénophobe qui a ensanglanté le Rwanda il y a 25 ans, parce qu’elle avait été cultivée par les politiciens locaux et leurs sponsors.

Les bénéfices d’Areva, au Niger le minerai d’uranium destiné aux centrales nucléaires de France ne justifient pas l’ingérence française en Afrique.
N’en déplaise à Mr Macron, retirer nos soldats du Sahel serait une bonne façon de commémorer le génocide de 1994. qui ne doit pas se reproduire ailleurs !

   

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