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Déclaration finale du sommet des peuples d’Amérique Latine, des Caraïbes et d’Europe

lundi 24 juillet 2023

La Communauté d’États latino-américains et Caraïbes (CELAC) est un organisme intergouvernemental de dialogue et de consultation politique, comprenant des pays hispanophones, lusophones, francophones, anglophones et néerlandophones.
Elle a pour mission de promouvoir l’intégration graduelle de la région, en conciliant l’unité et la diversité politique, économique, sociale et culturelle des 600 millions d’habitants de l’Amérique latine et des Caraïbes.(JP-ANC)

Pour en savoir plus  : la déclaration de constitution et la déclaration de Caracas qui a suivi...

Déclaration finale du sommet des peuples d’Amérique Latine, des Caraïbes et d’Europe

Nous, organisations et mouvements sociaux, politiques, syndicaux, féministes, environnementaux et populaires d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Europe, répondant à un appel populaire pluriel, représentatif, diversifié et inclusif, dans le cadre de l’exercice de la démocratie des peuples réunis à Bruxelles les 17 et 18 juillet à l’occasion de ce Sommet des Peuples, déclarons :

1) À l’heure où l’impérialisme développe une offensive qui cherche à diviser le monde en blocs d’États, déconnectés et confrontés les uns aux autres. À l’heure où il renforce toutes sortes de provocations, blocus, pressions et mesures coercitives unilatérales contre les peuples qui ne lui sont pas soumis et ne servent pas ses intérêts, causant destruction et mort dans de nombreuses régions de la planète.

Ce Sommet des Peuples a compris que la rencontre entre la CELAC et l’UE est une opportunité pour avancer dans la création d’un monde multipolaire, avec des relations multilatérales qui permettront à l’humanité de progresser dans la paix en harmonie avec la Terre Mère.
Pour ce faire, il convient de faire un pas en avant dans la construction de liens entre l’Europe, l’Amérique latine et les Caraïbes, qui renforcent les relations et la coopération birégionales, fondées sur le respect mutuel et la réciprocité, en plaçant l’être humain au centre des politiques publiques, sans ingérence extérieure, en rejetant catégoriquement toute action politique ou militaire visant à interférer dans le développement normal des institutions et des normes constitutionnelles de l’un des États participant au sommet et, par conséquent, en condamnant les campagnes médiatiques visant à déstabiliser les gouvernements démocratiquement élus des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes.

En ce sens, nous notons avec intérêt les progrès des forces qui défendent un nouvel ordre international multipolaire et multicentrique, préfigurant la naissance progressive d’une architecture mondiale fondée sur la solidarité et la coopération entre pays souverains, et nous considérons ainsi avec optimisme et sympathie la nouvelle vague progressiste qui gagne du terrain en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Nous saluons leurs luttes héroïques pour la défense de la souveraineté, du bien-être social et de la démocratie participative, dans le but d’améliorer les conditions de vie et l’existence des peuples, de promouvoir l’unité et l’intégration régionale dans la solidarité, de relancer la CELAC et l’UNASUR plus vigoureusement.

Nous apprécions également beaucoup le rôle d’avant-garde joué par l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), fondée par Fidel Castro et Hugo Chávez, et nous nous identifions à l’appel du Forum de Sao Paulo lorsqu’il proclame :

  • « Surmontons les différences, construisons une plus grande unité dans la diversité des deux partis, les mouvements sociaux, populaires et l’intelligentsia progressiste et de gauche au sein de chaque organisation, pays et continent. Nous continuerons ensemble pour l’intégration régionale pour faire avancer la souveraineté latino-américaine et caribéenne ! »
  • Nous saluons le 20ème anniversaire du Réseau d’intellectuels, d’artistes et de mouvements sociaux en défense de l’humanité (REDH), un mouvement de pensée et d’action qui s’est fixé comme orientations la défense de la paix, de la mémoire, de la vérité et de la pluralité de l’information, l’intégration et la souveraineté des peuples, la préservation de l’environnement et l’unité dans la diversité culturelle.

2) Par conséquent, le Sommet des Peuples :

– Condamne le blocus injuste et illégitime imposé à Cuba par les États-Unis et s’associe à la déclaration approuvée lors de la XXVIe rencontre du Forum de São Paulo, qui s’est tenue à Brasilia du 29 juin au 2 juillet 2023, qui affirme que Cuba a résisté héroïquement à plus d’un demi-siècle de blocus injuste et criminel de la part de la puissance impériale des États-Unis, la dignité du peuple cubain est un exemple pour toutes les nations et les partis populaires du monde, de la même manière que nous nous sentons identifiés lorsque la réunion du Forum de São Paulo résout de déclarer Cuba « Patrimoine universel de la dignité ».

– Condamne l’utilisation de mécanismes judiciaires et de « fake news » visant à expulser les dirigeants progressistes d’Amérique latine démocratiquement élus par leurs peuples et rejette la politique illégale de sanctions et de mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis à la République bolivarienne du Venezuela et à la République du Nicaragua, qui constituent un blocus inhumain et criminel des économies et des peuples de ces deux pays. Il rejette également la politique de l’Union européenne consistant à approuver et, dans certains cas, à reproduire les sanctions étasuniennes à l’encontre du Venezuela et du Nicaragua.

– Exhorte le gouvernement des États-Unis à abroger intégralement, immédiatement et inconditionnellement toutes les mesures qui empêchent les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes de pleinement jouir de leurs droits humains, y compris leur droit au développement et à la recherche de bien-être.

– Condamne en particulier l’enlèvement et la détention arbitraire du diplomate bolivarien Alex Saab par le gouvernement des États-Unis, alors qu’il se trouvait à l’étranger pour effectuer un travail humanitaire visant à obtenir des médicaments et des aliments afin d’atténuer l’impact criminel des mesures coercitives unilatérales sur le peuple vénézuélien.
Nous exigeons sa libération immédiate.

– Rejette la progression de l’extrême droite en Europe, facilitée par la mise en œuvre de politiques autoritaires, réactionnaires et patriarcales qui ont supprimé les droits sociaux et rendu plus précaire la vie de millions de personnes à travers l’Europe.

Plaide pour la mise en œuvre de politiques socialement avancées qui évitent aux peuples d’Europe de continuer à subir les conséquences d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée.

– Est solidaire des efforts déployés par le gouvernement colombien du président Petro pour faire avancer un programme social et de transformation comprenant une nouvelle législation du travail en faveur de la classe travailleuse, une nouvelle conception de l’éducation qui garantisse véritablement le droit à l’enseignement et une évolution vers un système de santé publique universel et de qualité.

– Prend comme exemple de fermeté populaire la lutte du peuple bolivien pour rétablir la démocratie après le coup d’État fasciste qui a tenté de ramener le pays à ses heures les plus sombres. Aujourd’hui, la Bolivie améliore progressivement son économie, dans l’équité et la justice sociale. Elle s’inscrit dans l’horizon politique du Vivir Bien en termes de civilisation, inspiré de ses racines indigènes originelles, qui se combine harmonieusement avec l’expérience et les modèles des travailleurs et la stabilité sociale, et a entraîné de grands progrès dans la protection des droits humains des peuples indigènes et paysans et de la Terre Mère.

– Voit avec espoir et enthousiasme le retour de Lula à la présidence du Brésil après avoir subi toutes sortes d’attaques, de manipulations, après que le peuple ait rejeté les politiques d’extrême droite de Bolsonaro, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle étape de progrès au Brésil, ce qui nous permet de concevoir cette victoire comme un exemple de lutte victorieuse contre le fascisme grâce à un travail social, syndical et politique persévérant.

– Se félicite de l’impulsion donnée à la création de la CELAC sociale en tant qu’espace de représentation des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes, et demande instamment qu’elle soit reconnue par l’UE et ses organisations en tant que contrepartie de la création d’un espace social pour la participation populaire birégionale.

– Condamne la répression au Pérou qui a fait 69 morts, dont 49 tué∙es au moyen d’armes militaires et policières. Nous rejetons la criminalisation de la contestation sociale et l’interdiction du droit à la mobilisation pacifique. Nous exigeons la libération des détenus et que les crimes contre l’humanité soient poursuivis en justice.
Nous dénonçons également le fait que le gouvernement de Dina Boluarte ait autorisé la présence de troupes étasuniennes pour intimider la population. Nous rejetons la déclaration du Congrès péruvien contre les présidents Gustavo Petro, Manuel López Obrador et l’ancien président Evo Morales par rapport à leur juste analyse de la situation politique et sociale du Pérou.

3) Dans une perspective de solidarité active, nous défendons l’idée que la liberté de circulation n’est pas seulement un droit humain en tant que tel, mais qu’elle a également un impact positif sur les sociétés qui accueillent les migrants.
Il est donc nécessaire, d’une part, de dénoncer et de rendre visible la violation des droits humains subie par les migrants et leurs familles, ainsi que la tragédie humanitaire sur les routes migratoires, dont la plupart sont des femmes et des jeunes filles victimes de réseaux de traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, et d’autre part, d’agir pour leur défense et leur protection.
Ce sommet affirme que le moment est venu pour les États du Nord et du Sud de reconnaître le double avantage de la migration et de mettre en œuvre des politiques qui en tiennent compte.

4) Constate avec inquiétude que les jeunes des deux continents sont touchés par le chômage, l’aggravation des inégalités et les limites à leur développement personnel et professionnel. Inspirés par la force mobilisatrice de la jeunesse, nous prônons l’autonomisation des jeunes pour qu’ils soient actifs dans la transformation de leur réalité. Nous entendons soutenir leurs revendications et veiller à ce que leurs droits soient respectés sans discrimination de quelque nature que ce soit et pour davantage de justice sociale.

5) Dans le cadre de la préparation de ce Sommet, nous avons réalisé un travail qui a abouti à deux jours de conférences, de débats et de tables rondes, lors desquels nous avons échangé des expériences de lutte et de gouvernement, défini des alternatives aux problèmes qui affectent nos peuples et coordonné des projets qui nous amènent à proclamer notre détermination à coopérer et à coordonner nos forces.

Dès lors, nous proclamons :
Proposer de tout faire pour les unir de manière coordonnée afin de construire un ordre international multipolaire fondé sur des relations multilatérales, qui permettra de développer les principes et les droits reconnus dans la Charte des Nations unies.

Défendre le droit de chaque peuple à déterminer librement son avenir, sans ingérence extérieure, avec la capacité de mettre ses richesses et ses ressources naturelles au service de l’amélioration des conditions de vie de la majorité sociale qui souffre aujourd’hui de la faim, de maladies guérissables, du manque de logement, etc.
En cette période de crise alimentaire, nous appelons au renforcement de l’agriculture traditionnelle et du dialogue entre scientifiques afin d’aboutir à la sécurité alimentaire dans le respect de la souveraineté mondiale.

Ce sommet se réjouit que le VIIe sommet de la CELAC, qui s’est tenu à Buenos Aires en janvier 2023, ait ratifié le statut de zone de paix de l’Amérique latine et des Caraïbes, approuvé à La Havane, dans le cadre du IIe sommet de la CELAC de 2014.
Nous espérons que les États membres de l’UE suivront cet exemple et contribueront ainsi efficacement à la paix dans le monde.

En ce moment de l’histoire, où les conflits sont nombreux, nous revendiquons la défense de la culture de la paix comme fondement de la civilisation. Nous demandons instamment que ces conflits soient surmontés par des moyens pacifiques et des négociations diplomatiques.
Nous soutenons les efforts du président Lula, de plusieurs présidents africains et du gouvernement chinois pour mettre fin au conflit militaire en Ukraine.

Dans cette défense d’une solution négociée aux conflits, nous soutenons les initiatives du président Petro en faveur d’une paix totale en Colombie, et nous reconnaissons le rôle de Cuba, du Mexique et du Venezuela en tant que garants du processus et des accords de paix de 2016 en Colombie.

6) Parallèlement à notre Sommet des peuples, un sommet a rassemblé les chefs d’État et de gouvernement de la CELAC et de l’UE.
Il a été présenté comme une occasion d’approfondir les relations entre les deux régions à partir d’une autonomie stratégique dans leurs relations internationales.

Nous regrettons les tentatives de l’UE d’imposer des formats et des méthodes unilatérales et peu transparentes, contraires à l’esprit de respect, de dialogue et de coopération qui devrait prévaloir dans les relations birégionales.
En tant que Sommet des Peuples, nous continuerons à faire pression pour obtenir des espaces de rencontre birégionaux, sur un pied d’égalité, transparents, pleinement inclusifs, qui apportent des solutions réelles aux défis politiques, sociaux, environnementaux et économiques de nos peuples.

7) Nous sommes convaincus que ce sommet servira d’impulsion aux luttes populaires et, avec cette déclaration finale, nous appelons à une feuille de route prévoyant :

  • – Le soutien à la tenue d’un Tribunal international contre le blocus de Cuba, les 16 et 17 novembre 2023, en tant qu’action importante de mobilisation, de dénonciation et de revendication des peuples contre le blocus.
  • – Impliquer toutes nos organisations dans les mobilisations convoquées pour le 21 septembre, en défense de la paix et de la solidarité, contre la spirale belliciste et pour la dissolution des blocs militaires, en nous engageant à continuer à travailler pour la déclaration de l’Atlantique et de la Méditerranée comme zone de paix, dépourvues de bases militaires.
  • – Promouvoir une campagne de dénonciation des blocus et des mesures coercitives que subissent de nombreux États dans le monde entier de la part de l’impérialisme et, en particulier, ceux que subissent spécialement Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, et qui doivent cesser immédiatement.
  • Nous dénonçons à cet égard l’utilisation du Parlement européen comme instrument au service de ces attaques.
  • – Nous exigeons la levée des sanctions unilatérales, qui constituent une ingérence manifeste dans les affaires intérieures de ces États. L’UE ne peut pas être l’architecte ou le complice de ces actions illégales.
  • Nous soutenons donc qu’elle doit agir directement en son sein et dans toutes les institutions judiciaires et politiques internationales pour les lever.
  • – Soutenir les luttes des femmes contre le patriarcat pour défendre la vie en construisant des sociétés justes et émancipatrices.
  • – Proposer que les États membres de l’ONU convoquent l’Assemblée de la Terre proposée par le Président de la Bolivie Luis Arce Catacora pour 2024, afin de préserver notre demeure commune, la Terre Mère, et débattre des conséquences du modèle de développement capitaliste qui a conduit à la destruction de notre planète, en promouvant la création du Mécanisme Intergouvernemental Permanent de l’Eau à l’ONU pour garantir le droit à l’eau potable et à l’assainissement en tant que droit humain essentiel pour nos peuples.
  • – Défendre les accords et les mesures qui contribuent au développement de relations commerciales, financières et économiques équitables et équilibrées, fondées sur un bénéfice mutuel et la défense de la Terre Mère, d’ordre multilatéral, qui éradiquent définitivement le colonialisme qui a tant nui aux peuples d’Amérique latine et des Caraïbes.
  • – Défendre la conservation, la revitalisation et la promotion des langues indigènes afin de préserver l’identité, l’histoire, la culture, les connaissances, les coutumes et les traditions de nos peuples dans le cadre de la Décennie internationale des langues indigènes, en soutenant les pratiques culturelles et ancestrales, ainsi que leurs propriétés médicinales préservées par les peuples indigènes.
  • – Encourager la mise sur pied de plateformes de communication à partir desquelles diffuser des informations réelles et véridiques qui brisent la manipulation des médias et le blocage d’informations au service de l’impérialisme.
  • – Développer des mécanismes de communication et de coopération entre nos organisations qui donnent une continuité aux travaux et aux propositions de ce Sommet et rendent nos luttes plus efficaces.

Ce Sommet des Peuples d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Europe clôture ses travaux par un appel à poursuivre les luttes populaires présentées dans les différents rapports qui accompagnent cette Déclaration,
JUSQU’À LA VICTOIRE FINALE DES PEUPLES CONTRE L’IMPÉRIALISME.

Bruxelles, le 18 juillet 2023


Voir en ligne : https://cumbredelospueblos2023.com/...

   

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