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L’ouverture des BRICS : pourquoi nul ne peut ignorer ce qui s’y joue… un monde multipolaire ? Le socialisme ?

lundi 21 août 2023 par Danielle Bleitrach

Un monde multipolaire ne signifie pas le remplacement d’un impérialisme (les Etats-Unis et les capitalistes occidentaux) en un autre impérialisme (la Chine et ses vassaux), c’est une autre logique qui se met en place et celle-ci reste à définir. Les BRICS et y compris le pays hôte, l’Afrique du sud, tiennent bon sur la neutralité face à la logique des blocs mais refusent de se positionner en concurrent de l’impérialisme occidental mais en tentant de dégager un mode de fonctionnement qui parte d’abord des besoins réels des pays du sud.

Les BRICS sont nées dans de nouveaux rapports sud-sud dont la référence est celle des non alignés plutôt que la reprise d’une guerre froide. La réunion n’est pas une compétition internationale, c’est un lieu où l’on peut tenter de résoudre les problèmes sans être embringué dans une coalition nuisible à vos intérêts réels et à ceux de la planète. Il s’agit non seulement de 40% déjà de la planète qui va probablement s’élargir encore, mais d’un monde productif confronté à un monde financiarisé, militarisé, il est à ce titre qualitativement différent. Nous sommes dans un processus dont la question principale est jusqu’où ira ce qualitativement différent ?

illustration : ce clin d’œil aux femmes n’est pas de l’ordre du gadget, la moitié de l’humanité a besoin impérativement de paix et de développement en prenant toute sa place dans les coopérations et la démocratie, le socialisme a toujours joué un rôle fondamental dans ce combat, ne l’a jamais gadgétisé ou marchandisé, l’émancipation à la Barbie n’est pas celle qu’il a impulsée …
Jusqu’où ira ce qualitativement différent ?

C’est encore une inconnue, ce qui est évident c’est que des pays du sud qui regroupent la production industrielle, les ressources matérielles et la classe ouvrière comme le monde paysan, tentent sans hostilité de se dégager d’un système qui organise sanctions, blocus, et les pille. Un impérialisme qui désormais tente de transférer la crise historique du dollar sur le reste de l’humanité, dirigé par le marché et un système militaro-financier sans régulation politique démocratique.

Le choix suicidaire des conflits et désormais de l’affrontement nucléaire, comme celui de l’étranglement de l’économie planétaire par la hausse des taux de la FED sont la preuve de l’incapacité de ce système à se corriger. Son incapacité à offrir le moindre apport positif aux peuples, son appui sur une poignée de corrompus et la perspective du fascisme… Une logique imposée aux pays du sud depuis des décennies et qui touche désormais les plus proches alliés.

Ces pays des Brics tentent d’élaborer d’abord un espace économique et nécessairement politique où il serait possible d’échapper à cette catastrophe imminente. Mais il le font aussi sur le plan idéologique en ne se référant plus à la (post)modernité européenne, telles que la référence aux différentes “libertés individuelles”, les “guerres d’émancipation”, valeurs déclarées “universelles” ou les doctrines absurdes de “progression” socioculturelle, etc.

Ces fixations sur des obsessions qui se combinent avec une destruction réelle de l’humanité et de la planète sont avant tout les symptômes de la civilisation occidentale et non celles qu’il prétend universelles. Par parenthèse si ces libertés individuelles veulent survivre à la vague conservatrice que porte en elle cette hégémonie occidentale, elles auraient intérêt à prendre conscience de cette recomposition qualitative planétaire.

Quelle est la relation qui existe entre ce monde multipolaire et le socialisme ?

Sur le fond les Brics et c’est la cause de leur succès ne choisissent pas d’intervenir sur le mode de gouvernance de chaque pays souverain dans ce domaine comme dans celui de ses valeurs à l’inverse de l’impérialisme occidental. Mais le pari chinois est de proposer le modèle d’une modernisation qui économise le souffrances qu’a engendré la modernisation du capital. Il y a en effet pour les Brics la nécessité urgente de répondre aux défis auxquels les peuples sont confrontés, leur succès dépend de cette capacité à répondre à la colère qui partout fait monter des mouvements sociaux qui manquent de perspectives politiques.

Il faut nécessairement pour cela qu’ils accordent un rôle plus important aux décisions qui privilégient l’utilité sociale, les êtres humains et leur environnement plutôt que la finance et le militarisme et pour cela le marché ne suffit pas, il faut un nouveau rôle de l’État. Le principe de “liberté” n’est plus la protection de l’individu contre les méfaits de la société mais de faciliter le développement général, les nouvelles formes de coopération, les communautés grâce à l’épanouissement de l’individu dans la somme de ses relations sociales. Ce n’est pas le pouvoir économique privé qui définit les priorités mais le pouvoir politique public conçu comme l’émanation de ces coopérations et communautés propre à chaque nation.

Nous sommes donc devant une nouvelle logique qui a besoin du socialisme mais qui ne s’y réfère pas et laisse à chaque nation le choix de son système et qui ne veut en aucun cas se poser en guerre contre le capitalisme tel que l’incarnent l’occident et le USA. Tout dépend de l’intervention populaire.

C’est en fonction de ce qui se met en place qualitativement à travers ce monde multipolaire qu’il est indispensable pour les partis communistes, les forces progressistes de dépasser eux-mêmes, dans leur propre fonctionnement, la situation créée par la contrerévolution qui a déferlé sur le monde et qui a entrainé leur propre affaiblissement.

Ce que l’on désigne quelquefois sous le nom de néo-libéralisme, un nom qui désigne simplement la forme idéologique utopique “post moderne” qu’a pris l’impérialisme et qui a engendré une situation planétaire de concurrences, de divisions, d’anomie et de destruction de toutes formes collectives dont le mouvement ouvrier a été victime.

Nous voyons émerger du sud productif, victime de cet impérialisme à ce stade de concurrence monopoliste financiarisé, le choix d’un nouveau mode de développement. Il est impossible de penser les luttes des couches populaires, celles de l’émancipation humaine y compris dans les pays occidentaux sans voir ce contexte.


Voir en ligne : https://histoireetsociete.com/2023/...

   

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