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Quelques données historiques sérieuses sur cet antisémitisme, dont on parle tant aujourd’hui sans le connaître

mercredi 22 novembre 2023 par Francis Arzalier (ANC)

Contrairement aux dires d’Édouard Drumont (« la France Juive 1896) et Charles Maurras (dirigeant de « l’Action Française » durant la décennie 1930), qui furent les maîtres à penser de millions de Français au début du Vingtième siècle, et des « penseurs » Nazis qui s’en inspirèrent de1933 à 45, Les Juifs n’ont jamais été une race, ou une ethnie, mais les adeptes de la religion juive, voire d’une culture, que l’histoire a éparpillés de l’Europe orientale aux rivages de Méditerranée.
Encore faut-il préciser que cette culture d’origine biblique fut très différente des communautés d’Europe orientale et centrale (ashkénazes) aux minorités juives qui furent florissantes dans l’Espagne musulmane, avant leur expulsion vers le Maghreb par les Croisés catholiques de la « Reconquistta » ( 15éme siècle ).

Les combats politiques et idéologiques, même s’ils ont un rapport, direct ou pas, avec les antagonismes de classe, sont rarement purs et intelligibles au premier abord. D’abord parce que ceux qui les portent, militants ou politiciens intègres ou corrompus, sont rarement conscients d’incarner les intérêts d’une seule catégorie sociétale, et raisonnent plutôt en fonction d’un projet personnel de carrière : Mesdames Marine Le Pen et Brigitte Macron, Messieurs Ciotti, Darmanin, BHL, Macron, Bertrand, et leurs émules, sont conscients de leur diversité concurrentielle, mais certainement pas persuadés d’être les porte-paroles de la Bourgeoisie possédante et dirigeante, qui, malgré sa diversité, partage un intérêt commun, incarné par ce qu’on nomme habituellement l’idéologie libérale ( liberté laissée aux détenteurs du capital d’exploiter ceux qui n’en détiennent pas ).

Ce rappel fait, qui doit nous aider à mieux décrypter la réalité, l’idéologie libérale est multiforme, au travers du bavardage incessant des médias, qui arrive parfois à un paroxysme de manipulation des faits, de l’histoire et des cultures. Le sommet a été atteint ces jours derniers d’octobre 2023, à propos de l’actualité au Moyen-Orient, du conflit séculaire entre Palestiniens et Israéliens transformé en brasier depuis le 7 octobre, et de l’antisémitisme qui, paraît-il, nous submerge à cette occasion.

Palestine, une histoire coloniale contemporaine

Et pourtant cet événement moyen-oriental n’est pas neuf, il s’est concrétisé dès 1948 par la création en Palestine d’un État d’Israël, né d’une colonisation de peuplement au détriment d’un peuple autochtone palestinien, amputé dès le départ et par des guerres successives de la majeure partie de son territoire ancestral, soit vidé de ses habitants contraints de vivre à l’étranger en réfugiés, soit transformé en sortes de protectorats sous contrôle d’Israël, comme Gaza ou la Cisjordanie. Des espaces dominés et de plus régulièrement grignotés par l’implantation de colonies israéliennes.

Ce n’est certes pas l’unique colonisation de peuplement, elles ont façonné par la force et l’extermination des populations autochtones des continents entiers comme l’Amérique du Nord et du Sud, l’Australie, la Nouvelle Zélande, etc… Mais ces crimes ont eu lieu il y a plusieurs siècles, et sont de ce fait quasiment amnistiés par l’opinion contemporaine. Celle menée par l’État d’Israël est une colonisation de peuplement, imposant peu à peu depuis plus de 70 ans l’éviction des populations indigènes en plein Vingtième siècle.
Une incongruité historique, alors que nos opinions contemporaines sont fermement persuadées d’incarner les modernes Droits de l’Homme nettoyés des horreurs du passé.

Palestine Israël, un anachronismes religieux

L’histoire de la colonisation israélienne en Palestine est un paradoxe anachronique à un autre titre. Car il faut remonter à bien des siècles pour voir les conquêtes coloniales de peuplement se justifier par la religion.
Ce fut certes le cas en Amérique, où les colons européens prétendaient au Seizième siècle « apporter aux sauvages Indiens les lumières de la vraie foi » entre deux fusillades. Et la traite esclavagiste sous Colbert, ministre du monarque français Louis XIV, et son « Code Noir » le redisait encore au dix-septième siècle. Mais après le partage colonial des mondes africains et asiatiques au dix-neuvième siècle, la justification par l’Évangile a disparu.

Pour faire place à celles plus ou moins crédibles, l’apport du modernisme industriel à leurs colonisés par les Belges et les Britanniques, et des Droits de l’Homme pour les Français, qui se posaient volontiers en héritiers légitimes de 1789 !
Le colonialisme israélien, lui, aux Vingtièmes et Vingt et unième siècle, se justifie par une lecture à-historique de la Bible, un écrit d’il y a des millénaires, selon lequel la Palestine avait été donnée par Dieu autrefois aux Hébreux, et que les Juifs descendants de ce « peuple élu » en sont les légitimes héritiers.
Cette thèse « SIONISTE », élaborée dans les milieux juifs d’Europe au début du Vingtième siècle, et relayée des 1917 par les milieux coloniaux britanniques (déclaration Balfour) est dès le départ une version parmi d’autres des idéologies coloniales occidentales, mais spécifique par son ancrage religieux juif. Elle repose par ailleurs sur un mythe et une contre-vérité historique, l’affirmation que tous les juifs du monde, (ashkénazes d’Europe orientale) ou de Méditerranée (séfarades), sont les descendants des Hébreux de l’Antiquité.

Israël, une enclave impérialiste au Moyen Orient dés 1948

Dans un Moyen-Orient relevant de l’Empire Ottoman jusqu’au début du Vingtième siècle, morcelé en petits états et protectorats musulmans par les vainqueurs de la Première Guerre Mondiale, la première immigration de juifs européens, peu nombreuse, se fait entre les deux Guerres mondiales, dans une Palestine soumise aux occupants britanniques, et déjà avec leur assentiment, et par le refoulement de Palestiniens musulmans et chrétiens.
Mais cette éviction sera multipliée après 1945, par l’arrivée massive de Juifs d’Europe, survivants des massacres perpétrés par les Nazis et leurs alliés d’Europe, fortement incités et aidés financièrement et militairement par les dirigeants vainqueurs des USA, qui y voyaient un levier d’influence et de contrôle du Moyen-Orient arabe, centre mondial du pactole pétrolier.

Ce qui aboutit à l’expulsion sanglante de 700 000 Palestiniens (la NAKBA où « catastrophe » en arabe). Et, à l’issue de combats entre des forces Arabes divisées et une armée israélienne dotée d’un équipement militaire bien supérieur, une « solution » consensuelle internationale fut la proclamation en 1948 de l’État sioniste d’Israël par la jeune Organisation dite des Nations Unies (ONU), une partition de la Palestine qui entérinait la NAKBA. D’autant que durant les sept décennies qui ont suivi, la supériorité économique et militaire de l’État israélien lui a permis, au travers de guerres périodiques, d’imposer ses volontés aux États Arabes voisins, toujours avec le soutien économique et militaire des USA et de ses proches alliés occidentaux.

Un colonialisme spécifique approuvé par l’ONU ?

Colonisation de peuplement imposé par la force militaire et pleine citoyenneté réservée aux pratiquants de la religion juive, : ces deux anachronismes qui ont marqué la naissance de l’État d’Israël en Palestine peuvent surprendre, quand on constate la quasi-unanimité des États de l’ONU en sa faveur, incluant non seulement les États Unis d’Amérique, et leur clientèle européenne et américaine, mais l’Union Soviétique et ses alliés.
L’explication tient à la fois à l’intérêt stratégique des USA, désireux de contrôler le Moyen-Orient et ses ressources, mais aussi au sentiment de culpabilité éprouvé par les peuples d’Europe, qui s´étaient révélés incapables d’empêcher le massacre de millions de juifs par les Nazis, et acceptent de ce fait l’idée d’un « État refuge » pour eux, y compris si cette sollicitude à l’égard des survivants de la Shoah se fait au détriment de Palestiniens musulmans qui n’en étaient pas responsables.
Et il faut bien le dire, de nombreux dirigeants d’Europe ou d’Amérique n’étaient pas mécontents de voir les minorités juives quitter le plus possible leur pays d’origine.

En cette deuxième moitié du Vingtième siècle, certaines « élites » dirigeantes en Europe et Amérique traînaient encore un fort antisémitisme, qu’ils conciliaient ainsi fort bien avec le soutien d’un État d’Israël, devenu au Moyen-Orient le détachement conquérant de l’impérialisme occidental. Faut-il rappeler que quelques dirigeants pro-Nazis français avaient projeté en 1942 d’exiler les Juifs de France dans un « foyer israélite » au sein de l’île de Madagascar, colonie française ? Un projet qui ne vit pas le jour, du fait de l’offensive alliée en Océan Indien…
En fait, tout au long du vingtième siècle, l’antisémitisme n’a pas été le contraire du sionisme, mais son aliment.

L’antisémitisme au vingt et unième siècle

La haine antisémite, émaillée de persécutions et d’accusations irrationnelles ( dans le Royaume Capétien très catholique au Moyen Âge, on leur imputa les épidémies de peste, et des crimes rituels d’enfants lors du Sabbat ! ) fut longtemps en Europe liée à la religion catholique chrétienne majoritaire, mais se transforma avec l’affaiblissement des pratiques chrétiennes dès le dix-neuvième en xénophobie contre les minorités de confession juive, volontiers accusées de contrôler richesses et pouvoirs, d’autant que le catholicisme médiéval en condamnant l’usure à ses fidèles, avait favorisé l’essor de banquiers juifs en Europe.
Les militants marxistes de 1900 disaient à juste titre que « l’antisémitisme était le socialisme des imbéciles ».

Cette légende de la puissance occulte des communautés israélites, largement répandue dès 1900 en Allemagne comme en France, se doublait de mépris à l’égard des immigrés juifs venus de l’Est européen, fuyant les pogroms et la misère. Après 1945, en France par exemple, grâce à la découverte par les opinions occidentales du massacre de millions de Juifs dans les camps Nazis, l’antisémitisme antérieur (même s’il persiste, notamment parmi les fondateurs du FN nostalgiques du Pétainisme) est devenu minoritaire, et a été peu à peu supplanté, notamment à l’occasion des guerres coloniales, par la Xénophobie anti-arabe et antimusulmane, contre les immigrés africains et leurs descendants transformés en boucs émissaires, accusés de tous les maux inhérents au capitalisme, chômage, pauvreté, insécurité, etc…

Dans nos pays occidentaux alliés de l’Impérialisme US et de l’État colonial d’Israël, la dénonciation du racisme anti musulman et anti-migrants, pourtant omni-présent dans nos médias, est rarement dénoncé par nos « élites ».
Redisons donc que toutes les xénophobies collectives :
- Celles dirigées contre une « race « (la science a démontré qu’il n’en existe aucune parmi les hommes),
- Celles dirigées contre un groupe humain qu’il soit peuplé, communauté linguistique ou nation,
- Celles dirigées contre les fidèles d’une ou l’autre religion ou croyance,
Toutes ces haines irrationnelles sont des ignominies et peuvent devenir des crimes, comme le furent l’extermination de millions de juifs par les nazis et leurs complices, comme le furent les divers massacres coloniaux, notamment ceux perpétrés par la France, et ceux commis par l’armée de l’état colonial d’Israël aujourd’hui.

De l’usage pervers de l’ antisémitisme de Londres à Paris

Depuis le 7 octobre, et l’invasion en représailles par Israël de Gaza, une propagande incandescente élaborée par les officines d’Israël et de la CIA s’est déployée dans les médias audiovisuels français, n’assénant en guise d’informations que le récit des crimes présumés du Hamas, et une image édulcorée des actions militaires contre la population palestinienne, à laquelle est offerte une seule ressource, un exode plus vaste que la NAKBA de 1948.

Ce n’est certes pas la première fois que sont répercutées par les « élites » françaises les thèmes de Guerre israéliens. Mais elles incluent aujourd’hui des outrances inégalées jusqu’à présent, qui méritent d’être dénoncées, car dangereuses pour l’avenir démocratique de notre pays.

Il s’agit surtout de l’argumentaire fourni, sinon conseillé, à l’appareil médiatique français par des personnages du Pouvoir d’État dont le Ministre de l’Intérieur Darmanin, qui a initié une vision irrationnelle d’un antisémitisme envahissant la France, avec des « preuves » aussi ridicules que l’apposition sur les murs des beaux quartiers parisiens d’Étoiles de David peintes au pochoir, les mêmes que le Bétar, groupuscule sioniste, imprimait il y a déjà un demi-siècle sur les murs des immeubles de Sarcelles peuplés de rapatriés d’Algérie anciens de l’OAS, pour célébrer les « victoires militaires d’israël sur ces salauds d’arabes ».

Dans la foulée, les mêmes médias « sionisés » taxent d’antisémitisme toute personne, militant associatif ou politique, qui ne réduit pas la lutte nationale des Palestiniens au terrorisme, comme le faisaient les Nazis en 1943 à l’encontre des Résistants communistes. Et ils qualifient hypocritement toute défense du peuple de Palestine d’antisémitisme. Ce qui leur a permis une campagne virulente de dénigrement des rares militants qui, au sein de la Gauche, avaient le courage de se proclamer solidaires de la lutte nationale palestinienne, tant elle est depuis des décennies gangrenée par les ambitions électoralistes et l’abandon des idéaux originels.

La manifestation du 12 novembre, prétendument « contre l’antisémitisme, » à l’initiative des Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, fut ainsi un sommet rarement atteint d’hypocrisie et de manipulation historique.

Cet épisode en France de l’usage d’un soit-disant antisémitisme en faveur de la démolition des héritages démocratiques a déjà été utilisée ailleurs de façon tout aussi ignoble. Il y a quelques années, elle a servi en Grande Bretagne à chasser de la direction du Parti Travailliste l’anti-impérialiste Jeremy Corbin, en l’accusant d’antisémitisme parce qu’il dénonçait la colonisation israélienne. Dans notre pays, nourrie d’attaques tacites contre Arabes et Musulmans dans le projet de loi sur l’immigration, elle ne peut qu’enfanter la prise du pouvoir par les Droites et Extrême-Droites coalisées dans les années qui viennent, par un formatage des esprits en faveur d’un modèle social inégalitaire, raciste et réactionnaire.

Que peut-on espérer d’un pays dont les journalistes parlent très longuement du succès en France des « -aby showers », fêtes organisées pour honorer la future mère au septième mois de grossesse, à l’exemple des USA, comme nous l’apprennent les préposés au micro de RTL, le 8 novembre ?
Alors que parallèlement ils taisent les milliers d’enfants et adultes palestiniens morts sous les bombes israéliennes à Gaza, sans que cela entraîne la moindre émotion de leur part, préoccupés qu’ils sont seulement de savoir si la manif gouvernementale « contre l’antisémitisme » va se faire avec ou sans Marine Le Pen ?

Le 22/11/2023

   

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