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Un autre regard sur les migrations

samedi 23 décembre 2023 par Francis Arazalier (ANC)

Depuis des mois, l’opinion française est inondée par les médias qui lui servent de prêt à penser de trois ou quatre idées simplistes, les migrants du Grand Sud, Noirs, Bronzés, Musulmans, viennent en vagues incontrôlées envahir nos paradis douillets de bien-être démocratique, répandre terreur et délinquance, toucher les fesses de nos filles dans le métro, menacer nos policiers dès qu’ils sont relâchés de prison par des magistrats inconscients et laxistes …

J’en passe et des plus gratinées : ce florilège qui relève du vieux racisme colonial français n’est pas nouveau, il a persisté en dents de scie tout au long du XXème siècle, avec des sommets aux épisodes sanglants durant la Guerre coloniale d’Algérie, par le biais des criminels de l’OAS. Le conflit terminé par l’indépendance algérienne, cette « imprégnation » raciste d’une partie de l’opinion française a perduré politiquement par le Front National du Père Le Pen, et ses groupuscules annexes, GUD et autres « Identitaires ».

Notre Vingt et Unième siècle a connu paradoxalement deux évolutions parallèles de ce corpus de mentalités racistes françaises, toujours présentes dans une partie de l’opinion, et même confortée par le délabrement des partis et organisations, qui ne sont plus capables d’encadrer un mécontentement social croissant.

1/ tout d’abord, une « normalisation » volontaire de l’extrême-droite RN de Marine Le Pen, qui s’est construit peu à peu une image respectable aux yeux de la bourgeoisie française, en récusant l’antisémitisme vichyste de Papa, en acceptant l’Union Européenne comme l’a fait Méloni en Italie, etc. Ce qui n’interdit pas de constater que ce RN new-look, badigeonné de normalité parlementaire, réunit toujours son électorat sur la base de la Xénophobie anti-migrants, qui demeure son fonds de commerce en 2023.

Le volume toujours croissant des migrations, concerne aujourd’hui un total mondial de 250 millions d’individus. La cause en est simple, le déséquilibre qui s’accentue entre une partie Sud et Est du globe, moins industrialisée et au taux de natalité très élevé, et sa partie nord anciennement développée, et anciennement colonisatrice, mais surtout au taux de natalité faible et à la population vieillissante plutôt que productrice. Ce déséquilibre économique et démographique rend logiques et nécessaires des migrations toujours en expansion, rendant tout objectif de les interdire grâce aux frontières totalement illusoire. Remarquons toutefois que les migrations se font d’abord entre Pays du Sud, entre États africains par exemple, plus que de l’Afrique vers l’Europe occidentale.

2/ Dans notre Europe, qui fut à l’origine du mécanisme colonial, la poussée migratoire, même si elle est nécessaire pour des raisons démographiques, nourrit le racisme persistant, et souvent le fait flamber parce qu’instrumentalisé par diverses forces politiques, en faisant des migrants et de leurs enfants les boucs émissaires des maux sociaux, chômage, insécurité, déficience des services sociaux.

Cette utilisation politicienne du racisme anti-migrants, facilitée par l’efficacité manipulatrice de l’appareil médiatique, est visible dans pratiquement tous les pays d’Europe, de l’Espagne de Vox, aux Pays-Bas de Geert Wilders, l’Italie de Fratelli d’Italia, etc. Et leurs divers émules d’Europe Orientale. La France n’échappe pas à cette dérive. Le dernier cafouillage législatif du Centre Macronien n’a réussi qu’à enfourcher les thèmes historiques de l’extrême-droite, notamment la « préférence nationale ».

Évidemment, l’argumentaire anti-migrants ressassé par les médias, prêts à transformer en montgolfière le moindre fait-divers, pourvu qu’on puisse le décrire en délit criminel imputable aux
« bronzés » de tout-poil, repose sur des informations gonflées, manipulées, très éloignées de l’analyse scientifique, respectueuse des contradictions du réel.

Migrations et transferts de fonds

Si l’on veut s’en tenir à des conséquences objectives, et non fantasmées, de ces migrations, il faut lire les chiffres publiés de temps à autre par des organismes aussi froids que le Fonds Monétaire International, peu enclin aux approches morales.
Ils nous disent, contrairement à nos aboyeurs de « l’invasion venue du Sud » que la plupart des migrants ne quittent pas leur lieu d’origine par plaisir, mais contraints par l’absence de revenus, ou la persécution, mais presque toujours avec la volonté d’y revenir un jour, après avoir transmis à leurs proches une partie de ce qu’ils gagnent durant leur séjour dans un autre pays.

Ces transferts de fonds faits par les migrants vers leurs pays d’origine sont, chaque année un peu plus, un phénomène financier essentiel de l’économie mondiale contemporaine.
On l’estime à 650 milliards de dollars en 2023. Plus que le montant des investissements « d’aide au développement » dont nos humanistes occidentaux se glorifient.

Ne nous leurrons pas : cet apport financier vers « les pays du Sud « n’y changera guère la donne, et ne leur permettra pas par lui-même un réel développement industriel ou agricole. Soixante-quinze pour cent de ces sommes vont aux besoins immédiats des proches du migrant. Il suffit de voir la pauvreté des villages de la région malienne de Kayes, longtemps vidés par l’émigration vers l’Est parisien pour le remarquer. Le développement, s’il a lieu, y sera le fait d’investissements extérieurs, d’échanges étatiques « gagnant-gagnant », infrastructures industrielles contre matières premières, tels que les proposent les Chinois en RDC ou en Éthiopie par exemple.

Origine et destination des fonds « migrants »

Les réalités de ce flux mondial de fonds nés des migrations contredisent le discours d’inspiration xénophobe servi quotidiennement à nos concitoyens.
Ainsi de cette affirmation constante d’une Europe occidentale submergée par les vagues migratoires, venues s’y goberger des avantages sociaux qui leur sont inconsidérément distribués, une manne qui repart aussitôt vers l’Afrique et le Maghreb.

La réalité chiffrée de ces « fonds migrants » prouve l’inverse : ils sont d’abord originaires des USA, centre mondial de la richesse industrielle, qui n’existerait pas sans la masse de travailleurs sous-payés et méprisés venus d’Amérique latine et des Caraïbes. Car si Messieurs Trump et Biden savent tous deux utiliser les « latinos » en boucs émissaires pour manipuler les électeurs états-uniens, ils savent bien tous deux que la main d’œuvre migrante, sous-rétribuée, est à la source des profits de leur milieu de milliardaires.

Le second des pays d’où part cette « manne migrante » est la monarchie Wahabite et pétrolière d’Arabie Saoudite (plus fort même que des USA si on compare à leurs PIB respectifs ). Exemple type d’un pays capitaliste et intégriste fort peu peuplé (environ 35 millions d’habitants, dont près de la moitié sont des migrants temporaires affluant depuis les foyers de grande pauvreté asiatique, Pakistan, Inde, etc ). La richesse saoudienne repose sur les migrations.

Dans cette liste des pays d’où partent les « fonds migrants », notre Europe occidentale,
Malgré les fantasmes zemmouriens, est loin derrière les pays précédents, et venait même après la Russie, réceptacle jusqu’à ces dernières années de nombreux migrants caucasiens (un flux perturbé par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales).

Si on lit le phénomène dans l’autre sens, en fonction des zones du globe qui reçoivent les « fonds migrants », on découvre que, n’en déplaise à nos médias, ce flux va d’abord vers l’Asie du Sud et de l’Est, ensuite vers l’Amérique latine et les Caraïbes, et en dernier de liste, vers l’Afrique et l’aire musulmane.

Décidément, ces migrations mondiales, qu’on nous vend à foison comme une invasion menaçante et un pillage de nos ressources européennes, sont plutôt un des mécanismes de régulation au service du Capitalisme mondial, générateur de profits pour les maîtres du monde, et simple mécanisme de survie quotidienne pour les peuples en mal de développement….

23/12/2023

Quelques cartes :



   

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